Boris Diaw est le parrain, cette année, des Journées Nationales de l’Arbitrage avec le groupe La Poste. Elles se déroulent du 18 au 29 novembre et ont pour objectifs sont de mettre en lumière les arbitres, de sensibiliser les joueurs ainsi que le grand public à l’importance de cette fonction et de susciter des vocations. Boris Diaw s’exprime sur ce sujet ainsi que l’actu basket du moment.
Crédit Photo : La Poste
BORIS DIAW :
Je trouvais que le concept des Journées Nationales de l’Arbitrage était intéressant dans le sens où c’est fait tous les ans, avec un ambassadeur différent qui est un athlète. On sait qu’il y a toujours un rapport particulier entre les athlètes et les arbitres, on s’agace les uns les autres mais ça fait partie du jeu. Il faut savoir que sans arbitre, il n’y aurait pas de match et c’est donc une belle manière de leur montrer qu’on en est conscient et qu’on apprécie et reconnait ce rôle dans le sport.
Leur mission est d’intérêt général, ils font en sortent que le jeu se déroule de la meilleure des manières et que tout se passe bien, c’est vraiment ça le rôle d’un arbitre.
Je voulais aussi faire comprendre, auprès de la jeune génération, que les sportifs ne sont pas opposés aux arbitres mais sont plutôt des partenaires de jeu. On a besoin d’eux et on respecte ce rôle qui est très difficile.
LA PERCEPTION ÉVOLUE AU FIL DE LA CARRIÈRE
C’est vrai qu’aujourd’hui je n’ai plus de recul sur tout cela. J’ai eu plusieurs périodes, celle où t’es jeune et tout se passe bien, tu ne t’énerves quasiment jamais, tu ne contestes pas les décisions.
Ensuite il y a ce moment où tout devient plus sérieux, tu commences une vraie carrière et là les matchs ont une importance tout autre. Forcément tu prends plus à cœur chaque match et chaque décision, et tu les prends sans doute plus personnellement aussi.
En fin de carrière tu évolues, tu te rends compte que les coups de sifflet ne sont pas dirigés contre ta personne, juste par rapport au jeu. Mais j’ai toujours eu de bons rapports avec les arbitres, il y en a toujours un ou deux avec qui tu t’entends moins bien mais c’est pareil avec tes coéquipiers, parfois le courant ne passe pas. Ayant moi-même arbitrer de temps à autres des petits matchs, j’avais conscience de la difficulté de ce rôle. Tout va très vite, les arbitres n’ont pas de ralenti et ne peuvent pas prendre le temps de la réflexion, c’est là où je trouvais que c’était compliqué.
UNE LIBERTÉ D’APPRÉCIATION DES RÈGLES
Les joueurs doivent aussi s’adapter en fonction des pays, l’arbitrage peut être un peu différent. Par exemple entre la NBA et la FIBA, il y a sans doute des directives qui sont donnés sur la façon de siffler un contact, un marché, une reprise. C’est laissé à l’appréciation de l’arbitre mais on voit qu’en NBA c’est bien plus permissif. Les arbitres en revanche communiquent et échangent peut-être un peu plus aux États-Unis qu’en Europe où ils ont moins de temps pour nous.
Et un arbitre n’a pas forcément besoin d’avoir pratiqué le sport pour être performant. Ça aide parfois pour la compréhension des règles, pour un flop ou une simulation par exemple mais ce n’est pas indispensable.
A l’inverse faire arbitrer un match de jeunes aux pros de temps en temps pourrait être bénéfique pour tout le monde. Ça montrerait que ce n’est pas simple, ça pourrait également aider les sportifs à mieux comprendre et donc apprivoiser les règles parfois. Tout cela pourrait les aider à progresser sur le parquet.
ÉVOLUTION DE L’ARBITRAGE
Il y a peut-être une chose que j’aimerais appuyer, ce sont les sanctions pour les simulations. Quand je jouais j’ai toujours détesté ces comportements, qui allaient à l’encontre du jeu et encore aujourd’hui je n’aime pas voir cela en tant que spectateur. Pour moi, la sanction devrait être plus sévère si un joueur est pris en flagrant délit de simulation.
Quand je regardais des matchs enfant, je voyais l’intensité des contacts en NBA notamment, c’était autre chose ! C’était plus physique, j’étais vraiment fan de cette époque-là. Je ne veux pas être le vieux con qui va dire “c’était mieux avant” dans le sens quand je jouais, mais c’était mieux avant les autres jouaient, quand je les regardais avec mes yeux d’enfant et de fan de basket. Je ne sais pas si je suis objectif mais je trouvais cela beau à regarder.
Il y a une évolution naturelle, notamment avec la professionnalisation. On a tendance à protéger un peu plus les joueurs aujourd’hui.
TRANSMISSION
La transmission est une mission que je prends à cœur. Le respect de l’arbitrage avec ces journées, la formation des jeunes mais aussi le haut niveau. Je suis manager adjoint de l’équipe de France, là aussi j’ai envie de m’engager sur du long terme et aider cette équipe.
Il y a un très gros potentiel français en jeune donc c’est intéressant, la relève est là, on continue à voir des français intégrer la NBA et c’est de bon augure pour la France. Je connais bien Théo Maledon car je le vois en Equipe de France. Le potentiel est là et c’est une bonne année pour eux avec Killian Hayes.
La draft n’est cependant pas une finalité dans le sens où il ne faut pas presser pour y aller, on peut aller en NBA à n’importe quel âge, comme on le voit avec notre génération on a tous connu des parcours différents, j’ai joué en Pro A avant d’y aller à 21 ans alors que Ronny Turiaf est passé par la NCAA avant, Tony s’est présenté à la draft à 19 ans après avoir joué aussi en Pro A. Il n’y a pas un seul chemin, et il ne faut pas être pressé, il faut y aller quand on se sent prêt.
BORIS DIAW
Avec Clément Samson