Rugby – 6 Nations – Un rêve à caresser

L’équipe de France de rugby est à une marche de décrocher son premier Tournoi des VI Nations depuis 2010. Le rêve est proche.
XV de France
XV de France

L’équipe de France de rugby est à une marche de décrocher son premier Tournoi des VI Nations depuis 2010. Le rêve est proche.

Crédit : [FranceRugby].

retrouvez notre portrait de Wilfried Templier, commentateur des Bleus sur RMC ICI

Il fut un temps, pas si lointain, où supporter la bleusaille avait tout d’une gageure. Une période terne d’une décennie, dans la foulée d’un Grand Chelem 2010 décroché par une équipe de grognards (Nallet, Bonnaire, Harinordoquy, Jauzion) vivant ses dernières heures de gloire. Une défaite amère en finale de Coupe du monde plus tard, il ne restait plus rien. Evidemment qu’il est délicat de prendre la suite d’un XV de France lauréat de cinq Tournois en neuf éditions – dont trois Grands Chelems. Evidemment que toutes les générations se suivent et ne se ressemblent pas.

Alors le sommeil fut long, loin d’être de tout repos. Il a fallu apprendre à digérer les défaites de l’autre côté des Alpes – une hérésie aujourd’hui – accepter d’avoir un pied dans le vide quand Sergio Parisse tenta un drop pour la victoire au Stade de France, un drop manqué, que corrigea un peu plus tard Johnny Sexton au même endroit. Il a fallu se contenter de peu de choses, d’une relance folle ponctuée d’un essai de Fickou en fin de Crunch, d’une mêlée ravageant le pack gallois au bout du bout d’une après-midi dionysienne. Dans cette nuit interminable, où les cauchemars se succédaient – voir les Bleus jouer en rouge en fait partie, surtout quand ils sont fessés par les Blacks – restait-il encore un peu de place pour les rêves ?

Changement de monture, on ne voit plus les tricolores du même œil

Guilhem Guirado, capitaine courage, avocat, chat noir de ce XV de France malheureux, devait bien se le demander. Après une brochette de déceptions, la dernière remontant au quart de finale mondial d’Oita en 2019, le talonneur annonçait pourtant à L’Equipe que « le pain noir a(vait) été mangé ». Parole prophétique ? Paradoxe terrible, car ses propos corroboraient avec son retrait international et l’arrivée de Fabien Galthié aux rênes de l’équipe, le meilleur joueur du monde 2002 ayant intégré le staff au préalable pour préparer la Coupe du monde japonaise.

En un coup de balais, l’ancien demi de mêlée et son entourage ont fait table rase du passé, transporté le XV de France dans une nouvelle dimension. Changement de monture, passage aux verres incassables pour qu’on ne voit plus les tricolores du même œil. Une génération d’anciens frustrés (Baille, Le Roux, Fickou, Vakatawa, Dulin), une bande d’affamés (Marchand, Ollivon, Alldritt, Dupont, Ntamack), et des jeunes premiers (Haouas, Willemse, Woki, Vincent, Villière et bien d’autres), l’alliage s’avère très vite brillant. Les premières sorties sont prometteuses, les Bleus retrouvent le succès au pays de Galles, en Ecosse, en Irlande. Il en manque peu pour être heureux, mais les sourires regagnent les visages.

Equipe de France de rugby – La recette semble irrésistible

Les rêves fleurissent à nouveau. Deuxièmes du Tournoi 2020, à la même place l’édition suivante, finalistes de l’Autumn Cup 2020 avec une équipe d’ados de colo, les Bleus peuvent de nouveau croire en leurs chances. Ils gagnent en Australie pour la première fois depuis trente ans, ils font tomber les All Blacks dans un Stade de France incandescent. Quelque chose se crée. Et puis il y a ce Tournoi 2022, l’impression que c’est le moment de se réveiller, de sortir de cet interminable crépuscule.

L’Irlande passe à la moulinette, Murrayfield ne fait pas le poids, Galles se heurte à un mur, la recette semble irrésistible. Le XV de France atteint en ce début d’année un niveau presque jamais vu, fait d’éclairs offensifs, de lutte acharnée, de discipline retrouvée et d’insouciance cultivée. Une cuisine que l’on doit à un staff brillant, mais surtout à une révolution française : le dévouement inédit des clubs du Top 14, n’ayant plus vu 28 des 42 joueurs libérés depuis huit semaines maintenant. Le Grand Chelem, en jeu demain soir contre l’Angleterre, serait aussi le leur.

Encore un contrat à remplir. Mais avec les cartes en main

Des signes avant-coureurs ? Il y en a eu, cette sautée impromptue de Chris Harris pour Stuart Hogg, cet en-avant de Jo Davies qui filait à l’essai, des coups d’épée dans l’eau, la réussite du vainqueur. En 2020 et 2021, ces signes étaient contraires : Dupont dégageait trop tôt, les gaufres étaient piégées. Samedi soir, comme depuis le début du mandat de Fabien Galthié, les Bleus seront les derniers à jouer. Ils auront encore un contrat à remplir. Mais avec les cartes en main. Comme en 2010, où cette équipe de grognards avait remporté l’ultime Crunch. Le XV de France retrouve les ouailles d’Eddie Jones pour mettre fin à la plus longue période de disette de son histoire. Vous le sentez arriver, ce songe d’une nuit dorée ?

L’équipe de France de rugby en tête, le classement du Tournoi des VI Nations ICI   

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