JEAN-LOUIS SCHLESSER : UN RALLYE AFRICAIN, UNE NÉCESSITÉ

Le Paris-Dakar a fait rêvé beaucoup d’entre nous et nous a fait découvrir la beauté des pays Africains à travers ses belles images. Depuis sa délocalisation en Amérique du Sud, Jean-Louis Schlesser, vrai amoureux de ce continent, a créé l’Africa Eco Race, un rallye sur le sol Africain avec des valeurs chères aux organisateurs et participants. Il nous raconte sa passion et ses objectifs pour ce rallye.

Jean-Louis Schlesser – Pilote

Rallye, F1, F3: #Champion de France Formule3 1978; #Champion du monde des voitures de sport 1989, 1990 #Champion de France de Supertourisme 1985 #Vainqueur de German super cup sports prototypes 1988; #Champion du monde des Rallye-raid deux roues motrices de 1993 à 2005, 2011, 2012, 2013 #Vainqueur du rallye Dakar toutes catégories 1999, 2000; #Vainqueur du rallye Dakar deux roues motrices 1993, 1996, 1998, 2001, 2004, 2006, 2007; #Vainqueur de l’Africa Race 2009, 2010, 2011, 2012, 2013 et 2014. #

Les athlètes ont beau être le coeur du sport, ils ne sont pas les seuls à faire rayonner nos disciplines préférées. Plongez dans les coulisses du sport professionnel en découvrant les histoires de dirigeants, de coachs, du staff médical, des fans…

Le Paris-Dakar a fait rêver beaucoup d’entre nous et nous a fait découvrir la beauté des pays Africains à travers ses belles images. Depuis sa délocalisation en Amérique du Sud, le nonuple vainqueur, Jean-Louis Schlesser, vrai amoureux de ce continent, a créé l’Africa Eco Race, un rallye sur le sol Africain avec des valeurs chères aux organisateurs et participants. Il nous raconte sa passion et ses objectifs pour ce rallye. (Crédit photos : DR)

J’ai eu cette idée en Avril 2008.

J’étais allé à Dakar retrouver Hubert Auriol qui organisait une course de moto là-bas, La légende Des Héros. je lui ai annoncé mon projet, il m’avait répondu qu’il était certain que je venais pour lui annoncer quelque chose de ce genre.

C’est donc parti comme cela, on s’est retrouvé avec plusieurs associés et on s’est lancé.

Cette idée est venue du fait que le Dakar partait en Amérique du Sud. Je trouvais cela incroyable qu’on puisse partir comme cela au bout de tant d’années. Il y avait des impératifs et des raisons bien sûr mais je trouvais cela dommage de laisser cela comme ça.

Je connaissais pas mal de personnes en Afrique, c’était donc une belle opportunité pour créer quelque chose de durable, et avec des valeurs qui me sont et nous sont chères.

De plus, il y avait une vraie demande des pays Africains. Ils sont très contents d’avoir des épreuves sportives sur leur sol, d’autant plus que notre façon de faire cette course est plus orientée vers l’aventure, avec le plus souvent des nuits passées en bivouacs par exemple. Cela rend l’attrait de cette course plus grand, le public peut finalement faire la même chose en venant dans ces pays plus tard. Parfois on réouvre des pistes qui ont été abandonnées depuis des années et par la suite d’autres personnes pourront les utiliser.

Ce qui est remarquable dans ces pays, notamment en Mauritanie, c’est que rien ne se ressemble. On peut pendre les mêmes points A et point B chaque année, le parcours entre ces deux points sera toujours différent, mais même d’un jour à l’autre il peut l’être pour peu qu’il y ait eu une petite tempête de sable par exemple.

La première année nous étions une trentaine de véhicules à prendre le départ, aujourd’hui nous sommes plus de 100 véhicules engagés. Sans compter le support derrière. Il y a donc une belle évolution, mais nous restons à taille humaine ce qui nous permet de garder une course responsable avec des valeurs bien ancrées chez tous les participants.

UN RALLYE RESPONSABLE ÉCOLOGIQUEMENT ET SOCIALEMENT

Une des valeurs dont je parlais plus haut, est celle qu’on peut lire dans le nom de la course, “Eco”.
Depuis des années, on a un accord avec notamment la Mauritanie, pour planter des arbres. Un des premiers bénéfices est de couvrir largement le niveau de CO2 de la course. Ensuite bien sûr c’est quelque chose de vital pour le pays, pour le reboisement.

Les départs et les arrivées sont également fait avec des voitures équipée de panneaux solaires

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Depuis un an nous travaillons également avec l’Amade, qui est une association qui vient en aide aux enfants. Dans ce cas précis, nous achetons des lampes solaires qui sont fabriquées au Burkina Faso, et on les donne aux enfants qui sont dans des endroits reculés, sans électricité. Cela permet aux enfants de faire leur devoir le soir par exemple, ou de rentrer quand la nuit tombe avec un moyen pour s’éclairer.

On ne peut pas du jour au lendemain tout faire mais le but est effectivement d’apporter petit à petit un peu d’aide. Parmi les participants nous sommes d’ailleurs 30% à peu près à avoir une association caritative à côté.

Le but est de préserver l’environnement dans lequel nous sommes et de préserver les habitants. Par exemple, nous essayons de traverser le moins possible de villages, et si nous le faisons, c’est à des vitesses très limitées. Nous ne traversons pas les zones protégées non plus.

Une autre particularité est qu’on accepte tout type de véhicules pour cette course. Si demain arrive quelqu’un avec un projet d’une voiture qui fonctionne à l’eau, très bien, qu’il tente et que ses innovations puissent profiter à tout le monde un jour.

Nous travaillons donc main dans la main avec les pays, pour toutes ces choses, c’est d’ailleurs génial de voir autant d’implications de leur part, ça leur tient à cœur autant qu’à nous et leur aide est donc très précieuse.

Cette course est vraiment axée sur la notion de découverte, d’aventure. On désenclave certains endroits, par exemple quasiment plus personne n’allait à Ouadâne, chose qui sera faite pour l’Africa Eco Race 2019 et donc l’un des effets qu’on souhait est de redonner envie aux gens d’y aller. On montre également en faisant cela que la sécurité est assurée, ces pays se soucient de ce facteur et tout est mis en place pour que des endroits comme cela soient de nouveau accessibles sans danger.

Nous avons des parrains importants sur cette course, comme Jean-Marie Bigard, ou Adriana Karembeu, qui viennent passer quelques jours et en ressortent séduits, c’est un moyen de montrer que même des personnes qui n’ont pas un grand attrait pour les sports mécaniques peuvent tomber sous le charme de cette course pour son côté aventure et découverte.

UNE PASSION POUR LE DÉSERT DEPUIS MON ENFANCE

J’ai été élevé en Afrique. Mon attrait pour cette région du monde, pour le désert, est sans doute lié. Après des dizaines d’années à explorer chaque recoin je reste toujours autant ébahi devant la beauté des paysages qui se présente à moi à chaque excursion.

Mais ce qui me plait surtout aujourd’hui est de rouler avec l’appréhension de ne pas savoir ce qu’il va se passer, comme de l’adrénaline, car conduire dans un désert apporte forcément des surprises qu’on ne rencontrera nulle part ailleurs.

J’ai toujours été passionné de conduite également, en circuit ou autre, mais rien n’égal les sensations que je ressens ici en Afrique, dans le désert. Il faut savoir conduire, c’est très technique mais il faut aussi avoir du flair, pour passer des dunes par exemples ou anticiper les aléas qui se présentent tout au long d’une étape.

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Aujourd’hui je le fais en avion pour suivre la course, je vais dans des endroits magiques mais là également c’est toujours un challenge. je ne me pose pas sur une piste, je me pose en pleine nature en faisant un repérage avant et en espérant que tout se passera bien !

Il y a d’ailleurs la possibilité de faire l’Africa Eco Race en raid, c’est à dire qu’on fait le parcours de la course mais accompagné et en conduisant 50km par jour de la piste que les concurrents font. Le reste du temps est réalisé en liaison (avec les véhicules assistances).

Cela permet d’imaginer ce que pourrait être d’être à la place d’un des pilotes, et pourquoi pas s’inscrire l’année d’après.

Quand je pilotais, j’arrivais à apprécier le paysage, bien sur la conduite demande une attention de chaque moment, beaucoup de concentration, mais j’arrivais à prendre du plaisir en admirant les endroits par lesquels nous passions.

Physiquement il faut être en forme, c’est forcément prenant autant de jours de compétitions mais c’est comme tout, on ne fait pas un semi-marathon sans avoir fait quelques footings les mois précédents.

J’ai roulé 4 ans tout seul. Des galères j’en ai eu un paquet. Je me rappelle d’une fois, on a terminé avec le moteur qui s’est littéralement cassé sur la ligne d’arrivée, nous avions dès le départ des soucis et c’est allé en se dégradant tout au long de l’étape mais on a réussi à tenir jusqu’à la fin.

J’ai déjà passé une nuit par exemple dans la voiture, en 1992 il me semble, car il y avait un point faux sur la carte et je n’avais pas trouvé le passage. Le lendemain matin avec la tempête de sable de la nuit j’étais embourbé, j’ai dû démonter des pièces de la voiture pour faire un chemin de plaques pour pouvoir sortir.

Je suis déjà tombé dans un trou également. Des anecdotes sur un rallye il y en a toujours, on pourrait passer la nuit à en parler, et c’est d’ailleurs pour ça qu’on adore ! Donc tous les soirs au bivouac on s’en raconte, on en rigole, on partage, c’est aussi un point important d’un rallye comme celui-là.

Si je devais le décrire en quelques mots avant de vous laisser, je dirais que c’est un rallye à taille humaine, où l’entraide est importante, avec de fortes valeurs, et où tout le monde est le bienvenu.

JEAN-LOUIS

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