CYRIL BENZAQUEN – DANS LA PEAU D’UN BOXEUR, LE JOUR-J

Cyril Benzaquen est un kickboxeur 5 fois du champion du monde. Il revient sur son dernier titre, en Décembre, en nous décrivant les dernières 24h!

Cyril Benzaquen – KickBoxeur

#Quintuple Champion du Monde de KickBoxing

 

Crédit Photo Une: DR


6 min de lecture

Le combat du 12 décembre dernier a commencé dès la pesée, à la veille de monter sur le ring. C’est une partie essentielle de la préparation, j’ai un poids d’entraînement, un poids de forme et un poids sur le ring. J’essaye, les jours qui précèdent le combat, de me coucher un peu plus tard pour que mon organisme suive l’horaire du combat. C’est aussi pour me réveiller à la même heure. Généralement, je tente soit de lire soit de regarder un film qui me détend. Je m’impose une routine pour ne pas tourner en rond le jour-J des combats.

Jour J.

8h30.

Je me réveille, tranquillement, puis je prends mon petit-déjeuner.

Ensuite, c’est toujours la même chose, je réalise un travail sur moi comme le conseille mon préparateur mental, je m’isole, je me concentre sur ma respiration. Je fais également quelque chose de très important pour moi, c’est la visualisation, notamment pour anticiper le combat et le challenger. Je trace le chemin pour aller vers le ring, je me vois sur le lieu du combat quand c’est possible. On essaie de visualiser l’échauffement, les différents moments où je peux le battre. Je me vois en train de mettre mon high-kick, plus on a des schémas dans la tête, plus au moment opportun, on réalise le geste juste qui tape au bon moment, au bon endroit. Ce jour-là, je m’en rappelle, les dernières heures avant le combat étaient un peu différentes. J’arrive un peu en retard, à cause de la grève des transports (12 décembre 2019) et à cause de ce retard, je prends moins le temps de regarder les autres combats avant mon Main Event.

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UNE ATTENTE À GÉRER

Personnellement, je suis toujours un peu stressé quand j’arrive sur le lieu du combat parce que j’ai toujours l’impression d’être en retard et du coup, de pas avoir le temps de me préparer. J’arrive avec mon entraîneur, on parle un peu, on se détend, on fait les bandages des deux mains puis, après cela, je me fais masser le corps. Par la suite, je commence à faire mon échauffement dans ma tête et je fais des « shadows » (coups de poing dans le vide) pour être chaud sans trop se fatiguer non plus. J’ai tendance à vouloir bouger avant le combat, j’ai peur de ne pas être prêt, dans ces cas-là, c’est mon coach (ndlr, Alain Zankifo) qui me dit de me reposer, d’attendre assis sur une chaise et d’être le plus focus sur le combat à venir. L’idée est de trouver un juste milieu essentiel à quelques minutes de la confrontation. Mon entraîneur est mon point de repère durant toute la préparation finale, il sait ce qui est bon pour moi. Avant de rentrer dans ma bulle, je dois aller aux toilettes, certainement à cause du stress mais cela n’est pas spécifique à ce combat du 12 décembre pour le titre de champion du monde de kickboxing.

La particularité de cet événement était que cela se déroulait dans le cirque Phénix. Le sol était différent par rapport à tous les autres combats que j’ai pu disputer. Je devais m’adapter, prendre mes marques avec l’espace. La scène était faite à partir de préfabriqués, et des sortes de planches de bois, ce n’était pas du tout coutumier. Cependant, je me dis que je dois me concentrer dans ma tête, à l’essentiel, c’est-à-dire, l’échauffement technique et physique. Ce sont des petits détails conséquents, avant le début du combat, car cela fait partie de toute une routine. Concernant mon adversaire, je ne m’occupe pas de lui durant le jour-J, je le connais, j’ai vu beaucoup de vidéos de lui, la préparation et le plan de jeu est déjà bien dans mon esprit.

Pendant la journée, l’alimentation a également une grande importance à l’approche de l’échéance, je mange, en général, des aliments « rapides », pour avoir l’énergie nécessaire au bon moment à quelques heures du Main Event. Je sais que je dois monter sur le ring souvent aux mêmes horaires, vers 22h30. Généralement, j’arrive à 20h comme cela, je peux observer les premiers combats ayant déjà commencés. C’est nécessaire pour moi, pour me mettre dans l’ambiance, sentir un peu le public dans la salle.

UN COMBAT MAÎTRISÉ

À un quart d’heure du combat, je sors du vestiaire, pour moi, je bascule dans un autre mode, tout le cérémonial en boxe à l’entrée des combattants fait partie du combat. Il faut être dedans dès ce moment-là. Avant que le cloche sonne, on se dit quelques mots avec mon clan, je sais ce que j’ai à faire, c’est parti. Le premier round se passe comme on le veut, je me souviens que d’entrée de jeu, je me suis senti le dominer et surtout le cerner, le contenir. J’avais une bonne lecture de son jeu et de ses coups, je me sentais bien. La cloche sonne, retour dans mon coin, à la fin de la première reprise, je vois mon entraîneur me dire, « c’est super bien, c’est parfait, continue comme ça ». Je prends davantage de confiance, je ne suis pas toujours objectif pendant le combat, je dois aussi me reposer sur mon coach. Je suis sur la bonne voie, tout va bien et cela perdure au fil des rounds, je maîtrise ma partie comme je le souhaite.

Mon adversaire (le Grec, Giannis Soffokleous) était alors obligé de se découvrir, pour l’emporter, il devait faire parler ses qualités de puncheur, me déstabiliser sur un grand coup. Je le savais, je m’étais préparé en conséquence, je ne bouge pas de mon plan, je récite ma boxe, mon coach est satisfait du déroulé du combat. Je marque des points importants dans les esprits des juges. J’ai respecté le plan, j’avais un adversaire un peu petit mais explosif avec un bon coup droit, il a mis d’ailleurs beaucoup de KO lors de ses précédents combats notamment face à des français. Je dois l’empêcher de travailler au corps, maintenir la distance. C’est là où la visualisation a son importance, même si je n’ai pas finalement pu mettre mon high-kick. J’avais en tête ce qu’il pouvait faire et ainsi ce que moi, je pourrais répondre en fonction.

LA SATISFACTION DU TRAVAIL BIEN FAIT

A la fin de la 2e reprise, j’étais confiant et en accord avec mon coach, j’ai senti également que tout allait comme je le souhaitais, ensuite lors du 4e et 5e round (et dernier round en Kickboxing) je continue à garder de la vigilance, je reste prudent… Quand la 5e reprise est finie, je vais vers mon entraîneur et il est vraiment heureux pour moi, de la tournure qu’ont pris les événements. Mon bonheur, c’est quand je peux le voir satisfait, quand j’ai fait du bon boulot. Je suis fier de ma prestation. Le combat se termine bien, mon adversaire tente un peu d’emballer la rencontre, je lève directement les bras, le titre est conservé. La décision ne fait pas de doute. Mission accomplie !

Pour que le combat soit parfait, j’aurais aimé mettre davantage de rythme en fin de partie, accélérer un peu plus les choses, provoquer la fin du combat plus tôt, j’en avais les moyens. Il est vrai que je n’ai pas une autosatisfaction naturelle, je ne suis pas lucide tout de suite après l’effort. Je comprends que j’ai fait de belles choses après, en coulisses, quand des références du milieu, des spécialistes me félicitent. Passé le protocole, les photographes… je pense désormais, à la suite et au prochain combat…

CYRIL

Avec la participation de Jérémy Haumesser

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