Hand : Perrine Petiot – Le sélectionneur m’a donné beaucoup de conseils

A 26 ans, Perrine Petiot voit sa carrière s’accélérer. En six mois, la joueuse de Celles/Belle est passée de la D2 à l’équipe de France de Handball.
A 26 ans, Perrine Petiot voit sa carrière s'accélérer. En six mois, la joueuse de Celles/Belle est passée de la D2 à l'équipe de France de Handball.
A 26 ans, Perrine Petiot voit sa carrière s’accélérer. En six mois, la joueuse de Celles/Belle est passée de la D2 à l’équipe de France de Handball.

A 26 ans, Perrine Petiot voit sa carrière s’accélérer. En six mois, la joueuse de Celles/Belle est passée de la D2 à l’équipe de France de Handball. Elle a été appelée au mois d’octobre au rassemblement des Bleues, pour préparer les matchs de qualification à l’Euro 2022, contre la République Tchèque et l’Ukraine. Elle a même disputée 4 minutes, contre les Tchèques au milieu d’un public en folie à Besançon. Une consécration pour la demi-centre, passée par Nîmes et également pour le club des Deux-Sèvres, promu en Ligue Butagaz Energie. Qui nous raconte cette incroyable expérience dont elle espère que cela va lui servir pour la suite de la saison. Elle évoque les objectifs de maintien de son club, mais aussi de la volonté de grandir avec son équipe. Plongez dans la tête de Perrine Petiot.

Crédit : Icon Sport – FFHB

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PERRINE PETIOT – LES QUATRE MINUTES OU JE SUIS RENTRÉE ONT ÉTÉ TRÈS INTENSES

Le sélectionneur ne m’a pas appelé directement pour me dire que j’étais sélectionnée. Après un entraînement, j’ai découvert ma sélection, via les réseaux sociaux. Je voyais des personnes qui m’identifiaient sur la publication de la Fédération Française de Handball. Mes coachs le savaient, mais ils voulaient que je l’apprenne moi-même, en regardant sur internet. Quand j’ai appris cette sélection, j’étais carrément perdue et très surprise. Je suis rentré dans le vestiaire avec mes coéquipières et je leur ai montré la publication, pour qu’elles me confirment que c’était bien la bonne. J’ai été contactée pour la première fois en équipe de France, pour participer à sept jours de stage. J’ai été prise pour le match de mercredi (NDLR : Le France/République Tchèque à Besançon). En revanche, je n’ai pas joué le dimanche contre l’Ukraine. Je n’étais pas du déplacement et je suis rentrée chez moi.

A Besançon, il y a eu la rentrée des joueuses, dans une ambiance de fou. Que ce soit l’équipe de France ou non, jouer dans une telle salle pleine, cela procure forcément des frissons. Surtout qu’on sort d’une année Covid, avec aucun public dans les salles. La Marseillaise, c’est quelque chose d’hyper intense, qui remue plein de choses. J’ai participé au match essentiellement sur le banc, où j’ai beaucoup encouragé mes copines. Les quatre minutes où je suis rentrée ont été très intenses, mais j’ai essayé de faire comme si c’était normal. Faire abstraction du contexte n’est pas quelque chose de si compliqué pour moi. Je me mets dans une bulle, que je sois avec mon club où là en équipe de France. J’essaie de me dire que je fais du handball.

LE SÉLECTIONNEUR M’A DONNÉ DES CONSEILS POUR PROGRESSER

La plupart des joueuses présentes avec moi ont vécu des choses magnifiques, avec les Jeux Olympiques et sont très soudées. Mais j’ai eu la chance d’arriver dans un groupe avec d’autres nouvelles. Cela m’a permis de faciliter mon intégration et notre intégration avec les autres. Il y avait des filles de mon année, que je connaissais déjà, mais que je n’avais pas vu depuis longtemps. Cela m’a permis de renouer avec elles. Ceci dit, nous avons eu peu de jours pour apprendre à nous connaître. Cela a été très rapide, mais sur le terrain, je me suis sentie bien avec elles.

Évidemment qu’on a envie d’y retourner tout de suite en équipe de France ! J’ai eu beaucoup de conseils de la part du sélectionneur, de son adjoint et des analystes. Ils m’ont donné des conseils pour que je m’améliore, afin de retourner dans cette équipe. Ils ont parlé de mon jeu en attaque et en défense. M’ont également dit que je pouvais progresser physiquement, en prenant un peu de “masse”, pour être au niveau des autres. C’est à moi de travailler désormais !

Même si je suis toujours sur mon nuage, je suis tout de même redescendue. J’ai re-changé de contexte. Il n’y a pas le temps de gamberger car on enchaîne très rapidement. Il faut vite revenir à la réalité. Mais j’ai été super bien là-bas et j’ai énormément appris. Le but est de mettre en application tout cela. Il y a eu des petits moments compliqués, car tu es en difficulté. Tu es sur son nuage, mais il faut quand même se réveiller.

PERRINE PETIOT – JE N’AI PAS PEUR DE M’IMPOSER

Je suis encore jeune, mais plus tant que cela pour l’équipe de France. J’étais déjà dans l’équipe des “vieilles” quand on faisait des jeux à l’entraînement. Il y avait des très jeunes. Le fait que je ne sois pas si jeune que cela, pour une demi-centre, peut aussi aider. J’ai déjà l’expérience de mener le jeu ici à Celles/Belle. Même si ce n’est pas la même chose en équipe de France, je n’ai pas peur de m’imposer. Dans la vie, je suis quelqu’un de plutôt discret, mais quand on parle de handball, si je dois annoncer une combinaison, je l’annoncerai de vive voix. Mon âge me permet d’avoir vécu des choses, certes moins que certaines en équipe de France, mais de savoir quand même m’imposer.

Avec cette sélection, j’ai reçu énormément de messages de félicitations. Surtout sur les réseaux sociaux et des gens que je n’avais pas vu depuis longtemps, mais également de mes proches. Cela fait chaud au cœur de voir ces appels et ces messages d’encouragement, que ce soit avant ou après. C’est plein de joie et de bonheur.

Il y a beaucoup de choses qui m’ont impressionné durant mon séjour en équipe de France. La qualité des entraînements des filles à côté de moi. Il n’y avait pas un ballon qui tombait par terre. Les passes étaient ultra précises, l’activité était dingue en défense. Parfois, j’avais l’impression que je ne pouvais donner la balle à personne, tellement les filles en face de moi bougeaient. J’ai vraiment sentie que c’était un cap au-dessus. La structuration autour de cette équipe est impressionnante également. On avait 1h par fille chez le kiné, tous les jours. Un médecin avec nous “H24”. Nous avons été hyper bien logées et hyper bien nourris.

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ON PEUT JOUER DANS UN PETIT CLUB COMME CELLES/BELLE ET ÊTRE APPELÉE EN EQUIPE DE FRANCE

On peut jouer dans un “petit” club comme Celles/Belle, où j’y étais depuis trois saisons en D2 et être en équipe de France. Ce n’est que ma première saison en LFH ici. Ma sélection peut donner de l’espoir aux filles, qui sont ou ont été dans ma situation à un moment de leur carrière. En me prenant, j’ai trouvé que c’était un beau signe d’ouverture de la part de l’équipe de France. Même si c’était un groupe élargi. Cela gomme également quelques frustrations vécues en club dans le passé.

Notamment sur les échecs sur la montée. On rate la montée d’un point face à Mérignac. Il y a eu la saison 2019-2020 gelée pour cause de Covid, alors que nous étions bien placés. A chaque fois cette montée nous filait sous le nez à très peu de choses. La troisième année a été la bonne et l’année 2021 a été exceptionnelle pour moi au niveau professionnelle. Bien mieux que les années d’avants, donc on en profite (rires). J’avais connu la D1, quand je jouais à Nîmes, mais à cette époque, je n’étais pas du tout dans la même situation. J’étais dans le centre de formation et je faisais que des bouts de matchs avec la D1. Je passais plus de temps sur le banc, il y a eu également quelques matchs avec la N1.

PERRINE PETIOT – LA PREMIÈRE VICTOIRE A RÉCOMPENSÉ NOTRE PRÉPARATION

Du coup c’est difficile pour moi d’évaluer les changements dans cette D1, depuis six ans. Je n’avais que peu de temps de jeu et j’étais jeune. Mon niveau de jeu a lui aussi augmenté par rapport à cette période. Je pense néanmoins qu’on a un des plus beaux championnats du monde. Toutes les équipes peuvent s’accrocher les unes aux autres. Il n’y a plus de toutes petites équipes, même si on perd de -12 et -15 contre Brest et Nantes. Les équipes sont très homogènes. Jouer dans ce championnat-là, c’est un bonheur.

On a très bien commencé, ce qui est super car on sortait d’une préparation qui est comme toutes les prépa, c’est à dire pas vraiment cool (rires). Avec beaucoup de physique. Cette victoire a récompensé tous nos efforts. Les deux défaites ont été plutôt logiques, mais la manière n’y était pas. Cela a été compliqué, car on pouvait faire vraiment mieux, ce qui est frustrant. Ensuite, contre Plan de Cuques, il y a cette belle première mi-temps de notre part, mais une deuxième où on s’effondre. On prend trop de deux minutes et on passe à côté. Je pense qu’on est à 50% de ce qu’on peut produire, ce qui laisse de l’espoir. Il faudra travailler à fond. Cette victoire directe, nous a permis de mettre une équipe derrière nous, ce qui est important.

ON EST CAPABLE DE FRANCHIR COLLECTIVEMENT CE CAP

Le gap avec le niveau de la D2 est grand forcément. C’est pour ça qu’on voulait y aller, car cela pousse à performer et de faire des choses qu’on n’aurait pas faites à l’échelon inférieur, car on marquait plus facilement. Individuellement et collectivement, il y a une marche, mais j’ai confiance en nous et je sais que les filles qui sont ici ont beaucoup de potentiel. On est capable de franchir ce cap, même si cela passe par de l’entraînement. Ce sera du travail collectif qui va nous permettre de performer. Car, individuellement, on sera souvent moins fortes que les filles qu’on va affronter.

Cet écart va se situer sur jouer en continuité sur les phases offensives, pour que tout le monde touche la balle, pour finir davantage sur nos ailières qui sont performantes. Il faut se servir des qualités de chacune, pour aboutir à une solution de tir facile. En D1, quand on ne prend pas de tirs favorables, on ne marque pas, car les gardiennes sont trop fortes. Il faut se mettre dans un fauteuil quand on est en situation de tir.

PERRINE PETIOT – UNE AMBIANCE DE FOLIES DANS LES TRIBUNES DE CELLES/BELLE

Nous sommes qu’au début d’un championnat qui sera très long. C’est important de prendre des points dès maintenant. Mais il faudra surtout être performantes sur la durée. La gestion des corps et des blessures. Ce sera pour toutes les équipes pareilles. Le maintien passe par des victoires à domicile, mais je pense qu’à l’extérieur, il y a des choses à faire. Que ce soit à domicile ou à l’ extérieur, le terrain reste le terrain. Il faut se mettre dans sa bulle et jouer son handball. C’est sur qu’à domicile, les choses sont facilitées avec le public. Mais on peut prendre les choses du bon côté, dans le fait d’être en déplacement. Le public adverse peut nous galvaniser et nous donner encore plus envie de les faire taire.

A Celles/Belle, même en D2, il y avait une ferveur folle. Mais la D1 attire encore plus de monde. Le match contre Brest, c’était un truc de fou, c’était vraiment bondé. On a également la possibilité de jouer à l’Acclameur (NDLR : La salle de spectacle de Niort, à proximité de Celles/Belle). Il y a encore plus de places et cela amène encore plus de monde. J’adore jouer là-bas, car plus il y a de monde et de bruit et mieux c’est pour moi.

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PERRINE PETIOT – ON POURRAIT ENCORE MIEUX ETRE DIFFUSEES

Quelque part à Besançon j’étais dans mon élément, je me suis dis que cela me rappelait un peu l’ambiance à Celles/Belle. Il y a des filles qui sont en équipe de France avec moi et qui n’ont pas forcément la chance d’évoluer avec un tel public. Les filles de Brest ont un super public, mais certaines m’ont dit que c’était vraiment incroyable ici. Cela marque les gens et c’est une chance d’avoir ça ici !

Notre match en équipe de France a pu être regardé gratuitement et c’est grâce aux résultats des filles et je les en remercie. Je suis très heureuse qu’on commence à se faire connaître et que cela devienne normal de regarder l’équipe de France féminine à la télé. Mais je trouve que cela pourrait être encore mieux et que cela pourrait être encore mieux diffusé. C’est une question de moyens financiers. On attire des joueuses de plus haut niveau dans le championnat. Pour une première division, c’est un peu dommage d’être encore si peu diffusée. Nous, nous risquons de ne pas être retransmis, hormis peut-être sur France 3 Nouvelle-Aquitaine. On mérite mieux qu’un match retransmis. On sort des J.O.

Les gens, notamment ceux qui sont loin, adorent regarder les matchs. Là, à part leur raconter, on ne peut rien faire.

ON A BEAUCOUP DE MÉDIATISATION AU NIVEAU LOCAL

Mes coéquipières ont beaucoup débriefé avec moi mon passage en Bleue. Il y a eu beaucoup de demandes pour que je donne des équipements de l’équipe de France (rires). Plus sérieusement, elles ont été supers, depuis que j’ai appris la sélection et même avant. J’ai eu beaucoup de félicitations. Elles ont regardé le match ensemble ! Mon objectif est clairement de rester en D1 avec cette équipe. C’est la priorité. Individuellement, j’ai envie de jouer en D1, je ne veux pas redescendre. J’aimerais voir plus loin, jouer la coupe d’Europe, des choses qui me font forcément envie. Mais qui font envie à Celles/Belle. Il faudra se structurer davantage.

On est dans un territoire où on brille ! Il faut en profiter au maximum. Les gens connaissent presque tous les chèvres de Celles/Belle. On a beaucoup de médiatisation au niveau local et on profite de tout cela. Dans les grandes villes c’est horrible, tu dois te battre avec le foot, le basket, le rugby et le volley. Là ce n’est pas le cas. Celles/Belle est un bastion historique de handball au féminin.

PERRINE PETIOT

Avec Etienne GOURSAUD

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