PATRICIA CARRICABURU : PROFESSION RUGBYWOMAN

Patricia Carricaburu participe actuellement à la Coupe du Monde de rugby féminine 2017 qui se déroule en Irlande. Aux portes de la finale avec la demie contre les rivales anglaises, elle nous raconte sa découverte du rugby, son parcours et son ressenti pour sa première participation à une Coupe du Monde.
PATRICIA CARRICABURU
(c)I.PICAREL
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Les athlètes sont souvent imperméables à toute communication avant que la compétition ne soit terminée. La rubrique « Dans la peau » permet à un sportif de partager avec vous ces moments secrets et déterminants qui forgent la réussite de leurs projets.

Patricia Carricaburu participe actuellement à la Coupe du Monde de rugby féminine 2017 qui se déroule en Irlande. Aux portes de la finale avec la demie contre les rivales anglaises, elle nous raconte sa découverte du rugby, son parcours et son ressenti pour sa première participation à une Coupe du Monde.

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Mon histoire avec le rugby a commencé au moment où je soufflais mes bougies pour mes 20 ans.

Elle a débuté à Menditte, en 2007 avec mes copines qui m’avaient convaincue de venir essayer ce sport. Je me souviens encore de mes premiers pas dans leur stade d’Etxekopaia avec cette belle bande de filles qui étaient ravies de venir s’entraîner et surtout de se retrouver. Le poste que j’occupais était celui de pilier droit, on me faisait également jouer troisième ligne centre.

Nous avions quasiment toutes des surnoms, le mien était : Patou. L’un de mes meilleurs souvenirs avec ces filles restera le premier essai de l’histoire du rugby féminin de Menditte marqué contre Bayonne alors que nous étions menées d’une soixantaine de points… Mais peu nous importait le score à ce moment-là, nous avions marqué un essai, LE premier de l’histoire du club. Il y a aussi la montée en Fédérale 2, et tant d’autres… Je me régalais beaucoup, surtout parce que nous rigolions bien et que l’ambiance était superbe.

Au bout de quatre années passées aux couleurs jaunes et noires, j’ai eu l’opportunité de jouer au plus haut niveau du rugby féminin français, le TOP 10. À l’époque, après avoir hésité, j’ai accepté de signer à Lons. À mon arrivée, je me suis dit « Oh la la, ça ne va pas être de tout repos ici ! », tant par l’aspect physique que technique, le fait d’avoir trois entraînements par semaine, le trajet (car je mets deux heures aller-retour). Et finalement, je me suis bien intégrée, l’accueil a été plus que sympathique, (on me donna un nouveau surnom, « Patoche ». J’ai rencontré des gens formidables, et d’ailleurs, j’y suis toujours et m’y sens très bien. Chaque année passée dans ce club est une nouveauté, et un apprentissage, toujours dans cette bonne ambiance qui y règne.

DÉBUTANTE A 20 ANS, EN EQUIPE DE FRANCE 8 ANS PLUS TARD

En 2015, j’ai été appelée en équipe de France, je n’y croyais pas !!! Je me trouvais à Mauléon, au stade, c’était le 15 février, un dimanche, le match de l’après-midi venait de se terminer, alors que mon téléphone sonne, c’est Jean-Michel Gonzales (entraîneur de l’équipe de France) au bout du fil. Je n’y croyais pas, je l’écoutais attentivement, il me disait qu’il avait besoin d’un pilier droit pour jouer face au pays de Galles le 27 février… Je n’en revenais pas !

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Le mercredi qui suivait, je me dirigeais vers Toulouse pour passer des tests à la mêlée. À l’issue, Philippe Laurent (entraîneur de l’équipe de France) me confirma que le lundi suivant, je partais en stage pour préparer et jouer contre le Pays de Galles, à Montauban. J’étais aux anges ! Arrivée à Montauban, avec mes coéquipières de club, Lise Arricastre et Laetitia Grand (qui ont une grande expérience du haut niveau), j’étais dans un état de panique, stressée, j’avais peur de ne pas y arriver, de ne pas m’intégrer. Mais grâce à mes amies de club, j’y suis parvenue. Heureusement qu’elles étaient là pour me rassurer, me guider.

Arrive le match… La cuvette de Sapiac remplie, mes amis dans les tribunes, ma famille, tous là pour moi, pour me soutenir, ma première Marseillaise, une ambiance magique, ce fut l’un des plus grands moments de ma vie… Puis tout s’est enchaîné, j’ai terminé ce tournoi des Six nations. La même année, nous avions eu une tournée d’automne en novembre. J’ai toujours été rappelée en équipe de France depuis ce 27 février. Nous avions été Vainqueur du tournoi des six nations 2016, là aussi un moment qui restera à jamais gravé dans ma tête. Chaque sélection, chaque maillot porté, chaque Marseillaise, tous ces moments sont uniques. Et ce que j’aime dans tout cela, c’est le fait que cela rend les gens heureux, moi y compris.

LE REVE CONTINUE AVEC LA COUPE DU MONDE

Puis les jours passent et on en veut toujours plus! Une coupe du monde en août 2017 en Irlande! Cela fait rêver… Je m’accroche, je m’entraîne, dur, et la liste sort, j’y figure… Une nouvelle étape qui commence, une préparation difficile, nous sommes appelées en stage régulièrement. On commence en mai 2017, avec plusieurs blocs de quinze jours de stage, jusqu’en juillet.

Ce qui est compliqué, c’est de jongler avec le côté professionnel, car je travaille en tant que secrétaire comptable au garage SARLANG à Mauléon-Licharre. J’ai un suivi externalisé qui me permet d’avoir un “aménagement” pour faire mes entraînements physiques. Mikael Urruty, qui a une salle de sport dans ma ville, “M FITNESS”, est mon préparateur physique perso, en plus du préparateur physique que nous avons en club à Lons, Xavier Sarrailh.

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Nous sommes bien arrivées à Dublin, c’est particulier, nous croisons toutes les nations, nous logeons dans le même bâtiment que les Américaines. Notre poule comprend le Japon, l’Australie et l’Irlande qui est le pays organisateur. Nous savons très bien que cela va être très compliqué, mais pas impossible. L’état d’esprit du groupe est franchement très bon. Tout le monde s’entraide, il n’y a pas un mot plus haut que l’autre, la simplicité y règne. Nous travaillons aussi sur les vidéos, nous analysons les adversaires. Le plus difficile, je trouve, sont les annonces d’équipe, car nous sommes 28 pour 23 noms sur la feuille de match… Alors vous comprendrez que c’est difficile de ne pas voir vos copines sur la feuille…

Nous avions pour objectif de ressortir premières de poule, nous savions que cela allait être compliqué, et que sans hargne et combat, ça n’allait pas passer. C’est avec tous ces ingrédients que nous arrivons à nos fins, gagnons les Japonaises, les Australiennes et éliminons les Irlandaises sur leur terre… Une fierté ! Cela nous tenait à cœur de les battre, car au tournoi des six nations 2017, nous avions perdu contre cette même équipe… Nous avions toutes ce mauvais souvenir dans un coin de notre tête… Et nous nous qualifions pour les demi-finales face à l’Angleterre,  les championnes du monde en titre. Je pense que nous avons toutes un seul objectif, aller le plus loin dans la compétition. Et je pense que la force et le cœur de cette équipe feront que nous accéderons à la plus haute marche, je l’espère en tout cas !

Cette compétition est très difficile, nous avons des matchs tous les quatre jours, le rythme est soutenu, la fatigue présente, mais nous ne lâcherons rien. Je vis une très très belle aventure, tant humaine que sportive. Les supporters et  leur soutien sont considérables et d’ailleurs, je les remercie tous, car c’est grâce à eux que l’on trouve la force de continuer, de se relever et c’est toujours plaisant de se sentir soutenu.

Maintenant, il est temps de se concentrer sur ce match contre l’Angleterre, Allez les Bleues !

Patricia

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