Football – Laurent Pruneta, l’homme qui préfère la Ligue 2 aux grands succès du PSG

Laurent Pruneta est un journaliste sportif au sein du journal Le Parisien. Il est en chargé de la Ligue 1 et de la Ligue 2. Rencontre

[Crédit : Bora-Hansgrohe]

Journaliste au Parisien, Laurent Pruneta se charge notamment du suivi quotidien du Paris FC, club parisien qui joue en Ligue 2. Il reste passionné par d’autres sports comme le cyclisme, et a eu la chance de rencontrer énormément de sportifs au cours de sa carrière. Il a accepté de répondre aux questions de Sans Filtre, voici son interview :

 

Quel a été votre cursus étudiant pour devenir journaliste sportif ? Depuis jeune c’était votre vocation ?

Oui, devenir journaliste sportif a toujours été un rêve d’enfant. Dès l’âge de 6 ou 7 ans, j’ai été nourri à la lecture de la presse sportive et générale. J’avais mes cahiers, je faisais mes propres articles. J’allais chaque week-end au Parc des Princes voir jouer le PSG et le Racing qui était à l’époque en 1ère division. Les deux clubs se partageaient le stade. Moi, j’étais davantage supporter du Racing que du PSG. En terme d’études, j’ai une maîtrise d’AES (Administration Economique et sociale) à Paris 1 Panthéon Sorbonne , une maîtrise de Sciences Politiques. A l’époque, je ne pensais plus devenir journaliste. Mais après un an entre vie active et concours administratifs, je me suis posé les bonnes questions et j’ai repensé à mon rêve d’enfant qui trottait encore dans un petit coin de ma tête. Je me suis inscrit à l’Institut Français de Presse (IFP) à Paris 2 Assas qui était accessible à Bac +4. J’ai réussi le diplôme (Bac +5) et je me suis lancé. J’ai passé un an dans un magazine sur le foot francilien (Capital Football). Je n’étais pas payé mais ça m’a pas permis d’être tout de suite lancé dans le grand bain. Je me suis retrouvé au Camp des Loges à interroger des joueurs du PSG. Un de mes premiers interview marquants était celui de Marco Simone qui venait de signer, plus d’une demi-heure en tête à tête. Aujourd’hui, ça parait inconcevable, que le PSG ou un  grand club, puisse donner aussi longtemps sa recrue phare à un journaliste débutant d’un petit magazine.. Mais c’était il y a plus de 20 ans. Après cette formation accélérée, j’ai rejoint le Parisien en septembre 1997. J’y suis toujours. En parallèle, j’ai aussi longtemps fait des piges pour France Football et j’ai travaillé un an pour le site Football 365.

Quel est votre sport favori ? Un sport « passion » ?

Le football et le cyclisme. Le Tour de France a longtemps bercé mon enfance. C’était un rendez-vous familial incontournable. J’ai des grands souvenirs devant la TV et au bord des routes. Jamais je me serai imaginé en vivre un de l’intérieur, ça me paraissait inaccessible. Mais j’ai eu la chance d’en couvrir plusieurs pour le Parisien. Une expérience extraordinaire. Un rêve d’enfant qui s’accomplissait.

Un club favori ?

Sans hésiter, le SC Bastia, origines corses obligent… Un club particulier, où il y a une vraie âme. Pareil, j’ai des grands souvenirs d’enfance au stade Furiani. A l’été 2017, j’ai été confronté à un vrai dilemme. Bastia était en voie de liquidation judiciaire et devait être remplacé en Ligue 2 par le Paris FC, le club que je suis au quotidien pour le Parisien. J’étais vraiment tiraillé. Le Paris FC en L2, c’était forcément plus intéressant pour moi sur un plan professionnel mais ça impliquait la descente en N3 de mon club de cœur.  Mais j’ai toujours continue à suivre Bastia même en N3. Le club retransmettait ses matchs sur Facebook, il y avait juste une caméra, pas de commentaires, mais je n’en ai pas raté beaucoup. Même si j’étais sur un stade, je regardais sur mon téléphone.

Quand on suit un club comme le Paris FC qui se balade dans les divisions inférieures, est-ce que c’est plus facile d’interroger les joueurs, d’être plus proche du vestiaire ?

Bien évidemment. C’est pour cela que j’ai toujours apprécié de travailler sur la L2, le National ou le foot amateur. Quand ils débutent, la plupart des journalistes rêvent du PSG ou de la Ligue des Champions. Ce n’était pas forcément mon cas. Je m’occupe aussi de L1 au Parisien, du PSG, des jeunes, des grands dossiers de la FFF et de LFP. Ça demande d’être top sur l’info, d’avoir un bon réseau et des bonnes sources. Ce qui m’intéresse également dans mon métier, c’est l’aspect humain, les rencontres et les histoires. Mais c’est de plus en plus fermé. C’est pour ça que la L2 offre un bon compromis. Ça reste un niveau intéressant et on peut bien y travailler, être proche des staffs et du vestiaire. C’est ce que je recherche. Après proximité ne veut pas dire collusion. Quand il faut sortir des infos qui peuvent déranger ou ne pas plaire, je le fais. C’est mon métier. Avec les dirigeants du Paris FC, on a souvent eu des différends. C’est le jeu. Mais globalement ça se passe bien. Le Paris FC est un club très ouvert où il est agréable de travailler. J’en profite pour remercier Kevin Briand et Valentin Paris du service communication. Ils font souvent en sorte d’accéder à mes demandes d’interview. C’est très appréciable.

Est-ce que travailler dans un média important comme le Parisien, ça ouvre des portes pour des reportages, des interviews, etc… ?

Oui, aussi. Ça reste un titre assez côté donc forcément, ça ouvre plus de possibilités. On arrive à avoir des exclusivités même s’il faut se battre au quotidien. Après, il faut bien comprendre quelque chose, c’est le média qui est important, pas le journaliste. J’ai le cas d’un collègue qui a quitté le journal. Il pensait pouvoir surfer sur son grand carnet d’adresse. Mais il s’est aperçu qu’il existait en tant que X du Parisien, pas X tout seul.

Le sportif le plus cool que vous avez rencontré ?

Il y en a beaucoup… Mais pour rester dans l’actualité, je dirais Julian Alaphilippe. Je l’ai rencontré au début de sa carrière amateur en 2011. Il courrait à l’époque dans l’équipe cycliste de l’Armée de Terre. Comme elle était basée à Saint-Germain-en-Laye dans les Yvelines, on la suivait dans les pages sportives régionales du Parisien. Et c’était moi qui était essentiellement chargé de son suivi. J’ai pu écrire les premiers articles sur Julian Alaphilippe. Près de dix ans après, ça me fait plaisir de voir qu’il n’a pas changé, qu’il est resté le même, malgré le succès. Dans mon métier, j’aime bien découvrir les pépites avant qu’elles ne percent au plus haut-niveau. Ca a toujours été la vocation de la rubrique sports Ile-de-France du Parisien.

Le premier stage dans le monde du journalisme, c’était où ?

Quand j’étais à l’Institut Français de presse, j’avais choisi comme sujet de mémoire «les journalistes sportifs à la Télévision». Sans faire de stage proprement dit, j’ai passé plusieurs jours dans les rédactions sportives de TF1, France Télévision, Canal +, Eurosport pour interroger les journalistes. Au total, j’ai dû faire une quarantaine d’entretiens. Le plus marquant, c’était sans doute avec Thierry Roland. Il avait été vraiment top avec moi, il m’avait invité au restaurant. Je garde en revanche un souvenir très mitigé de mon entretien avec Pascal Praud qui s’était montré assez désagréable.

Est-ce que depuis votre entrée dans le monde professionnel en 1997, vous avez vu un grand changement dans ce milieu ?

Comme je l’expliquais un peu avant, forcément c’était plus facile d’interroger les grands sportifs à mes débuts. Maintenant, il y a de plus en plus de barrières à franchir. Après, il y a eu la multiplication des chaines, des sites, l’apparition de twitter… Tout cela a bouleversé nos méthodes de travail. On se bat au quotidien pour faire perdurer une presse de qualité, davantage dans l’analyse, le recul, la profondeur que la culture de l’instant. La période actuelle n’est pas facile pour la presse écrite. Moi, je suis très présent sur les réseaux sociaux. Quand on me sollicite, je réponds souvent aux messages, en privé. Je pense que chacun a le droit de s’exprimer en gardant certaines limites. Après, il y a deux choses qui m’énervent : quand certains médias et site prennent des infos chez nous, les réécrivent et les déforment. Et ceux qui ne citent pas leurs sources. C’est toujours plus simple de faire un copié-collé du travail des autres.

Et dans le sport plus particulièrement, y-a-t-il eu un changement ? Est-ce qu’être proche des joueurs il y a 20 ans, c’était plus facile qu’aujourd’hui ?

C’est forcément plus difficile. Mais comme je l’expliquais, être présent au début de la carrière de certains sportifs, peut aider par la suite. On arrive à créer une relation de proximité, on connaît la famille, les parents. Ça peut nous donner un petit avantage.  Après pour revenir à mon cas, j’ai aussi pris de l’âge depuis mes débuts. Je ne suis plus dans la même génération que les sportifs que je suis. Quand j’ai commencé, je sortais, j’allais au restaurant et je suis même parti en vacances avec certains footballeurs. Ce serait beaucoup plus compliqué maintenant…

Paul LALEVEE

 

 

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