FRANÇOIS BARRER : MA PRÉPARATION AUX CHAMPIONNATS D’EUROPE D’ATHLÉTISME

Après nous avoir raconter sa renaissance sur la piste en intégrant la team de Farouk Madaci, François Barrer nous parle de sa préparation en vue des prochains Championnats d’Europe sur une distance nouvelle pour lui, le 10 000 mètres.
François Barrer
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Les athlètes ont beau être le coeur du sport, ils ne sont pas les seuls à faire rayonner nos disciplines préférées. Plongez dans les coulisses du sport professionnel en découvrant les interviews de dirigeants, de coachs, du staff médical, des fans…

Après nous avoir raconter sa renaissance sur la piste en intégrant la team de Farouk Madaci, François Barrer nous parle de sa préparation en vue des prochains Championnats d’Europe sur une distance nouvelle pour lui, le 10 000 mètres.  

Initialement, je m’étais préparé pour courir à la fois sur le 5 000 m et le 10 000 m pour les Championnats d’Europe cette saison. Malheureusement, je me suis blessé début juin donc je n’ai pas pu réaliser les minima sur ma distance de prédilection, le 5 000 m.

J’aime courir sur les deux. Il y a des différences entre les deux courses, mais les deux formats ont un truc que l’autre n’a pas. Le 5 000 m est une course de patience, mais le 10 000 m c’est vraiment le contrôle de la patience, une épreuve d’attente. Le vrai départ c’est ce deuxième 5 000, car avant c’est de l’attente, de la patience et de l’observation.

Il y a 25 tours, il faut vraiment arriver dans l’idée que les 5 premiers km, on va être là un peu à s’ennuyer, mais on est obligé de passer par là. Plus la distance augmente, plus faut être patient au début de la course.

J’ai fait un 10 000 aux États-Unis au meeting de Palo Alto. Je me sentais très bien, j’avais pris beaucoup de plaisir. Je n’ai rien changé dans la préparation. Je me suis préparé comme d’habitude. Je suis arrivé sur le départ du 10 000 m comme une découverte du 10 000 m.

Mon premier passage aux 5000 m, je l’ai réalisé en 14’03 pour finir le second en 13’52 où j’ai vraiment accéléré. Au final, j’ai terminé la course en 3ème position avec un chrono à 27’55 derrière Shadrak Kipchirchir (27’39) et Sofiane Bouchkhi (27’41).

À l’avenir, je compte courir sur les deux distances.

Il n’y a pas vraiment de différence dans la préparation des compétitions. Je ne fais pas de fixette spécifique entre un championnat de France, une course classique ou un Championnat d’Europe. Il faut savoir faire ce que l’on sait faire. Si on commence à changer les choses avant les grosses échéances, ça ne peut pas fonctionner. Il faut savoir garder le même rythme pour arriver confiant. On se prépare de la même manière tout le temps.

Ma journée type est assez basique. Je vais m’entraîner vers 10 h et le soir je m’entraîne à nouveau à 18 h. À côté de ça, il y a les soins kiné et je vais rouler à vélo de temps en temps l’après-midi.

Globalement, les stages de préparation durent 1 mois. Par exemple, pour ces Championnats d’Europe, je serais en stage de préparation à Font Romeu où je suis arrivé le 9 juillet jusqu’au 5 aout. C’est un petit mois en altitude juste avant la compétition.

JE PRÉFÈRE M’ENTRAÎNER EN ÉQUIPE 

Pendant les stages de préparation, nous nous retrouvons en petit comité par rapport au reste de l’année où tous les « jeunes » du groupe ont fini leur saison et il ne reste plus que « les vieux » qui préparent leurs championnats internationaux, avec Mahiedine par exemple et Raoul Shaw un triathlète de notre groupe. Nous sommes à peu près 4/5 en stage de préparation terminale.

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C’est toujours mieux de s’entraîner en équipe parce qu’on s’entraide, il y a une meilleure ambiance. C’est plus sympa, plus facile et on prend beaucoup de plaisir, car il y a plus de partage et de convivialité. Il y en a qui préfèrent s’entraîner seuls, ce qui n’est pas mon cas. C’est une question de mentalité.

À l’heure actuelle, vu qu’on est dans la phase finale de ce stage, on va faire les échauffements, étirements, footings et séances de musculation ensemble. Il y a aussi tout ce que j’appelle les à-côtés comme la récupération avec des bains froids.

Majoritairement, dans l’année on a les mêmes séances. Dans la préparation globale, on fait tout ensemble, mais plus on entre dans la préparation spécifique, plus les séances vont être spécifiques et différentes les unes des autres.

La présence de mes coéquipiers m’aide beaucoup. Le fait d’être plusieurs dans le stade, ça m’encourage. Puis il y a leur soutien, on discute, on parle souvent de nos courses qui arrivent. On va dire que c’est plus un soutien psychologique que physique. Ils ne sont pas là pour être à mon service dans les séances. Chacun à ses exercices et ses objectifs. On s’entraide quand on peut.

C’est vraiment du donnant-donnant. En ce moment, je fais pas mal de vélo et je vais courir avec mon ami triathlète. Du coup, au lieu de se retrouver seul sur le vélo, il se retrouve accompagné. Ça doit lui faire plaisir.

LA DIFFICULTÉ DES STAGES DE PRÉPARATION

L’aspect le plus dur dans la préparation selon moi, c’est le fait de partir en stage. C’est quelque chose de primordial pour le demi-fond et les longues distances. J’ai eu du mal à me dire qu’il faut que je quitte mon domicile pendant 5 semaines aux États-Unis ou 3 semaines en Éthiopie, loin de tout pour ma saison.

Il y a plein de gens qui rêveraient d’aller aux États-Unis et j’ai adoré, mais au bout d’un moment j’en avais un peu marre d’être là-bas et de ne pas être chez moi.

Je m’entraîne tous les jours 2 fois sauf le mercredi et dimanche où je ne cours qu’une seule fois. Je n’ai pas la vie d’un jeune de 25 ans lambda. Le samedi soir, je ne suis pas en ville à sortir. Si je vais boire un verre le samedi, c’est déjà rare et puis à 23 h 30 je suis déjà rentré chez moi. Dans tous les cas, j’aurais toujours une pensée pour le sport. J’ai quand même quelques contraintes même si je suis de bonne volonté. Je ne peux pas faire n’importe quoi notamment en ce qui concerne ma nutrition.

Après ces périodes de préparation vient ce que j’aime, la compétition ! Le jour J, je fais toujours la même chose. Tout au long de la journée, j’ai un programme horaire très précis. Mahiédine et mon coach se moquent souvent de moi à cause de ça.

C’est ma petite routine de performance. Je me lève à la même heure, je vais au petit déjeuner, ensuite je vais faire mon réveil musculaire, je m’étire, je prends ma douche, à midi je mange, je regarde un film, je fais ma sieste, je regarde à nouveau un film puis je dois finir de manger 4 h avant la course. Je reprends une douche et il est temps de partir.

J’aime bien que tout soit cadré à la minute.

Il m’est déjà arrivé à un meeting de ne pas respecter mon programme, il y avait une bonne partie de mon groupe et on courait la même course. Ça m’a un peu dérangé.

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Mais ça n’a pas eu d’incidence sur ma course, car j’ai battu mon record personnel. Je préfère respecter mon programme quitte à m’isoler. Il ne faut jamais être tributaire des autres le jour d’une compétition et ne pas suivre sa routine, car c’est le genre de petit détail qui peut avoir une incidence sur la course en soi.

LES CHAMPIONNATS D’EUROPE, UNE ÉTAPE POUR LES PROCHAINES ÉCHÉANCES

Je vais faire mon maximum dans cette compétition, tout donner et partir sans regret. Nous sommes dans la même optique avec mon coach, on se doit de réaliser une course pleine sans rien laisser.

J’ai 25 ans, c’est mon premier Championnat d’Europe senior et je reviens d’une blessure depuis le mois de juin. J’ai eu une préparation un peu compliquée, mais j’y vais pour prendre un maximum de plaisir et être performant. Je veux être fier de moi après la course.

Cette compétition est une étape pour les Jeux Olympiques de Tokyo en 2020. Ça va me servir et je le prends comme la grosse échéance de l’année où il faut répondre présent.

MA RELATION AVEC FAROUK MADACI

J’aimerais terminer sur la relation coach-athlète que j’entretiens avec Farouk qui est très importante pour moi.

C’est vraiment quelqu’un de très humain et c’est quelque chose que j’apprécie particulièrement, j’ai ce besoin d’avoir ce type de relation avec mon coach. Parfois, il est au courant de certains de mes problèmes perso, mais aussi des bonnes nouvelles. Il reste mon coach, mais je peux très bien le voir comme un pote sans que ça affecte notre dynamique sur la piste. On communique bien et on s’amuse bien.

Pour moi, le psychologique et le personnel ont une influence sur la performance. Il faut avoir une véritable confiance pour raconter à son coach qu’on a eu de petits soucis. C’est mon point de vue.

Quand on le voit pour la première et qu’on ne le connait pas trop, c’est un peu un clown dans le sens où il rigole beaucoup, il est un peu fou-fou. Derrière ça, je pense que c’est quelqu’un qui réfléchit beaucoup à l’entraînement et à la programmation de ses séances. Mes premiers coachs du Creps de Reims m’ont fait découvrir le haut niveau, une façon de penser et de voir l’athlétisme de haut niveau. Il y avait une certaine rigueur et chacun m’a apporté quelque chose.

Que je fasse du 1 500 m, du 5 000 m ou du 10 000 m, c’est la même chose. Sur n’importe quelle course, je sais que je vais arriver prêt et qu’il a tout fait pour que j’arrive au top de ma forme. Il va réussir à me mettre en confiance, quelle que soit la distance sur laquelle je vais courir.

Ma famille et mes amis m’aident également dans ma préparation en me soutenant. Ils sont là pour moi et je ne les remercierais jamais assez. Ce n’est pas évident de vivre avec un sportif de haut niveau. Nous sommes au centre de tout et c’est un peu aux autres de s’adapter.

Avant la compétition, je suis un peu difficile à vivre, je n’ai qu’une envie, c’est d’arriver sur la piste. Je vais être un peu chiant et du coup ils sont là à me soutenir. Ils viennent me voir aux courses. Mes parents vont venir à Berlin. Ils seront là pour me féliciter ou pour me réconforter. C’est très important pour moi.

C’est aussi pour eux que je vais tout donner pour ces Championnats d’Europe.

FRANÇOIS

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