AODEZ LEFOURN : LE TOUR DE FRANCE, UN RÊVE DE PETITE FILLE

Alors que le Tour de France vient de démarrer, on s’étonne encore de l’absence de version féminine à la plus grande course cycliste du monde. Un groupe de 13 femmes s’est lancé le défi de réaliser le parcours de leurs collègues masculins 1 jour avec chaque étape pour le projet “Donnons des elles au vélo J-1”. L’une d’elle, Aodez Lefourn nous explique leur aventure.
Tour de France féminin

Les athlètes sont souvent imperméables à toute communication avant que la compétition ne soit terminée. La rubrique « Dans la peau » permet à un sportif de partager avec vous ces moments secrets et déterminants qui forgent la réussite de leurs projets.

Alors que le Tour de France vient de démarrer, on s’étonne encore de l’absence de version féminine à la plus grande course cycliste du monde. Un groupe de 13 femmes s’est lancé le défi de réaliser le parcours de leurs collègues masculins 1 jour avec chaque étape pour le projet “Donnons des elles au vélo J-1”. L’une d’elle, Aodez Lefourn nous explique leur aventure.

Réaliser l’intégralité des étapes du Tour de France un jour avant les coureurs du peloton masculin, tel est le défi que nous nous sommes données depuis 3 ans au travers du projet « Donnons des elles au vélo J-1 ». Cette année, nous serons treize femmes à y participer, toutes cyclistes amatrices de diverses nationalités.

Ce projet trouve sa raison d’être dans l’arrêt du Tour de France féminin qui n’existe plus depuis 1989.

Il avait alors lieu sur les 3 semaines en lever de rideau de la course masculine, garantissant aux femmes d’avoir les mêmes moyens et couverture médiatique que les hommes.

Claire Floret, du club de Courcouronnes, est à l’origine de ce projet. L’idée lui est venue suite au visionnage du film La Belle Échappée d’Éric Fottorino qui a réalisé lui aussi les étapes du Tour avec un groupe de jeunes.

Les objectifs sont multiples :

  • Promouvoir le cyclisme au féminin en fédérant autour de notre peloton toutes les formes de pratique du cyclisme, de la débutante au plus haut niveau.
  • Inciter les organisateurs de courses à donner les moyens d’exister à des grandes épreuves par étapes féminines médiatisées sur le territoire français, notamment un Tour de France.
  • Médiatiser le cyclisme au féminin pour changer les représentations, casser les stéréotypes, en présentant un sport mixte.

Des partenaires nous accompagnent dans cette aventure, ils sont publics et privés. C’est l’ensemble des treize filles qui s’est investi pour les trouver, ce qui rajoute une tache en plus lors de la préparation.

Nous avons également deux parrains issus du monde professionnel qui sont les bretons Warren Barguil et Audrey Cordon.

UN PROJET SPORTIF PORTÉ PAR UN ESPRIT D’ÉQUIPE

J’ai été séduite par ce projet pour plusieurs raisons. Pour l’aspect humain, tout d’abord, et l’esprit d’équipe qu’implique ce projet. J’ai toujours, dans mon parcours, eu à cœur de faire partie d’une équipe féminine que ce soit avec la Division nationale dames de Bretagne (depuis sa création en 2006) ou celle de la région Centre (en 2015). J’y ai apprécié l’ambiance, les rires à n’en plus finir, les rencontres et les déplacements. J’ai essayé autant que possible de faire partager ma passion et mon expérience aux jeunes filles de l’équipe. Je suis convaincue par le rôle fédérateur et éducatif du cyclisme.

Pour le côté sportif, ensuite. Cette beauté de l’effort physique et le magnifique symbole que représente le Tour de France. J’entame cette année ma 24ème saison de vélo et j’aime toujours autant ce sport qui est pourtant parfois très difficile. Mais, comme beaucoup d’autres filles, je n’abandonne jamais ! Le plaisir de rouler l’emporte toujours sur le mal, la fatigue, les blessures…

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Pour candidater, il a fallu faire une présentation originale et à notre image qui réponde à différentes questions : quelles sont tes motivations à participer au projet, quel rôle souhaiterais-tu occuper avant, pendant et après le Tour ? Penses-tu à des idées nouvelles pour faire évoluer le projet ? ….

Pour vous donner un exemple, nous avons reçu cette année 89 demandes de dossier de candidatures, 33 présentations reçues dans les délais… pour seulement 13 places !

De plus, un niveau cycliste confirmé est exigé ainsi qu’un entrainement suffisant permettant de pédaler sur 3500 km et plus de 50 000 mètres de dénivelé pendant 3 semaines. Il faut avoir une préparation et une condition physique permettant d’encaisser de longues journées de vélo de 8 à 10 h de selle par jour tout en dormant 5 à 6 h par nuit.

UN CHALLENGE ÉPROUVANT POUR DES AMATRICES QUI DEMANDE UNE PRÉPARATION DIGNE DES PROS

La préparation consiste au niveau personnel à enchaîner les heures et journées sur le vélo, tout en se ménageant des plages de repos. Et tout ça en jonglant avec mon travail de professeur de mathématiques à Douarnenez en Bretagne !

C’est aussi un travail important de communication et de recherche de partenariats à faire en amont.

Nous avons également fait trois regroupements avec plusieurs filles et membres du staff : un week-end à Courcouronnes en février, une semaine en Espagne en mars et une reconnaissance de l’étape Lorient-Quimper en mai.

Une équipe d’encadrement de six personnes assure la logistique, la mécanique des vélos, la communication et le suivi santé du groupe. Quatre véhicules assurent la sécurité et les transferts du peloton dans cette aventure. Mais il faut savoir tout de même que nous réaliserons tous les transferts en voiture contrairement aux coureurs professionnels masculins qui prendront l’avion à deux reprises.

Nous n’avons d’ailleurs pas de contact avec les équipes masculines, hormis avec Warren Barguil, notre parrain membre de l’équipe Fortunéo-Samsic. Nous l’avons rencontré et il nous a gentiment conseillé, par exemple sur les pavés, à Roubaix. Il ne faudra pas hésiter à bien diminuer la pression des pneus pour ne pas crever !

Mais nous regardons forcément ce qu’il se fait chez eux pour s’en inspirer. J’aime beaucoup l’état d’esprit des coureurs français qui sont très opportunistes et bagarreurs. Je souhaite voir à l’avant des coureurs comme Warren (Barguil) ou notre pépite bretonne David Gaudu.

Mon objectif est de prendre beaucoup de plaisir et de faire passer au plus grand nombre le message qui nous réunit toutes en juillet : appréciez, encouragez et regardez les femmes cyclistes comme elles le méritent !

Et pourquoi pas le retour du tour de France féminin dès l’année prochaine, je l’espère ! Je rêve d’y voir gagner notre marraine Audrey Cordon (équipe Wiggle) ou encore ma grande copine Aude Biannic (équipe Movistar) !

AODEZ

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