Rugby – Australie France notes de l’exploit du XV de France (26-28)

Une semaine après une défaite frustrante lors du premier Test, les Bleus avaient des envies de revanche ce midi, face aux Wallabies. Australie France notes.
Gabin Villière

Six jours après une défaite très frustrante lors du premier Test contre l’Australie (résumé en vidéo ICI), le XV de France venait à Melbourne avec des envies de revanche. Et ce fut un match pour l’histoire ! Plus de trente ans après la dernière victoire d’un XV de France en terre australienne, les Bleus sont allé décrocher un succès de prestige, là même où la semaine passée ils étaient passés si près. Que ce fut dur pourtant, du début à la fin, face à la pression incessante des Australiens en entame de match. Mais les hommes de Galthié ont tenu bon, n’ont pas encaissé d’essai, et ce sont même eux qui, assez brillamment, ont pris les commandes, pour ne les lâcher que dans les dernières minutes.

Encore après, au retour des vestiaires, ils ont tous fait honneur au maillot bleu, ces jeunes hommes, qui pour certains ne comptent qu’une poignée de matches en Top 14 (aucun pour Jaminet !). On a cru qu’ils avaient tué le match, mais il fallait bien que la dramaturgie revienne au galop, les Wallabies inscrivant dix points dans les dix dernières minutes pour prendre l’avantage. Mais une dernière mêlée à tout chamboulé, avec Danty en 3e ligne et Woki en 2e barre, et les Bleus d’un Jaminet au sang froid, face aux sifflets, l’ont emporté, dans la nuit de Melbourne.

Australie France notes : Un sublime Barlot

Jean-Baptiste Gros (6,5/10) : Face aux vagues offensives des locaux australiens, le Toulonnais a été particulièrement en vue défensivement, avec de très nombreux plaquages, et notamment des prises debout, qui ont ralenti les mouvements et permis aux siens de se replacer. Il a également été au rendez-vous sur ses apports offensifs, avec des ballons relevés au ras pour essayer de gratter des centimètres au sol. Dans un superbe mouvement du style, avec des pick and go, il est pénalisé pour avoir conservé le ballon au sol (42e).  

Gaëtan Barlot (8/10) : Dans une certaine désorganisation au cours du premier quart d’heure où les Wallabies n’ont cessé de mettre la pression, il s’est montré solidaire avec des plaquages, et un grattage parfait devant ses poteaux (12e). Véritable boule d’énergie, il est décisif sur l’action de l’essai tricolore, avec des départs au ras parfaitement sentis, et une passe après contact pour Jelonch. Un premier lancer manqué qui arrive à la demi-heure, dans ses 22 mètres.   

Wilfried Hounkpatin (6/10) : Il a pas mal souffert en début de rencontre, à la fois en situation de mêlée fermée, mais aussi au sol, où il est pénalisé devant ses perches (16e), ce qui provoque l’ouverture du compteur des Australiens. Le castrais s’est arraché de nombreuses fois pour se jeter dans les jambes australiennes et casser les avancées. Il est sorti assez tôt, visiblement mâché par les contacts si rugueux de la rencontre.  

Pierre-Henri Azagoh (7/10) : Le néo-capé, deuxième ligne du Stade Français, a commencé son match avec des prises de balles importantes en touche, et un bel apport dans les différentes situations de jeu, en défense, avec des plaquages propres, pas de fautes de goût, et quelques ballons pris pour avancer. Sa première fut très satisfaisante en défense, avec des plaquages très importants, comme juste après le retour des vestiaires.

Une troisième ligne de haute voltige

Cyril Cazeaux (7/10) : Comme son compère de la seconde ligne Azagoh, il a été chargé de capter les lancers de Barlot, et même de contrer ceux de l’alignement adverse. Le bordelais a beaucoup plaqué, énormément même. Certes, il est éliminé sur un contre australien par un ravageur crochet de Koroibete, mais il a été rarement pris à défaut autrement. Il a parfois même sauvé des errements de positionnement avec des plaquages appuyés. Il est sorti après cinquante grosse minutes, mais avec une addition de 20 plaquages au compteur, un chiffre énorme.

Ibrahim Diallo (7,5/10) : Lui aussi novice sous le maillot d’un titulaire du XV de France, le Racingman a sorti une belle prestation. En première période, quand toute l’équipe avait pour mission de plaquer sans relever la tête face aux vagues adverses, il a été particulièrement sollicité, notamment devant sa ligne d’en-but. Il est pénalisé à une reprise durant le premier acte, mais cela ne tâche en rien son excellent rendement. Devant l’en-but australien, juste avant l’heure de jeu, il s’est démultiplié sur les incessants pick and go tricolores, sans réussite. Il est sorti avec 21 plaquages réussis, assez monstrueux.   

Cameron Woki (7,5/10) : Le bordelais a joué comme il aime le faire sous les couleurs de l’UBB, à la fois très sérieux en défense, avec des plaquages importants, mais aussi toujours volontaire dans les mouvements offensifs, pour déployer ses immenses cannes. Ca n’est pas pour rien qu’il est à la passe décisive pour Penaud sur le sublime essai français (22e). Pénalisé un peu après pour un plaquage haut sur le capitaine Hooper (25e). Petit manque de concentration sur un renvoi, où il gêne Danty à la réception et reprend le ballon hors-jeu (36e). A cinq mètres de son en-but, il contre un lancer australien, et part dans la foulée, s’envolant pour un contre fou, qui termine avec Couilloud à l’opposé du terrain, et avec trois points de plus (62e).   

Anthony Jelonch (7,5/10) : Sur la première incursion dangereuse des Wallabies, il profite d’une bonne défense de Villière sur son vis-à-vis pour poser les mains sur le ballon et lancer un turn-over (4e). Un bel apport offensif sur l’action de l’essai, au soutien de Barlot qui avait percé au ras et lui avait servi un off load. Le solide capitaine castrais a joué son rôle de roc face aux assauts des puissants avants australiens en fin de première mi-temps. En chasseur, il est venu mettre la pression à Wright sur une relance, et a provoqué son en-avant (49e). Comme les autres, il fut infatigable jusqu’au bout, que ce soit en attaque ou en défense.  

Australie France notes : Jonathan Danty toujours monstrueux

Baptiste Couilloud (6,5/10) : Le début de rencontre a été très mouvementé pour les Bleus, et il n’était pas exempt de la pression mise par les Australiens, avec des premières décisions qui n’ont pas forcément mis à l’abri les siens. Il s’est ensuite mis dans le tempo, avec des coups de pied de pression bien dosés, et notamment un apport défensif toujours indéniable et nécessaire. Pénalisé en première mi-temps pour être passé sur le côté d’un regroupement (27e). Pas loin de conclure une contre attaque éclair lancée par Woki, mais il a manqué de soutien (62e). Excellente solidarité à l’image de son retour sur un ballon porté australien qui avançait vers l’en-but bleu, pour l’emmener vers la touche (68e).   

Louis Carbonel (6,5/10) : Décalé sur un retour intérieur dans un no man’s land tricolore, Koroibete élimine l’ouvreur toulonnais, planté sur ses appuis, pour aller marquer un essai (8e)…qui sera refusé pour un en-avant. Ses premières transmissions ont été souvent hasardeuses, mais comme son collègue de la charnière il est monté petit à petit en rythme. Sur l’action de l’essai, c’est lui qui plaque et met fin au contre australien, avant le grattage et le turn over lancé par Villière. (retrouvez notre portrait de Louis Carbonel en 2019 ICI

Gabin Villière (7/10) : Il s’est montré solide dans un début de match où les tricolores n’ont pas eu beaucoup le ballon. Toujours redoutable en défense, et intéressant ballon en main, même si il n’a pas eu énormément d’opportunités sur ce point. C’est en défense, comme d’habitude, qu’il a été déterminant, en grattant notamment le ballon qui allait provoquer le contre ravageur et l’essai des Français à la 22e minute, dans une situation de jeu très désordonnée.  

Jonathan Danty (8/10) : Sur la lancée de son superbe match la semaine passée, le néo-rochelais se montre décisif d’entrée de jeu, avec un grattage solide sur la ligne médiane (1e). Sa prise de balle en première intention et point d’ancrage a fait avancer l’équipe en début de match (9e). Encore un caramel de rigueur sur une attaque australienne (29e) qui permet aux Bleus de récupérer le ballon. Devant son en-but, il a été infranchissable en fin de première période, se sacrifiant sans cesse.  

Arthur Vincent et Melvyn Jaminet fabuleux

Arthur Vincent (9/10) : Face à une fougue des arrières australiens beaucoup plus intéressante que la semaine dernière, le montpelliérain s’est montré toujours aussi solide sur l’homme, difficile à battre en un contre un. Alors que Penaud était monté en pointe, il est allé au secours de son aile juste après un retour sur Koroibete pour…aller plaquer vingt mètres plus loin (11e). Sa passe parfaitement dans le tempo, alors qu’on croyait la situation mal engagée, provoque le décalage vers l’aile de Penaud, et finalement le premier essai bleu (22e). Sa pression sur Lolesio fait mouche (30e), dans ses 22 mètres, il obtient la pénalité. A nouveau un sublime retour sur Wright qui jouait le surnombre vers l’extérieur (38e). Il termine la rencontre à 25 plaquages, une performance d’anthologie.

Damian Penaud (6,5/10) : Il est rondement bien renter dans son match, sur une séquence defensive, où il ne s’est pas du tout laissé avoir par Koroibete, son vis-à-vis du soir. Il avait senti le coup pour une interception qui n’a pas eu lieu, et a laissé l’espace derrière, comblé par Vincent (11e). Idem quelques minutes plus tard (15e), mais les Wallabies ont ensuite mal joué le coup. Le clermontois retrouve de superbes intentions sur un une deux avec Woki qui finit dans l’en-but (22e). Face au surnombre australien vers l’extérieur, il ne peut pas revenir sur Gordon qui marque (39e). Le deuxième essai australien intervient aussi de son côté, mais il ne peut rien pour revenir sur Hooper (71e).  

Melvyn Jaminet (8/10) : A froid, il a eu un délicat tir au but à négocier, avec un coup de pied de près de cinquante metres pour débloquer le score (2e), avant d’enchainer quelques minutes plus tard (10e) face aux sifflets des tribunes. D’une froideur époustouflante, il a inscrit des points sur toutes les tentatives qu’il a eues. Peu trouvé dans le jeu courant, il a sorti un coup de pied de dégagement fort précieux en début de match, quand la pression australienne faisait très mal. Bonne défense sur Wright en un contre un (43e), pas déstabilisé. Serein également sur une prise de balle aérienne juste devant ses 22 mètres (48e). Idem un peu plus tard, mais agrémenté d’une percée fabuleuse qui aboutit tout proche de l’en-but. Son huitième et dernier coup de pied offre le succès aux Bleus (79e).  

Le banc (8/10) : C’est dans un temps fort français que Demba Bamba et Romain Taofifenua sont entrés en jeu, peu après la 50e minute, et ont d’entrée de jeu apporté leur puissance. Le deuxième ligne est même passé à deux doigts, quelques centimètres, d’inscrire un essai en force sous les poteaux (56e). Taofifenua a été littéralement omniprésent, touchant au moins quatre fois le ballon lors d’une séquence à sept ou huit temps de jeu qui termina dans l’en-but australien, mais sans essai.

Anthony Etrillard et Enzo Forletta, tous les deux volontaires dès leur rentrée, sont éliminés par le retour intérieur de Lolesio pour Banks dans la porte que les deux entrants avaient ouvert. Geraci, à peine entré, a du sortir, blessé, et remplacé par Bouthier. Forletta pénalisé peu après, pour une entrée sur le côté d’un regroupement. Et tous les entrants, Macalou également, furent là pour pousser la mêlée australienne à la pénalité et reprendre les devants à deux minutes du terme. Et c’est Macalou qui a conjuré le sort, en grattant un ballon pour l’histoire à vingt secondes de la fin de la recontre.

Mathéo RONDEAU

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