Crédits Photos : Peace and Sport
J’ai grandi dans une famille nombreuse en Nouvelle-Calédonie. Nous étions 18 frères et sœurs, et nous faisions partie de la tribu de Nang, sur l’île de Lifou. C’était donc une éducation avec des traditions, une culture différente de celle de la métropole.
J’ai commencé le sport très tôt, mon père était instructeur d’école et c’était pour lui un outil rapide pour accaparer et attirer l’attention des enfants. À chaque récréation, il y avait plusieurs objets mis à notre disposition, des cordes, des balles et ballons, des plots, pour qu’on puisse pratiquer une activité pendant ces quelques minutes. Le sport m’a donc toujours accompagné que ce soit en commençant avec l’athlétisme ou plus tard dans le football.
Je me souviens encore d’un cadeau que m’avait offert ma grande mère. C’était un ballon de foot. Ce ballon, je l’ai partagé avec tous mes copains, et tous les élèves de l’école jusqu’à ce qu’il ne soit plus utilisable.
Un ballon, c’est un objet symbolique à mes yeux, on le partage avec tout le monde. C’est pour cela que j’ai notamment aimé le football. Le fait de jouer avec plusieurs copains, créer quelque chose de convivial, de former un groupe, une communauté. On sait que l’on doit gagner ensemble, perdre ensemble. C’est là où l’on apprend véritablement les valeurs du sport. Même dans une discipline individuelle, comme l’athlétisme, nous devions gagner pour la tribu, donc nous apprenions à tout donner pour nos proches.
J’étais donc mordu de sport, mais je ne m’étais jamais imaginé en faire un métier. Le football était un loisir, une passion, on y jouait tous les dimanches, mais je faisais également du tennis, de l’athlé comme je vous le disais. On allait faire des tournois, mais c’était plus une aventure sans rêvasser à devenir pro. Peu de gens avaient la TV, et elle était encore en noir et blanc. Nous n’avions pas autant d’images pour imaginer la carrière des sportifs et nous mettre à leurs places. Les temps ont bien changé depuis mon enfance, et la Nouvelle-Calédonie qui regorge d’athlètes et de bons potentiels leur permet de mieux s’exprimer aujourd’hui.
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LA TRANSMISSION ET L’AIDE, DES PRIORITÉS POUR LES ANCIENS SPORTIFS
Je parle souvent du sport comme un privilège, car il m’a permis de voyager, de rencontrer bon nombre de personnalités, que ce soit dans mon domaine ou un autre, et qui ont eu un impact dans ma vie. C’est pour ça que je dis souvent aux sportifs de profiter et surtout de respecter ce privilège. Transmettre l’énergie et les valeurs font partie de nos missions.
De par mon éducation et le lieu où j’ai grandi, l’aspect social a toujours été inné chez moi. En tant que famille nombreuse, nous devions nous aider les uns les autres au quotidien, donc l’entraide était naturelle. Même chose dans notre tribu, notre communauté. On s’aidait à construire les cases par exemple. L’aide est finalement du partage.
À travers mes voyages j’ai pu constater qu’il y avait besoin de cette entraide aux quatre coins du monde, de mon île jusqu’en Afrique, en Amérique Latine, et même en Europe. Nous naissons tous de la même façon, les disparités apparaissent ensuite, mais tout le monde a de l’énergie au fond de soi même pour venir en aide à quelqu’un, d’une façon ou d’une autre.
En tant que Champion de la Paix auprès de Peace and Sport je suis allé à Haïti en 2010. Joël Bouzou m’avait appelé pour me demander de me rendre avec lui et Peace and Sport, j’ai répondu rapidement positivement. Après ce tremblement de terre dévastateur, Haïti avait besoin de l’aide internationale. Bien sûr au niveau humanitaire, avec de la nourriture, de l’eau, des infrastructures, mais il fallait également s’occuper de la « vie sociale » des personnes sur place. Nous avions acheminé un conteneur rempli de plusieurs tonnes d’équipements sportifs que nous avons distribué avec le Comité Olympique Haïtien. À travers des outils, des activités, le but était de recréer des liens entre la population et notamment les jeunes qui avaient perdu leurs proches. Il y avait la nécessité de leur redonner de l’espoir.
Haïti était la perle des Caraïbes et la voir dévastée, traumatisée, nous a beaucoup touché et nous voulions apporter notre contribution, utiliser notamment le sport comme outil, pour apaiser les peines et restructurer la personne à travers des jeux et des activités de manière communautaire.
L’action d’urgence à laquelle j’ai participé s’inscrivait dans un programme de long terme lancé en 2007 et visant à renforcer les capacités des acteurs locaux sur la gestion d’activités de paix par le sport. En quelques années, les centres sportifs sont devenus autonomes pour la mise en place de leurs activités sportives au service de la cohésion sociale.
Je ne peux que terminer par une allusion à une personne que j’admire plus que tout. Nelson Mandela s’est servi du sport comme un vecteur d’unité sociale et politique. Il a réussi et je pense qu’il faut s’en inspirer. C’est ce qu’on fait avec Peace and Sport, on utilise le sport comme un instrument pour œuvrer pour la Paix.
CHRISTIAN