Allison Pineau : “C’est du 50-50 entre la France et la Norvège”

Allison Pineau est notre consultante tout au long de cet Euro 2020. L’arrière des Bleues analyse la Norvège, adversaire des Tricolores en finale.
Pour Allison Pineau, la finale s'est jouée à des détails
Pour Allison Pineau, la finale s’est jouée à des détails

Allison Pineau est notre consultante tout au long de cet Euro 2020. L’arrière des Bleues, absente pour cause de fracture du nez, donne son avis sur la compétition. Aujourd’hui, jour de la grande finale de cet Euro 2020 de handball, elle revient sur la très belle demie des Bleues. Elle analyse également la Norvège, adversaire des Tricolores en finale.

Crédit : Séphane Pillaud FFHB

Allison Pineau : “Je pensais que la Croatie livrerait un peu plus de résistance”

Est-ce que vous avez eu l’impression qu’il ne pouvait rien arriver au Bleues vendredi ?

Les filles se sont mises à l’abri très rapidement, c’était une très bonne chose. En deuxième mi-temps, les filles ont déroulé et c’est génial. Si je m’attendais à un résultat final comme celui qu’on a eu, cependant je pensais que la Croatie livrerait un peu plus de résistance, surtout en première mi-temps. Les Bleues ont réussi à faire un écart confortable avant la fin du premier acte. Je m’attendais plutôt à 4/5 buts d’avance. Il en a été autrement et c’est grâce à la performance des filles. Elles ont su poser beaucoup de problèmes, avec une défense dense. Cela a fait déjouer les Croates et les filles ont pu prendre rapidement le large.

J’ai vraiment eu le sentiment qu’il ne pouvait rien leur arriver. L’équipe a mis 6/7 minutes pour jauger les Croates, prendre le rythme et surtout évacuer la tension de la demi-finale. Derrière, ça a commencé à accélérer. On a vu beaucoup de sérénité durant le match.

Dans quel secteur vous ont elles le plus impressionné ?

La défense nous a permis de marquer des buts faciles, car les Croates ont perdu beaucoup de ballons. Cela a donné beaucoup d’opportunités, sur des contre-attaques. Les gardiennes ont été encore une fois très bonnes. Hier soir [NDLR vendredi soir] ce n’était pas pour impressionner et elles n’ont pas surjoué. C’était juste de la maîtrise et de la sérénité. On a vu une équipe bien en place tactiquement. Le plan a marché à la perfection

Les filles partagent le temps de jeu chez les Bleues

Encore une fois, Olivier Krumbholz a pu faire tourner. C’est quelque chose qui peut compter avant la finale ?

Bien sur que ça compte. Les filles partagent le temps de jeu, cela évite de trop tirer sur les organismes et de mieux se régénérer, que ce soit physiquement ou mentalement. Le danger vient de partout, dans cette équipe de France.

A votre avis, est-ce que les Croates ont pêché par inexpérience ?

C’était visible effectivement. Pourtant les Croates sont bien rentrées dans leur match. Elles étaient devant au score, même si cela n’a pas duré. Derrière, elles ont beaucoup raté. Il y a eu beaucoup de poteaux durant cette première période. Ce qui peut traduire une certaine fébrilité et tension. Quand elles avaient une solution, derrière il y avait soit la gardienne, soit le montant. Il y a eu un peu de peur en face. Pourtant je ne pense pas qu’elles avaient la pression de la demi-finale. Celle-ci était plutôt sur les Bleues avant le match.

On a également vu des Croates un peu étouffés psychologiquement. Elles n’ont pas réussi à rebondir derrière. Mais l’équipe de France a l’habitude de ce genre de rendez-vous et a beaucoup plus d’expérience, ce qui l’a aidé à aborder cette rencontre.

C’était important de leur garder la tête sous l’eau ?

Totalement ! C’est ce qui explique le temps mort très rapide d’Olivier, en début de deuxième mi-temps, qui voulait immédiatement stopper l’hémorragie et remettre l’équipe sur les bons rails. Il leur a dit qu’il ne fallait pas lâcher, pour garder cette confortable avance. Dans le but de faire tourner son effectif.

Allison Pineau : “La routine ne change pas énormément”

Comment on prépare une grande finale, quand on est joueuses ? Est-ce qu’on y pense dès le coup de sifflet final de la demie ?

Oui on y pense, le match est terminé et on sait qu’il y a une médaille au bout quoi qu’il arrive. Il faut se projeter de suite sur le prochain match, qui est la dernière marche. On a déjà été dans ce genre de situations, l’équipe a acquis une certaine habitude. Il y a certainement eu un débrief de la demie. Et tout de suite aller dormir pour

La routine ne change pas énormément par rapport au reste de la compétition. On reste dans un schéma habituel. Ce qui est bien, c’est que les filles ont joué à 18h. Elles ont pu faire redescendre l’adrénaline rapidement, tout en évitant de se coucher tardivement. Le lendemain on repart de plus belle. On se lève, on a une de débrief rapide du match de la veille. Voir ce qui a été et ce qui n’a pas été. On s’entraîne et on prépare cette finale. Il n’y a pas énormément de temps entre la demie et la finale. Tout s’enchaîner et on n’a pas le temps de tergiverser. Il faut vite se mettre dans la direction de la finale. La seule chose qui change des autres jours, c’est qu’on est dans des matchs couperets.

Quel va être le rôle des cadres dans ces moment-là, vis à vis de celles pour qui ce sera une grande première ?

C’est important de les apaiser et de leur montrer la voie. Elles n’ont pas à avoir de pression. Il faut qu’elles savourent et qu’elles mettent toutes leurs forces dans la bataille. Les choses ne reposent pas sur elles. Il faut leur expliquer comment aborder tout cela, car il y a une certaine euphorie.

La recette n’a pas changé par rapport à la finale du mondial en 2017

Dans l’autre demie, il y a eu un vrai combat. Est-ce que cela peut laisser des traces pour la finale ?

Oui et non ! La Norvège paraît en forme. Il y a un vrai banc dans cette équipe et il y a des rotations. Le match était plus accroché que le notre. Il a sans doute été plus impactant psychologiquement. Le match ne s’est décanté que dans les dix dernières minutes. L’enchaînement d’arrêts de Lunde a fait basculer la partie. Oui cela peut très légèrement laisser de traces. Après elles ont eu des matchs beaucoup plus simple que nous, depuis le départ. Y compris durant le tour principal. Elles ont gagné de manière assez confortable et ont pu faire tourner leur effectif. Je ne pense pas que les Norvégiennes seront fatiguées demain [NDLR : aujourd’hui]. Ce sont les deux équipes invaincues qui s’affrontent en finale.

C’est un match qui ressemble à la finale du Mondial 2017, avec une Norvège impressionnante. Comme avez-vous fait pour les faire déjouer ?

La recette n’a pas changé. Il va falloir s’appuyer sur une grosse défense. J’imagine qu’on aura des gardiennes brillantes. Je ne crois pas que cela va changer. Derrière, dès que les Norvégiennes nous donneront des munitions, il faudra savoir les punir. Il est vrai que le scénario ressemble beaucoup à 2017, avec une Norvège impressionnante. Mais on parle beaucoup de la Norvège et des pronostics qui les placent en tant que favori, parce qu’elles ont été plus impressionnantes.

Mais la France a également montré un très beau visage et pour moi cette finale c’est du 50-50. La France a impressionné par son collectif qui a permis de décanter les matchs à des moments clés. En 2017 la clé sera la défense et ce sera pareil pour cette finale. Ce sont deux équipes qui se connaissent très bien et qui sont habituées à ce genre de rendez-vous. On est dans les clous pour cette finale. Si on encaisse moins de 25 buts et que l’équipe est bien en place, on peut y croire !

Allison Pineau “Une finale magnifique et une très belle après-midi de handball en perspective”

Quelles erreurs faîtes le Danemark, les Bleues ne devront pas reproduire ?

Il y a eu un moment, où le Danemark a fait quelques erreurs alors qu’elle avait l’occasion de creuser l’écart, en première mi-temps. Il y a eu des pertes de balles et des échecs aux tirs et les Danoises n’arrivent pas à faire un écart plus conséquent. Bis repetita en début de deuxième mi-temps, avec quelques erreurs. La Norvège revient très rapidement dans le match. C’est l’un des tournants.

La Norvège a enfin eu à batailler dans cet Euro. Cela peut leur donner un avantage pour la finale ?

Je ne pense pas que cela leur donne un avantage, car la France a déjà été dans cette situation contre la Russie, contre l’Espagne. Deux matchs qu’elles auraient pu peut-être perdre, mais elles se sont accrochées. C’est vrai que la Norvège n’avait pas eu de matchs tendu jusqu’à vendredi. C’est vrai que cela s’est décanté dans les dix dernières minutes. Elles ont su se prouver qu’elles pouvaient s’en sortir dans un match difficile. Revenir. Après je ne pense pas qu’elles aient douté. Cela renforce quelque chose, mais je ne crois pas que cela va leur donner un avantage sur la France.

Quels sont les arguments pour inciter quelqu’un à rester dans son canapé un dimanche 20 décembre à partir de 18h ?

Il va y avoir une finale magnifique, c’est la revanche de 2017. Les gens aiment beaucoup parler de revanche et de remake. C’est une belle fin d’après-midi de handball en perspective. Du beau jeu et du beau handball. Il ne faut pas rater un éventuel doublé européen !

Propos recueillis par Etienne GOURSAUD

Retrouvez la première intervention d’Allison Pineau

Retrouvez la seconde intervention d’Allison Pineau

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