KEVIN GOBA : DU DISTRICT À LA LIGUE 2, J’Y AI TOUJOURS CRU

Kevin Goba n’a pas eu une route toute tracée pour atteindre le haut-niveau. Mais à force de persévérance notamment lorsqu’il évoluait en division district, il a réussi à concrétiser son rêve d’être footballeur pro. Il nous raconte son parcours.
Kevin Goba

Kevin Goba – Footballeur

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Les athlètes sont souvent imperméables à toute communication avant que la compétition ne soit terminée. La rubrique « Dans la peau » permet à un sportif de partager avec vous ces moments secrets et déterminants qui forgent la réussite de leurs projets.

Kevin Goba n’a pas eu une route toute tracée pour atteindre le haut-niveau. Mais à force de persévérance notamment lorsqu’il évoluait en division district, il a réussi à concrétiser son rêve d’être footballeur pro. Il nous raconte son parcours. (Crédit photo Une : Berrichonne Football).

J’ai été baigné dans le football par mon père, ancien joueur, et je me souviens de ses matchs suivis du bord du terrain avec mes copains. Son jubilé a été un moment spécial, je m’en rappelle comme si c’était hier. C’était dans le stade, plein, de La Rabine à Vannes, son dernier club, et il y avait Patrice Loko, Roger Boli, et des joueurs pros de son époque. Une fierté pour un enfant de voir son Papa être célébré comme cela.

J’ai commencé en club avant même l’âge requis, à 5 ans, et je n’ai jamais eu de licence dans aucun autre sport. Plus de 25 ans plus tard, je suis encore là à chaque reprise l’été, avec la même envie que si je commençais ma première année.

J’ai grandi au moment où le Ronaldo brésilien faisait des merveilles sur le terrain, ça a toujours été mon idole et pour moi le meilleur 9 de l’histoire. J’avais aussi des cassettes à la maison de Jean-Pierre Papin, Pelé, je les regardais en boucle !

Comme beaucoup d’enfants, j’ai toujours rêvé d’être footballeur, je disais parfois que je voulais être pompier pour faire plaisir, car les gens disaient qu’être joueur n’était pas un métier, mais au fond de moi il n’y avait aucun doute.

UN CHEMIN ARDU POUR ARRIVER AU PROFESSIONNALISME

Le chemin n’a pourtant pas été facile…Il y a eu beaucoup de moments compliqués, des doutes qui n’ont pas tous disparu à ce jour. Je pense que je peux dire que je suis quelqu’un qui n’abandonne pas, pour la simple raison que je viens de loin. Je n’ai pas fait de centre de formation et j’ai connu ma première année senior en 2e division de district dans l’équipe B du club d’Antony.

Nous sommes loin d’un contrat pro n’est-ce pas !

J’ai joué dans quasiment toutes les divisions amateures pour finalement rejoindre Limoges (à l’époque en CFA 2) grâce à un ami. Les dirigeants m’avaient appelé pour me proposer un contrat de 500 euros mensuel et un logement. Je ne me suis pas posé de question et j’ai arrêté l’école pour me consacrer à 100% au football. Une expérience de courte durée, car j’ai rejoint le Vannes OC 6 mois plus tard d’abord pour jouer avec l’équipe réserve (DH). J’ai saisi l’opportunité de participer à des rencontres de National avec l’équipe fanion après seulement un mois là-bas.

 

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La suite c’est une succession de clubs comme Uzès Pont du Gard où l’AS Cherbourg par le biais de mon agent actuel avec l’une de mes meilleures saisons à titre individuel, mais qui se terminera collectivement par une descente. Ma bonne saison me permet d’avoir de nombreuses sollicitations et je choisis Dunkerque un peu par nostalgie : je suis né là-bas et mon père avait joué dans ce club.

Mais ça n’a pas été la bonne décision : peu de temps de jeu, dirigeants qui ne veulent plus de moi, départ à Sedan deux divisions en dessous…un mal pour un bien, car ces deux années et demie dans le club ardennais sont sans doute les plus belles de ma carrière. J’ai gardé beaucoup de bons amis parmi ce groupe, dans le club ou parmi les dirigeants et de très bons contacts avec les supporters avec qui j’échange encore de temps en temps. Après deux montées successives où j’arrive à finir meilleur buteur de notre groupe de CFA, la troisième année entraîne beaucoup de changement à la tête du club, l’état d’esprit au sein du club se dégrade.

Pourtant, ma progression ne s’arrête pas, car je suis recruté par Châteauroux afin de signer pleinement professionnel.

Après deux ans ici, je peux vraiment dire que je me plais dans cette ville et dans ce club. Pourtant la chance n’est pas souvent de mon côté, entre une grosse blessure qui m’a éloigné des terrains pendant 6 mois et l’absence de réussite où j’ai pu toucher trop de fois les poteaux ou la barre sur mes frappes. Un attaquant est avant tout jugé sur ses statistiques et ça peut atténuer mon bilan dans le club.

Mais je persévère, je travaille à l’entraînement et je pense que j’ai encore plein de choses à apporter.

Cet état d’esprit, je le tiens de mon parcours où rien n’a été simple… Je suis revenu de très loin. Dès le plus jeune âge, à l’école de foot, on nous rabâche qu’au mieux un seul d’entre nous finira pro, et sans doute aucun. En examinant le chemin en catégorie jeune, je n’étais clairement pas celui qui était destiné à devenir cette exception. Encore moins quand j’ai signé ma première licence senior, au plus bas niveau régional.

UN COUSIN NOMMÉ DROGBA QUI VOUS VEUT DU BIEN

J’ai pu compter sur le soutien de mes proches et notamment de mon prestigieux cousin, Didier Drogba.

J’ai pu passer 3 mois à Londres avec lui à l’époque où il jouait à Chelsea. J’avais eu l’occasion de m’entraîner avec l’équipe jeune en fin de saison, au moment où ils se préparaient pour la finale de la Gambardella locale. Et c’était du jeu à l’anglaise, ça allait vite, ça rentrait dedans, mais ce n’est pas forcément meilleur qu’en France.

Les installations en revanche faisaient rêver, on parle d’un club de Ligue des Champions à un moment où ils étaient vraiment sur le devant de la scène européenne. C’était forcément une motivation supplémentaire, je me disais que même pour avoir 10% de ça, il allait falloir que je me batte. Juste avant mon arrivée chez Didier, j’étais à la recherche d’un club après avoir quitté le VOC.

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J’ai vraiment été impressionné par les installations du club avec leur énorme salle de musculation, leur piscine, le centre d’entraînement composé de terrains avec des pelouses magnifiques et des intendants aux petits soins pour les joueurs. Je n’avais jamais vu ça. Moi, après l’entraînement, je rentrais avec mes affaires pleines de boues que je lavais moi-même.

Ça a été un déclic.

Didier est un exemple. Je l’ai toujours admiré et je me rappelle que lorsqu’il jouait en Ligue 2 avec Le Mans, c’était une star pour moi. Je disais à tout le monde à l’école que mon cousin était pro et qu’il faisait 2 mètres ! Il n’a pas eu un parcours classique, il a éclos tard, mais il n’a jamais rien lâché, à l’image de ce qu’il faisait sur le terrain.

Même s’il m’a donné des conseils concernant le football, il m’a surtout parlé de la vie en général. À ce niveau-là également, c’est un exemple. Nous avons eu une éducation similaire car mon père s’est occupé de Didier lorsqu’il était jeune, et j’ai aussi vécu chez son père, mon oncle, de 15 à 18 ans. Il a 10 ans de plus donc il a forcément plus d’expérience à tous les niveaux et donc la partage, via des petites choses qui peuvent paraître clichées mais qu’on peut vite oublier en devenant footballeur, la famille est importante, savoir d’où on vient, être reconnaissant envers les personnes qui nous ont aidé, garder les pieds sur terre.

LETTRE AU JEUNE KEVIN GOBA

Le foot, c’est ma passion. Je n’ai jamais arrêté depuis mon enfance et je continuerais de jouer tant qu’il est possible pour moi. Il faut saisir les opportunités et tenter à fond sa chance, ne rien regretter. C’est ce que j’ai fait et c’est ce que je continuerais de faire.

La pression le jour d’un match qui s’éclipse dès qu’on foule la pelouse, l’atmosphère du vestiaire avec ses odeurs, les mimiques de chacun, les cris de guerre avant le match et de joies après, la clameur du public lors d’un match à la maison, cela et plein d’autres choses sont des choses simples qui me rendent heureux.

Mais je sais aussi que tout va très vite et il est important de construire quelque chose à côté. Avoir une famille, penser à l’après-carrière, ce sont des petites choses qui peuvent nous aider si tout s’arrête du jour au lendemain. Par exemple là je vais reprendre une formation pour un diplôme, rien de concret pour le moment mais je commence à me renseigner pour gérer au mieux la transition et assurer les arrières de ma famille. Cela dit j’ai 31 ans, mais en ayant percé tard je pense pouvoir jouer encore plusieurs années.

Pour terminer, si je pouvais donner un conseil au jeune Kevin, malgré le fait qu’il était très têtu, c’est qu’il faut ne jamais abandonner, persévérer, et se donner les moyens de réussir, car rien ne sera offert. Faire attention à ne pas prendre personnellement les échecs qu’il subira, car parfois il n’y aura pas forcément de raison, où elles ne seront tout simplement pas liées à ses performances.

C’est le foot, parfois c’est cruel, il faut faire avec, mais c’est aussi grâce au foot que tu vivras des moments magiques, des émotions exceptionnelles, qui te feront oublier tous ces moments de galères.

KEVIN

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