LE TOUR DE FRANCE SANS FILTRE : DERNIER ÉPISODE

Accrochez vous ! Si le Tour 2020 a été reporté à septembre, nous vous offrons un Tour de France à la mode Sans Filtre, avec NOTRE parcours et NOTRE scénario !

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A bien des égards, cette étape 19 fait figure d’étape reine de ce Tour de France. Très longue (194km), riche en dénivelé positif (5100m) et en cols mythiques (Madeleine, Télégraphe), cette journée va assurément marquer la Grande Boucle. Ca démarre fort avec la côte de Venthon (3,4km à 5%) qui permet à une première échappée de se créer. Mais la présence de Bauke Mollema, dixième du général, est dangereuse. Il faut attendre les premières pentes du Cormet de Roselend (22km à 5,7%) pour voir un bon coup s’extraire du peloton. Vingt-trois coureurs parmi lesquels Sam Oomen, Pello Bilbao et Lennard Kämna qui se disputent le maillot à pois, mais aussi les redoutables grimpeurs Uran, Valverde, Kreuziger, Polanc ou Dan Martin. Sont également présents les tricolores Calmejane, Gallopin et Rolland. Au sommet de Roselend, alors que Bilbao prend 5 points de plus qu’Oomen et lui chipe sa tunique à pois, le groupe de tête compte 3’25’’ d’avance sur le peloton. Dans la descente puis la longue partie de vallée qui suit, l’écart grimpe au-delà des 6’.

Il va rapidement diminuer, du fait de l’arrivée de Simon Clarke et Lawson Craddock en tête de peloton pour l’équipe EF. Ils impriment un gros rythme dans la Madeleine (25km à 6,2%), qui contribue à réduire le paquet à une soixantaine d’hommes. A cinq kilomètres du sommet, et plus de 75 bornes de l’arrivée, alors que l’échappée est pointée à 4’55’’, c’est le nouveau leader de l’écurie américaine Sergio Higuita (11e, +5’02’’) qui sort du peloton en compagnie de Tejay Van Garderen. Une attaque qui rappelle celle d’Andy Schleck dans l’Izoard en 2011, et à laquelle aucun des favoris ne répond. Au sommet de la Madeleine, le Colombien, épaulé par un grand TVG, est à 2’40’’ de la tête et a repris une grosse minute aux favoris. Les quinze kilomètres de descente vers le Col du Chaussy (10km à 6,5%) bénéficient au duo EF, qui grappille une nouvelle petite minute sur l’échappée et le peloton.

Michael Woods, présent aux côtés de Rigoberto Uran devant, s’est laissé décrocher pour épauler ses deux équipiers dans cette quatrième difficulté. Au sommet, grâce aux efforts des Nord-Américains, Sergio Higuita rejoint la tête de la course, avec 4’30’’ de marge sur le peloton qui reste toujours aussi peu inquiet par la folle cavalcade du grimpeur de poche. Dans la petite quinzaine de kilomètres de plaine vers le dernier col (Télégraphe, 11,6km à 7,2%), Woods et Van Garderen jettent leurs dernières forces dans la bataille, avant de céder la place à Rigoberto Uran, qui, faute d’être le leader de sa formation, jouera l’équipier de luxe. Relayés par les plus forts de l’échappée (Valverde, Polanc, Kreuziger, Rolland), les EF poursuivent leur putsch, avec 4’05’’ d’avance sur le groupe maillot jaune, réduit à une vingtaine d’unités. A la mi-pente, Egan Bernal décide d’ailleurs de s’en extraire, lassé par le faux rythme imprimé par Kruijswijk pour Primoz Roglic.

Tandis que Sergio Higuita fausse compagnie à ses compères en tête pour franchir le sommet et le point bonus du Télégraphe seul, son compatriote d’INEOS prend une vingtaine de secondes d’avance. Après les défaillances de Mollema, Mas, Yates, Froome ou Zakarin dans les hectomètres précédents, c’est au tour de Tom Dumoulin, deuxième du général, de se ranger ! Il est en effet victime du gros tempo envoyé par Warren Barguil pour Nairo Quintana. Le leader d’Arkea-Samsic va attaquer, et rejoindre son compatriote Bernal. Seuls Roglic, Pinot, Pogacar, Buchmann et Landa peuvent tenir, légèrement distancés. Tout devant, Higuita est repris sous la flamme rouge par Jan Polanc, Pierre Rolland et… Rigoberto Uran ! Et, comme à Chambéry en 2017, c’est au sprint qu’Uran s’impose, devant son équipier qui prend 6’’ de bonifs. Dans cette incroyable journée colombienne, le duo Bernal/Quintana termine à 2’56’’, devant les cinq favoris cités plus haut, qui franchissent la ligne à 3’25’’. Tom Dumoulin concède de son côté plus d’une minute à Roglic. Au général, Higuita prend la 2e place devant Pinot, Pogacar et Bernal. Il devient au passage le nouveau meilleur jeune. Mais rien n’est encore véritablement joué.

Sergio Higuita (EF Education First, 2e du général) : “On a osé, on a tenté notre pari fou. On a pu aller au bout et c’est une grande journée pour notre équipe. Je prend la seconde place du général et Rigoberto Uran gagne l’étape. C’est une très belle récompense pour lui, il s’est sacrifié corps et ame pour prendre un maximum de temps. Il avait des ambitions au départ de ce Tour, mais cela ne s’est pas passé comme prévu pour lui. Il reste une dernière grande étape de montagne. On va tout faire pour résister”.

Egan Bernal (Ineos, 5e du général) : “Sergio a fait un incroyable numéro devant mais on est satisfait de notre journée. On a pu reprendre du temps au autres favoris et il reste encore une étape importante demain. On va continuer de tenter !”.

Pierre Rolland (Vital Concept B&B Hotels, 3e de l’étape) : “J’y ai franchement cru. Les jambes étaient vraiment très bonnes et ça fait plaisir d’être à la bagarre avec des grimpeur comme Rigoberto ou Sergio. Mais au final seul la victoire compte et je l’ai loupé de peu. Je suis terriblement frustré. Je manque à chaque fois d’un petit quelque chose sur le Tour de France ces dernières années.”.

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Bien plus courte et nerveuse, la dernière étape de montagne de ce Tour de France s’annonce tout aussi décisive que celle de la veille. Dans sa première partie, place aux longues et usantes ascensions du Mollard (14,2km à 7%) et de la Croix de Fer (10km à 7%). Puis, après la longue descente vers Bourg d’Oisans, les coureurs emprunteront la montée vers Villard-Notre-Dame (8,9km à 8,9%) et ses pentes atteignant les 20% par endroits. De nombreuses tentatives d’échappée sont à noter dans les premiers kilomètres, mais personne ne parvient réellement à sortir, à cause du sprint intermédiaire placé dès le départ (km13) et du point bonus du Col du Mollard (km29,5) qui peut en un intéresser plus d’un pour le général. Ce sont d’abord les INEOS qui cadenassent la course, épaulés ensuite par les UAE et les Groupama-FDJ. A un kilomètre du sommet du Mollard, ils ne sont plus que cinquante dans le peloton. Thibaut Pinot attaque, suivi par Pogacar et Higuita. C’est d’ailleurs dans cet ordre que les bonifs sont distribuées.

Le tout se recompose dans la descente vers le pied de la Croix de Fer, où cinq solides grimpeurs mal classés sort du groupe maillot jaune : Nicolas Roche, Romain Bardet, Adam Yates, Gorka Izagirre et Sepp Kuss. A six bornes du sommet, l’échappée compte 1’30’’ d’avance sur le groupe Roglic mené de nouveau à vive allure par les UAE de Tadej Pogacar. Ce groupe s’effrite, perd la quasi-totalité des équipiers, et ne compte plus qu’une quinzaine d’hommes. Alors que les cinq de tête basculent dans la descente, les derniers relais de Davide Formolo pour Pogacar sont fatals à Chris Froome (10e) et de nouveau Tom Dumoulin (7e à 2’33’’). Aussi, le maillot blanc Sergio Higuita lâche mètre après mètre le groupe Roglic. Au sommet, le deuxième du général ne l’est plus, ce dernier concédant trente secondes. La très longue descente vers Allemont ne permet pas de changements concernant les écarts.

Les 15 kilomètres de plaine pour arriver sur Bourg d’Oisans sont favorables au groupe maillot jaune, emmené par Pavel Sivakov, dernier rescapé pour le team INEOS. Il entame la dernière difficulté de ce Tour avec une minute quarante de retard sur Sepp Kuss qui s’est isolé, et autant d’avance sur Sergio Higuita. Le deuxième kilomètre de l’ascension, le plus difficile, voit l’attaque de Nairo Quintana à laquelle seuls Emanuel Buchmann et Thibaut Pinot peuvent réagir. Kruijswijk met en route derrière pour le maillot jaune, mais celui-ci semble avoir du mal à suivre son équipier ! A la mi-pente, pendant que le trio reprend des rescapés de l’échappée, Primoz Roglic navigue à une trentaine de secondes, Landa, Bernal et Pogacar à ses côtés. Il ne reste plus que deux kilomètres à couvrir, Sepp Kuss possède une faible avance sur le groupe Pinot. Le français à désormais refait les deux tiers de son débours sur le maillot jaune, sachant qu’il a pris 8’’ de bonifications plus tôt ! Roglic est attaqué par Mikel Landa, puis Egan Bernal.

A 500m de la ligne, alors que la pente s’adoucit brusquement, le trio Pinot/Quintana/Buchmann reprend Sepp Kuss. Bernal et Landa sont pointés à 39’’, Roglic à 1’05’’. Thibaut Pinot doit remporter l’étape pour gagner le Tour ! Mais le plus costaud dans les derniers mètres se nomme Nairo Quintana, qui vient là chercher une nouvelle victoire de prestige, tandis que Pinot ne prend aucune bonification ! Egan Bernal finit à 30’’, Landa concède 38’’, Pogacar 59’’ et Primoz Roglic, aux côtés de George Bennett, rallie l’arrivée avec 1’12’’ de débours. Oui, vous calculez bien. Thibaut Pinot aurait pu revêtir le jaune en finissant à la deuxième place de l’étape, place occupée par…Sepp Kuss. Le grimpeur franc-comtois échoue finalement à six petites secondes de Primoz Roglic, qui a connu sa première et seule défaillance la veille des Champs. Dernier renversement de situation, Tadej Pogacar doit lui céder sa place sur le podium à Nairo Quintana. Le grimpeur d’UAE devra se contenter du maillot blanc qu’il a repris à Sergio Higuita, qui a fini à 3’30’’ de la tête.

Primoz Roglic (Jumbo-Visma, Leader du classement général) : “J’ai vraiment vécu une journée de merde. Mais je me suis battu mètres après mètres pour sauver les meubles. Je garde le maillot jaune c’est l’essentiel. C’est un sentiment incroyable. Je suis sur le point de gagner le Tour de France, une des courses qui me faisait rêver quand j’ai commencé le vélo. On va être vigilant demain à la moindre cassure”.

Thibaut Pinot (Groupama FDJ, 2e du général) : “Que dire de plus ? Je perd le Tour pour trois fois rien. A chaud c’est vraiment dur d’analyser. On se dit qu’on aurait pu faire l’effort ici où là. Mais aujourd’hui je me suis donné à fond. Quand j’ai vu Primoz craquer, je me suis senti pousser des ailes, j’ai tout donné. Peut-être trop, il m’en manque pour sprinter dans le final. Dommage que la collaboration dans ce groupe n’ait pas été meilleure. Nairo pouvait viser quelque chose…”.

Nairo Quintana (Arkéa-Samsic, vainqueur de l’étape) : “Quelle journée de folie franchement. On monte sur le podium et on gagne l’étape. Cela récompense ma régularité. J’ai manqué de chance jusque-là dans ce tour. A tout ceux qui m’avaient enterrés, je suis toujours là. Je suis heureux pour mon équipe, je m’y sens bien, comme dans une famille. Mon podium est aussi le leur”.

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On célèbre lors des premiers kilomètres les grands hommes de cette Grande Boucle, ceux qui ont marqué les trois semaines de compétition acharnée, qui ont vu le classement général bouger de la première à (l’avant) dernière journée de course. Mais on retient néanmoins chez certains un point important sur le road book, le point bonus situé à 6,5 bornes de l’arrivée finale. Thibaut Pinot ou Tadej Pogacar peuvent donc encore nourrir des ambitions pour grimper d’une place au général. Mais, comme le sort a décidé de s’acharner sur les deux hommes, la pluie fait son apparition dans l’après-midi, et les organisateurs décident de supprimer le point bonus et les potentiels écarts à l’arrivée. Il y aura donc simplement un dernier sprint pour conclure ce Tour.

Il est lancé par Alexander Kristoff, lauréat sur les Champs en 2018, débordé ensuite par Sam Bennett sur la gauche. A droite, Caleb Ewan, Peter Sagan et Sonny Colbrelli jouent des coudes. Les quatre finissent quasiment sur la même ligne, mais c’est l’Australien qui est déclaré vainqueur, restant invaincu sur la plus belle avenue du monde ! Il y devance Colbrelli, Sagan et Bennett. Primoz Roglic célèbre sa victoire, Tadej Pogacar arbore un sourire retrouvé malgré sa descente du podium la veille. Le slovène mérite son maillot blanc, tout comme Pello Bilbao et Peter Sagan, qui s’imposent respectivement aux classements du meilleur grimpeur et sprinteur.

Caleb Ewan (Lotto-Soudal vainqueur de l’étape) : “C’est la deuxième année consécutive que je gagne ici. C’est un beau tour pour moi avec trois victoires. Peter était encore intouchable au maillot vert, mais je me rapproche. C’est un maillot qui me fait rêver et qui sera un objectif dans les années futures”.

Peter Sagan (Bora-Hansgrohe, maillot vert) : “Je ne fais pas le meilleur Tour de ma carrière, mais je ramène une nouvelle fois le maillot vert. Bon ce n’est pas mal du tout”.

Pello Bilbao (Barhein Mc Laren, meilleur grimpeur) : “C’est une belle joie de ramener le maillot à pois chez moi. J’avais pas mal de libertés, malgré le fait qu’on visait le général. Après je suis un peu déçu de ne pas gagner d’étapes. Cela n’a pas été un tour hyper favorable aux baroudeurs dans les étapes de haute montagne. Mais il faut faire avec. J’ai fini fort ce Tour de France et c’est très rassurant pour la suite de ma saison. Je vais m’aligner sur la Vuelta avec beaucoup d’ambitions”.

Tadej Pogacar (UAE, maillot blanc) : “Battre Egan Bernal, le vainqueur du Tour sortant est une sacré performance. Cela confirme que ce n’était pas un coup de chance ma Vuelta. Je n’ai aucun regrets sur ce Tour, même si je suis tout proche du podium. Tous les jours j’aurai signé pour une 4e place. C’est mon premier Tour, je savais que c’était une bien autre dimension que la Vuelta. J’étais d’abord venu ici pour apprendre et pourquoi pas faire un Top 10”.

Classement général final Classement par points
1 Primoz Roglic 1 Peter Sagan 376
2 Thibaut Pinot +6″ 2 Caleb Ewan 325
3 Nairo Quintana +1’10” 3 Sam Bennett 275
4 Tadej Pogacar +1’12” 4 Sonny Colbrelli 226
5 Egan Bernal +1’49” Meilleur grimpeur
6 Emanuel Buchmann +1’57” 1 Pello Bilbao 99
7 Mikel Landa +2’29” 2 Sam Oomen 92
8 Sergio Higuita +3’29” 3 Thibaut Pinot 55
9 Chris Froome +6’38” 4 Toms Skujins 50
10 Tom Dumoulin +7’49” Meilleur jeune
11 Adam Yates +9’06” 1 Tadej Pogacar
12 Bauke Mollema +9’55” 2 Egan Bernal +37″
13 Ilnur Zakarin +12’37” 3 Sergio Higuita +2’17”
14 Alejandro Valverde +12’59” 4 Pavel Sivakov +21’39”

 

Mathéo RONDEAU et Etienne GOURSAUD

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