Nicolas “Styros” Douillez – Je suis content d’avoir pris le risque du stream

C’est LA référence des streamers/youtubeurs sur les jeux Pro Cycling Manager et Tour de France. Entretien avec Nicolas Douillez, alias Styros.
Styros est en train de réussir son rêve du streaming
Styros est en train de réussir son rêve du streaming

C’est LA référence des streamers/youtubeurs sur les jeux Pro Cycling Manager et Tour de France, Nicolas Douillez, alias Styros a une forte communauté sur les deux plateformes. Il propose divers contenus, comme des vidéos avec les différents modes des deux jeux. En parallèle, il stream tous les soirs. Avec le temps, il a acquis une belle notoriété, tout en restant très proche de ses followers. Ses streams sont basés essentiellement sur l’interaction. Depuis cette année, il a décidé de se lancer à 100% dans ce métier. Il nous raconte son univers, sa passion du cyclisme, mais aussi les à-côtés de son métier. Plongez dans la tête de Styros

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STYROS – AVEC LE TEMPS J’AI BEAUCOUP ACCROCHÉ À PRO CYCLING MANAGER

Depuis tout petit, je suis passionné de cyclisme, une passion qui me vient de mon père. J’ai vraiment commencé à suivre depuis 2009-2010 et grâce à Philippe Gilbert que j’ai mordu à l’hameçon. Il a fait son triplé ardennais en 2011 et il était au top.

J’ai découvert Pro Cycling Manager un peu plus tard que les jeux Tour De France. Je n’avais pas forcément de PC à la maison, mais une console en revanche. TDF, j’ai découvert dès le premier opus en 2011 et je n’ai jamais lâché. J’ai ensuite eu mon premier PC en 2013 et c’est à ce moment-là que j’ai découvert PCM. Au début, j’avais une préférence pour TDF, car PCM est un jeu, un peu comme Football Manager, où la gestion est très importante. Si tu ne connais pas le jeu, cela peut être un peu galère au début, mais avec le temps j’ai beaucoup accroché à PCM, car j’aime beaucoup ce genre de jeux. Je n’ai plus lâché le jeu.

QUAND J’AI COMMENCÉ, LE MONTAGE ÉTAIT TOTALEMENT INEXISTANT

Quand j’ai commencé les vidéos, le montage était totalement inexistant. Je mettais ma vidéo, je coupais le début et la fin mais c’est tout. Avec le temps, j’ai commencé à me dire que les gens ne voulaient pas forcément voir des vidéos d’une heure, sans aucun montage. J’ai appris sur le tas avec les cuts dans la vidéo. Après, ce ne sont pas des montages de fou, fait par des monteurs pro, mais le but est de rendre les vidéos dynamiques. Quand je me filme pendant une heure et demie, au final la vidéo dure souvent une vingtaine de minutes. Le montage va me prendre environ le temps du tournage. Je finis de tourner, je regarde tous les rushs, puis je sélectionne ce que je mets dans ma vidéo. Il y a des choses que je vais couper.

Après, il n’y a pas besoin d’effet spéciaux, je fais des choses simples. Je sais que les étapes de plaine, je les passe assez vite, en y mettant que les derniers kilomètres. Les étapes de montagne sont plus dynamiques, avec des attaques de loin. J’essaie d’en montrer davantage, sans que ce soit trop long non plus.

J’aime discuter, lors des streams avec mes abonnés, car ce sont grâce à eux que j’en suis là. J’ai la chance de pouvoir faire ça tous les jours et sans la communauté, je n’aurais pas pu faire ça et c’est important de leur rendre et de répondre un maximum. Forcément, ce n’est pas toujours facile quand il y a beaucoup de gens sur le stream.

STYROS – TWITCH EST UNE PLATEFORME OPTIMISÉE POUR STREAMER

Dans mes souvenirs, le déclic a été à la sortie des opus 2017, il y a eu un gros boom et je suis passé de 10 000 à 35 000 abonnés. Après, on reste sur des jeux de niche, il n’y a pas forcément des vidéos qui buzz ou sortent du lot. Forcément, les étés il y a un peu plus de monde et la communauté s’agrandit un peu plus vite. Sinon c’est très linéaire. Mais le premier confinement a “permis” de développer la communauté Twitch.

Je suis présent depuis près de deux ans sur cette plateforme, ce choix a été motivé par l’envie d’essayer. A mon sens, les streams sur Youtube ne sont pas les plus évidents. C’est même un enfer au niveau du chat (rires). On ne peut rien gérer. J’ai donc voulu passer sur Twitch, qui est une plateforme de stream à la base. Tout y est bien fait pour gérer de A à Z. Je ne regrette pas et j’ai bien fait de passer ici.

Cela a sans doute permis d’amener de nouvelles personnes, même si nous n’avons pas de chiffres précis. Je ne sais pas s’il y a des gens qui me suivent exclusivement sur twitch. A chaque Tour de France, il y a Domingo qui m’appelle et forcément il amène un peu de sa communauté, qui ne me connaissait pas forcément. Aujourd’hui, je pense qu’il y a une bonne partie de mes abonnées qui me suivent uniquement pour mes lives et qui n’aiment que ça !

MA MERE A RAPIDEMENT COMPRIS QUE CE N’ÉTAIT PAS QU’UN HOBBY

J’espère pouvoir déménager à Rennes en 2021, c’est dans les cartons pour cet été, après le Tour. C’est une ville qui m’attire et j’aimerais avoir mon premier appartement et être indépendant à 100%. Je ne sais pas encore ce que cela va donner et peut-être que la ville ne me plaira pas, c’est un vrai test. Actuellement je suis chez ma mère, mais elle a rapidement compris ce que je faisais, puis mon projet s’est bien développé. J’ai récemment créé une entreprise et elle m’aide pour ce qui est administratif, car je suis un peu paumé (rires). Heureusement qu’elle est là pour m’aider. En début d’année, j’étais encore étudiant, mais après le deuxième confinement, j’ai stoppé ma deuxième année post-bac. C’était un enfer pour suivre les cours.

Surtout, j’ai eu envie de me lancer à 100% dans le streaming et les vidéos. Il a fallu faire des passerelles pour que je me mette en statut d’indépendant et cela n’a pas été simple, car j’avais le statut d’étudiant. Tout est réglé et je suis bien lancé. Ma mère, au-delà de son aide, a rapidement compris que le projet avait pris de l’ampleur. Elle sait que je stream tous les soirs. Puis, il y a les revenus chaque mois, les marques qui me contactent, cela rend les choses concrètes et elle a bien saisi que ce n’était pas qu’un hobby. Avec tout ce que je fais et tout ce qu’il m’arrive. Mais cela a pris du temps et les trois ou quatre premières années, elle avait quand même du mal à comprendre.

STYROS – LE COVID, INDIRECTEMENT, A PERMIS DE DÉVELOPPER CERTAINS PROJETS

Le regard des gens a changé sur notre métier. Il y aura toujours des gens pour critiquer, je pense aussi que les personnes les plus âgées vont avoir du mal à comprendre. Mais les gens de ma génération ont compris. Je ne peux pas expliquer pourquoi certains nous dénigrent. Quand je n’étais pas encore streamer/youtuber je comprenais ceux qui en faisaient leur métier. C’est peut-être lié au fait que j’ai toujours aimé les jeux vidéos, ce qui rend de suite les choses plus faciles à comprendre.

Il y a encore des gens, quand ils me demandent ce que je fais, et que je leur réponds, ils me disent : “Ah oui, tu ne fais que jouer et tu as des sous”. Non je les rassure, mon job, ce n’est pas que de se mettre devant le PC et jouer. Ils ne connaissent pas les à-côtés et c’est un peu normal, car cela ne fait pas longtemps que ces métiers existent. Je pense que c’est important qu’on explique notre métier au public, même si je pense que beaucoup l’ont déjà fait. Mais c’est aussi aux gens de nous comprendre.

Le Covid, indirectement, a permis de développer certains projets. Les gens étaient chez eux et avaient forcément du temps devant eux. Tous les streamers se sont développés sur Twitch. Ce que j’ai remarqué, c’est que durant cette période, il y a eu un rapprochement avec les professionnels du sport, qui ont développé leur partie gaming.

STYROS – IL Y A TOUJOURS UN RISQUE QUAND ON SE LANCE, CAR TOUT PEUT S’ARRÊTER DU JOUR AU LENDEMAIN

La partie la plus exigeante de mon travail ? Au début, j’aurais dit le montage, mais au final je ne le pense pas. Mentalement, la pression a augmenté. Il y a toujours un risque quand on se lance là-dedans, car tout peut s’arrêter, du jour au lendemain, sans qu’on sache pourquoi. Les gens qui peuvent te trouver cool aujourd’hui, peuvent te tourner le dos le lendemain. C’est là où c’est dur, car on ne peut pas réellement se projeter sur le long terme.

Si ca se trouve, dans deux ans tout est fini et il faudra faire autre chose. Mais je suis content d’avoir pris le risque. Je l’ai fait parce que je sais que je peux rebondir derrière, j’ai l’équivalent du bac en Belgique et si jamais le stream s’arrête, je peux refaire des études et valider mon post-bac. Je pense que si je n’avais pas de petite sécurité, je ne me serais jamais lancé là-dedans.

Quand on joue au jeu, on joue forcément avec des coureurs et on finit par s’attacher “virtuellement” à certains. L’an passé, j’ai fait une carrière avec Total Direct-Energie et dans l’équipe il y a avait un petit jeune Mathieu Burgaudeau. Il était néo-pro et je ne suis pas sûr qu’il avait encore fait une course pro. Il était vraiment nul dans le jeu, avec des stats très moyennes partout. Mais au fur et à mesure de sa carrière, il a énormément évolué et c’est devenu le sprinter de mon équipe. Avec ma communauté, on aime bien le suivre et regarder ses résultats. Il a fait son premier Tour de France en 2020. Cela fait plaisir de voir quelqu’un qui a “réussi” dans le jeu, progresser aussi IRL.

Le début de saison cycliste est une bouffée d’air frais pour tous les fans. La saison dernière était intense et c’était très bien, mais avoir une saison classique, cela fait du bien. Je n’ai pas le souvenir d’une course chiante. On a de superbes courses et cela fait du bien. Les jeunes sont arrivés et ont dit qu’ils avaient beaucoup à prouver mais rien à perdre. On les voit tenter de loin. Même en faisant cela ils gagnent et c’est encore plus beau.

NICOLAS “STYROS” DOUILLEZ

Retrouvez Styros tous les soirs en live sur sa chaîne Twitch

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