SAFI N’DIAYE : RUGBY QUE JE T’AIME

Alors que le rugby féminin français poursuit sa marche en avant avec la tenue du Tournoi des 6 Nations qui commence aujourd’hui, nous avons rencontré l’une de ses joueuses emblématiques. Safi N’Diaye nous raconte son amour pour le rugby entre souvenirs et ambitions.
Safi N'Diaye

Safi N’Diaye – Rugby

#XV de France Féminin #Montpellier HR #Ex Castres Rugby #Championne de France 2013, 2014, 2015, 2017, 2018 #Vainqueur du Tournois des 6 Nations 2014, 2013 #3ème place Coupe du Monde 2014, 2017 #Oscar du Midi Olympique de la Meilleure joueur française 2014

Les athlètes sont souvent imperméables à toute communication avant que la compétition ne soit terminée. La rubrique « Dans la peau » permet à un sportif de partager avec vous ces moments secrets et déterminants qui forgent la réussite de leurs projets.

Alors que le rugby féminin français poursuit sa marche en avant avec la tenue du Tournoi des 6 Nations qui commence aujourd’hui, nous avons rencontré l’une de ses joueuses emblématiques. Safi N’Diaye nous raconte son amour pour le rugby entre souvenirs et ambitions.  (Crédit photo Une : INPHO/Oisin Keniry).

Le rugby… ce sport plein de valeurs qui 20 ans après me donne toujours autant de satisfaction.

Tout a commencé à Castres, où le rugby est une institution.

Il y avait des sections sportives avec des professeurs de sport qui nous sensibilisaient au monde de l’ovalie. Je faisais du basket à ce moment-là et j’ai donc changé pour m’inscrire dans le club de la ville.

LE RUGBY, UNE GRANDE FAMILLE

Dès le départ, j’ai adoré l’état d’esprit et l’ambiance. On en parle souvent, mais le rugby quand on est jeune est très convivial. La façon dont j’avais été accueillie m’avait particulièrement marqué, je m’étais tout de suite sentie comme l’une des leurs.

Il y avait toujours des casse-croûtes après les matchs le weekend, parfois même après les entraînements. Nos parents venaient à toutes nos rencontres, c’était un plaisir de se retrouver, comme une famille.

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Il y avait déjà une équipe féminine dans le club chez les jeunes, et il n’y a jamais eu de préjugés par rapport au fait qu’on soit des filles. Même à l’école, je n’ai jamais eu de soucis, c’était quelque chose de tout à fait normal.

Par la suite, j’ai quand même fait face à quelques réflexions, des questions du genre pourquoi tu aimes le contact, pourquoi tu veux aller plaquer dans la boue alors que tu es une fille… Mais je pense que ces gens-là ont un problème qui va bien au-delà du rugby, sur la position de la femme dans la société et ils ne méritent pas qu’on perde notre temps pour eux.

Dans mon équipe à Castres, notre équipe était tellement soudée que nous nous sentions fortes. On était fière de faire partie de l’équipe de rugby, et nous étions quelque part une image de la femme indépendante.

Le soutien des parents est également important, les miens m’ont soutenu à 2000 %, assistaient à tous mes matchs, et ça me confortait dans mon état d’esprit. J’étais la première de ma famille à jouer, mais nous regardions quand même les matchs à la télé bien avant que je débute.

Le fait d’être une rugbywoman m’a amené à en regarder beaucoup plus et avec plus d’intérêts. Je me suis prise au jeu et j’adorais par exemple Jonah Lomu, un joueur exceptionnel.

J’étais assez grande pour mon âge, et ce sport sans restriction me permettait d’utiliser mes atouts, ma puissance, ma taille, ma force. On m’a dit « vas-y fonce, vas le plus loin possible le plus vite possible ». C’est génial pour un enfant, il n’y a pas trop de règles, le but est de s’amuser en se donnant à fond.

Je ne pensais en revanche pas à en faire au haut niveau. J’étais simplement contente de retrouver les copines, m’éclater sur le terrain, mais je ne voyais pas plus loin. Je ne voulais pas partir de Castres. Au fur et à mesure les gens ont commencé à me parler de mes performances et ce à quoi je pouvais aspirer, prétendre. Mais ça a mis du temps, c’est seulement vers 20 ans que j’ai commencé à y penser sérieusement.

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LE RUGBY FÉMININ A MIS 10 ANS POUR SE SORTIR DE L’AMATEURISME PUR

Il faut savoir que le rugby féminin n’était pas aussi développé il y a seulement 10 ans. Aujourd’hui il y a des pôles France, des équipes féminines de bon niveau dans pas mal de clubs de pros, mais tout ça n’existait pas encore.

Je me souviens que pour suivre la Coupe du Monde féminine 2010 en Angleterre c’était vraiment compliqué ! il fallait chercher un lien streaming pendant une demi-heure avant d’en trouver un correct, et encore ce n’était pas de la qualité et il fallait parfois en trouver un autre en plein match !

Mon coach de Castres m’a beaucoup aidé à partir paradoxalement. Il l’a fait pour mon bien. Il m’avait dit qu’il fallait que j’aille à Montpellier pour continuer à progresser et passer un cap. J’étais très attachée à mon club, à ma famille et à la ville de Castres, sans ses paroles je n’aurais peut-être pas fait le grand saut.

Et je le remercie aujourd’hui, car je suis très heureuse de voir où j’en suis arrivé.

En faisant un bond de quelques années, si je devais dresser mon bilan il serait ainsi : j’ai été 7 fois championne de France, j’ai gagné 2 Grands Chelems avec le XV de France Féminin, obtenu deux fois la troisième place de la Coupe du Monde et j’ai été nommé trois fois dans les meilleures joueuses du monde.

Qu’est-ce que dirait la petite Safi de tout ça… Je ne peux sincèrement pas y répondre. Ce que je retiens c’est que je me suis vraiment éclaté, j’adore ce que je fais, je me réveille tous les matins avec la banane. J’espère continuer à kiffer autant ma vie et que cette période sportive va durer encore un peu !

Ce palmarès très honnêtement je n’y avais pas vraiment fait attention, dans un sport collectif on se souvient surtout des moments partagés ensemble, des joies et parfois des pleurs, des émotions tellement fortes que seul le sport peut procurer. Ce palmarès signifie juste qu’effectivement, des beaux moments j’en ai vécu énormément avec mes équipes de clubs ou avec la sélection. Des souvenirs qui resteront à jamais ancrés en moi.

J’ai encore en tête l’annonce de ma première sélection en Équipe de France, j’étais tellement ému ou mon premier match qui a suivi à Twickenham avec notre victoire contre les rivales anglaises. Mais je ne peux pas oublier quand nous avons gagné contre les All Blacks en novembre dernier, et tous ces titres avec mon pays et mes clubs.

J’ai une telle envie de vivre encore ces émotions et ça commence avec ce premier match du tournoi des 6 nations à Montpellier contre le Pays de Galles, devant mon public et tous mes proches !

Et pourquoi ne pas réaliser mon rêve ultime pour les quelques années qu’il me reste, être championne du monde en Nouvelle-Zélande.

SAFI

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