Yanis Meziane est un athlète Français spécialiste du 800 m. Il est qualifié aux championnats d’Europe de Munich. Son premier grand championnat chez les séniors, alors qu’il n’est qu’Espoir première année. Il a connu une progression assez fulgurante sur le double tour de piste, passant de 1’52”21 en 2020 à 1’45”52 cette année. Il raconte sa saison, sa progression, l’impatience de découvrir un grand championnats chez les grands. Avec l’ambition d’apprendre et d’engranger de l’expérience !
Crédit : Gaëlle M. (Instagram : gagastrophe)
Le compte twitter de Yanis Meziane : ICI
YANIS MEZIANE – ÊTRE SÉLECTIONNÉ AVEC UNE TELLE DENSITÉ EN FRANCE, CELA RAJOUTE DE LA FIERTÉ.
J’étais un peu dans le flou ces trois dernières semaines. Je suis quatrième aux championnats de France et c’était les trois de devant qui passaient. Mais je vois “Bosse” (Pierre-Ambroise Bosse) qui ne fait pas les mondiaux et qui risquait de ne pas participer aux Europe. Du coup je ne savais pas trop ce que cela allait donner. Tu ne peux pas espérer le forfait d’un autre athlète, surtout que Bosse je l’aime bien. Mais son forfait laisse espérer une potentielle sélection. J’ai attendu et quand il a annoncé son forfait, forcément la sélection s’est rapprochée, même si ce n’était pas encore officiel.
Il faut savoir que la densité en France sur le 800 m n’a jamais été aussi forte. Avec Hugo Houyez, on a fait exactement le même chrono. Derrière, il y avait d’autre coureurs qui ont fait les minima. Etre sélectionné avec une telle densité en France, cela rajoute de la fierté. Quand j’ai vu la sélection tomber, j’étais libéré d’un poids. Tu vois ta photo sur le site de la FFA, je suis à côté de noms comme Mayer, c’est incroyable.
L’an passé, je fais ma troisième place aux Europe juniors et ma demie à Nairobi aux mondiaux, ratée en raison d’un franchissement de ligne). J’étais déjà super content, car j’avais déjà passé un cap passant de 1’52 à 1’47. L’année dernière était déjà un grand cap, mais cette année j’ai re-progressé de la même façon, chose que je n’aurais pas forcément pensé. Ce que j’avais fait l’année dernière me convenait. Je ne pensais pas dès cette année, atteindre le niveau que j’ai maintenant. On m’avait parlé des championnats méditerranéens qui auront lieu en septembre. C’était ce que je visais. Finalement, il y a les Europe de Munich et certainement ces championnats.
LE SECOND CONFINEMENT A ÉTÉ UN DÉCLIC POUR MOI
Je regarde les mondiaux de Cali. Je pense à Paul Anselmini (qui a été demi-finaliste sur 800 m) qui est un ami. On s’est appelé deux ou trois fois, notamment après sa qualif en demi. Il y a mon ami Benoit Moudio-Priso, qui est de mon club (Athlé 91-Etampes) qui était sur 4×400 m. Mais aussi plein de gens avec qui j’ai partagé la sélection à Nairobi. Je pense à Anthony Ammirati et Erwan Konaté qui ont été sacrés champions du monde. Il y a Elise Russis avec qui je me suis très bien entendu, sans oublier Baptiste Cartieaux. Mais plein d’autres.
Il y a eu la période du Covid en 2020 qui a plombé ma saison et celle de beaucoup d’autres athlètes. Je n’ai quasiment rien fait en 2020, je n’étais pas motivé, je ne m’entrainais quasiment plus. Il y a eu les France en salle en 2021. Je prends la 4e place, même si ce n’était pas représentatif, car beaucoup d’athlètes absents. Après cela, il y a eu un nouveau confinement où j’étais en distanciel au niveau de mes cours.
Cela m’a donné un vrai élan de motivation. Je me suis entraîné et tous les jours j’allais au stade. Mes potes d’entraînement étaient dans la même situation que moi. On se voyait tout le temps, même si ce n’était pas pour s’entraîner. Cela a créé une dynamique. Notre coach était toujours avec nous. Tous les soirs je m’entraînais et cela a été le déclic. Cela a permis d’arriver au niveau que j’ai eu l’année dernière.
YANIS MEZIANE – EN TROIS SEMAINES, JE BATS MON RECORD DE PRÈS DE DEUX SECONDES
Je ne pensais pas courir en 1’45 dès cette année. L’année dernière, si je vais en finale des mondiaux, j’aurais peut-être pu courir en 1’46. Je savais que cette année, je les avais dans les jambes et qu’il fallait concrétiser sur une course. Mais faire en dessous était l’objectif final, mais pas en 1’45”50. Je voulais juste casser la barrière des 1’46. Tout est allé super vite. Je casse la barrière des 1’47, lors du meeting de Montreuil (2 juin).
Trois jours après, je fais le meeting de Troyes ou je fais 1’46”50, le chrono qui descend encore. Puis il y a eu le meeting de Strasbourg, où je fais 1’45”52. En trois semaines, je bat mon record de près de deux secondes. C’était un peu inattendu. C’était un peu une semaine de folie, avec le record de Hugo Houyez. Il fait ses minima européens à Décines et tout le monde en parlait.
Une semaine après à Strasbourg, il y a trois athlètes qui refont les minima. D’ailleurs certains ont commencé à parler de course truquée tellement la course était rapide. Le “coup de massue” pour tout ceux qui ont fait les minima, c’est quand Bosse fait les minima pour les monde au meeting Diamond League de Paris, le lendemain. On s’est dit que le rêve aura été très court (rires). Pour ce qui a été dit sur Strasbourg, je comprends que cela interroge. Mais il y a l’ambiance, l’organisation de la compétition. Surtout, les conditions étaient parfaites. Il fallait être présent pour comprendre que la course était faite pour aller vite.
A MUNICH POUR PRENDRE DE L’EXPÉRIENCE
La finale des Élites, je la place juste en dessous de ma finale des Europe juniors en termes d’importance. C’est là où j’ai montré que je peux rivaliser avec les trois grands du 800 m français. Le fait de finir au millième avec Bosse, m’a donné de la confiance et de la maturité. C’est la plus belle 4e place qu’on peut avoir (rires). Même si sur le coup j’étais un peu déçu, car j’aurais espéré mieux. Mais quand on voit les trois gars devant et on se dit que ce n’est pas rien.
A Munich, j’y vais sans me prendre la tête et pour prendre du plaisir. C’est ma première sélection chez les grands. Je veux prendre de l’expérience et voir des sportifs dont c’est leur métier. Je veux en apprendre plus sur comment ils le vivent. Sur le 800 m, si une demie me tend les bras, je la prends avec grand plaisir. Mais on verra sur le moment. Je n’ai pas de réels objectif si ce n’est de courir comme je sais le faire. Une demie peut se tenter, mais si cela n’arrive pas, je ferai mieux la prochaine fois.
YANIS MEZIANE – UN BON COUREUR DE 800 M DOIT AVOIR UNE BONNE BASE DE VITESSE
Un bon coureur de 800 doit être rapide et endurant (rires). Moi, je viens du 400 m et j’ai une bonne base de vitesse, mais qui ne me permettait pas de briller sur 100 et 200 m ! Mon record juniors au 400 m est en 47”60, ce qui commence à être pas mal du tout, pour un coureur de 800 m. Du coup, comme je pêche un peu sur le fond, une course tactique comme celles des Élites me convenait bien.
Cela s’est joué au finish et le mien est pas mal ! Mais il ne faut ni négliger la vitesse ni le fond. Cela reste une course de demi-fond où il faut tenir les deux 400 m. Il n’y a pas de secrets mais je pense que la bonne base de vitesse est plus importante que la base de fond. Le fond est plus facile à travailler. Après, ce sont des petits trucs pour être un bon coureur. C’est bête ce que je dis, mais il faut être discipliné et s’entraîner.
Je suis sérieux en dehors de l’athlétisme. Et je suis en école d’ingénieur et là-bas, il y a pas mal de soirées. Je me suis fait un bon groupe de potes. Mais les jeudi soirs je ne suis jamais là, car j’ai d’autres préoccupations. Ce sont des sacrifices, mais aussi sur la nutrition. Je bois que de l’eau, j’essaye d’éviter les sodas. Je sais que certains s’en fichent. Puis je mange équilibre.
Mais attention, je ne me restreint pas, si j’ai envie de manger quelque chose, je le mange. Le plus important, c’est que mon entourage soit compréhensif de mon mode de vie. Au début, ils se posent des questions et cela peut être énervant pour eux, ce que je comprends. Mais je leur explique. Puis c’est cool, car les résultats suivent et eux suivent ce que je fais. A Munich, je vais passer à la télé, ils vont pouvoir regarder.
J’AIME CES SENSATIONS OU TU PEUX ANALYSER LA COURSE SUR 800 M
Sur 800 m, il y a ces sensations et cette dimension tactique. Il faut être bien placé, attaquer au bon moment. J’aime bien les sensations en général. Cela reste une course rapide. Mais c’est mieux qu’un 400 où tu es juste à fond. Sur le 800 m, tu dois être lucide et bien placé. C’est ce qui me plait dans cette course. Les fois où je me suis aligné sur 400 m, je me disais juste de bien partir. Et à un moment le lactique arrive. Pour moi, il ne faut pas réfléchir sur 400 m. Mais je n’ai pas l’expérience d’un vrai coureur de 400 m. Mais tout doit dépendre de chacun.
Cette saison m’a ouvert des portes. J’ai récemment signé avec Nike. Un contrat de sponsoring. J’étais en contact avec eux depuis la saison hivernale. J’imagine que cela s’est accéléré avec mon début de saison estivale et l’enchaînement des bonnes performances. Cela me fait plaisir de voir qu’ils me font confiance. Et de faire partie de cette équipe et qu’ils croient en moi. Ils veulent un maximum de personnes sur les grands championnats. Le fait de miser sur moi pour de grandes compétitions, cela me motive encore plus pour atteindre de grands objectifs, comme participer aux Jeux Olympiques et aux championnats du monde. C’est aussi une charge en moins, notamment niveau équipements sportifs. L’athlétisme demande quand même beaucoup de ressources, notamment au niveau des chaussures;