ZACK NANI – MAUVAIS GAMEPLAY, INSTABILITÉ, ADDERALL : LA CHUTE DE L’ESPORT COD

Avant d’être le supporteur le plus célèbre de l’Olympique Lyonnais sur Twitter et l’influenceur présent sur Twitch et Youtube, Zack Nani a passé son temps à perfectionner son jeu sur la célèbre licence Call Of Duty. Ancien joueur de haut-niveau à l’époque des Gotaga et  Broken, il nous raconte la lente chute de l’esport COD.
Zack Nani
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Les progamers ont beau être le coeur de  l’eSport , ils ne sont pas les seuls à faire rayonner nos disciplines préférées. Plongez dans les coulisses du sport électronique professionnel en découvrant les histoires de dirigeants, de coachs, du staff médical, des fans…

Avant d’être le supporteur le plus célèbre de l’Olympique Lyonnais sur Twitter et l’influenceur présent sur Twitch et Youtube, Zack Nani a passé son temps à perfectionner son jeu sur la célèbre licence Call Of Duty. Ancien joueur de haut-niveau à l’époque des Gotaga et  Broken, il nous raconte la lente chute de l’esport COD. (Crédit Photo Une : ESWC).

Mon histoire avec les jeux vidéo a commencée malgré moi, car durant mon enfance j’étais plus tourné vers le sport comme le volley-ball et le badminton. Mais je me suis blessé au moment où je changeais de collège sur Lyon, ce qui m’a fait arrêter mes activités favorites pendant quelques mois.

Même si j’aimais quelques jeux vidéo, je n’étais pas quelqu’un qui touchait beaucoup aux consoles. Mais pendant cette période je n’ai fait que jouer, souvent avec des amis. J’ai alors acheté Call Of Duty et j’ai découvert le multi-online. C’était un nouveau monde et quand j’ai vu des types jouer avec des Tags d’équipes ça a été une révélation. C’était tellement stylé et ça donnait une sorte de sentiment d’appartenance. J’ai alors commencé à trouver des équipes et à participer à des petits tournois en ligne grâce à des sites comme LNP.

PREMIÈRES LAN QUI ME FONT TOMBER AMOUREUX DE CALL OF DUTY

Puis quelque temps plus tard, j’ai pu participer à ma première LAN qui avait lieu à seulement 100 m de chez moi dans les locaux d’Epitech. Et c’est avec la LAN EC2 organisée sur Paris que j’ai été piqué par la scène compétitive du jeu. C’était encore l’époque de Black Ops 1 qui est d’ailleurs mon jeu préféré de la série. On avait fini 4ème sur 16 équipes ce qui était encourageant pour la suite.

C’est vraiment cette émulation de devenir le meilleur du jeu qui m’a attiré et pas les cashprize qui à l’époque étaient vraiment ridicules par rapport à aujourd’hui. Il n’y avait pas encore d’équipe professionnelle, c’est venu bien plus tard en France avec la Team Millenium portée par Gotaga. Pour montrer le décalage avec ce qu’il se passe aujourd’hui, il faut savoir que les premières compétitions arrivaient plus de trois mois après la sortie du jeu ce qui paraît inconcevable aujourd’hui.

J’ai eu énormément de bons souvenirs comme notre victoire sur l’équipe de Gotaga alors qu’ils étaient archi-favoris. J’avais activé le mode super-saiyan et j’étais vraiment en confiance. On avait fait une remontée historique pour la scène française de CoD.

Mais je n’ai pas réussi à gérer le stress et les enjeux des compétitions. Je me souviens qu’avec mon équipe de l’époque baptisée « Coca-Cola » (aucun sponsoring derrière ce nom), nous avons réussi à nous qualifier pour l’ultime étape avant les Championnats du Monde de Los Angeles.

Le but ultime pour tout joueur de CoD.

Ces 4 ou 5 semaines de préparation avant ces matchs ont été les pires de ma vie… Je n’arrivais plus à manger, je ne profitais des victoires que quelques minutes après la fin du match et j’avais beaucoup de mal à dormir. J’étais aussi un gros fumeur à l’époque et je pense que la cigarette a accentué ce phénomène.

Je suis quand même heureux d’avoir vécu ce que je considère comme l’âge d’or du jeu. Les événements étaient pleins à craquer comme la Paris Games Week, le nombre de vieweurs online étaient élevés et ils y avaient des têtes d’affiche charismatiques comme Gotaga, Broken ou même moi. L’esport du jeu était franchement génial à suivre avec des bons casteurs pour mettre tout ça en forme.

 

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UNE CHUTE SANS FIN PRÉVISIBLE EN FRANCE…

Les jeux qui sont sortis ces dernières années sont de moins en moins bien. Ce qui est assez drôle, c’est que plus l’éditeur et les acteurs de l’écosystème ont mis de l’argent dans l’esport du jeu et moins ça marchait.

Le principal problème est qu’il n’y a aucune stabilité, il sort chaque année un nouveau jeu qui peut être bon comme mauvais. Comment peut-on accrocher les joueurs comme ça ? Le système de rotation des 3 studios (Infinity Ward, Treyarch et Sledgehammer Games) est préjudiciable et notamment le fait d’avoir imposé quelques versions futuristes du jeu. L’esport est en anesthésie générale en France, maintenu uniquement en vie par le bon travail de SFCO qui s’occupe de l’organisation des événements.

Après quelques mois, plus personne ne joue et tout le monde attend la sortie de la dernière version. Il faut créer des habitudes et arrêter les changements de map ou d’armes. Même les formats évoluent sans cesse, on passe du 4vs4 au 5vs5 sans logique.

Par contre, l’esport du jeu reste plaisant à suivre pour un fan américain car il y a de plus de contenus pour lui et les compétitions sont nombreuses. La nouvelle génération de pro-gamer français n’a pas réussi à prendre la suite des années Gotaga, car ils manquent de personnalités et de charisme. Couplé à ça le fait que le jeu est mauvais selon les années…

… QUI POURRAIT SE POURSUIVRE DANS LE MONDE À CAUSE DU DOPAGE.

Un autre énorme problème qui touche l’esport de CoD est le dopage. Ça vient de la particularité suivante : nous sommes le seul esport dominé par l’Amérique du Nord où l’ensemble des compétitions sont organisées et où les vainqueurs sont quasi tout le temps américains.

Le produit le plus utilisé est l’Adderall qui permet une meilleure concentration. Mais alors qu’il est considéré comme une drogue ou un produit dopant ailleurs dans le monde, il est totalement légalisé et implanté dans la culture US. Une simple ordonnance d’un docteur vous permet d’en acheter là-bas.

C’est en 2013 qu’on a eu ces révélations grâce au joueur Clayster qui avait indiqué en prendre, car il souffrait de vrais problèmes de santé. Ça a créé un petit scandale, mais les pro-gamers ont compris l’intérêt de l’Adderall. Désormais, la plupart des joueurs en prennent et nous sommes gangrenés par ce phénomène.

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Ce qui est vraiment dommage, c’est la position d’Activision sur le sujet. Ils devraient être capable de mettre en place des contrôles, des interdictions, instaurer pourquoi pas un système d’autorisation à usage thérapeutique contrôlé…

L’ESL et Valve sur Counter-Strike Global Offensive ont réussi à mettre en place ce genre de système, pourquoi pas Activision ? Je n’oublie pas que les tournois de CS:GO ont lieu partout dans le monde ce qui facilite cette vision.

Call Of Duty a besoin d’une harmonisation sur le sujet. Car au-delà du possible avantage donné aux joueurs sous Adderall (certains comme Tommey n’en prennent pas et sont dans les meilleurs du monde), il y a un côté psychologique important. La plupart des équipes « clean » partent perdantes avant même un match.

C’est vraiment détestable de voir les 8 joueurs lors d’un match se lever pour aller aux toilettes afin d’en prendre. Peut-être que la seule chose qui fera bouger les choses sera la mort d’un des joueurs…

La scène du jeu m’intéresse donc de moins en moins et je ne regarde que ponctuellement certains gros événements. J’espère que Black Ops 4 pourra ramener du monde, mais ce ne sera au final que pour un an.

J’en parlais d’ailleurs récemment avec Gotaga et Oxygen qui me disaient que la perdition du jeu était due à l’absence de contenus créés par les pros ou influenceurs à côté des tournois. Mais pour moi le constat est simple : si le jeu de base n’est pas bon, personne ne sera intéressé par le reste.

ZACK

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