Athlé – Ludivine Aubert : “Battre un record en finale c’est de bonne augure”

Médaillée d’argent surprise sur le 400 m haies, lors des mondiaux juniors, Ludivine Aubert a éclaté au yeux du monde entier.
Ludivine Aubert argentée aux mondiaux veut poursuivre sa progression
Ludivine Aubert argentée aux mondiaux veut poursuivre sa progression

Médaillée d’argent surprise sur le 400 m haies, lors des mondiaux juniors, Ludivine Aubert a éclaté au yeux du monde entier. Elle s’est approchée à deux centièmes du record de France juniors détenue par Aurélie Chaboudez (57”14) lors de la finale. Un changement de statut et une première médaille au niveau international, au terme d’une course où elle a touché l’or du bout des doigts. Désormais tournée vers l’avenir, l’Angevine, qui s’entraîne à Nantes, veut continuer sa progression et rêve des JO de Paris en 2024. Rencontre avec Ludivine Aubert, qui nous parle de cette compétition, de ce qu’elle va mettre en place pour poursuivre sa progression, mais aussi de sa relation avec sa discipline, si particulière.

Ils ont aussi gagné des médailles aux mondiaux juniors, retrouvez leurs interviews :

Elise Russis : ICI

Maële Biré-Heslouis : ICI

Jean-Baptiste Bruxelle : ICI

Crédits : Jean-Pierre Durand Voir cette publication sur Instagram

LUDIVINE AUBERT – JE NE M’ATTENDAIS PAS A FAIRE UNE TELLE PERFORMANCE

Avant les mondiaux, je ne visais pas forcément une médaille. La semaine d’entraînement après les championnats d’Europe et le stage à Fontainebleau n’ont pas été faciles pour moi. Les séances ne se passaient pas bien et je n’était pas en confiance pour la compétition. C’est une fois arrivée à Nairobi, que j’ai réussi à switcher. Je pense que le souci était plus mental qu’autre chose. La première séance faite sur place n’avait rien à avoir avec celles faites durant la période évoquée. J’ai également pris rendez-vous avec ma coach mental, psychologue du sport à Nantes. Elle m’a beaucoup aidée et une fois sur place, j’ai commencé à y croire, je savais que je pouvais faire un truc.

Je m’attendais à battre mon record, faire entre 57”60 et 57”80, mais pas 57”16, pas une performance aussi près du record de France (NDLR : record de France juniors détenu par Aurélie Chaboudez en 57”14). J’étais proche de son record de France en cadettes et pour l’anecdote je me trouvais un peu loin de son record et que jamais je ne pourrais m’en rapprocher. Finalement (rires). Cependant, je savais que pour monter sur la boite, il fallait faire un gros chrono. On m’a dit que battre un record en finale, cela veut dire que je suis une vraie compétitrice. C’est forcément de bon augure pour la suite. J’ai reçu beaucoup de messages de félicitations sur tous les réseaux.

LE PLUS IMPORTANT C’EST DE FAIRE DES PERFORMANCES CHEZ LES GRANDES

Je suis également un peu frustrée de ne pas avoir remporté l’or. Je la vois me passer devant, donc c’est forcément un peu frustrant. Mais dès la ligne franchie, la pression est retombée, que ce soit le travail effectué depuis le début de l’année et la fatigue qui va avec. Tout est redescendu, j’ai relativisé la défaite, car j’étais contente d’être sur le podium. Quand j’ai vu son chrono à elle, je savais que j’étais pas loin et que ma performance serait bonne. Une fois la 2e place connue, ce chrono, je l’attendais avec impatience. Cela a comblé le reste ! Mon adversaire explose également son record personnel durant cette finale.

Je préfère gagner des médailles que faire des éventuels records de France. Et je sais aussi que le plus important, c’est de faire des performances chez les grandes ! Il faut continuer à mettre les bonnes choses en place, qui sont là depuis le début. Je fais des études de droit et j’ai choisi de dédoubler mon année scolaire, pour passer ma 2e année en deux ans. Pour me libérer plus de temps pour le sport, car l’année dernière, cela avait été compliqué sans aménagement. J’ai fait une année sans aménagement et je suis passée de justesse, avec le Covid qui n’a rien arrangé.

Il faut continuer le travail et je savais que je ne pouvais pas continuer comme l’année dernière. Je vais m’entraîner davantage, en passant de sept à huit entraînements par semaine. Sachant que la L2 demande plus de travail que la L1. Il fallait trouver une solution pour se mettre à fond dans l’athlé. Je n’ai pas encore de partenaires, mais les choses sont en train de se mettre en place pour cette année. Mon coach est en train de mettre en place des choses.

LUDIVINE AUBERT – JE ME SENS CAPABLE DE COURIR UN JOUR EN 54 SECONDES

On a ciblé les objectifs pour cet hiver et ce sera faire que du court, car je dois progresser en vitesse. Je vais me focaliser sur le 60 m haies et le 200 m. Je dois progresser sur ces distances. Il y aura tout de même un 400 m dans l’année, histoire que je me fasse plaisir. C’est la distance où j’aurais le plus de chance de faire un podium. De toute manière, si je progresse au 60 et au 200 m, j’irai plus vite au 400 m (rires).

Paris 2024, je commence à y penser, surtout depuis Tokyo. Maintenant, la prochaine étape c’est Paris, c’est dans trois ans et j’y pense, car le temps passe tellement vite. Avant Tokyo, je trouvais tout cela loin. Je me revoie encore au lycée, à en parler entre athlètes en nous disant : “Paris ça va c’est encore loin, il y a encore 2020”. Mais là, on s’y approche vraiment (rires). Avoir vu la fin des JO m’a fait prendre conscience de l’imminence de l’échéance parisienne. Je sais aussi que sur ma discipline du 400 m haies, le niveau sera très relevé. Sydney Mclaughlin et Femke Bol sont très jeunes et il y aura d’autres filles qui vont progresser.

Je suis consciente qu’il faudra faire 54 pour entrer en demi-finale à Paris. Dans ma carrière, je me sens capable de réaliser un chrono comme ça mais j’ai du mal à me projeter sur leur niveau à elles.

JE ME DISAIS : “IL A RÉUSSI, POURQUOI PAS MOI?”

Il y a une belle émulation en France, je me compare à des filles plus âgées, voir ce qu’elles faisaient au même âge que moi. Et je me dis que je suis pas trop mal (rires). On est parti pour se “battre” ensemble pendant une dizaine d’années si tout va bien. Si le niveau du 400 m haies en France est bon, ce sera intéressant au niveau international. Pendant quelque temps, cela a été compliqué pour cette discipline. Je pense que le niveau est en train de se relever ici ! Mais il faut prendre en compte que le niveau international est énorme !

Les résultats de l’équipe de France à Nairobi m’ont aidé au moment de m’élancer dans ma course. Je suis dans les dernières à courir et tout le monde avait terminé la compétition et il y avait pas mal de médailles pour les Bleus. Cela m’a clairement stimulée. Il y a la médaille et le record de Sasha, la première médaille d’Elise à la perche. Certains échecs ont été également une source de motivation. Cela motive car il faut y aller. Je me dis “lui il a réussi et pourquoi pas moi ?”. Il y a une bonne entente dans cette équipe de France. On a fait deux sélections cet été. On s’est connu aux championnats Europe avant de se retrouver aux championnats du monde.

LUDIVINE AUBERT – LE 400 M EST PLUS DUR QUE LE 400 M HAIES

Le 400 m haies demande de la vitesse et du foncier, mais aussi de la technique. C’est un peu les épreuves combinées du sprint (rires). La discipline m’a autant choisie que je l’ai choisie. Je faisais des épreuves combinées auparavant jusqu’à la catégorie cadettes. Je me débrouillais bien, mais pas parmi le podium aux France. Ce qui ne me satisfaisait pas. Je sentais que sur 400 m haies, je pouvais faire un truc bien et j’en ai fait un. Sur mon tout premier, je bat le record de Ligue, en faisant la deuxième performance française cadette. Le tout avant les France jeunes. C’est dans la même année que je deviens championne de France cadette de la distance.

A mon sens, le 400 m plat, c’est plus difficile que le 400 m haies. Le lactique n’est pas le même je trouve. Sur les haies, oui il est là, mais il ne va pas faire aussi mal que sur 400 m. Oui, je lève moins les jambes, je suis moins solide sur mes appuis, sur la fin de course de ma finale des mondiaux. Sur le 400 m, on le sent pendant la course et il fait vraiment mal. Les haies aident aussi, on a le temps de penser durant un 400 m haies. On court juste et il y a des objectifs à chaque haie. Sur 400 m, on est livré qu’à la course, sans rien à côté.

Ceci dit, la dernière haie n’est pas facile à passer (rires). Il reste encore le plat derrière. On a tendance à se dire qu’après la dernière haie, c’est fini, mais non ! C’est d’ailleurs sur le plat que je me fais battre en finale des mondiaux. Je suis encore en tête sur la dernière haie.

LUDIVINE AUBERT

Avec Etienne GOURSAUD

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