CYCLISME JO – Retour sur la course de l’équipe de France

Dans une course que Richard Carapaz a dominé, devant Van Aert et Pogacar, l’équipe de France n’a pas été très visible. David Gaudu a néanmoins terminé 7e.
David Gaudu

Cyclisme JO France. Dans une course-en-ligne des Jeux Olympiques qui a proposé un final époustouflant, l’équipe de France n’a pas énormément pesé. Guillaume Martin n’avait pas les jambes, contrairement à David Gaudu. Le grimpeur breton s’est hissé au niveau des meilleurs, et n’est pas passé loin de la médaille. Retour sur la course des tricolores.

Cyclisme JO France : une septième place frustrante pour Gaudu

Il y aura toujours des regrets. Ceux qui peuvent venir de choses que l’on n’a pas fait, et ceux qui viennent de ce que l’on a mal fait. Il y avait un peu des deux tout à l’heure, à l’arrivée de la course-en-ligne masculine des Jeux Olympiques, concernant David Gaudu et l’équipe de France. On y reviendra. Passée cette frustration, il y aura tout de même les points positifs, pas nombreux certes. Mais suffisants pour remarquer qu’une fois encore le jeune grimpeur breton fait partie des tous meilleurs dans les courses les plus difficiles. Vainqueur de deux étapes en Grand Tour, déjà à l’aise dans les courses d’une semaine (Romandie, Pays Basque), il se révèle être un coureur de plus en plus redoutable sur les épreuves d’un jour. Troisième à Liège-Bastogne-Liège en avril, il a terminé au septième rang aujourd’hui, sur le circuit de Fuji.

Une septième place qui n’a pas forcément de valeur, parce que c’est une course olympique, qu’on garde en mémoire les trois médaillés, et surtout que le résultat aurait pu être plus élevé. Comme on l’a vu dans la dernière semaine du Tour de France et comme on aurait souhaité le voir durant la Grande Boucle toute entière, David Gaudu avait ce matin de grandes jambes. Pour répondre à la difficulté d’une sixième heure de course. Pour suivre le rythme effréné de la Belgique dans le terrible Mikuni Pass (6,8km à 10,1%). Et pour résister aux multiples mouvements de course dans le final. Assez même pour passer à l’offensive, une fois, à l’entrée du circuit final, dans la foulée d’une offensive de Michael Woods. Repris ensuite par le reste des poursuivants, le coureur de Groupama-FDJ n’avait plus le jump nécessaire pour rivaliser avec Van Aert et Pogacar au sprint.

David Gaudu solide dans le final

En soit, la dernière partie de course de David Gaudu, isolé comme tous les autres concurrents, n’est pas infamante. Comme dans toute grande classique, il fallait rester à l’abri, suivre les bonnes roues, et profiter d’un moment flou pour sortir. Il l’a fait, on l’a dit. Le principal regret réside en le fait qu’il n’ait pas pris le bon coup. Celui de Richard Carapaz, futur doré, et Brandon McNulty, même si l’Américain fut repris ensuite. A ce moment, peut-être était-il encore entamé par la très délicate ascension du Mikuni Pass. Certes, elle lui convenait, mais la vitesse de montée fut telle qu’on le vit très régulièrement décrocher, pencher la tête, grimacer. Il est monté à son rythme, sans s’affoler, et a pu rentrer dans les dernières rampes.

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Si David Gaudu est déçu, comme nous, ça peut également être à cause de la prestation d’ensemble de l’équipe de France. Sous une forte chaleur, avec un taux d’humidité horrible, certaines jambes n’ont pas aussi bien tourné qu’escompté. On a globalement rarement vu les maillots tricolores à l’avant du peloton, ensemble, et tenter des choses. Rémi Cavagna aura au moins pu se faire les cuisses à l’approche du contre-la-montre. Mais on aurait imaginé des tentatives dans le long passage de transition entre les deux principales ascensions du jour. Il y en eut, mais jamais accompagné de coureurs Bleus. Au contraire, on eut assez de mal à comprendre l’accélération de Benoit Cosnefroy et Kenny Elissonde en tête de peloton, justement pour rentrer sur une contre-attaque.

Cyclisme JO France : Une stratégie étrange

Guillaume Martin s’est vite retrouvé en difficulté, lâché dans les premières rampes du juge de paix. A l’arrivée, au micro de France Tv, le sélectionneur Thomas Voeckler confirmait : « Guillaume n’avait pas les jambes qu’il voulait avoir ». David Gaudu s’est donc retrouvé seul pour tout le final. Pas forcément ce qui était prévu, mais Voeckler n’en était pas déçu : « on ne fait pas de la PlayStation. Je suis très fier de David, qui a couru à la perfection, de l’ensemble des troupes qui a respecté à la lettre les consignes. Je n’ai aucun reproche, aucun regret. Il n’y a que trois personnes contentes aujourd’hui, celles sur le podium ». En fait, ce qui laisse le plus perplexe quant à la stratégie des Bleus ce matin, c’est dans la bouche de David Gaudu qu’on l’entend, peu après l’arrivée, encore au micro de France Tv.

« C’était une course assez folle dans le final. Je me suis retrouvé avec les champions après la bosse du Mikuni. Je n’étais pas très bien dans la montée, mais je n’ai rien lâché dans la tête. Je savais que Van Aert allait rouler dans la descente. J’avais de super sensations dans le final, et après on s’est dit avec Thomas qu’il ne fallait pas que je roule dans le groupe si on arrivait pour la médaille et tout miser sur le sprint. C’est ce que l’on a fait. Ca ne l’a pas fait. Septième…il n’y a que les trois premières places qui comptent ». La réponse est dans la question, quasiment. David Gaudu dit après coup qu’il se sentait très bien dans le final, mais on a préféré miser sur le sprint final, où Van Aert, Pogacar voire Uran, et en l’occurrence Mollema, Woods et McNulty, sont plus forts que lui.

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Ce sera différent en 2024…

La course du champion breton est donc l’incarnation parfaite du mi-figue, mi-raisin. Il nous a offert des émotions, sur son attaque dans les tout derniers kilomètres alors qu’on a cru un temps qu’un écart s’était creusé. Mais à voir sa force retrouvée pour suivre l’accélération de Van Aert à 15 bornes, et dans les derniers hectomètres, on se dit qu’il y avait mieux à faire. Un sentiment largement différent de ce qui était resté de sa Doyenne, à Liège, il y a quelques mois. On ne sait que retenir véritablement. Une chose est sûre, la donne sera différente en 2024, à Paris, sur un parcours qui sera probablement beaucoup moins favorable aux grimpeurs.  

Mathéo RONDEAU

Cyclisme JO France

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