WIPR : METTRE MA SCIENCE DU JEU AU SERVICE DE VITALITY

Dans le monde de CS GO, l’analyste est un rôle qui reste dans l’ombre des joueurs. Alors que le Major est sur le point de débuter, WiPR est venu se confier sur sa nouvelle mission au sein de l’équipe française Vitality qui porte les espoirs de nombreux fans : entre vision sur la structure & la line-up avant son arrivée et explication sur son travail quotidien. 
WIPR Vitality
(c) ESL France

Renaud “WiPR” Malfait – Analyste

Counter-Strike Global Offensive : #Team Vitality #Ancien caster

Les progamers ont beau être le coeur de l’esport , ils ne sont pas les seuls à faire rayonner nos disciplines préférées. Plongez dans les coulisses du sport électronique professionnel en découvrant les histoires de dirigeants, de coachs, du staff médical, des fans…

Dans le monde de CS GO, l’analyste est un rôle qui reste dans l’ombre des joueurs. Alors que le Major est sur le point de débuter, WiPR est venu se confier sur sa nouvelle mission au sein de l’équipe française Vitality qui porte les espoirs de nombreux fans : entre vision sur la structure & la line-up avant son arrivée et explication sur son travail quotidien. (Crédit photo Une : ESL France).

Vitality.

La plus grosse structure française, présente sur de nombreux jeux phares de l’esport, avec ses sponsors prestigieux et sa visibilité sans égale en France.

Leur décision d’investir dans Counter-Strike Globale Offensive était attendue, c’était d’ailleurs le chaînon manquant dans notre scène nationale, car les organisations françaises sur le jeu étaient peu nombreuses.

Aux premiers abords, j’ai pu avoir quelques doutes sur le fait de voir des joueurs expérimentés qui se fréquentaient depuis longtemps pour composer cette première line-up. On avait cette impression d’équipe un peu par défaut, contrebalancée par la présence du phénomène Zywoo. S’il n’y avait aucun doute qu’il allait rejoindre une top team après l’obtention de son bac, le voir intégrer une team tricolore était vraiment réjouissant. Et l’arrivée d’ALEX a pu amener une sorte d’équilibre attendu.

D’un point de vue tactique, c’est assez compliqué de donner un avis sur leur style de jeu avant mon arrivée. On y voyait une certaine dépendance à Zywoo même si ce n’était pas forcément un problème, on peut voir des top teams comme FaZe ou NaVi avoir cette particularité aussi. Leur jeu était structuré sur une grande partie du map-pool, ce qui est plutôt rare pour une équipe aussi jeune. Zywoo faisait et fait toujours une différence énorme, mais c’est essentiellement par son talent individuel, et non pas par des stratégies qui le mettent en avant.

VITALITY, UN PARFUM FAMILIER

Quelques mois après la formation de l’équipe, j’ai pu avoir la proposition de rejoindre ce projet ultra intéressant : travailler avec une team prometteuse, dans le top mondial et qui pourrait à l’avenir titiller le top 10. J’avais déjà eu quelques expériences avec des structures de niveau inférieur, mais là c’était le plus haut-niveau possible. Je ne pouvais pas prétendre à plus, c’est une sorte d’accomplissement professionnel.

Rallier Vitality, c’était aussi retrouver mes anciens collègues de chez ESL TV, Alexandre (Zuper) et Rémy (XTQZZZ). Nous sommes sur la même longueur d’onde et notre expérience commune allait faciliter mon travail. J’apprécie d’ailleurs la façon dont Rémy fait preuve de caractère dans son nouveau rôle. Il est différent de moi sur ce sujet, c’est pour ça que je ne pourrais jamais vraiment m’estimer comme un coach, car je ne suis pas capable d’imposer certaines choses ou de lever le ton. Il possède cette facette essentielle de ce métier si particulier.

Alexandre de son côté était déjà un peu le manager de tous les casters à l’époque d’ESL, toujours à se plier en quatre pour s’assurer que l’équipe de commentateurs soit dans les meilleures conditions possibles pour travailler. Il est tellement professionnel, parfois même trop dans le sens où il se torture régulièrement l’esprit pour s’assurer que tout fonctionne comme prévu.

Mon avis sur les joueurs n’a pas forcément évolué depuis que je suis sous les couleurs de Vitality. Ils sont en général assez honnêtes en interview et ne changent que très peu leur personnalité face aux médias. J’ai suivi la plupart d’entre eux depuis des années, je n’ai donc pas été surpris. C’est pareil niveau ingame, le seul que je découvre un peu plus est Zywoo même si j’avais déjà pu essayer de l’antistrat lorsque je travaillais pour d’autres teams et que lui évoluait chez AAA. À l’époque de MaxiSaucisse /ARES, on me demandait souvent à quoi fallait-il faire attention chez l’équipe adverse dans un round basique.

Ma réponse commençait régulièrement par « Zywoo » avant d’ajouter quelques détails.

UN PETIT EXEMPLE DU TRAVAIL D'ANALYSE AVANT SON ARRIVÉE CHEZ VITALITY

ANALYSTE OÙ L’ART DE DÉCORTIQUER LES ADVERSAIRES POUR LE BIEN DE NOS JOUEURS

Mon rôle d’analyste est simple : lorsque notre équipe arrive sur le serveur, elle doit être préparée stratégiquement et avoir une certaine idée de la façon dont jouent nos adversaires.

Le plus gros de mon travail consiste donc à étudier les tendances des autres équipes sur leurs maps préférentielles. Cela passe donc par du visionnage de matchs afin de tirer des tendances globales sur leur jeu (passif, agressif, rapide, structuré ou non), mais aussi par la recherche de la petite bête qui pourrait avoir une influence en cours de match. Ça peut par exemple être le fait de déceler qu’une smoke est lancée à tel endroit et tel timing et exploiter cette phase pour prendre l’avantage.

J’ai aussi quelques retours spécifiques à faire pour ApEX et ALEX qui me posent certaines questions générales pour chaque map. Leurs rôles sont particuliers chez Vitality, car ils ont la possibilité individuellement de prendre des décisions risquées. C’est à moi en partie de leur donner des informations pour mesurer ce risque. À l’inverse, RPK et Zywoo sont davantage dirigés dans un trio avec NBK, qui en tant que capitaine, a déjà accès à toutes les données relatives à l’antistrat.

Récemment, j’apporte aussi mon aide pendant les débriefs de matchs officiels en proposant un montage vidéo d’une dizaine de minutes. Cela nous permet de revenir concrètement sur les rounds et les situations particulières que nous aurions pu mieux gérer. Ce genre de procédés permet de provoquer la discussion entre les joueurs et de régler certains problèmes stratégiques. J’ai cette particularité de maitriser ces montages et de proposer un rendu vidéo unique. En général, les autres équipes procèdent par écrit et ce n’est pas vraiment parlant pour les joueurs qui doivent tout resituer de tête. C’est particulièrement utilisé dans le sport traditionnel.

Mais avec l’arrivée prochaine du Major, je suis obnubilé par l’antistrat. Ce retour n’est qu’à destination de notre coach et notre capitaine, ce sont à eux d’aviser des informations à communiquer aux autres joueurs.

Pour le moment, mon travail d’anti-strat se base à 100 % sur les replays de matchs officiels. Aujourd’hui, il existe quelques outils permettant de consulter tout un tas de statistiques vis-à-vis de nos adversaires, mais j’estime leurs utilités plutôt variables. Toutes ces statistiques ont leurs origines directement en jeu et même si cela peut faire sens dans le futur, nous avons d’autres priorités avec l’équipe, notamment celui de solidifier notre propre style. Les statistiques c’est un bonus lorsque tout est mis en place.

Illustrer mon travail avec des exemples concrets est assez compliqué. L’analyse est parfois une tâche assez frustrante, car une grosse partie de ce que je fais peut ne jamais servir. Sur le cas des BO1, les vetos peuvent dans certains cas finir sur 3 ou 4 cartes différentes, qui doivent toutes être préparées, alors qu’une seule sera jouée. De la même manière, si une équipe n’a pas beaucoup de matchs récents, tout ce que je peux déceler dans son jeu peut avoir changé au moment de les affronter et certaines tops- teams renouvellent très régulièrement une partie de leur plan de jeu pour rester imprévisibles.

Pour finir, c’est souvent compliqué d’appliquer à la perfection ces techniques d’antistrat. L’un des messages que j’avais pu faire passer lors de notre match éliminatoire contre Valliance en Minor, était leur propension à sortir des dingueries : traverser des smokes, utiliser le lurk à outrance… Il fallait prendre notre temps sur les rotations en s’attendant à des coupes de leur part, mais même avec ces instructions appuyées, beaucoup de rounds se sont passés dans le sens de Valliance, car ils vont toujours plus loin. Même avec de la préparation, une fois en jeu dans le feu de l’action, certaines choses peuvent échapper à tout contrôle.

UN STATUT À OBTENIR AU MAJOR

Après un parcours du combattant pour accéder au Major entre les qualifications ouvertes, le close qualifier et le minor, les choses sérieuses vont commencer. Nous avons le potentiel pour accéder à ce Top 16 et nous pouvons peut-être compter sur le mercato qui a fragilisé certaines grandes équipes même si nous avons nous-mêmes fait un changement récemment.

Ce nouveau format avec un système d’ELO plus équitable et l’arrivée d’un plus grand nombre de matchs en BO3 devraient nous servir à éviter les petits accidents que nous avons encore lors des rencontres sur une map. Nous allons également jouer des équipes qui ont un CS que nous connaissons mieux, c’est le terrain parfait pour obtenir une performance reconnue de tous.

Réussir un beau Major, c’est s’assurer d’un statut différent de celui que tu peux acquérir online et c’est une fenêtre pour obtenir des invitations à de nombreux événements. Pour autant, je n’enlève rien à ce parcours sur le web, c’était difficile, mais nécessaire pour forger notre jeu et notre mental. Des équipes prestigieuses comme les brésiliens de MiBR sont passées par toutes ces étapes successives sur plusieurs années avant de se tailler une place incontestable dans le top mondial.

Je fais tout mon possible de mon côté, en mangeant démos sur démos pour que ce travail serve à faire la différence lors des moments importants.

Le moment venu, j’espère que ces détails feront la différence.

WiPR

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