Paris 2024 Athlétisme : Les Français peuvent y croire (deuxième partie)

La France possède en athlétisme quelques pépites et des cadres bien décidés à ne pas se retirer du jeu lors de Paris 2024.

Les championnats de France Elite d’athlétisme ont livré leur verdict. Et il y a eu quelques belles surprises. A moins de quatre ans de Paris 2024, les Français peuvent espérer de belles choses, malgré le certain pessimisme qui peut régner. Petit tour d’horizon des futures chances.

Deux grandes pépites pour Paris 2024

La génération 2000 a déjà été évoquée. Mais parmi les plus jeunes, deux athlètes semblent sortir du lot. En avance sur tous les standards de leurs ainés, ils incarnent l’espoir pour 2024.

Sasha Zhoya parti pour être la nouvelle star mondiale ?

Le feuilleton, l’an passé, sur le choix de sa nationalité en dit long sur le potentiel de Sacha Zhoya. A 17 ans, il cristallisait toutes les envies. Né d’un père Zimbabwéen et d’une mère française et ayant grandi en Australie, le sociétaire du Clermont Athlétisme Auvergne a eu le choix, c’est le moins qu’on puisse dire.

On parle d’un athlète hors normes, détenteur de plusieurs records du monde cadet à l’époque : 60 m haies en salle (7”48), perche (5,56m) et 110 m haies (12”87 sur des haies à 91 cm). Plus vite que Wilhem Bélocian, plus haut que le très précoce Armand Duplantis. Sa polyvalence est une force. Son choix de la France a forcément été vu d’un bon œil pour les cadres de la fédération. Performer chez les cadets oui ! Mais faut-il encore confirmer plus tard. Des cadets ultras performants, on en a vu défiler en athlétisme. Peu ont confirmé, pour diverses raisons. Autant dire que Sacha Zhoya était attendu cette année.

Une progression qui s’est poursuivie en 2020

Et il a répondu aux attentes. Pour sa première année chez les juniors, avec des haies qui sont passées de 91 à 99 cm, la transition a été réalisée à merveille. Après avoir annoncé abandonner la perche pour se consacrer sur les haies, sa saison hivernale va être flamboyante. Avec au bout, un nouveau record du monde juniors sur le 60m haies. Une marque portée à 7”34 qu’il aura tout le loisir d’améliorer l’hiver prochain, pour sa deuxième année junior. A cela s’ajoute de belles performances cet été sur 200 m, malgré le coup d’arrêt lié à la crise Covid_19. Il a réalisé un joli 20”68, un chrono à cinq centièmes du record de France juniors, détenu par un certain Christophe Lemaître. Qui sera lui aussi en grand danger l’an prochain, si Sacha Zhoya décide de faire quelques demi-tour de piste.

Sa capacité à résister à la pression d’une sur-médiatisation, pour poursuivre sa progression est intéressante. Jamais aucun jeune Français n’avait subi pareille exposition. A tout juste 18 ans, il apparaît déjà comme une star de l’athlétisme en France. Futur prodige amené à ramener de nombreuses médailles au clan tricolore. Il semble bien parti pour de par sa certaine maturité. A confirmer dès cet hiver, où les suiveurs seront sans nul doute très attentifs à Sacha Zhoya.

Rose Loga en avance sur toutes les meilleures françaises

Beaucoup moins médiatisée, mais tout aussi précoce, Rose Loga incarne l’avenir du lancer de marteau français, où Alexandra Tavernier est la taulière (lire dessous). Elle est devenue l’an dernier la première cadette à dépasser la barre des 70 kg en France (avec un poids de 3 kg). Celle qui était licenciée à Chartres a détonné tout au long de cette année 2019.

Et le début de saison 2020 est une belle confirmation. Lors des championnats de France hivernaux, elle a lancé à 66,54 m avec le poids adulte de 4 kg. Jamais aucune junior première année n’avait lancée aussi loin en France. Plus forte que la précoce Audrey Ciofani, que les multiples médaillées Manuela Montebrun et Alexandra Tavernier. L’adaptation au poids supérieur s’est bien passée pour Rose Loga. Malheureusement, le Covd_19 est passé par là pour freiner la progression de la jeune athlète de 18 ans. Confinée, il est plus difficile de lancer que de courir. On l’a tout de même retrouvée à 63,98m à Albi, lors des Elites. Une compétition qu’elle a bouclée à une belle 3e place.

On a toutes les raisons d’y croire, car le lancer de marteau féminin a fourni des médailles internationales avec deux médailles de bronze pour Manuela Montebrun (2003 et 2005) et une de bronze pour Alexandra Tavernier (2015). Dans une discipline qui requiert de la maturité, la jeune Rose Loga a tout le temps d’apprendre. Et une pression moindre, dans la mesure où la lumière est sur Alexandra Tavernier. Deux jeunes lanceuses qui se bagarrent pour une médaille à Paris 2024, c’est possible !

On peut y ajouter Baptiste Thierry qui a réalisé 7849 points au décathlon. Il est aussi junior et il n’a pas encore réellement préparé les épreuves combinées. Prometteur !

N’enterrons pas nos cadres à Paris 2024 !

Ils incarnent le présent de l’athlétisme français, mais peuvent encore s’inscrire dans le futur. Certaines têtes d’affiches françaises, médaillées sur la scène internationale, ne seront pas trop âgées au moment d’aborder l’olympiade française. Certains l’ont déclaré : Paris 2024 est un rêve pour eux. Petit tour d’horizon des athlètes qui peuvent nous faire vibrer dans quatre ans.

Kévin Mayer en porte-étendard

Le recordman du monde aura 32 ans en 2024 ! Présent depuis tellement longtemps sur la scène mondiale, avec une première participation aux J.O de Londres en 2012, le recordman du monde du décathlon est encore “jeune”. Il a déjà tout gagné, sauf l’or olympique. Malgré un record du monde pris à la légende Ashton Eaton, il semble encore avoir une marge de progression. La seule vraie inconnue est au niveau de son corps. Souvent touché par de petits pépins avec en point d’orgue son abandon à Doha, d’un décathlon qu’il menait de main de maître. Kévin Mayer sera très attendu cet hiver, lors d’une tentative de minima olympique. Ce sera au mois de décembre sur l’Ile de la Réunion. Paris 2024 risque d’être son dernier grand défi.

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Alexandra Tavernier sera en pleine force de l’âge

Médaillée mondiale à même pas 22 ans dans une discipline du lancer du marteau qui requiert de la maturité, Alexandra Tavernier a ensuite connu un coup de mou pendant deux ans. Avant de se relancer en 2018, avec une médaille européenne. Depuis, c’est une progression linéaire qui la propulse à un record de France à 75,23 m. Un record visiblement largement perfectible, mais une régularité qui l’amène à devenir une candidate à la médaille à chaque compétition à laquelle elle va s’aligner. D’autant qu’Anita Wlodarczyk, l’incroyable recordwomen du monde du marteau (82,98 m) ne sera sans doute plus là à Paris 2024 à 39 ans. Un record du monde réalisé à l’âge de 31 ans… Pile l’âge qu’aura Alexandra Tavernier lors de l’olympiade parisienne. Prometteur. Avec une concurrence prochaine de Rose Loga pour lancer toujours plus loin ?

Tout comme Quentin Bigot

Récompensé à Doha par une médaille d’argent, après la frustration de Londres (4e à 36 cm du podium), le lanceur de marteau aura 32 ans à Paris 2024. Là aussi l’âge de la maturité. Alors ce contrôle positif en 2014 laisse planer le doute chez certains. Mais il a montré patte blanche et dans la mesure où le sport autorise une seconde chance, il est en droit de faire des performance et de porter haut les couleurs de l’équipe de France. Régulier au-delà des 75 m et ayant débloqué son compteur de médailles internationales, Quentin Bigot sera un des cadres de l’équipe de France à Paris 2024. Pourquoi pas concurrencé par un certain Hugo Tavernier ?

Les Hurdlers auront leur mot à dire à Paris 2024

Pascal Martinot-Lagarde n’est pas le hurdler le plus régulier de la planète et est souvent touché par de petits pépins physiques. Mais capable de ressortir de sa boite, comme en 2018, champion d’Europe surprise où en 2019, médaillé de bronze mondial. Car au moment d’arriver en grand championnat, Pascal Martinot-Lagarde possède cette grinta. Et un record en 12”95 qui lui offre ce crédit. Régulièrement médaillé avec trois médailles mondiales en salle, six européennes, c’est un argument important au moment de décrocher la dernière qui lui manque, celle olympique.

Plus jeune, Wilhem Bélocian semble avoir repris le cours d’une carrière qu’on a bien crue en danger avec trois saisons quasiment blanches entre 2016 et 2019. De retour à un niveau très intéressant (13”28), il a confirmé de manière brillante cette année, avec un record battu en 13”18, à la bagarre avec les meilleurs au meeting Diamond League de Monaco. Deux années de suite sans blessures qui sonnent comme une rédemption. Il sera un candidat à la médaille à Tokyo en 2021. Il aura surtout 29 ans à Paris. En pleine force de l’âge. L’ancien recordman du monde cadet et toujours recordman du monde junior est sur les bons rails.

Etienne GOURSAUD

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