MIRABELLE THOVEX – SEA, SNOW & FUN

Alors que la saison de snowboard vient de reprendre, Mirabelle Thovex nourrit de belles ambitions cette année avec en ligne de mire les prochains Jeux Olympiques de PyeongChang. La petite soeur de Candide raconte son amour pour le snow, sa pratique au quotidien et ses plus belles expériences.
Mirabelle Thovex
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Les athlètes sont souvent imperméables à toute communication avant que la compétition ne soit terminée. La rubrique « Dans la peau » permet à un sportif de partager avec vous ces moments secrets et déterminants qui forgent la réussite de leurs projets.

Alors que la saison de snowboard vient de reprendre, Mirabelle Thovex nourrit de belles ambitions cette année avec en ligne de mire les prochains Jeux Olympiques de PyeongChang. La petite soeur de Candide raconte son amour pour le snow, sa pratique au quotidien et ses plus belles expériences.

J’ai grandi entre la Haute-Savoie et le Morbihan, ma maman est bretonne et mon papa est haut savoyard. Je passais donc tous mes étés sur la presqu’île de Quiberon à apprendre le surf, le wakeboard ou encore la voile, et le reste de l’année à La Clusaz à faire du snowboard.

J’ai commencé le ski à 3 ans et quand j’en avais 8, j’étais dans ma période « je fais tout comme ma sœur ». Elle faisait du snowboard, du coup j’ai voulu essayer. Ça m’a tout de suite plu, je suis donc rentrée assez rapidement au club de snowboard de La Clusaz.

À 14 ans, j’avais fait de bons résultats sur les Coupes de France et les Championnats de France. À la fin de la saison, et donc de l’année scolaire, on m’a proposé de rentrer dans un lycée pour les sportifs de haut-niveau en ski/snowboard. Je n’ai pas hésité une seconde, sachant que c’était un lycée d’été qui nous libérait tout l’hiver pour pouvoir faire notre saison tranquillement. Je suis donc rentrée en Équipe de France et j’ai fait mes premières Coupes du monde l’année suivante.

Pour mener à bien mes projets et objectifs, je n’ai jamais vécu les efforts comme des sacrifices. J’adore le snow, on est quand même privilégié, on fait de notre passion notre métier. Parfois ce n’est pas facile de faire la préparation physique (musculation, intervalles, bains froids et j’en passe) tous les jours ou encore d’être toujours loin de ses proches, mais ce n’est rien comparé au bonheur que le snow m’apporte.

LES JEUX OLYMPIQUES, OBJECTIF PRIORITAIRE

Je ne suis pas encore officiellement qualifiée pour les JO, l’annonce officielle se fera en janvier, mais ma 4ème place en Nouvelle-Zélande au mois d’août lors de la première étape de la coupe du monde de la saison m’a rassuré pour les sélections.

Pour cette coupe du monde en pays Kiwi, j’ai été stressée, comme pour toutes les compétitions (ce qui est normal) c’était la première compétition de la saison, je voulais faire les choses bien. Mais après mon 1er run de qualifications, j’ai été heureuse et émue de me voir en haut du tableau avec une note qui dépassait les 91. Le maximum est 100 et j’ai ainsi terminé 2ème des qualifications.

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Le lendemain c’était les finales, je voulais concrétiser et montrer que mon résultat des qualifications n’était pas un coup de chance. Je suis malheureusement tombée sur mon premier run, je me suis cassée le nez. Je voulais tellement réussir cette compétition que j’ai continuée malgré mon nez enflé et les douleurs que j’avais, j’ai finalement replaqué mon 2ème run et terminé 4ème de la compétition. J’étais vraiment contente.

Une préparation pour des JO ne se commence pas vraiment à un moment précis. Je dis cela, car pour moi, tout de suite après les JO de Sotchi, j’ai commencé à penser à 2018. Tout en me disant que c’était encore loin bien sûr. Je pense que c’est en début de saison dernière que j’ai commencé à y penser plus sérieusement, à établir mon petit programme. Après, je ne veux vraiment pas penser qu’à ça, nous avons plein de compétitions importantes avant février. Je veux rester concentrée et faire de mon mieux à chaque compétition, je ne veux surtout pas me mettre le stress des JO deux mois avant !

Avec ma coach et mes coéquipières de l’équipe de France, on a quand même établi un planning « en gros » depuis quelque mois où sont marquées toutes les compétitions importantes, les périodes d’entraînements. Après on affine au fur et à mesure. On dépend beaucoup de la météo, de la neige, mais aussi des évènements sur invitation (comme les X Games ou le Dew Tour). J’aime bien ce fonctionnement, on sait à peu près où on sera à une certaine période, mais on a quand même cette liberté de changer les plans au dernier moment.

Après le début de saison en août dans l’hémisphère sud, nous enchaînons avec pas mal de compétitions aux États-Unis en Décembre-Janvier et une en suisse, un peu plus proche de la maison, début janvier.

En effet, une saison olympique est toujours différente des autres saisons. On a toujours les JO en tête, c’est difficile de ne pas y penser.

Personnellement j’essaye de me dire que c’est une saison comme les autres … avec un petit plus à la fin !

LE PLAISIR AVANT TOUT

Je ne pense pas qu’il y ait de préparation type pour tout le monde, on est tous différent et la préparation est différente pour tous.

Le plus important est d’écouter ses ressentis, au fond de nous on sait toujours ce qui est bon ou non pour nous. En snowboard freestyle c’est encore plus le cas, nous faisons un sport qui est basé sur le ressenti, si tu ne sens pas une figure, il vaut mieux ne pas la tenter !

En ce qui concerne mes détails clés d’une bonne prépa : le plus important pour moi est de continuer à me faire plaisir, tous les jours. Chaque jour sur ma planche je cherche à me faire peur, à dépasser mes limites, c’est tellement bon quand tu te rends compte que tu as dépassé tes peurs ! Je suis quand même sérieuse et réfléchie, je ne me lance pas dans n’importe quoi, n’importe comment. Mais je crois sincèrement que le plaisir est la plus grande clé de la réussite.

Par exemple, dernièrement j’ai replaqué 3 fois de suite un 900 back, c’est une figure sur laquelle je travaillais depuis des années, je me suis même cassée le coude dessus. Je suis passée par plusieurs phases avec cette figure, j’ai essayé, je me suis faite mal, j’ai eu peur, je ne me sentais plus capable et puis j’ai retenté, je sentais que je n’étais pas loin pour enfin la replaquer il y a quelques jours. Alors oui, je dois encore la travailler pour l’avoir parfaitement en tête, mais vous ne pouvez pas imaginer le bien que ça m’a fait de savoir que j’étais capable de faire cette figure !

La compétition c’est encore différent, on a tous une certaine routine, tout ce que je fais le matin (voir la veille) de la compétition est réfléchi. Que ce soit au niveau de ma récupération, de mes étirements ou encore de mon petit dej, je suis un peu superstitieuse avant les compétitions. Je pense que la meilleure des clés est d’agir comme ci c’était une journée comme une autre, mais personnellement je n’y arrive pas toujours.

Je ne fais pas hyper attention à ce que je mange. Évidemment, comme tout le monde, j’essaye de manger un peu de tout et de ne pas faire d’excès, mais je n’ai pas de régime spécifique. Je ne veux pas me contraindre à ça, et on ne m’a jamais proposé d’en faire.

Quand je rentre chez moi, je passe mon temps avec ma famille et mes amis, j’ai une bonne bande d’amis d’enfance à la maison et c’est génial. L’été on adore aller en rando, se faire des couchés de soleil en haut des montagnes, ramasser des champignons et se faire des bons gros repas tous ensemble, c’est tellement épanouissant ! L’hiver, je passe moins de temps à la maison, mais mon activité principale quand je rentre est d’aller rider à Balme (la montagne en face de chez moi) avec mon frère Candide, ça me fait un bien fou, surtout quand il y a de la poudreuse.

J’ai d’ailleurs besoin des conseils de toute ma famille. Mon papa est moniteur de ski, c’est certainement lui qui nous a donné cette passion pour la montagne.

Ma maman n’est pas vraiment dans le ski, elle est plutôt « ski-terrasse », mais elle est comme toutes les mamans, toujours de bons conseils.

J’ai une grande sœur qui a 7 ans de plus que moi, elle m’a déjà montré la direction du snow et je ne la remercierai jamais assez pour ça ! Elle est toujours là pour moi et ses conseils sont précieux.

Et enfin, mon grand frère, il est un vrai exemple. Il a toujours été à l’écoute, m’a toujours conseillé et aidé quand j’en avais besoin. Par exemple à Sotchi, je l’appelais à chaque run, il savait exactement ce que j’avais besoin d’entendre à ce moment-là et il m’a vraiment aidé.

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J’ai eu la chance de participer à deux olympiades déjà. Les sensations ne sont pas les mêmes aujourd’hui, car j’ai eu le temps de changer et de grandir entre 2010 et 2018. Mes attentes n’étaient pas les mêmes à Vancouver (20eme place), à Sotchi (10eme place) et elles seront encore différentes à Pyeongchang…

J’ai toujours été excitée, stressée et heureuse, mais pas de la même manière à chaque fois.

À Vancouver, j’avais 18 ans, j’y suis allée pour découvrir. Et en effet, c’était la grande découverte ! J’étais impressionnée par tout ce que je voyais.

Je me revois faire le tour du stade de la cérémonie d’ouverture la bouche grande ouverte tellement j’étais impressionnée. Alors évidemment, le jour de la compétition, lorsque j’ai réalisée qu’il y avait beaucoup de monde qui me regardait (que ce soit à la TV, mais aussi dans les gradins) je me suis mise à stresser et j’ai perdu tous mes moyens, mais il fallait certainement que je passe par là.

Sotchi était une tout autre expérience, je suis arrivée en sachant ce qui m’attendait, je connaissais « l’ambiance » même si j’étais toujours surprise positivement. Je suis arrivée le jour de la compétition sereine et heureuse. J’ai atteint mon objectif qui était de me qualifier en finale, c’était une des plus belles journées de ma vie.

Cette année, mon objectif n’est pas seulement de rentrer en finale, je vais tout faire pour gagner une médaille olympique, celle qui me fait rêver depuis que je suis toute petite.

J’aurai de l’expérience, je pense que ça peut jouer. Je sais maintenant que je ne dois pas penser aux gens qui me regardent et que je dois rester concentrée sur ce que j’ai à faire. Peu importe l’ampleur de l’événement.

Mon objectif principal pour ces JO de Pyeongchang est évidemment de me faire plaisir et de faire du mieux que je peux. Si je termine la compétition en étant contente de ce que j’ai fait, tout sera gagné.

L’objectif est donc de terminer la compétition en étant satisfaite de mes performances avec une médaille autour du cou.

MIRABELLE

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