Les athlètes sont souvent imperméables à toute communication avant que la compétition ne soit terminée. La rubrique « Dans la peau » permet à un sportif de partager avec vous ces moments secrets et déterminants qui forgent la réussite de leurs projets.
Depuis de nombreuses années, Stuart Dutamby vit sa passion pour le sprint à 100% en tant qu’athlète de haut-niveau. Très attaché à ses valeurs, il nous explique sa place dans la société en tant que sportif.
MA VISION INCHANGÉE DEPUIS L’ENFANCE
Je me suis toujours identifié aux sportifs, que ceux-ci soient footballeurs, tennismen, nageurs ou bien rugbymen. J’ai toujours voulu devenir l’un d’entre eux. Je passais des journées entières dans les bassins, sur les terrains de foot, les tatamis et les cours de tennis. Après les avoir contemplés, j’imitais les dribbles du brésilien Ronaldo, les drops de Wilkinson ou encore le style de Manaudou.
Sportif, c’était un métier, un mode de vie. Ma vision n’a pas changé depuis mon plus jeune âge. Celle-ci a façonné l’athlète que je suis devenu et que je compte devenir.
ÊTRE UN ATHLÈTE, C’EST AVANT TOUT UN MODE DE VIE
Mon partenaire d’entraînement, Guy-Elphège Anouman et moi-même avons l’habitude de dire qu’être sportif de haut-niveau, c’est avant tout s’entraîner comme tel. Au-delà de la performance pure et de la médiatisation, un sportif de haut-niveau, c’est celui qui prépare son marathon, en s’entraînant tous les jours notamment après une journée de travail.
Mais sportif de haut-niveau c’est aussi un mode de vie. Se lever tôt, manger équilibré, préparer les séances d’entraînement, penser à la récupération, qu’elle soit physique ou mentale et s’accorder un moment pour respirer. En période de biquotidien (deux entraînements par jour) notre activité nous prend réellement toute une journée, puisqu’il faut prendre en compte la fatigue accumulée.
Mon entourage est indulgent, il comprend parfaitement ma position et respecte cette rigueur. Néanmoins c’est un souci lorsque tu souhaites élargir ton cercle social, mais je me ferai de nouveaux amis lorsque j’aurai pris le temps de voir les miens…
En tant que qu’athlète on est relativement bien entouré (préparateur physique, mental, nutritionniste, suivi du sommeil ou encore kinésithérapeutes). Mais ces professionnels ne sont pas là pour nous suivre exclusivement, ils ne vivent pas grâce à nous. Ils ont fait le choix de s’inclure dans un projet qui leur est cher. Indirectement, c’est une équipe que l’on met en place. Selon moi, il y a stratification dès lors que l’athlète ne gère plus cette partie fondamentale, qu’est le choix de son entourage et que celui-ci estime que ces professionnels sont à sa disposition.
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LE SPORTIF, UN ACTEUR PORTÉ PAR LE PUBLIC ET LES MÉDIAS
Sans spectateurs, aucun athlète ne pourrait vivre de sa discipline. Par conséquent, le sport est un spectacle. On paye pour aller voir un meeting d’athlétisme comme on paye pour aller voir un concert. Le sportif est un acteur qui s’illustre par le biais de ses performances. Ce qui nous rend uniques c’est l’abnégation, la rigueur physique et mentale, que nous mettons à l’édifice de nos ambitions.
De plus, notre statut est particulièrement médiatique, puisque l’on dépend de la visibilité et de l’attention que veulent bien nous offrir les différents médias. Au-delà de la performance et de la médaille, qui restent nos principaux objectifs, notre rôle est donc de diffuser une image positive et combative. Nous sommes les ambassadeurs, par le biais de nos clubs, de l’équipe de France et de nos projets extra sportifs, des valeurs sportives.
Nous avons la possibilité de véhiculer notre passion. J’ai débuté l’athlétisme en 2012, après avoir vu le relais français, médaillé aux championnats du monde de Daegu, en Corée du Sud. Je suis la preuve de la force et de l’impact de ces valeurs sur les jeunes sportifs.
Cette année, avec l’aide de mon club, le Lille Métropole Athlétisme, et de mon préparateur mental, Cyril Fontbonne, je vais davantage m’impliquer dans la transmission de ma passion aux plus jeunes et à ceux désirant un jour, atteindre le haut-niveau, quels que soient leurs sports et leurs disciplines.
HUMILITÉ EST LE MAÎTRE MOT, CAR LE SPORTIF EST UN HOMME COMME UN AUTRE
Une nouvelle fois, le sportif est un acteur et celui-ci prend part à un spectacle. Le sportif nourrit les passions, mais ce n’est pas pour autant que les gens l’envient. Il est évident que certains sportifs pensent que leur statut les place au-dessus de la mêlée. C’est compréhensible, l’attention qui leur est portée peut être difficile à gérer (je n’ai pas encore la chance d’être confronté à ce problème-là…).
Par le biais de nos performances, nous nous démarquons, mais à la fois nous remplissons notre rôle comme toute personne dans cette société, ce qui nous rend paradoxalement banales. Nous sommes un divertissement pour beaucoup et des outils marketing pour les marques. Cette vision, très extériorisée, permet de garder les pieds sur terre, de réaliser que ce métier est éphémère.
Ghani Yalouz, président de l’INSEP et ancien DTN de l’athlétisme, nous le répète à chaque fois, “humilité”. Tellement cliché, mais tellement vrai, primordiale, car dans le sport tout est véritablement éphémère.