Révélation de ce mondial 2021, Alicia Toublanc, ailière droite du Brest Bretagne Handball et des Bleues revient avec nous sur cette compétition. A 25 ans, elle disputait sa première compétition internationale avec l’équipe de France et a bluffé les spécialistes par sa régularité tout au long de la compétition.
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ALICIA TOUBLANC – UNE SURPRISE D’AVOIR PU ÉVOLUER À CE NIVEAU
Je suis très heureuse d’avoir pu participer à cette compétition. Une première compétition internationale, cela compte énormément. D’un point de vue personnel, je pense avoir réussi à m’exprimer et je pense avoir pris mes responsabilités sur le terrain. On était deux nouvelles sur le poste (NDLR : Avec la Bisontine Lucie Granier). Il fallait qu’on réussisse à répondre présent toutes les deux et je pense que cela a été le cas. Je suis fière de notre binôme et de ce qu’on a réalisé ! Olivier Krumbholz n’a pas forcément donné de conseils sur comment aborder les matchs. Cet aspect là, on en a beaucoup discuté avec les autres filles. Lui, avant le premier match, nous a dit de faire ce qu’on savait faire.
C’est un peu une surprise pour moi d’avoir pu évoluer à un tel niveau de régularité. En club, je n’ai pas toujours tant de temps de jeu que cela. Tout cela est encore assez récent pour moi. Cette année, j’ai beaucoup de temps de jeu, avec Pauline (Coatanea) qui a été écartée des terrains quelques semaines. Les années précédentes, je n’avais pas autant de temps de jeu et je n’avais pas forcément autant de réussite. Cela me fait vraiment plaisir d’avoir eu un bon rendement et d’avoir été efficace ! C’est difficile d’évaluer les progrès par rapport à la saison précédente. Cela ne s’est pas fait en un coup, cela a été progressif ! La fin de saison dernière s’était bien passée. Tout est allé crescendo. Cette année, avec plus de temps de jeu, cela m’a permis de plus m’exprimer et davantage me montrer sur le terrain.
AUCUN MATCH N’A ÉTÉ FACILE
Jouer des matchs tous les deux jours, c’est hyper particulier. On est dans une machine à laver, c’est vraiment un truc de fou. Le premier match, il y a la pression de la première. On récupère plutôt bien en début de compétition mais au fil des matchs on est pris dans le truc. Il faut penser à la fois à récupérer tout en enchaînant sur la préparation du match suivant. Cela ne s’arrête jamais, c’est hyper intense que ce soit mentalement et physiquement. On a fait 9 matchs en un peu plus de 15 jours. A la fin de la compétition, on ressent de la fatigue. Il ne fallait pas un match de plus (rires).
Tous les matchs ont été des combats. Cela a peut-être fait la différence en fin de tournoi, car on a dû puiser à chaque rencontre. Aucun match n’a été facile et on a dû toujours se battre sur les neufs rencontres. Au niveau du tirage au sort, on n’a pas été gâtés et physiquement, cela nous a pris de l’énergie. En revanche, avoir fait cet enchaînement de matchs, je pense que cela peut m’aider pour la suite de la saison. Physiquement, cette expérience d’avoir encaissé cette charge pendant deux semaines, cela crée une forme de caisse physique, qui peut être bénéfique pour mieux encaisser l’enchaînement championnat/ligue des champions. Avec des matchs tous les trois jours en club.
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ALICIA TOUBLANC – CONTRE LE DANEMARK, ON ÉTAIT DANS UN PÉTRIN PAS POSSIBLE
Une finale de la Ligue des Champions et une finale de la Coupe du monde, c’est du même calibre sur le plan des émotions. Mais le scénario du match contre la Norvège m’a procuré plus d’émotions. Mais préparer une finale de Final 4 ou de coupe du monde, c’est un peu la même émotion et la même excitation. Tout ce qu’on met pour aller à ce titre, cela reste quelque chose d’énorme. Le scénario de la demi-finale du Final 4 (NDLR : Brest remporte aux tirs aux buts la rencontre face à Györ) est un peu le même qu’en demi-finale de la coupe du monde. Contre le Danemark, on était dans un pétrin pas possible et on s’en sort, pour gagner d’un but à l’arraché. Cela crée des émotions indescriptibles.
C’était vraiment un match particulier contre le Danemark. Je re-rentre à la fin. J’avais tellement d’énergie, tellement d’enthousiasme et de rage. Quand je prends la balle pour me présenter face à Sandra Toft, je ne me pose pas de questions. Je dois envoyer la balle au fond des filets. C’est une fois la balle au fond que je peux exulter. Les deux buts que je marque en fin de match, sur Sandra qui est ma coéquipière en club, cela me fait quelque chose. Personnellement c’était satisfaisant (rires).
A la base, on peut dire que c’est un inconvénient de jouer face à une gardienne qu’on connait, mais au final j’ai réussi, donc c’est peut-être un avantage (rires). Mais Sandra me connait bien, c’était un jeu de : “Tu sais que je sais que tu sais”. Il faut oublier cet aspect et se concentrer sur ce qu’on voit à l’instant du tir, sans trop calculer. Mais, dans ces moments-là, c’est très dur !
CE PARCOURS EN BLEUE ME PROCURE UNE MOTIVATION SUPPLÉMENTAIRE
Je vais pouvoir couper un peu pendant les fêtes, car avec Brest, on a la chance d’être en vacances jusqu’au 2 janvier. Cela permet de profiter des fêtes et de la famille, pour se requinquer un peu. Car, après, cela va vite s’enchaîner très très fort jusqu’en mai/juin. Et il n’y aura pas le temps de se poser trop de questions. Chaque match de championnat est un combat, avec un championnat de France hyper dense, toutes les équipes peuvent se battre entre elles. Une homogénéité de plus en plus présente au fil des années. Il faut une implication totale dans chacun des matchs. Il n’y a pas de matchs faciles et cela demande de l’engagement à chaque fois.
Ce parcours en Bleue me procure une motivation supplémentaire. C’était une parenthèse Bleue pendant un mois, où on a vécu des trucs de fous. Plus on peut vivre d’évènements comme cela dans une carrière, mieux c’est. Il faut faire le maximum pour vivre ce genre d’émotions. Avec Coralie Lassource et Pauletta Foppa, on est toutes motivées pour le club, comme pour l’équipe de France. Ceci dit, je ne vais pas dire que j’ai tout de suite hâte de reprendre la compétition (rires). Il faut souffler un coup, car on sort d’un truc tellement intense et dur, que les vacances vont vraiment faire du bien. Il faut se régénérer et avoir la force de repartir.
ALICIA TOUBLANC – FAIRE PARTIE DE CETTE HISTOIRE, C’EST UNE FIERTÉ
Quand on a goûté le maillot Bleue, on a envie d’y retourner le plus rapidement possible. On veut revivre de telles expériences. Cette demie contre le Danemark reste le moment le plus fort pour moi dans ce mondial, un match loin d’être parfait, mais dont on se sort. On sait qu’on aura une médaille et qu’on va vivre un moment extraordinaire.
Je regardais, sur les 8 dernières compétitions, l’équipe de France fait 7 podiums. C’est un truc de malade. Faire partie de cette histoire, c’est trop de fierté ! Quand on voit que sur TF1 on est regardé par plus de 4 millions de téléspectateurs, qu’on reçoit des messages par centaines. Les gens étaient très heureux de nous voir sur le terrain et nous ont soutenus à fond ! Cela fait bizarre d’être dans cette position là car, jusqu’à maintenant, j’étais derrière ma télé et je trouvais que c’était un truc de fou. Alors, en faire partie, c’est vraiment dingue et incroyable.
Je trouve ça dommage que le championnat ne soit pas plus retransmis. Il n’y a quasiment plus de diffusion et je trouve cela dommage pour un sport qui est au top que ce soit chez les hommes ou chez les femmes. C’est un peu frustrant. L’équipe de France est forte aussi parce que le championnat est fort ! Le niveau qu’on nous demande tous les week-end est suffisamment élevé pour développer des joueuses capables d’évoluer en équipe de France.
ALICIA TOUBLANC
Avec Etienne GOURSAUD