CHLOÉ TRESPEUCH : LE SNOWBOARDCROSS, UN MONDE PLEIN DE SENSATION

Membre de l’Équipe de France de snowboardcross depuis près de 10 ans, Chloé Trespeuch fait figure d’ancienne à seulement 24 ans. Elle vous raconte son parcours et son amour pour sa discipline et ses rêves de médailles mondiales pour cette saison.
Chloé Trespeuch

Chloé Tespeuch – Snowboardeuse

# Equipe de France de snowboardcross #Val Thorens #Médaille de Bronze aux JO 2014 #Médaille d’argent aux Mondiaux 2017 #Championne du Monde par équipe 2017 #Globe de Cristal en Team event 2018

Les athlètes sont souvent imperméables à toute communication avant que la compétition ne soit terminée. La rubrique « Dans la peau » permet à un sportif de partager avec vous ces moments secrets et déterminants qui forgent la réussite de leurs projets.

Membre de l’Équipe de France de snowboardcross depuis près de 10 ans, Chloé Trespeuch fait figure d’ancienne à seulement 24 ans. Elle vous raconte son parcours et son amour pour sa discipline et ses rêves de médailles mondiales pour cette saison. (Crédit photo Une : C. Cattin).

Mon histoire avec le sport a commencé très tôt dès l’âge de 2 ans lorsque mes parents m’ont fait monter sur des skis, puis j’ai commencé le snowboard à l’âge de 6 ans.

Le snowboard était le sport familial. Mon père le pratiquait régulièrement, mais c’est grâce à mon grand frère Léo que je me suis mise à la compétition. C’était une bonne occasion de partager une activité en famille.

J’aimais bien ces sensations qu’on ressent sur le snow, il y a de la vitesse, de l’engagement, des sauts. La compétition était logique pour moi, j’ai toujours eu le goût des défis et des challenges.

L’ÉQUITATION, UNE PASSION PRÉCOCE COMPLÉMENTAIRE

J’ai toujours partagé ma vie entre Saint-Jean de Monts en Vendée et Val Thorens en Savoie en alternant tous les six mois.

En Vendée, à défaut de pouvoir faire du snow, je me suis vraiment tournée vers l’équitation parce que j’aimais les animaux et le sport en pleine nature. C’était l’occasion de profiter également de la variété du territoire en pratiquant une activité sportive. La compétition est venue naturellement au travers du saut d’obstacles, une discipline qui possédait les mêmes sensations et ce défi chronométrique que l’on peut trouver dans le snowboard.

On s’inspire souvent d’athlètes dans les sports qu’on pratique. Comme beaucoup de snowboardeuses de ma génération, Karine Ruby a été un super exemple. Elle a tout gagné et dans plusieurs disciplines ! Je pense aussi à Pénélope Leprevost qui est pour moi la meilleure cavalière du monde et qui est capable de briller dans un sport mixte, c’est très fort.

Aujourd’hui, je pratique l’équitation pour le plaisir et le snowboard de manière professionnelle. L’équitation m’aide énormément dans ma pratique professionnelle du snow en proposant des sensations similaires.

LE SNOWBOARD CROSS, UNE DISCIPLINE TECHNIQUE ET TACTIQUE

Le snowboardcross est une discipline assez simple à comprendre. 6 concurrentes partent simultanément et tentent de finir le plus rapidement possible un parcours qui contient quelques virages relevés et des sautes. Les compétitions se déroulent en général de la façon suivante : un premier jour avec une phase de qualification en format contre la montre individuel, puis arrivent les playoffs avec les 24 meilleurs temps. Nous sommes ainsi confrontées 6 par 6, pour aborder quart, demi et finale où il restera les 6 meilleures.

Le snowboard cross allie le côté stratégique au côté technique parce qu’il faut bien choisir sa ligne en fonction des autres et bien adapter sa trajectoire en fonction de ce qu’il se passe en temps réel. Il y a des sensations fortes, de l’adrénaline, de la vitesse et les sauts. Il y a également ce sentiment de dépasser ses peurs à chaque compétition que j’affectionne tout particulièrement.

C’est une discipline vraiment différente du freestyle que j’ai pratiqué dans le passé et qui me plaisait moins par sa recherche artistique. Je préfère chercher cette sensation de vitesse et la gestion du contact avec les autres qu’on trouve dans le snowboard cross.

 

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Les stratégies changent en fonction des parcours parce qu’on n’a jamais deux fois le même parcours. En fonction de chaque étape, on a un nouveau parcours à découvrir et c’est ce qui est excitant dans notre sport où il faut savoir s’adapter rapidement. Par exemple, parfois il est bien de partir de derrière pour prendre l’aspiration sur les autres snowboardeuses et les doubler au dernier moment. Parfois, il vaut mieux partir devant et essayer de creuser l’écart rapidement.

La stratégie varie souvent et c’est très intéressant. Nous faisons ainsi beaucoup de travail vidéo la veille des courses pour étudier justement chaque partie du parcours et mettre des stratégies en place.

Éviter les chutes fait également partie du jeu notamment lorsque nos adversaires tombent devant nous, il faut être réactive. Le facteur chance existe bien entendu, mais la personne qui est vraiment au-dessus techniquement et tactiquement saura éviter ces problèmes et remporter la course sans avoir besoin de la chute de ses concurrentes.

Malheureusement, je suis tombée assez souvent dans ma carrière à cause du peu d’espaces sur les parcours. C’est très frustrant, car on s’entraîne pour rester debout jusqu’en bas et la chute nous prive de tenter notre chance jusqu’au bout.

On ne peut pas prévoir ce qu’il se serait passé si on n’était pas tombé. Quand on chute, cela veut dire que l’on a fait une erreur et si les autres n’en font pas, elles méritent de gagner. On apprend à l’accepter, et le prochain coup on essaye de mieux tenir sur ses jambes ou de faire plus de musculation pour être plus solide.

DES ENTRAÎNEMENTS TRÈS VARIÉS ALLIANT LE TRAVAIL SUR LA NEIGE AU TRAVAIL PHYSIQUE ET DE MUSCULATION

Les entraînements de snowboard cross sont assez variés. Sur la neige, on fait beaucoup de carving* pour travailler tout ce qui est virages ainsi que la vitesse sur les courbes plus compliquées. On travaille également le côté freestyle en s’entraînant sur le saut pour être à l’aise dans les airs.

*effectuer un virage coupé sans déraper, une courbe nette

À côté de ça, il y a beaucoup de préparation physique et de musculation pour justement éviter les blessures quand on tombe, et aussi pour gagner en puissance sur tout le travail avec les jambes notamment les amortis avec la vitesse, bien résister à la pression. C’est grâce à la musculation que l’on va réussir à être performant sur ce type d’efforts.

Le but du jeu est d’éviter le contact ou de bien le gérer. On n’a pas le droit de pousser avec les mains par exemple. Après, il y a toujours des frottements et il faut savoir être solide et ne pas tomber au moindre contact. On va donc prioriser l’entraînement du champ de vision pour nous permettre d’avoir le maximum d’information et une prise de décision rapide qui nous permettra souvent d’éviter le contact.

L’aspect le plus compliqué à gérer dans l’entraînement est au niveau mental comme dans tous les sports, il faut réussir à toujours avancer afin de ne pas rester sur ses échecs et ses blessures. C’est vraiment ce qui peut faire la différence.

En plus d’un gros travail musculaire pendant les périodes sans neige, le cardio est essentiel au travers de la course à pied pour améliorer l’endurance et la récupération. Je n’oublie pas tout ce qui est explosivité pour permettre d’atteindre une vitesse maximum et des capacités de bondissement important. Enfin, un focus un peu particulier concerne les bras : il est important de sortir rapidement des portes du départ ce qui peut faire une vraie différence dès les premières secondes.

J’ai aussi intégré le skate dans la préparation physique, car il y a pas mal de liens avec le snowboard au niveau de l’équilibre, de l’engagement ou de la prise de vitesse. J’en fais 2 ou 3 fois par semaine.

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UNE SAISON DE SNOW CHARGÉE SOUS LE SIGNE DE L’ÉQUIPE DE FRANCE

Le calendrier des saisons est assez simple, avec la phase de compétition et des manches de Coupe du Monde de décembre à avril. Après un mois de repos dans la foulée, nous enchaînons dès juin par une préparation physique au Centre National d’entraînement à Albertville. Pendant l’été, direction les glaciers en France (Val d’Isère, Les Deux Alpes, Tignes) pour reprendre le snowboard, et on poursuit ces premières sensations en Argentine où la saison hivernale commence en septembre. Une année plutôt chargée et intense.

Cette période où nous nous retrouvons est essentielle pour une bonne cohésion de groupe et nous aide beaucoup dans notre progression individuelle.

Il y a vraiment un bon état d’esprit en Équipe de France où l’on se tire vers le haut et on progresse tous ensemble. Même si c’est un sport individuel, on a vraiment besoin de cette émulation de groupe pour avancer, cela nous aide beaucoup.

Les têtes d’affiche comme Pierre Vaultier tirent tout le monde vers le haut. Cela nous donne un modèle et nous motive. On a également un super encadrement avec de bons coachs, de bons kinés, de bons médecins et un bon préparateur physique. On travaille tous dans le bon sens. Chaque saison, on est de plus en plus réguliers avec des podiums en Coupe du monde. Il y a encore des nouveaux qui poussent derrière et amènent les plus anciennes à se bouger. La plus « vieille » de l’équipe a 27 ans donc c’est un groupe vraiment jeune et dynamique.

Cet été, je me suis faite une rupture des ligaments internes et externes de la cheville, ce qui va me faire rater les deux premières coupes du monde du mois de décembre.

Cela a été un vrai coup dur parce que c’est arrivé en fin de préparation physique. J’avais vraiment beaucoup travaillé cet été et c’était frustrant de se faire opérer à la fin de l’été. C’est la vie du sportif ! À moi de rebondir et revenir au plus vite. Je vais faire ma rééducation correctement pour revenir pour les championnats du monde le 1er février 2019.

C’est mon objectif qui est encore jouable, car nous sommes championnes du monde par équipe avec Nelly et je suis vice-championne du monde en individuel lors des derniers mondiaux. Cela me motive à aller maintenir le titre et aller en chercher un autre.

LES SPONSORS SONT ESSENTIELS POUR NOUS

J’ai la chance d’être très bien soutenue par un groupe de sponsors. Ils font vraiment partie de ma carrière, car je suis issue d’un sport qui ne rémunère pas ses athlètes. Si l’on n’a pas la chance d’être bien encadrée et bien soutenue, on ne peut pas vivre de notre activité et c’est plus compliqué pour exprimer tout son potentiel lors des grandes compétitions.

La fédération nous accompagne également en nous apportant les coachs et la structure d’entraînement. Grâce à eux, une saison ne nous coûte presque rien, ils prennent tout en charge.

Mais notre sport ne cesse de grandir avec une visibilité de plus en plus importante grâce aux retransmissions télévisuelles. C’est vraiment un gros plus pour nous, et ça permet au grand public de découvrir ce type de discipline fun. Nos compétitions sont d’ailleurs un succès d’audience durant les Jeux Olympiques d’hiver et je suis sûr que cette dynamique va se retrouver sur la neige avec un nombre de licenciés plus important chaque année.

Une réussite collective du snowboardcross français qui pourrait s’accompagner de ma réussite individuelle lors des prochains Championnats du Monde.

CHLOÉ

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