Rugby – Romain Sazy/Matthias Haddad – Pourquoi pas nous ?

A quelques heures de la finale de Champions Cup du Stade Rochelais, retrouvez l’entretien croisé entre Romain Sazy et Matthias Haddad.
Matthias Haddad et Romain Sazy au plaquage sur Yoann Maestri, deuxième-ligne du Stade Français, le week-end dernier. [Image Stade Rochelais].

L’Apivia Parc s’est depuis quelques minutes transformé en cours de récré. Les équipes de jeunes du Stade Rochelais y débutent bruyamment leur échauffement, tandis que se présentent devant nous le papa et le minot de l’équipe première. Romain Sazy, 2e ligne de 35 ans, est le moins jeune de l’effectif, et celui qui porte les couleurs Jaune et Noir depuis le plus longtemps. Matthias Haddad, 3e ligne de 21 ans, est un gamin de La Rochelle, qui connait ses premiers mois au très haut niveau. Si bien qu’il débutera la finale de Champions Cup contre le Leinster, cet après-midi – Sazy sera remplaçant. Ils se sont prêtés, pour Sans Filtre, à cet entretien croisé.

retrouvez la fiche de Romain Sazy ICI et celle de Matthias Haddad ICI

Matthias Haddad – J’ai vu le club grandir à vitesse grand V

LE PLUS JEUNE ET LE…MOINS JEUNE

Matthias Haddad. J’avais neuf ans quand Romain a commencé au club. J’ai commencé en 2007, à 6 ans, à La Rochelle. A ce moment-là, ça m’intéressait, ça me tentait bien. 

Romain Sazy. Imaginer (vivre ce que vit le SR), peut-être pas. Mais de l’ambition, toujours, chaque saison. C’est sur que c’était un contexte différent, un club en structuration. Maintenant, ce n’est plus le même club, c’est une évidence. 

M.H. Quand j’étais petit, je me rendais moins compte. Pour moi, les matches de ProD2 c’était déjà énorme ! J’appréciais aller les voir. J’ai vu le club grandir à vitesse grand V. Donc oui, tu te dis : « pourquoi pas nous ? ».

R.S. Matthias est un garçon qui est plein d’envie, spontané. Il donne beaucoup, il n’économise pas. C’est la qualité d’un bon joueur de rugby, tout donner, et c’est le principal.

M.H. Romain est quelqu’un avec qui tu peux partir à la guerre. Il fédère beaucoup autour de lui et je pense qu’il peut t’emmener un groupe très loin, la preuve ces deux dernières années. C’est quelqu’un de très important pour un groupe, pour construire quelque chose de très grand avec le club.

R.S. Matthias est très respectueux. A partir de là, c’est plus facile de poser les bases. C’est quelqu’un de très simple, très gentil, très sociable. 

Romain Sazy – Construire dans les ressources internes

M.H. Moi je dirai d’abord homme à tout faire parce que Romain peut vraiment tout faire, je ne suis pas inquiet là-dessus. Il n’a pas que le rugby dans la palette. C’est un super bon mec, sportivement mais aussi humainement incroyable. Il me fait aussi beaucoup rire. Je pense que le groupe vit bien, et c’est grâce à des leaders comme « Saz ». C’est important de conserver une bonne énergie comme ça. 

R.S. C’est un profil longiligne, un athlète, à l’image d’anciens comme (Yannick) Caballero qui ne faisait pas 100kg mais qui était un terrible joueur. Il y a de la place pour tout le monde dans le rugby, le poids ne fait pas tout.

UN COCKTAIL ENTRE JEUNES ET EXPERIMENTES 

M.H. Par l’intermédiaire de la formation de l’académie – notamment Antoine Praud – je pense qu’il y a vraiment quelque chose de très prometteur. L’Apivia Parc est un super centre de performance pour les jeunes, j’ai pu y goûté et cela m’a énormément aidé. On a le résultat, avec de plus en plus de Rochelais sélectionnés en Jeune. 

R.S. Les jeunes, c’est l’objectif du club. C’est construire dans les ressources internes, éviter d’aller les chercher ailleurs. C’est l’axe de développement d’un peu tous les clubs en ce moment en France.

Matthias Haddad – Un objectif commun, remporter des titres

M.H. (L’intégration). On essaie de se faire petit, d’écouter les conseils des grands. Le plus important, c’est de faire les preuves sur le terrain, c’est là où tu gagnes le plus le respect. Maintenant, avec un groupe avec des leaders comme on a, c’est simple de s’intégrer. Ils sont énormément ouverts, c’est ce qui fait notre force.

On a des valeurs qui prônent le respect, la solidarité, l’engagement, mais surtout l’humilité. Depuis le plus jeune âge, on nous inculque et renforce cette notion d’humilité. C’est en gardant ces valeurs-là que je me construis en tant que joueur de rugby, et en gardant les pieds sur terre. Après, quand tu commences à gonfler un peu, tu as les anciens pour te redescendre (rire). Même l’entourage, en général.

R.S. C’est le bon mélange entre les anciens, les jeunes, et des joueurs qui viennent de plusieurs centaines, voire milliers de kilomètres. Cela créé une osmose, et la puissance du groupe, ça a toujours été ça. Au-delà de la provenance, de l’âge, c’est surtout la somme, l’addition de bons mecs qui vont dans la même direction. 

M.H. On a un objectif commun, celui de remporter des titres. Maintenant, on se bouge le cul pour le faire.

LE RAPPORT AU PUBLIC

R.S. Je pense qu’on est privilégié d’avoir un public comme ça. C’est unique en France, c’est sûr. La fidélité, la ferveur, quoi qu’il arrive ils sont toujours présents. Demandez à tout joueur de rugby : jouer dans un stade plein, qui pousse, forcément que c’est plaisant et c’est ce qui est recherché. L’avoir ici, dans un cadre fabuleux – le stade est parfait, à l’image de notre équipe – ça colle parfaitement.

Romain Sazy – Ca va être fabuleux

M.H. A chaque fois que je vois du jaune et noir, ça me donne une motivation supplémentaire. On ne joue pas que pour nous, pour l’équipe, on joue pour tout un club, une communauté rochelaise et même au-delà. Forcément, tu te dois de respecter tout ce monde en te donnant à 200% sur le terrain. Parfois, quand tu as un coup de mou et que tu entends un peu : « ici, ici, c’est la Rochelle ! », tu repars de plus belle.

R.S. Forcément, on espère voir le plus de jaune et noir dans les tribunes samedi (aujourd’hui). On tombe contre une équipe irlandaise, on espère voir le plus de supporters rochelais voire français qui supportent La Rochelle. Ca va être fabuleux. On connait déjà, on a eu cette expérience en 2017, on a hâte de revivre un moment pareil en espérant une issue favorable.

FINS DE CARRIERES, FIN DE SAISON FAIM DE TITRES

M.H. C’est des machines, ils sont fidèles à eux-mêmes. Ils se donnent à 100% comme ils l’ont fait tout au long de leur carrière. C’est un moment très important de la saison, ils montent encore plus le curseur. C’est génial pour l’équipe, ça tend vers l’excellence et c’est ce qu’il faut pour remporter des grands matches.

R.S. Ils font partie du groupe depuis maintenant plusieurs saisons, ils ont tellement apporté. C’est sûr que c’est dur de voir des joueurs de ce gabarit là arrêter. Forcément, ils ont à cœur de terminer sur une bonne note. On fera tout pour des mecs comme eux. Concernant leurs performances, c’est vrai que dernièrement, ils sortent vraiment du lot. Je pense à Victor, qui retrouve une deuxième jeunesse, tant mieux ! On est très content qu’ils nous apportent ce plus sur cette fin de saison.

Matthias Haddad – On doute toujours, chaque saison

M.H. (L’hypothétique prolongation de Vito) On en parle entre nous pour rigoler, mais on sait très bien que c’est un choix au-delà du rugby. Il y a la famille qui entre en jeu, il ne faut pas oublier qu’on est des humains, qu’on a une vie à côté. Il faut respecter son choix. Après, c’est vrai que ça va faire du mal au groupe de perdre des gars comme eux.

R.S. Jusqu’à maintenant, je pense qu’on a été plutôt solide à domicile. On a eu des faux pas à l’extérieur, où on aurait du prendre des points. On est toujours resté dans le ventre mou du Top 14. Après, en Coupe d’Europe, je trouve qu’on a eu des prestations plus abouties, des victoires à l’extérieur comme celle à Glasgow qui ont donné de l’énergie au groupe. Après, le principal sur la saison, c’est surtout de bien la terminer (sourire). On a eu des expériences où on était très bien sur la saison, et où on est tombé en demi-finale. Donc on va aller jusqu’au bout, comme tout le monde le souhaite. On a vraiment envie de gagner ce premier trophée.

M.H. Je pense qu’on doute toujours, chaque saison. Cela fait partie du quotidien de sportif de haut niveau, de toujours se remettre en question, tous les week-ends. Cela fait partie du jeu.

LES RETROUVAILLES AVEC LE LEINSTER

R.S. (La demie européenne en 2021). Ca remonte, on a encore quelques souvenirs mais les saisons sont différentes. L’équipe est différente, je pense que nous non plus nous sommes plus les mêmes qu’il y a quelques mois. On joue sur les deux tableaux, on est en finale de Coupe d’Europe et on cherche la qualif en Top 14. On va jongler entre les deux. C’est comme ça… On aurait pris plus de points, on aurait pu être assurés et plus tranquilles pour le préparer. Il faut faire avec.

Le Leinster est une équipe internationale, avec d’énormes individualités. Ils ont un rugby très propre, fait de mouvements, ils mettent beaucoup de pression sur l’adversaire.

Romain Sazy – Favori, pas favori, c’est anecdotique

M.H. (Josh Van der Flier, son vis-à-vis) est un super joueur, une pile électrique. Il enchaine énormément de tâches, c’est un exemple à l’échelle mondiale. C’est toujours un plaisir de jouer contre des joueurs de ce calibre-là. J’aimerai vraiment faire partie de cet évènement, pour pouvoir grandir en tant que joueur.

R.S. Ca fait maintenant cinq ans, juin 2017 (la demie de Top 14 au Stade Vélodrome). Forcément, on en garde quelques souvenirs, même si sur la fin du match ça a été plutôt triste et difficile à encaisser au vu de la saison qu’on avait réalisé. C’est un match de phase finale. On est monté d’un étage, c’est une finale de Coupe d’Europe. Des prétextes, on en a plein. On se servira des leviers qu’il faut pour aller gagner ce match. Le contexte, on le connaît, on aura hâte de déjouer les pronostics. Après, ça reste une finale : favori, pas favori, honnêtement, c’est anecdotique.

retrouvez notre interview croisée de Tawera Kerr-Barlow et Ihaia West ICI

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