Laura Glauser est dans le groupe France, qui va défendre son titre à l’Euro 2020. Une compétition qui débute le 3 décembre, et qui se terminera le 20 décembre. Ce sera la 6e compétition internationale pour la gardienne de 27 ans, qui a découvert un nouveau championnat cette saison. Arrivée à Gyor (Hongrie) dans ce qui se fait de mieux dans le handball féminin. Elle aborde l’Euro avec ambition. Avec les Bleues elle a connu les joies du sacre européen en France, il y a deux ans. Mais également la finale olympique en 2016 à Rio.
Crédit : Stéphane Pillaud (FFHB)
Dans quel état d’esprit abordez-vous cette compétition ?
On sait qu’on est dans une année particulière. Mais quand j’aborde une compétition, avec un titre à gagner, je suis toujours en mode compétitrice. Mais les conditions seront bizarres. On espère que cela va s’éclaircir dans les prochains jours. On a toujours la crainte que cela soit annulé ou que la compétition débute et n’aille pas au bout. L’évolution de la maladie peut changer du jour au lendemain. Mais cela fait un an que c’est comme cela. Notre devoir, c’est de nous concentrer sur la compétition. Il y toujours la crainte que l’Euro n’ait pas lieu (NDLR : Au moment de l’interview, la Norvège annonçait renoncer à l’organisation de la compétition laissant le seul Danemark organiser).
Visiblement, en dehors des matchs, nous sommes confinées à nos hôtels avec impossibilité de voir du monde. On ne pourra même pas se promener dehors. Il faudra sans doute faire différentes réserves sur les produits d’hygiène, donc impossibilité d’aller au supermarché. On va être vraiment confinées. Après nous connaissons les règles du jeu, qui sont les mêmes pour tout le monde.
“Les J.O ne sont pas encore une priorité”
Est-ce que les J.O sont déjà dans un coin de votre tête où c’est focus 100% sur l’Euro ?
Je suis une compétitrice, donc je débute chaque compétition dans l’optique d’aller le plus loin possible dans celle-ci. Je vis au jour le jour et étape par étape. Il y a d’autres choses à faire que penser aux JO. Le Covid s’y rajoute. Mais ils sont bien dans un coin de ma tête.
Malheureusement, on sera loin de la ferveur française. Est-ce qu’on s’habitue à jouer à huis-clos ?
Jouer devant une salle vide, c’est quelque chose dont on a du mal à s’habituer. Après on fait un sport où le terrain, les buts sont définis par des limites bien précises, on ne peut pas perdre nos repères. Après j’ai cru comprendre qu’une limite de 500 spectateurs sera autorisée durant le tournoi. C’est toujours mieux que de jouer dans une salle vide. L’Euro 2018 avait été extraordinaire, avec des salles pleines et une très grosse ambiance tout au long du tournoi. Ce ne sera pas le même engouement. L’Euro 2018 était exceptionnel, une grande chose à vivre pour une sportive.
Laura Glauser : “Il y a un nouvel adversaire, c’est le Covid”
On est deux ans après cette compétition, est ce que vous sentez que le hand féminin à décollé sur le plan de l’engouement ?
Les JO avaient fait décoller l’engouement avec la première médaille. Oui, cela a décollé de façon intéressante. Mais je pense qu’on peut toujours faire mieux, pour nous et la reconnaissance du handball féminin. On veut rendre notre sport encore plus médiatique. Mais on grimpe l’échelle. Les choses ont changé oui, mais ce n’est pas encore assez. On espère aussi que la crise du Covid_19 n’aura pas trop d’impact sur le sport féminin. On sait que le public sera limité dans les salles et on espère que les Français seront massivement devant la télé pour nous soutenir. [NDLR : L’intégralité du tournoi sera diffusée sur Bein Sports, et six matchs seront diffusés sur le groupe TF1). Malheureusement, les Français risquent d’être encore confinés mais si je ne l’espère pas pour eux. On veut amener de la gaieté durant cette période.
Il y a eu cet échec au mondial, ou vous étiez blessé. Ca a du être dur pour vous cette période ?
Cela a été très dur pour moi. J’étais gravement blessée et voir mes copines souffrir sur le terrain comme cela n’a pas été facile. Je sais que l’équipe s’est remobilisée. Attention, il ne faut pas parler de reconstruction. Tout ne doit pas être remis en question parce que le Mondial a été un échec. Mais on veut redevenir l’équipe de France.
Justement, vous aimez haranguer le public après un arrêt, comment on change ses repères durant cette période ?
Au lieu d’aller chercher le public, j’irai chercher mes copines (rires). A la base je ne demandais pas beaucoup l’aide du public. Mais j’aime montrer mes émotions, crier après un arrêt. C’est un besoin. C’est également un moyen de communiquer. Mais je ne le fais pas parce que d’autres gardiens le font. Je ne le faisais pas non plus quand j’étais plus jeune. Mais fois, lors d’un match, c’est sorti tout seul et c’est resté.
Est-ce que la France reste la favorite de la compétition
C’est très difficile de se prononcer. D’autant que pour ce tournoi, il y a un nouvel adversaire qui est le Covid. Cela peut remettre en cause plein de choses. Actuellement l’équipe de Norvège à quelques cas de covid. Pas de quoi bouleverser cette équipe. Mais on sait qu’il y aura d’autres facteurs qui vont entrer en compte, que ceux sportifs. Il y aura une part de chance. Au-delà de cela, on sait qu’il y a de très belles équipes dans cet Euro. Mais quand on aborde une compétition, c’est pour aller le plus loin possible.
L’équipe de France est une très belle équipe. Même si une fille venait à être touchée, le relais sera pris par une autre. J’aimerais dire qu’on est favori, mais il y a trop de paramètres. C’est une compétition très compliquée. On joue tous les deux jours. Il faut marquer un maximum de points en matchs en poule, pour se positionner dans le tour principal. Avant l’Euro était plus compliqué que le Mondial. Mais l’an passé, le mondial a eu la même formule ce qui a équilibré les choses.
Laura Glauser : “C’est toujours plus facile de s’intégrer dans un nouveau club quand il y a d’autres françaises.”
Une équipe de France qui peut compter sur trois-quatre gardiennes de top niveau. C’est une particularité française d’avoir des gardiennes au top tout le temps ?
Je ne saurais pas dire si c’est une particularité française, ni pourquoi c’est comme cela. Chaque génération de joueuses sort une très bonne gardienne. Il peut y avoir de la relève et c’est cool. Et c’est bien pour moi, car je ne me repose pas sur mes lauriers. Il faut aller chercher au-delà, être meilleur et c’est forcément très positif.
Et quand on entre en état de grâce, qu’est ce qu’on ressent?
A vrai dire je ne sais pas trop (rires). Je prends l’exemple de la demi-finale des J.O. 2016 (NDLR : France-Pays Bas, Laura Glauser entre au cours du second acte et réalise cinq parades en sept tirs). Je rentre avec une énorme envie. Au final j’avais vraiment l’impression que ce n’était pas moi dans les buts. Comme si j’étais hors de mon corps. Au final je n’ai même pas de souvenirs de cette rencontre. Comme si je ne l’avais pas vécue. Juste le souvenir de cette énorme rage de vaincre. Je ne peux pas dire que le ballon allait plus lentement ou que j’analysais mieux les tirs. J’étais juste hors de moi.
“Il ne faut pas partir pour partir”
Vous avez changé de championnat cet été, qu’est ce qui change à Gyor par rapport au championnat de France ?
J’arrive dans le meilleur club de Hongrie et un des meilleurs clubs du monde, après bon nombre d’années à Metz. On n’a pas de Play-offs en Hongrie. Il faut gagner du début à la fin pour être champion, sinon il n’y a pas possibilité de se rattraper. Après on ne fournit pas le même travail. C’est moins intense par rapport à Metz où on travaillait très dur. Ici on ne s’entraîne moins, mais c’est sans doute plus qualitatif. Après, il y a quelques Françaises dans l’équipe (NDLR : Estenne Nze Minko, Béatrice Edwige et Amandine Laynaud). C’est toujours plus facile dans ces cas-là de s’intégrer quand on est avec des joueuses qu’on apprécie déjà. Actuellement, le confinement est un peu plus souple qu’en France, mais on ne peut pas non plus faire ce qu’on veut.
C’était une étape indispensable pour continuer de progresser ?
Je ne sais pas si c’est une étape indispensable pour moi. Mais c’était important pour moi. J’avais besoin de tenter l’aventure à l’étranger. J’ai toujours voulu ça et pas dans n’importe quel club. Tomber sur un projet structuré et que la personne ait envie. Il faut avoir de l’ambition, vouloir évoluer et viser plus haut. Partir pour partir, ce n’est pas utile.
Pour conclure, on peut que vous souhaiter le meilleur
Merci beaucoup
Propos recueillis par Etienne GOURSAUD
Retrouvez notre portrait de Laura Glauser
Retrouvez également son interview durant le premier confinement