Athlé – Aurore Fleury – Munich reste un couteau dans le coeur

Aurore Fleury a participé aux championnats d’Europe de Munich sur 1500 m. Elle a été éliminée en séries. Elle raconte sa saison
Aurore Fleury

Aurore Fleury a participé aux championnats d’Europe de Munich sur 1500 m. Elle a été éliminée en séries. Une course compliquée pour la demi-fondeuse nancéienne au terme d’une saison en dent de scie. Où elle a tout de même accumulé quelques bons chronos. Elle revient sur sa saison, ses joies et ses déceptions, avec des minima pour les mondiaux de Eugene ratés de très peu. Aurore Fleury évoque ses objectifs pour 2023 et son envie d’être dans le bon wagon pour les mondiaux de Budapest.

Crédits : Bilal Aouffen

AURORE FLEURY – ÉMOTIONNELLEMENT, CELA A ETE COMPLIQUE A GERER

C’est une année riche en émotions et en rebondissements (rires). Une année en dent de scie, avec de belles choses, de belles compétitions et de belles expériences. Mais aussi, contrairement à l’année dernière, où j’ai été très régulière, j’ai eu du mal à l’être, notamment en compétition. J’ai eu des hauts et des bas, ce qui ne me caractérise pas forcément d’habitude. Que ce soit cet hiver ou cet été. Je me suis mis beaucoup de pression, avec beaucoup d’objectifs très élevés. Et quand j’ai ressenti que ce n’était pas aussi facile que l’année dernière, je me suis beaucoup pris la tête.

Émotionnellement, cela a été compliqué et j’ai mal géré les petits accrocs, quand cela n’allait pas forcément dans le bon sens. Je me suis un peu écroulée mentalement après la période de la fin des minima, lors des Elite. Le souci a été très mental. La saison a été très longue malgré tout, il a fallu se remobiliser pour aller aux Jeux Méditerranéens. Il y a eu une longue période, avec les mondiaux auxquels je n’ai pas participé, il a fallu se remobiliser pour Munich. Cela est peut-être l’explication de la fluctuation dans les performances. Ceci dit, certains ont bien réussi à être constant et je ne veux pas me servir de la longue saison comme d’une excuse. C’est peut-être moi le problème (rires).

HEUREUSEMENT QUE J’AVAIS MES PROCHES ET QUE J’AI PU PROFITER À MUNICH

Je fais une rentrée en 4’05 sur le 1500 m, aux Etats-Unis avec le décalage horaire. Derrière, j’enchaîne avec deux belles courses à Rabat, où je fais 4’04 et je passe pas loin des minima, derrière je fais 4’05 à Marseille. Cet enchaînement est vraiment super et j’en suis vraiment contente. C’est presque un début de saison de rêve et j’en suis vraiment fière. Je dois retenir cela, cette régularité en quinze jours, de faire ces chronos. Mais je reste sur ma faim.

Munich, sportivement parlant, c’est comme un couteau dans le coeur. Je ne comprends vraiment pas ma performance. Aujourd’hui, c’est encore dur à digérer, je n’ai pas revu ma course, je n’y arrive pas. Mais l’aventure humaine a été top. J’avais ma famille, mon coach, mon copain avec moi, on a décidé de rester toute la semaine et de vivre toute la compétition ensemble, ce qui est génial. Je suis comme une gosse dans le stade (rires). Avec l’envie d’en profiter à fond. J’étais partout, dans le stade, à la marche. C’était une belle expérience, car j’adore regarder l’athlé. J’étais à Barcelone en 2010, pour regarder les championnats d’Europe, j’en avais un super souvenir. Là c’était pareil sauf qu’en plus, j’étais athlète et membre de l’équipe de France. Heureusement que j’ai pu profiter de l’instant du spectacle pour contrebalancer le sportif. Car si je n’étais venue que pour moi et mon 1500 m, cela aurait été un vrai mauvais souvenir.

AURORE FLEURY – JE NE ME DOUTAIS PAS QU’IL ALLAIT Y AVOIR CETTE MAUVAISE PERFORMANCE À MUNICH

Je ne me doutais pas qu’il allait y avoir cette mauvaise performance à Munich. C’est vrai que, juste avant, il y a eu Monaco où cela a été compliqué. Mais avec mon coach, on s’est juste dit que c’était un petit accident. J’étais en préparation terminale à Aix-les-Bains, un stage qui a été excellent, avec trois grosses séances qui étaient encore meilleures que ce que j’avais montré cet été. On pensait qu’on allait casser la baraque à Monaco et faire 4 minutes. C’est aussi pour cela que je ne veux pas chercher l’excuse de la longue saison, car il y avait de belles choses à faire avec Monaco et les Europe. J’avais envie de courir, j’étais conquérante, sans réelle fatigue et j’étais bien mentalement.

Mais à Munich j’ai ressenti les mêmes choses qu’à Monaco. Pas de jus, rien à donner physiquement. J’ai essayé de respecter le plan et les intentions de course, jusqu’à ce que cela devienne critique. Mais cela n’était pas prévisible. Je me disais que j’avais le potentiel d’être sereine pour la série, certes en donnant tout. C’était la douche froide.

JE NE PENSE PAS QUE CE SOIT UN SOUCI DE NOMBRE DE COMPÉTITIONS

Je ne regrette pas cette chasse aux minima mondiaux. Car j’essaye de m’inspirer d’autres athlètes qui ont un niveau identique et supérieur au mien. Ce sont des athlètes qui courent beaucoup. Certes il y a de moins bonnes courses, mais je pense qu’il faut courir beaucoup. On a bien travaillé avec mon coach, mais il y a des choses qu’on n’a pas bien maîtrisées. On va peut-être essayer de davantage se reposer dans la prépa. Je suis une grosse travailleuse et je déteste me reposer. Mon coach m’écoute beaucoup mais après Munich il m’a dit qu’il allait prendre le rôle de me dire qu’il faut plus se reposer se régénérer. Mais je ne pense pas que ce soit un souci de nombre de compétitions. Certains ont fait les Jeux du Commonwealth, les Mondiaux et les Championnats d’Europe en étant bons sur les trois ou sur deux compétitions sur les trois.

Moi j’ai presque rien fait à part la chasse au minima. Je n’avais juste pas les épaules et il faut que j’apprenne à les élargir (rires). Quand on a des ambitions hautes comme les miennes, il faut assumer. La saison est riche d’enseignements pour 2023 et 2024. J’étais plus forte cette année même si cela ne s’est pas retranscrit sur le plan chronométrique. J’étais plus forte physiquement, techniquement. C’est la première année où je suis confrontée à cela, de faire de supers séances mais de ne pas trop y arriver en compétition. D’habitude, c’est plutôt l’inverse. Je suis bien à l’entraînement mais surtout excellente en compétition. Je dois contrebalancer ce phénomène pas agréable. Car être forte à l’entraînement c’est cool, mais le but c’est d’être la le jour de la compétition.

AURORE FLEURY – IL FAUT QUE JE PRENNE CONSCIENCE QUE JE NE PEUX PAS TOUT FAIRE

C’est peut-être une année de transition. Où j’ai bien travaillé à l’entraînement, même si cela ne s’est pas traduit en compétition. Ce n’est pas perdu et quand je vais franchir le cap qui est autour des 4 minutes, ce sera vraiment cool. J’ai confiance en l’avenir et je sais que j’ai fait de belles séances et que je suis meilleure sur tout. Du court sur les séances spé 800 faites en stage terminal, au séance spé 3000-5000, tout était meilleur. Les séances spé 800 on en a fait que très peu, car on a fait beaucoup de long, notamment cet hiver. Et pourtant, directement, je suis allée plus vite que d’habitude ! Tout était mieux et on avait coché toutes les cases pour être performants. Pour autant, il n’y a pas eu le chrono espéré. Il faut être patient.

Mon coach a préparé le terrain pour 2023. Je ne ferais pas la préparation cross pour le relais mixte, que j’avais l’habitude de faire. Il faut que je prenne conscience que je ne peux pas tout faire. Les cross, les Europe en salle, les France de cross. Du coup je reprendrai au mois de janvier avec pour objectif les Europe en salle sur le 3000 m. C’était déjà l’objectif de l’hiver, mais j’ai terminé sur 1500 m suite à quelques problèmes. J’aurais adoré être sur le 1500 m, mais je dois rester cadré et travailler mon hiver. Je sais que je peux faire un gros chrono sur 3000 m. Et j’ai envie d’aller aux Europe avec ma super copine Alice Finot. Faire une sélection ensemble.

Lire aussi notre interview d’Alice Finot

FOCALISÉE SUR LES EUROPE EN SALLE CET HIVER

J’ai regardé et j’ai vu que les France de cross sont une semaine après les Europe. Je me dis que je pourrais y être sans empiéter sur la prépa de la salle (rires). Je vais négocier (rires). Avant de me projeter sur Budapest et les mondiaux. Je veux me qualifier et on verra ce que je peux faire là-bas. Maintenant que j’ai raté Eugene, Budapest représente ma seule chance d’avoir une expérience avant Paris. Les résultats de Diamond League ne comptent pas. Le ranking commençait à partir du 1er août, et c’est décevant d’avoir été hors de forme à Munich. Sans focaliser là-dessus, cela aurait été intéressant de commencer à marquer des points.

Je me dis si je fais les minima, l’histoire du ranking sera résolue. Il faut que je garde confiance, même si j’ai eu des pertes de confiance cet été. Les minima ont été durci avec 4’03”50. Mais c’est un chrono que j’ai été capable de faire et je pense que je peux faire mieux. Il faut garder de la sérénité et garder confiance en l’avenir.

AURORE FLEURY – J’AI COURU AVEC UNE JAUGE D’ÉNERGIE PAS OPTIMALE CET ÉTÉ

J’ai fait quatre stages cette année, c’est un bon rythme pour moi, cela permet de couper avec le travail. Je pense partir à Font-Romeu vers le mois de novembre, Monte Gordo en janvier. Après, la saison estivale est encore loin et rien n’est planifié. Mais j’aime découvrir de nouveaux endroits et des nouveaux lieux de stage. Il faut que j’apprenne à encore optimiser mon quotidien. Prendre soin de mon corps, être moins fatigué et éviter les coups de mou. J’ai fait un test pour évaluer l’état de fatigue qui a montré que cet été, ma jauge d’énergie est moins importante que quand j’ai fait ma rentrée en 4’07 cet hiver où je me sentais vraiment bien.

J’ai sans doute couru avec une jauge d’énergie pas optimale. Il faut travailler sur cela, il faut que je dorme plus, prendre plus de temps pour moi. Ce sera le gros travail pour être plus régulière.

AURORE FLEURY

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