MARGOT DUMONT : RESPIRER FOOT, EN PARLER, ET MÊME LE VIVRE P.2

Après la première partie où elle dévoilait son amour pour le ballon rond et ses débuts dans le journalisme, suite et fin du récit de Margot Dumont qui se focalise sur son expérience à la TV et sur les terrains de Ligue 1 et Ligue 2 féminine.
Margot Dumont
(c) BeIN SPORTS
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Les athlètes ont beau être le coeur du sport, ils ne sont pas les seuls à faire rayonner nos disciplines préférées. Plongez dans les coulisses du sport professionnel en découvrant les interviews de dirigeants, de coachs, du staff médical, des fans…

Elle peut être à Stuttgart le matin et à Lyon le soir, à Nice le lendemain et sur tous les terrains de Ligue 1. Un plaisir et une passion pour le ballon rond qui anime Margot Dumont depuis son plus jeune âge que ce soit sur les plateaux TV ou sur le terrain de son club d’Issy les Moulineaux. La  journaliste de beIN SPORTS qui s’apprête à fouler les pelouses russes, pour la Coupe du Monde 2018 en juin prochain se livre sans filtre sur ses souvenirs et son travail… Après la première partie où elle dévoilait son amour pour le ballon rond et ses débuts dans le journalisme, suite et fin de son récit qui se focalise sur son expérience à la TV et sur les terrains avec son club d’Issy. (Crédit photo Une : BeIN SPORTS) 

Déterminée malgré les difficultés

J’ai quand même eu des moments de doute où je voulais tout arrêter. Mais j’étais soutenue, j’avais mes parents, mon mari. Il y a eu des moments où je rentrais, je pleurais, je me suis dit que ce n’était pas pour moi. Quand on me voit sourire sur beIN SPORTS, il faut se dire que derrière, il y a eu de l’investissement, des galères, des claques. Il a fallu se battre, et toujours continuer à y croire.

Combiner ma carrière de joueuse et celle de journaliste était assez compliquée durant ma période chez l’Équipe TV et mes débuts sur beIN SPORTS. Je me souviens d’un déplacement à Rodez alors que je jouais en Division 1 avec Issy. Nous avions 9h de trajet en car et je devais enchaîner par une matinale avec beIN SPORTS. Je suis arrivée à 2h du matin à la rédaction et j’ai fini à 11h. Ce n’était pas une vie, psychologiquement c’était difficile et physiquement aussi.

Puis ce n’est pas ce que je voulais faire, je n’étais pas dans mon plan de carrière, j’étais un peu vulnérable. Mais bon je ne voulais pas lâcher, il a fallu enfoncer les portes ouvertes pour faire autre chose et vraiment entrer dans mon plan de carrière.

Et ce qui m’a permis de ne pas lâcher c’est la passion et comme j’aimais ça, j’ai voulu continuer, et m’accrocher en me disant : «je vais y arriver». Pour cela, il a fallu être patient. Je ne fais pas ce métier parce que c’est une orientation ou parceque je suis tombée dessus par hasard. Ce n’est pas par héritage familial, mais vraiment par amour du métier.

Cette passion du football, était vue comme un sport, un métier consacré aux garçons. Et aujourd’hui les mentalités ont un peu évolué. Il y a encore 10-15 ans, il était normal d’avoir très peu de femmes dans le sport. Maintenant, la nouvelle génération ne pense plus pareil. L’égalité entre hommes et femmes a évolué, donc dans notre métier ça se retranscrit. Le but est d’être l’égal des hommes et cela passe par avoir la même présence médiatique, autant sur les plateaux que durant les retransmissions télévisuelles. Je pense que c’est un tout : les résultats positifs des équipes féminines dans le basket, le foot, le rugby, le handball… Il y a plein d’équipes féminines qui ont fait évoluer l’image de la femme dans le sport, et cela se ressent forcément aussi dans les médias.

Par rapport à mon avenir, je n’ai pas peur du tout, car le journalisme n’est pas comme le métier d’avocat ou médecin, où il faut avoir un diplôme. Sans ce précieux sésame, je ne vais pas soigner ou juger des personnes. Lorsqu’on est journaliste, le diplôme est l’expérience. Si une personne a fait 150 interviews et 150 matchs, c’est mieux que quelqu’un qui a un diplôme, mais qui aucune expérience. On ne m’a jamais demandé dans quelle école de journalisme j’avais étudié quand j’ai signé mes premières piges.

Dans ce métier, le diplôme est un support, mais ce n’est pas l’essentiel, ce n’est pas le plus important. Par contre, lorsque tu débutes et que tu n’as pas de réseau et pas fait de stage, tu en as besoin c’est évident. Moi j’étais dans un cas particulier, j’avais des contacts, j’avais déjà mon site, j’avais déjà fait des stages. C’est un chemin qui était un peu tracé. Donc l’école était un support pour avoir des stages, mais j’aurais pu aller au bout de ma formation, sauf qu’au bout de 2 ans j’avais déjà des embauches à Paris. Le diplôme aurait plus ralenti mon chemin, ma progression, que boosté.

Sur les terrains la semaine et aux bords le week-end…

Lorsque j’ai commencé le foot, je n’étais pas en club. C’est seulement à 21 ans, lorsque je suis montée à Paris que j’ai intégré l’équipe féminine d’Issy-les-Moulineaux en Division 1. J’en garde un très bon souvenir, car accéder à ce niveau était déjà un rêve pour moi. Ce club était à côté de mon boulot, donc je n’ai pas trop cherché à connaître leur niveau.

Au départ j’évoluais avec la réserve et c’est le coach qui est venu me chercher pour jouer avec l’équipe première. Ça m’est un peu tombé dessus, ce n’était pas mon ambition première, mais c’était génial. Mon meilleur souvenir restera mon premier match en 2012, nous avons gagné 4 à 2 face à Toulouse, et en plus j’étais titulaire !

J’ai pris ce qui venait et ça m’a fait une petite expérience qui me sert au quotidien dans mon métier.

J’ai dû arrêter pour raisons professionnelles, mon planning était parfois incompatible, et je me suis rendu compte, quelques années après, que le football me manquait. Cette année le planning est un peu plus flexible, j’ai donc pu me réinscrire, et à bon niveau, en Division 2.

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Cette saison se passe d’ailleurs plutôt bien, même si au final je ne peux pas trop jouer non plus avec mes missions chez beIN. On a un super coach, groupe, staff, et quand j’y vais je m’amuse, j’ai du plaisir à y aller. Je rate quelques entraînements et c’est toujours une déception, mais je suis contente de cette année. En tout cas, j’espère pouvoir continuer. J’avais aussi fait un essai à Bordeaux cet été en Division 1 qui s’était plutôt bien passé, donc ça m’a donné envie de me remettre dans le train quotidien du haut-niveau.

Avec le métier de journaliste, j’arrive à tenir le coup. Parfois c’est fatigant, mais bon moi j’adore car je me défoule sur le terrain et c’est ça qui m’anime. Même si je fais 2 ou 3 déplacements par semaine, et environ 4 entraînements, c’est assez simple. Le lundi je fais une chronique dans l’émission de Luis Fernandez nommée « Le décrassage de Luis», à 22h30. Ensuite, j’ai mon sac qui est prêt pour aller au foot, je sors du plateau, je me change, et je cours à l’entraînement. Le mardi je suis en repos, donc j’ai toujours du travail pour caler des reportages, et le soir entraînement. Le mercredi je suis en reportage, donc je vais quelque part en France, et le soir j’ai entraînement, donc j’essaye toujours de rentrer avant pour être à l’heure. Le jeudi je suis en montage toute la journée avec un monteur, et le vendredi, soit je suis sur une Ligue 2, ce qui arrive souvent, soit je suis en rédaction pour m’avancer un peu sur ma semaine. Et le soir, j’ai entraînement. Le samedi je suis soit en repos, soit en retour de Ligue 2. Et le dimanche je suis en match de Ligue 1, c’est d’ailleurs le jour que je préfère le plus, car être sur un terrain de Ligue 1, c’est vraiment mon truc.

Un rêve de petite fille : Travailler sur une Coupe du Monde !

L’Euro 2016 a été la première grande compétition que je couvrais en tant que journaliste pour beIN SPORTS. Alors quand tu es née d’une mère allemande et d’un père français, tu as un avantage : les langues et la chance de pouvoir les parler couramment. Ça m’aide aujourd’hui pour couvrir les compétitions internationales.

Lors de cette Euro, je suivais l’équipe d’Allemagne, je faisais leurs interviews, c’était énorme. Si je n’avais pas cette facilité avec l’allemand, je ne ferais pas de Coupe du Monde, ni d’Euro.

Couvrir une Coupe du Monde n’est pas donné à tout le monde, surtout pour le diffuseur. C’est une chance incroyable que je vais saisir. Et puis ça va être une très belle expérience qui me permettra de franchir encore un cap. J’y pense régulièrement. Je suis allé à Moscou pour la Ligue Europa, donc j’ai pris mes repères. Le match qui me fascinerait le plus serait une finale entre la France et l’Allemagne.

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Une réussite qui passe par l’humilité et le travail

Dans quelques années je me vois sur la chaîne qui diffusera la Ligue 1, donc j’espère que ce sera toujours beIN pour continuer à faire des matchs, de très gros matchs. C’est vrai qu’il me manque la couverture d’une Ligue des Champions, mais il y a une hiérarchie et je fais déjà beaucoup de choses.

Je suis très contente de ce que je fais, suivre Lyon en Ligue Europa, je ne suis même pas sûre de changer avec autre chose. Moi ça me va très bien, peut-être que ça viendra, je suis encore jeune, je n’ai que 27 ans. Mais aujourd’hui je ne dois cette réussite qu’à moi-même, car contrairement à beaucoup de personnes dans ce milieu qui sont des fils de, qui ont des relations, ou qui ont été pistonnés, je ne l’ai jamais été.

Bien entendu des personnes étaient jalouses de moi, mais on est en France alors on en trouvera toujours. C’est une mentalité. Après on ne me le fait pas trop ressentir donc ça va. En tout cas, je ne joue pas un rôle. Je suis moi-même. Je reste toujours souriante, sympa, une personne qui aime le foot.

Si je devais donner un conseil pour réussir dans ce métier c’est de garder cette passion. Il faut avoir envie et que ça plaise. Si une personne y va à reculons ce n’est pas bien.

L’autre clé est l’écoute, car il ne faut pas arriver dans une rédaction en disant, « c’est bon je sais tout, il ne va rien m’apprendre, il est vieux alors il ne va rien me dire. ». Il faut écouter, profiter de l’expérience des plus anciens. Il faut poser des questions, se demander comment mieux faire, se nourrir de l’expérience et des compétences de ses collègues.

Enfin, il faut être rigoureux. Dans le monde du journalisme, il est essentiel de vérifier les informations, car cela peut avoir des conséquences. Il faut aussi être patient, et ne pas se dire qu’on va directement faire de l’antenne. C’est bien d’avoir de l’ambition en voulant être vu, entendu. Mais à terme il faut construire, prendre de l’expérience, apprendre et beaucoup l’ont oublié. Je pense que c’est un fléau dans notre profession.

Mais il faut surtout croire en ses rêves et s’ouvrir un peu. J’avais un professeur au lycée qui m’a dit que ce métier n’était pas fait pour moi, que je me trompais d’orientation, que je n’y arriverais jamais. J’aimerais bien le retrouver aujourd’hui, et je lui lance un appel, s’il est quelque part dans la nature qu’il me contacte. J’espère qu’il se souvient de ce qu’il m’a dit, car il y a tellement de personnes qui ont essayé de me décourager parce qu’eux-mêmes n’y croient pas, ou parce qu’eux-mêmes n’ont jamais cru en eux. Et ce genre de personne peut te descendre et te faire rater une carrière.

Donc si tu as envie de faire ça, fais-le. Tu t’en fiches de ce qu’on dira, le plus important, c’est toi, ce n’est pas eux. Après si ça ne marche pas, c’est peut-être parce que tu n’as pas assez de talent, pas assez de volonté, tu peux faire autre chose, il y a plein de métier autour, comme attaché de presse ou dans la communication. Mais il faut essayer déjà de tenter son objectif principal et sinon dévier un petit peu.

Si je n’avais pas le football, je pense que j’aurais été hôtesse de l’air avec la compagnie allemande de la Lufthansa, j’aime bien les avions et les aéroports. J’aurais fait des voyages à Los Angeles, San Francisco…. Simplement, car le voyage ouvre l’esprit. Je vais souvent dans les îles, car mon père est médecin là-bas. Et Los Angeles, car il fait toujours beau, on joue au foot et les personnes de cette ville sont tellement sympas. En plus, mes parents se sont connus là-bas, et j’ai adoré l’endroit. C’est un petit retour aux sources. En découvrir d’autres serait top. Comme aller en Antarctique, j’aime bien les destinations « bizarres », aller sur l’île de Pâques, en Egypte pour connaître la culture ou les personnes, mais un de mes rêves serait d’aller en Égypte. Faire une croisière sur le Nil, observer les vestiges des Pharaons, aller en Afrique Subsaharienne aussi, et au Brésil.

Alors à tous les aspirants journalistes, ne lâchez jamais rien, car le travail fini toujours par payer malgré tout ce qu’on peut traverser. L’humilité et la persévérance seront vos meilleurs alliés !

MARGOT AVEC SOLÈNE ANSON

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