Basket – Edgard Ceccarelli : « L’arbitrage, c’est l’école de la vie ! » (Journées arbitrage La Poste 2021)

Arbitre international FIBA, Edgard Ceccarelli officie notamment en Betclic Élite. Il s’est confié sur son parcours, sa vision de l’arbitrage.
Edgard Ceccarelli
Edgard Ceccarelli

À seulement 28 ans, Edgard Ceccarelli est l’un des plus jeunes arbitres français de l’élite. Arbitre international FIBA, il officie notamment en Betclic Élite (1ère division masculine). Pour les journées de l’arbitrage La Poste, il s’est confié sur son parcours, sa vision de l’arbitrage et ses ambitions.

« C’est grâce aux journées de l’arbitrage que j’ai eu cette envie de continuer à pousser les portes de la discipline »

C’était important d’être ici parce que les journées de l’arbitrage sont un moyen pour nous de promouvoir notre activité et de nourrir l’envie de toutes les personnes qui songent à faire de l’arbitrage leur vocation… De leur faire découvrir l’arbitrage et l’arbitrage de haut niveau.

Quand j’ai commencé à prendre le sifflet, il y a 10 ans, c’est grâce aux Journées de l’arbitrage et en rencontrant des arbitres de haut niveau, dans des événements comme ça, que j’ai eu cette envie de pousser les portes de l’arbitrage et de continuer à les pousser, jusqu’au niveau où je suis, aujourd’hui.

Edgard Ceccarelli : « J’étais un joueur assez truqueur, tricheur ! »

Au début, je jouais au basket, et j’avais un rapport très compliqué avec les arbitres. J’ai toujours été un joueur assez truquer, tricheur… Et après 2,3 déboires avec les officiels, mon club m’a forcé à faire un stage d’arbitre pour essayer de changer mon rapport à l’arbitrage, pour m’apprendre vraiment ce que c’est.

Grâce à ce stage, je me suis rendu compte que je prenais vraiment du plaisir à arbitrer. Alors, je me suis mis à 100% là-dedans. Et aujourd’hui, j’ai 28 ans et ça fait 10 ans que je suis arbitre. Je commence ma 11ème année, cette saison.

« L’arbitrage, c’est l’école de la vie ! »

L’arbitrage m’a appris énormément de choses : je ne pense pas à mon sport ou aux règles en soi, mais je pense que c’est une vraie école de la vie. Ce sont les meilleures leçons de vie que j’ai eues, en tout cas… Parce que très jeune, j’ai été amené à prendre des décisions, j’ai été amené à devoir trancher, à faire face au stress, à devoir gérer des conflits, à parler à des gens plus vieux que moi, etc. Et toutes ces choses-là m’ont permis, tous les jours, de devenir une meilleure personne.

Aujourd’hui, toutes ces choses-là : la gestion du conflit, du stress, l’organisation, la prise de décision… Je les retrouve quotidiennement dans ma vie professionnelle, amicale ou amoureuse. L’arbitrage m’a appris tout ça, et encore aujourd’hui, je continue à apprendre.

Edgard Ceccarelli : « À la fin du match, c’est parti en bagarre générale avec tous les spectateurs… »

Mon meilleur souvenir d’arbitre, c’est la finale de la Coupe de Mayotte. J’étais parti là-bas, ainsi qu’à la Réunion, pour des missions de formation des arbitres. J’avais donc arbitré cette finale… Et il faut savoir qu’il n’y a pas de gymnase, là-bas, tout se joue dehors parce qu’il fait 35 degrés.

Donc, je devais arbitrer ce match entre 2 quartiers très rivaux dans la vie de tous les jours. C’était un match qui était très très chaud, avec peut-être 2500 personnes autour du terrain et des tribunes. Je n’avais jamais vu ça. Il n’y avait même plus la place de marcher.

J’ai arbitré cette finale avec 2 arbitres mahorais, et ça reste un super souvenir… Dans des conditions dans lesquelles, sûrement, je n’arbitrerais plus jamais. Il y avait vraiment une pression extrêmement forte, ce jour-là. D’ailleurs, à la fin du match, c’est parti en bagarre générale avec tous les spectateurs [rires].

« La communication fait partie intégrante de notre métier d’arbitre »

Pour moi, un bon arbitre, c’est d’abord quelqu’un qui prend des bonnes décisions… Des décisions justes. Et ensuite, je pense que la différence entre un bon et un très bon arbitre, c’est que le très bon va réussir à faire face à l’erreur. Il va pouvoir gérer son erreur, mais également les erreurs des autres. C’est celui qui va savoir mieux gérer les conflits : avec les joueurs, avec les entraîneurs… Parfois même avec ses collègues. C’est celui qui sait prendre du recul, et enfin quelqu’un qui communique très bien : qui a de l’expérience dans la communication. Parce qu’aujourd’hui, la communication, qu’elle soit verbale ou non-verbale, elle fait vraiment partie intégrante de notre métier : comment on va faire passer un message, de quelle façon… Ce sont ceux qui maîtrisent le mieux tout ça qui vont faire la différence.

Le plus dur dans la fonction d’arbitre, c’est de rester concentré chaque seconde… Parce qu’au basket, on a 40 minutes de jeu, et on a besoin de rester bien concentré : que ce soit pour oublier l’environnement, si possible, ou pour ne pas se laisser déborder, en laissant un peu ses émotions de côté, à savoir si on est énervé, stressé, très content, etc. On doit faire en sorte que la tête soit bien claire et toujours prête à prendre les bonnes décisions.

Edgard Ceccarelli : « Faire évoluer notre arbitrage par rapport à l’évolution du sport »

Je pense qu’avoir joué au basket aide beaucoup pour être un bon arbitre de basket. Certains exemples ont montré que ça peut arriver de réussir en tant qu’arbitre sans avoir été joueur… Mais c’est vraiment très rare.

Si on veut être un bon arbitre de sport professionnel, il faut comprendre le sport et ce que vivent les joueurs. Il faut essayer de le comprendre et de toujours continuer à le faire : ce n’est pas parce que l’on a connu le basket, qu’il faut « s’arrêter ». Le sport évolue, les règles et les systèmes évoluent, les joueurs sont plus modernes… Alors, en tant qu’arbitre, on doit nous aussi faire évoluer notre arbitrage par rapport à ça et continuer à s’intéresser à notre sport au quotidien.

« Être ami avec tout le monde est un objectif qui ne peut pas coller avec ma mission d’arbitre »

Par rapport à mes débuts, je suis un peu plus calme. Même si je ne suis pas du tout la référence de l’arbitre calme… Mais je suis moins foufou. Quand j’ai commencé l’arbitrage, j’étais une personne qui adorait être ami avec tout le monde. Même en général, dans la vie, j’étais hyper sociable, etc. Et l’arbitrage m’a appris que ce n’est pas une fonction pour faire ami-ami avec tout le monde.

Je peux être très sociable et être un mec cool en dehors, mais quand j’enfile le maillot d’arbitre, c’est pour prendre des décisions justes… Et être ami avec tout le monde est un objectif qui ne peut pas coller avec ma mission qui est d’arbitrer des rencontres de basket professionnel. C’est ça qui a vraiment évolué au cours de mon expérience dans l’arbitrage.

Edgard Ceccarelli : « Je veux partir en laissant un héritage aux autres ! »

J’ai toujours été très compétiteur, en général, même quand je joue au Monopoly avec ma sœur. Et aujourd’hui, j’ai 2 objectifs : premièrement, je veux arbitrer les meilleures rencontres possibles, d’un point de vue basket national, européen et mondial. L’objectif, c’est de travailler, de me donner les armes pour pouvoir arbitrer ces rencontres-là.

Et ensuite, j’ai vraiment envie d’apporter à l’arbitrage : français ou autre, et de me dire que j’ai laissé une trace aux plus jeunes, aux moins jeunes… À tous les gens avec qui j’aurai évolué. Je veux que le jour où j’arrêterai, je puisse partir en laissant un héritage aux autres.

EDGARD CECCARELLI

Avec Nicolas PARANT

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