Handball – Aïssatou Kouyaté : “On ne vit pas ça tous les jours”

Pour sa première compétition internationale, Aïssatou Kouyaté a marqué les esprits par une entrée fracassante contre le Monténégro. Portrait !
Aissatou Kouyaté
Aissatou Kouyaté

Alors que les Bleues étaient en grande difficulté contre le Monténégro, lors du premier match de l’Euro, une joueuse a fait la différence. Aïssatou Kouyaté est rentré, a égalisé puis donné l’avantage aux siennes, avant de provoquer dans la foulée un jet de 7m. La France s’impose d’une courte tête (25-24), un succès ultra-précieux, qui risque de peser lourd dans la course aux demi-finales. A 25 ans, la Bisontine, native de Clichy effectue sa première compétition internationale avec l’équipe de France, après avoir intégré les stages de préparation en 2018 et 2019.

Crédit photos : Stéphane Pillaud (FFHB).

Aïssatou Kouyaté : “On a donné le meilleur de nous mêmes”.

Comme les autres Bleues, l’enchaînement en moins de 24h, des matchs contre l’Espagne et la Russie, a laissé des traces. Le combat a été rude dans ces deux matchs où les Bleues s’en sont sorties avec une victoire et un nul. Même si Aïssatou Kouyaté a moins joué que lors de la phase de poule, elle reste pleinement impliquée dans le groupe bleu. “La récupération a été bonne”, confie l’arrière tricolore. “On a eu une journée off hier, où on a été totalement laissé au repos. C’était également le cas ce matin, avec un entraînement non obligatoire. Le but étant de reprendre ce soir tranquillement“, poursuit la sociétaire de Besançon.

Qui est assez satisfaite de la gestion de son équipe de ce très périlleux enchaînement qui leur a été proposé. “On a donné le meilleur de nous mêmes. Pour le moment, on fait un bon début de compétition, même si on aurait aimé gagner contre la Russie. Mais cela reste un bon résultat et surtout c’est bien mieux qu’une défaite“, résume t’elle de façon très pragmatique. Car avec quatre victoires et un nul, les Bleues, avant d’affronter la Suède mardi, sont encore en position très favorables pour accéder en demi-finale d’une compétition, dont elle est la tenant du titre.

“Je me prépare mentalement pour être ultra performante quand je rentre sur le terrain”

Et si la position est si favorable, Aïssatou Kouyaté est loin d’en être étrangère. Même s’il est difficile de refaire un match, après le coup de sifflet final, il n’est pas sur que les Bleues auraient disposé des Monténégrine sans sa “super sub”. Avant de débuter la compétition, elle connaissait son rôle, au sein d’une équipe de France ultra complète. “Je savais que je n’allais pas avoir beaucoup de temps de jeu. Je me prépare mentalement, pour être en condition mentale pour être ultra performante dès que je rentre sur le terrain“, confie Aïssatou Kouyaté. Rentrée aux alentours de la 40e minute, elle à terminé le match sur un 3/3 ô combien important.

Je veux apporter mes qualités au service de l’équipe. Quand je rentre, c’est pour jouer tous les coups à fond, sans pour autant surjouer“, analyse la Bisontine. Effectivement, dans la foulée de son importantissime rentrée contre le Monténégro, elle a livré une deuxième belle copie contre la Slovénie, dans un match bien mieux maîtrisée par les Bleues (27-17). Quand on lui demande si du banc, on peut analyser son adversaire, Aïssatou Kouyaté répond. “Oui, on peut voir comment nos adversaires jouent, ce qu’elles proposent en attaque et en défense“. Cependant, elle tient aussi à nuancer : “Je sais que, quand je rentre, les adversaires ne vont pas défendre pareil sur moi, par rapport à une autre joueuse“. Et pour cause, Aïssatou Kouyaté, dans la tradition d’une équipe de France où le danger peut venir de partout, possède un profil différent d’une Océane Sercien où Alexandra Lacrabère. “Je suis une joueuse de débordement“.

Dans un match plus tranquille pour les Bleues, Aïssatou Kouyaté a scoré deux fois contre les Slovènes. [Crédit : Stéphane Pillaud].

Aïssatou Kouyaté : “Il faut savoir saisir sa chance”

Auteur de deux nouveaux buts contre le Danemark, où elle a davantage joué. Elle a connu un début de match difficile, avant de trouver la mire. C’est toujours délicat, car naturellement, on a la volonté de se montrer : “Evidemment, mon but est aussi de montrer qu’on peut compter sur moi, que je suis capable d’apporter à l’équipe, lui donner un plus. L’équipe de France possède un bon banc. Mêmes les joueuses qui jouent moins sont des filles avec beaucoup de qualité“. Les choix sont donc difficiles pour le sélectionneur Olivier Krumbholz.

Lors des deux premiers matchs du Tour principal, Aïssatou Kouyaté a moins joué. Elle n’a pas marqué non plus. Elle a dû se contenter de miettes. Mais elle se tient prête si on fait de nouveau appel à elle. “Il faut savoir saisir sa chance et dès qu’on a du temps de jeu, en profiter“, résume bien la joueuse de 25 ans.

“C’est une compétition qui peut m’ouvrir des portes”

Des miettes, mais un véritable rêve éveillé qui se poursuit pour la Bisontine, qui dispute sa première compétition internationale, après avoir intégré les stages de préparation en 2018 et 2019. Elle n’a ni connu les sommets de l’Euro en France, ni les déconvenues d’un championnat du monde où les Bleues sont passées au travers. Elle savoure chaque instant de compétition : “J’essaie vraiment d’en profiter, on ne vit pas ça tous les jours. Je ne prend que les bons côtés. Tout en étant également dans l’observation. Je n’oublie pas de prendre du recul et je me dit que j’ai vraiment de la chance d’être ici, même si j’ai travaillé dur pour en arriver là“, se réjouit la sociétaire de Besançon.

Et qui reconnaît la chance de cette exposition médiatique. “C’est une compétition qui peut m’ouvrir des portes et me faire connaître. Ce sera un vrai plus, car je ne pense pas être connue sur la scène internationale”. Joueuse de Besançon, dans un club historique du handball féminin, depuis mars 2017, elle sait que cet euro peut constituer un tremplin dans sa carrière. Surtout dans un contexte économique assez fragile avec le Covid.

Aïssatou Kouyaté peut apporter face à la Suède

Moins utilisée contre l’Espagne et la Russie, elle peut avoir une belle carte à jouer lors du dernier match du tour principal, contre la Suède. Un match peut-être décisif (en fonction du résultat du Danemark qui joue ce soir contre l’Espagne), pour les Bleues. “A ce stade, chaque adversaire et chaque match est rude. Il faut vraiment prendre la Suède au sérieux et ne pas se dire que le match sera facile. Il va falloir se battre”, prévient Aïssatou Kouyaté. “On va cibler les joueuses importantes à la vidéo, dans le but de les faire déjouer” poursuit l’arrière de 25 ans qui ne veut pas se mettre trop de pression : “Il ne faut pas calculer. Je suis une joueuse qui fonctionne à l’instinct. Je joue et je lâche mes coups”.

Et si la patrie France est en danger mardi soir contre la Suède, on sait que la différence peut se faire sur le banc. Et on sait qu’Aïssatou Kouyaté peut faire basculer le cours d’un match !

Etienne GOURSAUD

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