XTQZZZ : LE CASTEUR DOIT TRANSMETTRE SES ÉMOTIONS AUX VIEWEURS

Alors qu’on vient d’apprendre qu’ESL TV France n’émettra plus pour commenter du CSGO, nous avons eu le plaisir de rencontrer XTQZZZ mythique casteur qui s’est illustré par ses analyses pointues avec son compère Zuper. Il vous fait entrer dans la tête d’un casteur, entre vision du métier, qualités à avoir et rapport avec son audience.

Rémy Quoniam – Casteur

Counter Strike Global Offensive : #ESL France  #Ancien Melty, Red Instinct, Katrina, Mistral.EGG, Remake, Webspell.

Les pro-gamer sont souvent imperméables à toute communication avant que la compétition ne soit terminée. La rubrique « Dans la peau » permet aux joueurs de partager avec vous ces moments secrets et déterminants qui forgent la réussite de leurs projets.

Alors qu’on vient d’apprendre qu’ESL TV France n’émettra plus pour commenter du CSGO, nous avons eu le plaisir de rencontrer XTQZZZ, mythique casteur qui s’est illustré par ses analyses pointues avec son compère Zuper. Il vous fait entrer dans la tête d’un casteur, entre vision du métier, qualités à avoir et rapport avec son audience. (Crédit photo Une: ESL France)

Counter-Strike, c’est d’abord une aventure sur les serveurs. Que ce soit comme coach, IGL* ou simple joueur dans le subtop français. Mais à un moment, j’ai fait le choix de ne pas continuer pour revenir dans la vie civile et me trouver un métier plus classique.

*Leader In Game

J’ai alors commencé à vivre chez ma copine qui avait la fibre. Petit détail important, car cette bonne connexion internet m’a permis de streamer les petites équipes françaises. J’avais toujours eu cette frustration dans le passé de ne pas pouvoir regarder ce subtop en action, et j’ai donc décidé de m’en charger.

Millenium m’a alors repéré et m’a demandé de participer au cast de la qualification pour l’ESWC avec HaRts dans les locaux de Webedia. C’était une sacrée opportunité, même si je n’avais jamais eu pour ambition d’être un casteur professionnel. Après cette expérience j’ai reçu un appel de Zuper pour que je le rejoigne commenter les IEM d’Auckland.

Un contact rendu possible par HaRts qui est proche de Zuper. J’ai alors découvert des moyens très pros mis en avant par ESL et je ne suis plus parti depuis.

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LE CASTEUR, UN VECTEUR D’ÉMOTIONS

Pour devenir casteur, il faut une passion importante pour la compétition, pour CS, mais aussi pour le relationnel.

Tu es là pour raconter comment tu vis un match. Si je suis plus dans l’analyse c’est tout simplement parce que c’est comme ça que je vis les parties du jeu.

C’est pour ça que le binôme qui commente doit être complémentaire. Je suis fan de sport et je trouve qu’il est nécessaire de s’inspirer de ce qu’ils font : une personne en charge de la partie technique et l’autre destinée à faire de l’entertainment.

Naturellement, nous nous sommes partagés les rôles avec Zuper. J’avais la crédibilité pour l’analyse et lui pour transmettre toutes ces émotions.

Ce qui amène à une autre obligation pour moi, celle de ne pas tricher. Si un match est pourri, on pourrait être tenté de rester trop professionnel et de continuer à vendre celui-ci. Je n’ai pas honte de dire que je ne le fais pas, si c’est nul il faut le faire savoir.

Certains casteurs essayent d’être top sérieux, au millimètre dans leur propos. Ils ne dégagent ainsi pas l’émotion nécessaire paraissant trop robotisés.

Une partie, c’est une histoire. Chacun la raconte comme il le souhaite. Pour ma part j’insiste beaucoup sur les rounds comme si j’étais un joueur ou un coach. Imaginons qu’une team ait pu prendre un BP ou réaliser une exécution particulière. Quelques rounds après quand ça ne marche pas, ou durant une pause tactique, je vais à nouveau en reparler pour en faire la review et imaginer les possibles suites du match grâce à ça.

Mais certains matchs peuvent être compliqués à ce niveau, notamment ceux où l’écart de niveau est trop important entre les deux équipes. On se doit de rester intéressant pour les viewers, on va alors être dans la supposition de ce que doit faire l’équipe qui se fait écraser.

LES PRÉ-REQUIS D’UN CASTEUR

Il ne faut jamais oublier que nous évoluons dans une communauté de quasi-puristes. Le public ne te ratera pas sur des erreurs bénignes comme des problèmes de langage ou l’utilisation d’une mauvaise statistique. Ce n’est d’ailleurs pas propre à CS, mais c’est commun dans tout l’esport.

Si tu ne connais pas très bien ton sujet, les viewers vont le sentir et fuir de ta chaîne en moins de 2 minutes.

Pendant quelques années, le cast français pouvait se faire critiquer notamment en comparaison de ce qui se passe à l’étranger. On pouvait lire des « pourquoi vous allez voir le cast fr, les anglais sont plus pros en faisant vivre plus d’émotions et avec une production optimale.. ». Mais aujourd’hui je pense que nous sommes largement à la hauteur.

Il y a aussi un débat que nous avons en interne, celui de devoir parler aux puristes et à ceux qui s’intéressent au jeu depuis peu de temps. Comme nous sommes sur Twitch, la grande majorité reste connaisseur et nous devons les privilégier. C’est à Zuper de parler par moment de façon plus simple pour ne pas oublier ces nouveaux vieweurs. Sur les événements grand public comme la Paris Games Week, nous allons adapter nos termes à notre audience pour faire découvrir au maximum CS à des gens moins habitués.

La communauté est particulière, c’est pour cela que nous ne regardons pas les commentaires du chat pendant un match. Ça pourrait nous perturber et nous faire rater des actions. Mais aussi c’est parce qu’il y a de tout dans un chat : des gens qui sont là pour t’insulter comme des personnes qui ont envie de bien communiquer. Ces derniers méritent qu’on leur consacre du temps et c’est pour ça que lorsque je ne cast pas ou quand nous sommes entre deux maps, je viens leur répondre directement sur le chat.

Pour revenir sur les insultes, les plus dures restent celles sur ton physique. Je n’étais pas prêt à ça quand j’ai commencé. Mais maintenant quand je parle à des gens qui débutent, je leur dis que s’ils se font critiquer sur ça c’est plutôt bon signe. Ça veut dire que vous êtes bon et qu’ils ne savent plus quoi dire pour vous critiquer.

Faze - G2 ESL Pro League S8 commenté par XTQZZZ et Zuper

UN MONDE QUI SE PROFESSIONNALISE, MAIS QUI ATTEINT CERTAINES LIMITES

Aujourd’hui, j’ai suffisamment d’expérience pour ne pas avoir besoin de préparation spécifique avant un cast. C’est peut-être une erreur, mais je fonctionne plus au feeling.

Après quand il s’agit d’équipe moins connues comme lors des ECN, je m’informe au préalable sur leurs performances récentes. Mais pour les autres compétitions que j’ai pu faire (IEM, Pro League, ESL One), j’ai souvent vu les équipes jouer plus de 40 fois dans l’année. Je connais leurs jeux, leurs strats, leurs habitudes.

Il faut quand même un investissement permanent. J’ai toujours été passionné par la tactique collective donc ce sont des tendances que je regarde naturellement notamment au travers de match que je ne cast pas. Ça pourrait occasionner un burnout lié à trop de CS, mais j’ai besoin de rester au courant de ce qui se passe pour toujours pouvoir expliquer les tenants et aboutissants d’une situation en plein match.

Notre professionnalisme s’explique par notre pratique, en nombre d’heures c’est colossal. Une saison de Pro League c’est minimum 200 heures de cast pour Zuper et moi sur quelques mois.

Qui dit professionnel, dit objectivité pour moi. Je n’ai jamais cherché à être subjectif notamment quand les joueurs français sont concernés. Ce n’est pas mon rôle, mais celui qui s’occupe de l’entertainmeint. Je suis dans l’analyse et dans ce domaine j’estime que si je ne parle que des français pendant une partie, ce serait un manque de respect pour l’équipe adverse. On est bien sûr pour la victoire des G2, Vitality ou LDLC, mais ça ne veut pas dire qu’on ne peut pas s’enflammer pour une belle action de leur concurrents.

Il y a suffisamment de chauvins dans le chat pour remplir ce rôle.

Le bilan est donc très positif pour le cast français sur CS que ce soit chez ESL ou chez 1PV. La seule évolution possible est d’être désormais sur place avec le public. Ça nous permettrait de transmettre des émotions plus rapidement, mais aussi de gagner de l’expérience au contact de la pression d’un public.

Mais notre jeu reste international, et ça parait extrêmement compliqué de l’envisager à part sur des événements en France.

Si je devais donner un dernier conseil à un jeune qui souhaiterait se lancer, je lui dirais d’être extrêmement patient. Le milieu français va bouger ces prochaines semaines et ça risque d’être assez fermé.

L’important pour lui sera de montrer sa passion et son envie de transmettre.

Si c’est juste pour avoir un semblant de notoriété, il ne fait pas le bon choix.

XTQZZZ

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