Entre Serbie et France, l’ancien handballeur Nikola Vojinovic nous raconte son histoire où les liens entre sa patrie d’origine et son pays d’adoption s’entrecroisent.
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Ma carrière a débuté en 1991 lorsque j’ai signé pour l’Étoile Rouge de Belgrade. Sportivement, c’était une belle époque où mon club a renoué avec le succès après 40 ans de disette. La plus belle année fût 1995 où nous avons réussi à gagner Championnat et Coupe nationale pour le plus grand plaisir de nos supporters.
L’ÉTOILE ROUGE AU COEUR
La saison 1996 nous a apporté son lot d’émotions européennes. Je me souviens comme si c’était hier du ¼ de finale de Coupe des Coupes que nous avions joué dans la salle de l’équipe de basket contre le Borba Luzern. L’avant-match avait été fou, un bus devait aller chercher les deux équipes devant nos hôtels respectifs, mais notre coach avait mis son véto : on n’allait pas se faire la guerre sur le terrain et être ensemble avant… Finalement, ce sont quelques taxis qui nous ont emmenés et sur tout le trajet nous avons croisé de nombreux supporters, c’était une ambiance magnifique.
D’ailleurs, dès le premier but, les 8 000 fans présents dans la salle ont envoyé des papiers sur le terrain et le match a dû être interrompu pour nettoyer tout ça.
La ½ finale contre le Teka Santander nous a apporté pas mal de regrets après un match aller où l’on perd de seulement trois buts chez eux. Au retour, nous n’avons pas vraiment pu compter sur le soutien de nos supporters, car ils étaient assez en colère contre le club pour la gestion de la billetterie lors du match précédent. Ils ont été assez virulents, avec des sièges cassés, des fumigènes… et le match a dû être arrêté quelques minutes. Nous n’étions pas loin de faire l’exploit, mais ça nous a un peu coupés, car leur situation nous avait aussi touchés. Il manquait peu de choses, deux buts ce n’est rien.
Finalement, en 1998 les finances du club étaient dans le rouge et il a fallu que certains joueurs-cadres partent vers d’autres cieux. J’avais envie de mon côté de découvrir un autre pays, même si je restais profondément attaché à la Serbie. L’argent n’a jamais été la priorité, le plus important c’était l’équipe, l’entraîneur, les objectifs du club et comment nous allions y arriver.
PARIS EST MAGIQUE
Après quelques hésitations sur des clubs en Espagne et en Allemagne, j’accepte la proposition du PSG, mais seulement pour un an afin de me laisser une porte de sortie. Dans ce club multisports je rencontre des dirigeants fabuleux comme Gérard Picard qui est resté un ami ou encore Charles Bietry et Marie-Danielle.
Au niveau de l’ambiance, cette première année est très positive, mais malgré tout je ne pensais pas rester longtemps au club, car j’aspirais à évoluer dans un niveau handball supérieur.
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J’ai finalement prolongé au PSG, car j’étais assez jeune et j’avais donc le temps. Après trois bonnes saisons au PSG, j’ai reçu une proposition en Allemagne, mais je n’ai plus eu l’envie d’y aller, car j’étais tombé amoureux de Paris et de la vie en France. L’ambiance magnifique au club, avec cet état d’esprit famille a beaucoup compté pour moi. Toutes les sections du club se côtoyaient, et je me souviens d’un bar qui s’appelait le « Saint-Cloud », où les basketteurs et les handballeurs du club se retrouvaient assez souvent. Cette mentalité ressemblait beaucoup à celle de l’Étoile Rouge, j’appréciais beaucoup cette ouverture d’esprit et ce sens du partage.
Trop souvent les clubs en Allemagne sont situés dans des petites villes avec un état d’esprit plus renfermé, le choc comparé à Paris aurait pu être violent. De plus, Montpellier devenait un top club, en gagnant la ligue des Champions, ce qui relevait naturellement le niveau du Championnat de France.
Le seul bémol reste peut-être l’ambiance en tribune, qui était assez calme. Au final, quand tu commences le match, tu es très concentré et tu n’as pas forcément le temps de partager avec le public.
DIRECTION LA CÔTE D’AZUR
Après quelques saisons, le PSG (devenu Paris Handball) était dans une phase descendante sportivement et économiquement. Le club ne pouvait supporter les trois gros salaires de l’effectif : Bruno Martini, Olivier Girault et moi. Comme Olivier était le capitaine de l’Équipe de France, Bruno est parti à Nîmes et j’ai eu quelques propositions à l’étranger, mais j’ai préféré rester en France.
Saint-Raphaël est venu me faire une proposition en 2006, mais dans un premier temps, j’avais quelques doutes sur le projet, car ils étaient montés, puis descendus en seconde division. Ma rencontre avec le président Jean-François Krakowski, Christian Gaudin le coach et la visite de la nouvelle salle m’ont fait changer d’avis. De plus, savoir qu’un champion comme Stéphane Joulin faisait partie de l’équipe m’a tout de suite apporté des garanties sur notre niveau.
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Je ne me suis pas trompé, on est tout de suite remonté en première division sans jamais finir en dessous de la 6ème place.
Je garde de super souvenirs de cette dernière expérience pro, notamment celle de voir comment un club grandit. J’ai d’ailleurs moi-même évolué avec ce club pour devenir capitaine et côtoyer d’excellents joueurs comme Moretti ou Boisedu.
J’avais rêvé de finir ma carrière à l’Étoile Rouge, mais finalement des choix familiaux se sont imposés, notamment pour mes enfants et nous avons préféré rester en France. Je vais malgré tout chaque été à Belgrade et je passe voir les amis du club dès que je le peux.
La fin de carrière fût à moitié compliquée, j’étais content d’arrêter toutes les préparations physiques. Mais la première fois que je suis allé voir un match, en tant que spectateur, c’était très compliqué à gérer, j’avais une envie féroce de rentrer.
Aujourd’hui je suis très content, car le lien avec le sport n’est pas mort, je transmets mon expérience aux jeunes du club du SRVH. C’est un plaisir de faire évoluer les joueurs du centre de formation et certains -18. J’ai beaucoup de satisfaction à les voir progresser et exécuter les enseignements de la semaine sur le terrain le week-end.
Comme j’ai pu le dire avant, notre vie est aujourd’hui en France et nous nous sommes construits avec notre famille à Saint-Raphaël. Avec ma femme, nous sommes serbes, mais nos enfants sont français. L’avenir est ici pour notre famille.
Nikola, avec CB