JONATHAN MAPU : LE HANDBALL DANS LES VEINES

Jonathan Mapu est un jeune handballeur du Saint-Raphaël Var Handball qui tente de trouver sa voie vers le plus haut-niveau. Découvrez sa première chronique qui se penche sur ses débuts dans le hand, son évolution dans les catégories jeunes avec en point d’honneur un focus sur ses expériences réussies en équipe de France jeunes.
Jonathan Mapu
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Les athlètes sont souvent imperméables à toute communication avant que la compétition ne soit terminée. La rubrique « Dans la peau » permet à un sportif de partager avec vous ces moments secrets et déterminants qui forgent la réussite de leurs projets.

Jonathan Mapu est un jeune handballeur du Saint-Raphaël Var Handball qui tente de trouver sa voie vers le plus haut-niveau. Découvrez sa première chronique qui se penche sur ses débuts dans le hand, son évolution dans les catégories jeunes avec en point d’honneur un focus sur ses expériences réussies en Équipe de France jeunes.

Je m’appelle Jonathan Mapu, je suis né le 10 mars 1998 à Fréjus et je suis handballeur.

Mes parents m’ont toujours laissé libre dans le choix du sport que je pratiquais, tant que je faisais du sport. Ils se sont rencontrés dans une salle de musculation, j’ai donc directement baigné dedans.

J’ai fait du judo de mes 3 ans jusqu’à mes 11 ans, en pratiquant en parallèle un peu le football. Mon père qui est professeur de Krav Maga m’a également entraîné dans sa discipline.

Mon histoire avec le handball a commencé à mes 11 ans dans le Club du Val d’Argens. C’est grâce à mon meilleur ami d’enfance, Florent Napoli, que je m’y suis mis. La salle de hand était juste en face de mon dojo, et les entraînements se chevauchaient.

J’ai directement accroché à ce sport, car je m’amusais énormément avec mes amis, je prenais beaucoup de plaisir. À cet âge-là, tu veux être avec tes potes. Tout est allé vite, j’ai ensuite suivi les sélections, et toute la filière pour être en sélection France.

SE TRANSFORMER EN PIVOT

Au départ j’étais arrière gauche, car j’étais grand pour mon âge. Mais en sélection du Var, un de mes meilleurs amis, Helwan Zoubir qui était pivot, n’avait personne de sa corpulence pour rivaliser avec lui. Notre coach m’a placé à son poste, afin qu’il ait un peu plus de difficulté. J’ai finalement arrêté de grandir et je me suis fixé sur ce poste tandis qu’Helwan est devenu arrière.

Je suis passé dans le club d’à côté à 14 ans, au Saint Raphaël Var Handball. Même si mon ancienne coach Bahia Fromont ne voulait pas que je parte, j’étais obligé, car l’année d’après il fallait jouer au niveau national, par rapport au Pôle Espoir.  Je pouvais rester un an de plus à Puget, mais afin de mieux m’intégrer et de jouer à un niveau supérieur, je devais aller à Saint-Raphaël cette année-là.

J’ai fait toute ma formation à Saint-Raphaël, depuis les -16 méditerranées, jusqu’à aujourd’hui au centre de formation.

J’ai eu la chance d’avoir des coachs qui m’ont toujours beaucoup apporté au niveau handball, de Bahia à Rares Forteanu, que ce soit à St-Raph ou en sélection France. De très bons coachs comme, Stéphane Joulin, Nikola Vojinovic, Éric Quintin, Daouda Karaboué, pour ne citer que les plus connus. Il faut être cadré, et chaque coach ne t’apprend pas les mêmes choses. Et c’est ça qui est très instructif.

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Aujourd’hui Rares, c’est un peu comme notre deuxième père au centre de formation, il nous aide, sur le handball, mais aussi en dehors, pour qu’on ne devienne pas que des bons joueurs de handball, mais aussi des hommes. Sur le hand, ses séances spécifiques au poste sont ultra complètes, elles nous améliorent offensivement notamment sur notre gamme de tirs et défensivement sur le placement au niveau de nos jambes.

PETIT MAIS COSTAUD

Aujourd’hui j’évolue donc au poste de pivot, et j’adore ce poste. Je pense que c’est le seul poste ou je pourrais évoluer pour faire du haut-niveau. Je mesure 1m82 et pèse 102 kilos, je suis donc très petit pour ce poste, surtout que le pivot “moderne” fait 2m, pèse 110kilos, et défend en numéro 3.

Je ne m’en plains pas, même si j’aimerais être un peu plus grand comme Issam Tej notamment. Mais c’est aussi ça ma force, je suis plus petit et plus puissant en bas, avec un centre de gravité plus bas, donc plus rapide, et plus mobile que les grands.

Ma taille est complémentaire avec les autres pivots notamment en équipe de France jeune, souvent mes coéquipiers se rapprochent (ou dépassent) les 2m (Antoine Jonnier 1m95, Robin Dourte 2m08, Hugo Brouzet 2m07). Mais bon ce n’est pas la taille qui compte.

Aujourd’hui et depuis 4 ans, nous avons tout gagné avec ce groupe dans les différentes catégories jeunes, je suis fier d’en faire partie. Au-delà des titres, j’accorde beaucoup d’importances à ces potes qui sont devenus comme des frères.

Dans l’équipe, j’essaie d’être proche de tout le monde. Évidemment il y a des affinités entre certains joueurs, mais « sans barrières ». Mes amis les plus proches dans l’équipe sont Kyllian Villeminot, Gael Tribillon et Élohim Prandi. On est bien tous les 4, on se retrouve souvent ensemble.

Je me rappelle de mon tout premier stage national en 2012, ou Sylvain Nouet (ancien Directeur Technique National et ancien coach adjoint de l’Équipe de France) nous avait fait un speech qui est resté gravé dans ma tête : il nous avait fait un dessin de ce stage jusqu’à l’équipe de France A, tout le chemin qu’il fallait parcourir pour espérer faire partie de cette magnifique équipe !

Il nous avait dit « quoi qu’il arrive, peu importe qui vous êtes, il y aura des hauts et des bas, mais le seul moyen d’arriver en Équipe de France A, c’est d’avoir du mental. Vous pouvez être le meilleur, si vous n’avez pas de mental, dans les moments difficiles, vous n’y arriverez pas. Et c’est ça qui fera de vous des grands joueurs. »

Ensuite il y a eu un stage en Espagne, puis petit à petit, l’équipe a changé, et le niveau a augmenté au fil de nos expériences communes. Nous avons gagné le Tournoi Méditerranéen en Italie, et le Festival Olympiques de la Jeunesse Européenne à Tbilissi (Géorgie) en 2015, le Championnat d’Europe en Croatie en 2016, et le Championnat du Monde de nouveau à Tbilissi en 2017.

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Lors de la dernière finale, c’était assez stressant. J’ai l’habitude de parler avec Kyllian avant les matchs pour voir où se placer en attaque, et je sais quand je dois l’énerver pour qu’il nous fasse gagner.

Pendant les 5 dernières minutes, je rate un tir en voulant faire une chabala (feinte de frappe lourde afin d’envoyer un lob) au gardien et il me l’arrête. Le match se termine, Éric Quintin (coach de l’Équipe de France U19) vient me voir et je lui dis : « Éric je pense que si on perd ce match je pleure toute ma vie d’avoir raté ce chab. »

Être Champion du Monde, c’est énorme, magnifique, mais il faut garder la tête sur les épaules, car ce n’est pas ça la finalité. On veut tous être Champions du Monde, mais dans la vraie équipe de France. Et là ça sera phénoménal. Pour l’instant on garde les titres dans notre chambre, et on travaille pour y arriver, et avant d’espérer gagner des titres, au moins faire partie de cette équipe A.

L’ÉQUIPE DE FRANCE, UNE FAMILLE 

Depuis le premier stage à Aviles au mondial de cet été, il n’y a que Kyllian Villeminot, Élohim Prandi, Nori Benhalima, et moi qui sommes là depuis le début. Je suis content de faire partie de cette équipe depuis le commencement, c’est un sentiment plaisant. Éric me voit comme un leader de l’équipe, je suis très heureux qu’il pense ça, car ça me prouve la confiance qu’il a en moi. J’aime bien parler avec tout le monde en général, alors c’est plutôt naturel pour moi de jouer le rôle de grand frère sur et en dehors du terrain.

Chaque tournoi nous a rapproché, renforcé, et nous avons pris de l’expérience, notamment dans nos clubs, pour ceux qui ont la chance de jouer avec l’équipe première. On dit aujourd’hui qu’on est une famille, même si la vie n’est pas tout le temps rose, parce qu’on est tous comme des frères, chacun a confiance en l’autre, et que nous voulons tout simplement tout gagner ! On ne va pas en tournoi pour y participer. On veut gagner, tout en respectant les équipes contre qui on joue, c’est peut-être la différence avec les autres équipes, peu importe contre qui on joue, on veut gagner tous les matchs !

Bien évidemment les résultats ne viennent pas comme ça, il y a un travail au préalable. Pendant l’année, tout le monde rentre dans son club, se remet en question, et travaille pour être meilleur. Car c’est magnifique de gagner des titres, surtout au niveau émotionnel, ça vaut le coup d’en chier un an, physiquement, mentalement, pour ce genre de sensations rares et tellement agréables. Comme nous répète souvent Éric, « La vie on se la rend belle. » Rien ne nous a été donné. Et on a travaillé dur pour gagner ces titres.

Même s’il a fallu quelques semaines pour redescendre de l’euphorie, quand je suis rentré j’ai retrouvé ma famille, mes frères, ma copine (Camille Depuiset) qui elle aussi a gagné un titre de championne d’Europe avec les U19 Féminine en Slovénie cet été.

J’ai besoin de voir les personnes proches et qui comptent pour moi, c’est aussi pour les rendre fières qu’on fait tout ça, surtout qu’à part ma famille, je n’ai pas pu voir grand monde avec la préparation du mondial,

Camille était à l’euro, d’autres en voyage, et mes 3 autres amis travaillaient.

Mais ils m’ont tous félicité, à part Lucas mon meilleur ami, qui veut me voir au plus haut. Je sais que j’aurai réussi dans le handball, le jour où il m’aura félicité.

Pour la saison à venir, j’aimerais apprendre encore plus que la saison passée, passer un maximum de temps avec l’équipe première, gagner du temps de jeu même si avec Lyndgaard et Karalek c’est compliqué. Ils ont un niveau européen, et font partie des meilleurs à ce poste, j’essaie au maximum d’apprendre avec eux de prendre le meilleur des deux, au hand et aussi en musculation, pour être plus fort chaque jour.

JONATHAN

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