Professionnel depuis deux ans, Axel Zingle a vu son statut évoluer au sein de la formation Cofidis. Régulièrement leader sur les courses, le natif de Mulhouse a évoqué cette progression, tout en revenant sur son début de carrière, en VTT.
Le VTT et les études avant la route
Je pense que c’est une superbe école de commencer par le VTT. Cela permet de travailler les qualités d’explosivité, que j’essaye aujourd’hui de conserver. Ce n’est pas évident de les conserver : en route on fait beaucoup plus de volume, donc ça a tendance à nous faire perdre de l’explosivité. C’est toujours plus facile d’acquérir de l’endurance.
Le VTT forme des coureurs capables de gagner, à l’aise sur le vélo et sur de nombreux terrains. Le vélo de route c’est énormément de placement avant tout, et pour ça, je pense que le VTT m’a apporté beaucoup. Je veux continuer à en faire, j’en ai fait cette semaine et j’essaye de m’y remettre pour pouvoir conserver mon explosivité, je sens que j’ai besoin de retrouver ce coup de pédale de vététiste.
Je voulais garder un champ de vision assez large et ne pas m’enfermer dans le sport, même si c’est riche et que ça procure des émotions. Mais il n’y a pas que ça dans la vie. C’est intéressant de se dire que si j’ai envie d’arrêter, je suis en mesure de le faire. Je ne suis pas pieds et mains liés à mon métier actuel de cycliste.
Comment définir Axel Zingle ?
Je suis polyvalent, ça c’est sûr. Je n’aimerais pas m’enfermer dans un rôle de pur sprinteur. Ce n’est pas ce qui me fait le plus rêver. J’aurais aimé être grimpeur, mais je n’en ai pas les capacités. On fait avec ce qu’on peut. Et puis, quand j’ai envie de pouvoir frotter parfois dans les sprints massifs, où j’ai encore à apprendre et des choses à montrer. Je veux essayer de continuer à bien passer les bosses. On voit qu’il y a des coureurs de classiques qui sont encore plus à l’aise que moi dans les bosses, donc je dois travailler dessus. Je ne suis pas encore au niveau où j’aimerais être. Pour prétendre à des victoires en échappée sur le Tour de France, il faut avoir un sacré niveau dans les bosses.
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Axel Zingle et la Cofidis
Mon rôle a changé. Ça s’est fait naturellement. De toute façon, c’est un rôle auquel j’aspire. Je suis content de voir que l’équipe me fait confiance, et j’essaye de lui rendre au mieux. C’est un sentiment spécial au début, d’être protégé par l’équipe et d’être désigné pour obtenir un résultat. Ça met forcément un peu de pression, mais je pense que c’est aussi une question de caractère. Je m’entraîne pour ça, pour essayer de gagner des courses. Et le meilleur moyen d’y arriver, c’est d’être protégé et d’avoir la confiance de son équipe. Ça s’est joué l’an dernier, j’ai fait une belle saison (3 victoires). J’ai prouvé que j’étais un coureur sérieux, toujours assez régulier. Aujourd’hui, je récolte les fruits de ce travail.
Parfois, il faudrait que vous soyiez invités à table pendant les courses. On a des débats assez profonds, on refait le monde. Ça nous permet de parler d’autre chose que de vélo. Il y a toujours un moment où le vélo ça peut saturer, même si j’adore parler de ça.
Vivre en groupe avec ses amis
C’est sûr que c’est un sport collectif, où l’on court tous ensemble. Être ses amis pendant les courses, ça nous laisse de forts souvenirs de groupe. Je pense que mieux on s’entend dans l’équipe, plus chaque équipier va donner son maximum pour aider et aller chercher le meilleur résultat. On a la chance chez Cofidis d’être un très bon groupe, chacun a sa chance, ça tourne souvent. C’est vraiment plaisant d’évoluer dans ce groupe.
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Dans l’équipe, je pense que ça serait difficile de citer un “meilleur ami” Après, les autres seront jaloux. On a une bonne bande, avec les Français surtout, on s’entend tous très bien. On était plusieurs sur le Critérium du Dauphiné, on se voit même en dehors du cadre de l’équipe pendant les coupures. Nous avons des liens assez forts à force de voyager aux quatre coins du monde tous ensemble. Personnellement, je suis toujours très content de les retrouver, et je sais que je vais passer un bon moment. Même si on en chie pendant les étapes, c’est plus sympa d’en chier avec ses potes, comme ça toujours du plaisir à débriefer après les courses.
Reprendre après la chute de Gino Mäder
C’est la première fois qu’il y a un décès dans le peloton et que j’en fais partie. Ça m’a beaucoup touché, je ne penserais pas que ça me toucherait autant. J’ai eu un peu de mal à partir à l’entraînement ces derniers jours. On sait que ça peut arriver, mais quand l’impensable devient réalité, on ne considère plus le risque de la même façon. On peut considérer la chute grave comme un risque éloigné, qui n’arrive que rarement. Je ne sais pas encore comment je vais réagir dans le peloton. On aimerait ne jamais voir ça. Je ne connaissais pas Gino, mais perdre un membre de la famille du cyclisme… C’est une histoire tragique.