Rugby – La Rochelle Toulouse : Dense avec les stades

Pour la première fois depuis 2015, c’est une équipe française qui va décrocher la Champions Cup. Sera-ce le Stade Rochelais, ou le Stade Toulousain ?

La dernière fois qu’une équipe française a décroché la Champions Cup, Carl Hayman, Bakkies Botha, Ali Williams, Juan Smith, Juan Martin Fernandez Lobbe Chris Masoe, Bryan Habana, Juan Martin Hernandez, Drew Mitchell ou – tient, un Français ! – Fred Michalak étaient encore sur la pelouse. Vous l’aurez compris, le RC Toulon et sa dream team sont les derniers à avoir ramené le trophée en France, en 2015, face à l’ASM Clermont-Auvergne. Depuis, succession de déconvenues, non sans belles performances tricolores, avec des échecs en finale pour le Racing 92 (trois fois) ou un troisième pour Clermont (2017).

La Rochelle Toulouse : un parcours non sans embûches

Deux pensionnaires du Top 14 touchent désormais l’étoile continentale du bout des doigts. Le Stade Toulousain, premier vainqueur de la Coupe d’Europe en 1996, longtemps meilleur club d’Europe avant de se faire rattraper au palmarès par le Leinster. Le Stade Rochelais, novice à ce si haut niveau, seulement finaliste du Challenge Cup, l’antichambre de la Champions Cup, en 2019. Deux enjeux différents, pour Toulouse il s’agira de décrocher une cinquième étoile, onze ans après la dernière, qui permettrait au club de remonter au sommet du continent, alors que côté Rochelais, une victoire signifierait un premier titre d’envergure et le passage dans une autre dimension.

Tout ne fut pas simple pour atteindre cette finale, qui se disputera demain à 17h45 à Twickenham. Si la phase de poule n’a guère eu d’intérêt, puisque dans le meilleur des cas des équipes y ont disputé deux matches, les phases finales ne s’en sont retrouvées que plus denses. La Rochelle est allé gagner à Gloucester (27-16), avant de surclasser à domicile les Sharks de Sale (45-21) et de réaliser une prestation totale contre l’ogre Leinster (32-23) en demi-finale. Pour Toulouse, l’exploit est intervenu dès les huitièmes de finale, avec un succès historique à Limerick contre l’imprenable Munster (40-33). Demain, les Toulousains affronteront leur troisième équipe française d’affilée, après avoir sorti Clermont (21-12) et l’UBB (21-9) dans des rencontres fermées et âpres.

Retrouvez ici les notes en demi-finale de La Rochelle et Toulouse

Des forces et des caractères similaires

Rarement le Top 14 offre au public du Stade de France une finale avec les deux meilleures équipes de la saison régulière, alors profitons que celle de la Champions Cup le fasse, opposant Toulouse, premier du championnat, à La Rochelle, deuxième à un petit point. Les deux affrontements cette année ont livré quelques enseignements, mais rien de décisif pour demain dans le sens où le match aller se disputait sous la chaleur de la ville rose (victoire 39-23 des locaux) et où le match retour se déroulait sans les internationaux et dans l’hiver rochelais (victoire de Toulouse 14-11).

Mais ça n’est pas pour rien que les deux protagonistes se suivent comme leur ombre en Top 14. Ils disposent de forces et de caractères similaires, que l’on a pu observer lors de leurs dernières prestations européennes. Toulouse dispose toujours de son image de force tranquille, rarement perforée en défense, tentant de sortir indemne de ses temps faibles avant de mettre la pression ballon en main grâce à ses facteurs X capables de marquer sur chaque possession dangereuse. La Rochelle a démontré, en battant le Leinster, qu’elle avait franchi un cap, battant une équipe terriblement solide devant en étant plus forte qu’elle dans les ballons portés. Les Maritimes ont fait preuve d’un réel pragmatisme, collant au score malgré la domination irlandaise en début de rencontre. Une chose est sûre, ce sera dense avec les stades.  

La Rochelle Toulouse : un festival de talents

La partie cachera de nombreux duels et affrontements entre joueurs aux origines et aux talents similaires. Levani Botia revient de blessure et aura en Pita Ahki un vis-à-vis de poids : excellents défenseurs, toujours obnubilés par les chevilles pour faire tomber les adversaires rapidement et croquer le ballon, ils orchestrent également les mouvements d’attaque, servis fréquemment en impact player pour casser le rideau. Les deux sud-africains Dillyn Leyds et Cheslin Kolbe sont remplis de foudre dans les cannes et n’ont pas besoin de beaucoup d’espace pour faire la différence. Victor Vito et Jerome Kaino sont des maitres en troisième ligne. Leur talent n’a plus de secret pour personne, ils comptent des dizaines de sélections chez les Blacks, et éclaboussent chaque rencontre de leur classe.

Plus globalement, on assistera très vraisemblablement à un double combat. D’un côté, celui des packs, avec un affrontement dans les fondamentaux (mêlée, touche), une vrai bataille dans chaque ruck, et un apport nécessaire des avants pour gagner du terrain, alors que les conditions devraient être…londoniennes. D’un autre côté, il y aura une quête éperdue des espaces, qui pourraient être crées par une passe après contact d’un Gourdon, un crochet intérieur d’un Dupont, une transversale au pied de West et Ntamack ou un cadrage débordement de Lebel. Comme dans toute bonne finale, la discipline sera le maitre mot, et le pragmatisme aussi : lors du dernier sacre européen de Toulouse, David Skrela avait passé deux drops déterminants. Ihaia West, épatant de propreté au tir au but contre le Leinster, devra rééditer sa performance pour être au niveau de son vis-à-vis.

Retrouvez les compositions des équipes ici

Ce La Rochelle Toulouse est une affiche alléchante, où il est délicat de se risquer à un pronostic. Nous aurons une pensée pour les membres des clubs, blessés, écartés ou suspendus qui n’ont pu se déplacer outre-manche pour y assister. Mais on se dira que les clubs français peuvent difficilement mieux faire que de remporter un trophée européen…chez les anglais !

Mathéo RONDEAU    

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