Rétro 2020 : Sans Filtre revient sur la prise de pouvoir de la jeunesse en 2020. Aujourd’hui, les baby-bleus qui ont fait le nouveau du XV de France.
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Rétro 2020 : Antoine Dupont et Romain Ntamack ont pris les clés du camion
Ils étaient tellement désespérant que ça en devenait presque amusant. On se demandait si le prochain match du XV de France serait encore pire que le précédent. Si les Bleus pouvaient encore tomber plus bas. Au moment d’aborder 2020, un peu d’espoir mais pas de façon déraisonnable. D’ailleurs les Anglais rigolent, nous marchent dessus, par l’intermédiaire de leur sélectionneur Eddie Jones, qui promet “l’enfer” aux jeunes Bleus. On est au mois de Février, le XV de France a connu un grand bouleversement, avec la prise de fonction de Fabien Galthié. Et un effectif largement remodelé. On ne donne pas cher de la peau des jeunes “Coqs” face au vice-champion du monde anglais.
Pourtant, 80 minutes plus tard, ce sont bien les Bleus qui lèvent les mains et signe de victoire, face à des Anglais désabusés. Qui ont même pris la marée pendant près d’une heure, avant de se rebiffer en vain en fin de match. Cinq match plus tard, les Français termineront 2e du Tournoi des VI Nations. Tout le monde aurait signé pour un tel résultat, pourtant à postériori, les Bleus peuvent nourrir quelques regrets. La défaite en Ecosse, sur le seul vrai match raté version 2020. Ce sera la seule défaite des Bleus, dans le temps réglementaire. Les Bleus, pourtant fortement remaniés, échoueront tout proche du trophée lors de “L’Autumn Nations Cup”. Les petits jeunes ont tenu tête à la grande Angleterre.
Le XV a retrouvé le “French Flair”
Un progrès marqué par de nouvelles ambitions dans le jeu. Un projet porté par deux “gamins” qui ont tout d’un grand. Romain Ntamack, par des passes souvent judicieuses, Antoine Dupont pour sa capacité à créer du rugby. Ces deux-là ont redonné vie au fameux “french flair”. Car, au delà des victoires qui se sont accumulées, le XV de France a brillé par sa capacité à envoyer du jeu. N’hésitant pas à jouer les coups à fond, redonnant vie au “jeu de mains”, avec un ballon qui vit sur toute la largeur du terrain. On peut citer pléiade d’essais magnifiques, comme le second de Charles Ollivon contre les Anglais. Romain Ntamack brille par son sang-froid au pied, avec des choix souvent victorieux, comme sur l’essai d’Anthony Bouthier contre les Gallois.
Or, la plupart des grands épopées des Bleus se sont faîtes quand ceux-ci étaient capable de pratiquer un grand rugby. La France n’a jamais eu l’ADN pragmatique d’une Afrique du Sud, capable d’attendre, d’encaisser pour mieux assassiner son adversaire. La France n’est pas et n’a jamais été une nation d’attente. Elle est une nation de création. Et ce retour au premier plan, se fait grâce à une charnière qui fait des bons choix. Cela fait tellement longtemps qu’on n’avait pas vu deux 9 et 10 aussi complémentaires en Bleu. Même s’il ne faut pas négliger le travail des avants… qui avancent de nouveau en cette année 2020.
Rétro 2020 : Les champions du monde U20 ont pris de la caisse.
Si Antoine Dupont ne fait pas partie, contrairement à Romain Ntamack, de la génération dorée des champions du monde U20 (2018, 2019), beaucoup de ces “baby-bleus” ont découvert le monde des grands. Si le Toulousain où même Demba Bamba ont connu le maillot bleu en 2019, d’autres ont connu leur première cape cette année. On pense à Jean-Baptiste Gros, Arthur Vincent, Louis Carbonnel, Pierre-Louis Barassi, Killian Geraci, Hassane Kolingar ou encore Cameron Woki. A cela on peut ajouter Sacha Zegueur, Mattis Lebel, Clément Laporte, Julien Delbouis et Donovan Taofifenua, appelés dans le groupe, sans connaître la première cape.
Les Bleus ont une génération dorée et a fait le choix de construire autour d’elle. Il convient aussi de féliciter le système des JIFF (jeunes issus de la formation française). En effet, depuis 4 ans, les équipes de top 14 et de pro D2 se doivent d’aligner en moyenne 15 JIFF sur la feuille de match. Cela donne automatiquement du temps de jeu à des jeunes qui auraient peut-être fait les frais d’une plus grosse concurrence. A un âge où il est ultra important d’accumuler du temps de jeu pour forger une précieuse expérience. La culture du banc pour apprendre est révolue. Bien entendu, il ne s’agit pas de griller les talents, en les lançant trop tôt trop fort dans l’arène. Mais cette génération est tellement talentueuse qu’on n’a pas le droit de les faire attendre. Fabien Galthié l’a parfaitement compris.
Etienne GOURSAUD