ZACK NANI : L’ESPORTAINEMENT EST L’AVENIR DE LA SCÈNE FRANCAISE

Après nous avoir raconté la chute de la série Call Of Duty et de son esport, Zack Nani retrouve beaucoup d’espoir quand il pense au reste de la scène française. Il nous parle de ce qu’il estime l’avenir du jeu-vidéo compétitif, l’esportainment.
Zack Nani
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Les progamers ont beau être le coeur de l’eSport , ils ne sont pas les seuls à faire rayonner nos disciplines préférées. Plongez dans les coulisses du sport électronique professionnel en découvrant les histoires de dirigeants, de coachs, du staff médical, des fans…

Après nous avoir raconté la chute de la série Call Of Duty et de son esport, Zack Nani retrouve beaucoup d’espoir quand il pense au reste de la scène française. Il nous parle de ce qu’il estime l’avenir du jeu-vidéo compétitif, l’esportainment. (Crédit Photo Une : DR).

Si je devais choisir un mot pour résumer ce qu’est la scène esport française, ce serait passionnant.

Tout dépend bien sûr du jeu. League Of Legends est très bien développé que ce soit avec le Challenge France, par des équipes françaises qui ont un très bon niveau (Vitality, Gamers Origin, Supremacy ou même Solary) ou au travers des LAN bien organisées et mises en avant par d’excellents streameurs et casteurs.

L’investissement de certaines structures non endémiques comme les clubs de football qui permettent de toucher d’autres fans ou des marques issues du secteur bancaire ou automobile est aussi une preuve du bon développement. C’est une nouvelle façon de créer un lien avec la réalité, je pense par exemple à ce que fait l’équipe Rocket League de Vitality avec Renault.

De façon globale, nous sommes sur la bonne voie en France quand je vois tous ces événements esport souvent remplis même si quelques points sont perfectibles.

L’ESPORT DOIT CONSERVER SON ADN

Il y a quelques années, je faisais beaucoup de comparaisons avec le sport, et ça m’énervait qu’on me dise que l’esport n’en était pas un. Je ne voyais pas de différence avec certaines disciplines comme les fléchettes ou les échecs.

Finalement, à quoi ça sert d’être catalogué comme un sport ? S’il y a plein de parallèles à faire, que ce soit du côté des joueurs (préparation mentale, entraînement, gestion de la compétition) ou des compétitions qui ont souvent repris les codes de certaines institutions sportives (l’Overwatch League qui est proche de la NBA), il faut vraiment que l’esport ne perde pas son ADN.

Après, je différencie ce qui peut se passer au niveau législatif car ce rapprochement avec le sport peut être important pour la professionnalisation des joueurs (contrat, visa, protection sociale) et pour les organisateurs d’événements. Mais dans la perception des gens et identitairement parlant, il faut une vraie séparation entre sport et esport.

Même si c’est toujours énervant de voir tous les détracteurs de l’esport avec leur vision ultra simpliste, on a bien avancé culturellement ces dernières années et je pense que d’ici quelques années l’esport sera vraiment accepté comme une pratique sérieuse.

Il faut également cultiver cette différence dans la diffusion sur les médias en ne voulant pas à tout pris venir sur la TV par exemple. Les postes importants dans l’audiovisuel sont occupés par des cinquantenaires qui ne savent pas prendre de bonnes décisions sur le sujet, car ils ne connaissent pas vraiment les fans d’esport. De plus, je ne suis pas sûr qu’une diffusion d’un match de LoL sur TF1 amènerait beaucoup plus de personnes : les consommateurs d’esport ont déjà délaissé ce type de média et ceux qui regardent la TV n’entrent pas dans la cible.

Il est mieux pour nous de rester sur Twitch ou YouTube qui d’ailleurs portent un peu le côté accessible à tout le monde avec cette absence de droits. Ne pas payer pour regarder de l’esport, c’est aussi une part de son ADN, mais peut-être que ce ne sera plus le cas d’ici quelques années.

Ce qu’il faut pour que l’esport grandisse, c’est surtout du temps. Comme pour le football par exemple, on aime car nos parents nous ont emmenés voir un match, on en parle avec nos amis, etc.. C’est ce qui va aussi se passer d’ici quelques années pour l’esport.

 

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PENSER AU JEU ET AUX CONTENUS AVANT DE VOULOIR DÉVELOPPER SON ESPORT

Aujourd’hui, il est primordial que les éditeurs aient un vrai raisonnement à l’endroit. Ce qui fait acheter un jeu est sa qualité et la bonne communication autour. Ce qui fait rester les gens, ce sont les contenus créés par les influenceurs et une bonne scène esportive.

Certains l’ont compris comme Riot Games qui ont créé un excellent jeu, mais ils n’ont pas oublié de le faire vivre tous les jours avec des matchs LCS, des vidéos des highlights qui sortent dans la foulée des rencontres, des changements dans le jeu quasi-hebdomadaire…

À l’inverse, FIFA est un peu une anomalie. C’est déjà l’un des rares titres à avoir un plafond de verre dans l’esport : le vrai football. C’est sans compter sur l’instabilité de la série qui sort un opus chaque année, ce qui rend le gameplay différent tous les 12 mois. Mais FIFA est soutenu par les annonceurs alors que le nombre de vieweurs n’est pas énorme, que la qualité du jeu est questionnable et que la communauté qui y joue a un vrai désamour pour celui-ci. Tu peux faire les plus beaux tournois sur des plateaux TV flambants neufs, mais si ton jeu n’est pas de qualité et aimé par sa communauté, ça ne pourra pas marcher.

On peut d’ailleurs faire une comparaison avec ce qu’il se passe dans le sport. J’ai souvent entendu certains acteurs de disciplines plus confidentielles dire que si leur sport ne marchait pas, c’est parce qu’il n’était pas médiatisé. Pour moi c’est l’inverse, si ce n’est pas médiatisé c’est que ça n’en vaut pas la peine. Je pense que les gens ne sont pas des consommateurs idiots.

EN ROUTE VERS L’ESPORTAINMENT

Pour moi, l’avenir n’appartient plus aux jeux qui coutent 60/70 euros, mais plutôt au free to play comme Fortnite ou LoL.

Ce qui convient parfaitement à un phénomène national très présent en France : la présence d’un nombre énorme d’influenceurs sur les jeux-vidéos. Nous étions l’un des seuls pays à avoir eu beaucoup de Web TV et c’est comme ça que ce culte de la personnalité des streameurs s’est développé en France.

Les éditeurs doivent aujourd’hui en profiter pour mettre en avant ces influenceurs qui jouent à leur jeu. Pour reprendre l’exemple de League Of Legends, il y a 3 jours de compétition par semaine pendant les LCS. Il faut donc combler ces 4 jours avec les contenus créés par les influenceurs.

Cette cohabitation des deux crée l’esportainement qui est le point de rencontre entre la scène esportive et le monde de l’entertainment représenté par les influenceurs.

Il ne faut pas sous-estimer l’importance de l’éditeur dans un tel choix. Pourquoi Fortnite a atteint son record de joueurs il y a un mois ? Car son éditeur Epic Games a permis aux influenceurs d’avoir sans cesse de nouveaux contenus à créer et a investi massivement sur l’esport.

C’est un mix savant à mettre en place qui permettra aux jeux d’être au sommet pour de nombreuses années.

 

ZACK

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