Credit photo : DR
Voici la 2ème partie du récit de Krok, retrouvez la 1ère partie ici !
Push to Talk c’est venu de loin. Il s’était passé beaucoup de choses dans ma vie avant, notamment en tant que commentateur, et ce qui me plaisait le plus dans le fait de commenter des matchs de League of Legends, c’est le storytelling. Je me dois de raconter des histoires aux gens sur les personnalités qu’on a « en face » de nous.
À un moment donné, j’ai réfléchi, et je me suis demandé ce que je pouvais apporter à ce milieu, et quelles étaient mes forces et mes faiblesses. Je me suis rendu compte que j’avais une vraie facilité de contact avec les joueurs de la scène, et des expériences que j’avais eu précédemment, les joueurs semblaient contents de partager ce petit temps avec moi, que ce soit en live sur des évènements ou en ligne par conversation Skype. J’étais déjà friand de ce genre d’échanges, même dans le sport traditionnel et j’en avais surtout marre des interviews de 4 ou 5 minutes juste avant ou après le match qui comportent toutes les mêmes questions et les mêmes réponses préfabriquées.
DERRIÈRE CHAQUE JOUEUR SE CACHE UNE HISTOIRE
Partant de là, je me suis dit que c’était un bon point de départ que de discuter un peu plus longuement et de retracer le parcours de joueurs qui ont une certaine aura, un certain charisme ou une certaine carrière. Je me disais que ce serait un superbe outil pour mieux découvrir ces joueurs qui semblent tous pareil, tous sortis du même moule, alors qu’on ne sait pas d’où ils viennent, on ne sait pas si ce sont plutôt des lecteurs, des grands joueurs de jeux vidéo, des sportifs, des musiciens, des artistes, et finalement, derrière chaque joueur se cache une histoire, et chaque histoire est différente.
Il suffit de comparer les deux premiers épisodes de l’émission, avec Hans Sama puis Skeanz, on voit bien qu’on a affaire à deux personnalités très différentes : l’une timide, l’autre extravertie, l’une passionnée par le dessin, l’autre par le jeu vidéo et par le désir d’être ensemble, de passer du temps avec ses amis… Ce que je voulais, c’est qu’on puisse s’identifier aux joueurs à travers leur parcours, et qu’on puisse se dire par exemple : « moi je suis plutôt comme Hans Sama », « moi je suis plutôt comme Skeanz ».
La difficulté au début de l’émission a été de se fixer des limites : qui rentre dans mes Push to Talk, et qui n’y rentre pas. Je suis quelqu’un de très curieux, je m’intéresse à beaucoup de choses et je pourrais faire des Push to Talk sur à peu près tout et n’importe quoi. Je suis vite parti sur une base de joueurs et de coachs professionnels. Je me suis également très vite orienté sur les francophones, même si ce n’est pas ancré dans le marbre. La difficulté fut de baliser : Est-ce que je m’arrête à League of Legends ? Est-ce que je n’interviewe que des français et je ne prends aucun anglophone ? Est-ce que j’ouvre à d’autres personnalités qui ne sont ni joueur, ni coach ?
Et finalement, c’est ce qui s’est fait au fil du temps avec les interviews de Laure ou Tolki qui ont des rôles primordiaux sur la scène LoL mais qui ne sont pas sur le terrain tous les jours. Ces décisions-là m’ont beaucoup pris de temps afin de fixer toutes ces limites. L’autre difficulté était de trouver un équilibre entre l’intérêt concret de l’interview et la visibilité que cette dernière aura. Le Push to Talk de Wakz par exemple est l’un de ceux qui a obtenu la meilleure visibilité, car il touche à une communauté active et proche du joueur. Mais je ne m’empêche pas pour autant d’interviewer des personnalités qui m’intéressent, même si ces interviews peuvent être moins garantes en termes de visibilité. Je sais par exemple que l’interview de Lounet fera moins de vues que d’autres, mais ça m’intéresse particulièrement de comprendre le rôle de manager qu’il occupe.
This is custom heading element
LE FUTUR DE PUSH TO TALK
Je ne sais pas où s’arrêtera Push To Talk. Je suis toujours resté attaché à la francophonie, mais je vais de plus en plus chercher des francophones qui travaillent et vivent à l’étranger, et ces parcours sont particulièrement intéressants puisqu’ils sont souvent bien différents des personnalités qui restent sur la scène française. J’ai également reçu certains francophones venus d’ailleurs, comme Vulcan par exemple, qui vient du Canada et qui est un des seuls joueurs de la ligue américaine à parler français. De plus en plus de mes invités me proposent des joueurs anglophones qui les intéresseraient d’entendre. Je pense notamment à Yann-Cédric Mainguy qui m’avait proposé Phaxi.
Je pense qu’interviewer un anglophone représente un réel défi pour moi, mais c’est un défi qui m’intéresse beaucoup, notamment dans la façon de rechercher les différentes questions subsidiaires que je cherche et pose à mes invités au fil de l’interview. C’est quelque chose que je fais assez bien avec Push To Talk. Comme je connais bien le parcours de mes invités, et que je fais beaucoup de recherches en amont, je peux facilement amener des sujets qui font partie de la vie de l’invité et qu’il peut aborder au bon moment. Par exemple, avec Toucouille, on était tous les deux d’accord pour parler de sa maladie, et une fois cela fait, on pouvait l’évacuer et se concentrer sur autre chose alors que simplement esquiver le sujet aurait donné un goût amer, presque bizarre à l’interview.
Je ne suis pas le seul à faire ce genre d’interviews. En France, on pourrait rapprocher mon travail de celui de Zack Nani par exemple, même si nos approches sont assez différentes. Comme je m’adresse plus à la scène professionnelle en elle-même, j’essaie de rester le plus objectif possible, là où Zack met plus facilement en avant les qualités de ses invités, et il a d’ailleurs raison ! A l’international, Thorin le fait également sur la scène américaine avec un ou plusieurs invités. C’est un format qui est amené à grandir et à se démocratiser, et je refuse de refaire avec Push To Talk ce qui a déjà été fait. Cela se ressent dans ma sélection des invités, je pense notamment à Néo que j’aimerai beaucoup avoir mais qu’on a déjà beaucoup entendu. Est-ce que cela vaut vraiment le coup d’entendre une nouvelle fois Néo parler de son parcours ?
On ne m’a jamais contacté directement pour me proposer de faire un Push To Talk, mais certains joueurs m’ont déjà dit qu’ils appréciaient mon travail et qu’ils seraient prêts à faire un épisode avec moi. J’ai trouvé ça touchant puisque ça montre que l’émission leur plaît. Il y en a également qui m’ont dit « dès que j’ai su que je pouvais faire un Push To Talk avec toi, j’ai dit oui » et ça me rassure beaucoup sur la qualité de mon contenu ainsi que sur les choix d’invités que je fais. Ce qui m’a le plus fait plaisir, ce sont les joueurs qui m’ont dit « ce serait parfait de faire un Push To Talk ensemble à ce moment de ma carrière », ça signifie que c’est le bon moment pour eux de se mettre en avant sur un autre sujet, sur un autre angle de leur carrière.
Je pense par exemple à Djoko qui a toujours eu une réputation sulfureuse, et qui pouvait être vu à une époque comme le vilain petit canard. Quand on a fait Push To Talk ensemble, il cherchait à se relancer, et sans dire que c’est grâce à l’émission que Djoko a pu rebondir, je pense que l’émission l’a beaucoup aidé. Je suis très content si cette utilisation du média peut les aider à booster leur carrière, puisque mes choix d’invités sont subjectifs, c’est moi qui décide de qui je vais chercher pour faire un Push To Talk, au détriment parfois de ma fan base qui ne comprend pas certains de mes choix, mais si je vais les chercher, c’est que j’estime qu’ils ont une histoire à raconter.
Pour écrire un Push To Talk, je démarre habituellement par mon intro. J’écris d’abord mon intro en me focalisant sur « comment j’ai envie de décrire mon invité », quitte à y revenir plus tard après en avoir appris plus sur mon invité. Je visionne ensuite différents contenus sur mon invité, que ce soit des articles, des interviews, des publications de l’invité sur ses réseaux sociaux. Ensuite, je sépare mes recherches en 3 grandes parties : L’avant-carrière (comment le joueur a connu les jeux vidéo, comment il s’est rapproché de League of Legends et pourquoi ce jeu en particulier), la carrière en elle-même, que je divise également en sous-parties pour certains joueurs à la longue carrière, je pense notamment à Dioud avec qui j’ai retracé 10 ans de carrière. Enfin vient l’après-carrière. Pour les plus vieux, je leur parle de leur retraite et des reconversions auxquelles ils peuvent avoir pensé. Pour les plus jeunes, je leur demande leurs ambitions futures, jusqu’où ils espèrent aller. Le but est de voir ce que les joueurs ont dans le ventre, ce qu’ils pensent d’eux et où ils se voient plus tard…
La suite demain…
KROK
Avec la participation de Thibaut Vancaeyseele