Fabrice Metz- Rugby
#Équipe de France #Section paloise #US Oyonnax #Racing Métro 92 #Mutzig Ovalies Molsheim
Les athlètes sont souvent imperméables à toute communication avant que la compétition ne soit terminée. La rubrique « Dans la peau » permet à un sportif de partager avec vous ces moments secrets et déterminants qui forgent la réussite de leurs projets.
Pour un jeune du Sud Ouest, le passage par le rugby est une étape naturelle, quasi obligatoire. Pour un Alsacien, c’est moins évident et pourtant Fabrice Metz nous prouve qu’il y a du talent dans cette région et nous donne même envie d’en découvrir un peu plus, de cette belle Alsace. (Crédit photos : Maxime Marrimpoey).
Le rugby est ma passion.
Ma chance, c’est d’en vivre aujourd’hui.
J’ai découvert ce sport à l’âge de 5 ans, j’y reviendrais plus tard.
Je n’ai jamais arrêté depuis. Tout n’a pas été rose dans cette aventure rugbystique, mais j’ai connu énormément de moments de joie et de bonheur qui m’ont permis de ressentir des sentiments qui n’existent nulle part ailleurs.
On trouve des valeurs très fortes dans le rugby comme la solidarité, l’effort, le sens du combat, la jovialité, l’esprit de groupe… Les rugbymen sont des épicuriens, on profite énormément de tous les moments passés ensemble, sur le terrain, dans les vestiaires, et bien sûr les après-matchs.
La première chose à laquelle j’ai pensé en voyant du rugby, c’est qu’on avait le droit de salir sans se faire enguirlander. Tu peux te rouler dans la boue, et tu es presque obligé d’ailleurs, pour plaquer. Dans n’importe quel autre sport si tu rentres plein de terre tu vas subir les remontrances des parents à la maison.
Ensuite il y avait ce côté sport collectif, être avec les copains tout le temps, notamment lors des tournois, c’était des moments géniaux à cet âge. Entre chaque match tu pars avec tes coéquipiers pour faire les guignols, t’amuser tout simplement.
Je n’ai pas forcément voulu en faire mon métier dès le départ, je jouais pour m’amuser jusqu’à l’âge de 17 ans. Le Racing club de Paris est venu me chercher et c’est là que ma pratique s’est professionnalisée, ainsi que les efforts et sacrifices qui vont avec.
C’était un super challenge, mais je le prenais avec du recul, si ça ne marchait pas ce n’était pas grave, je serais rentré à Strasbourg. En bon Alsacien j’allais de toute façon faire les choses aussi bien que je le pouvais, le but était quand même de se donner à fond.
Quelques années plus tard, je me rends compte que le Racing m’a permis de devenir un joueur pro, mais également un homme. J’ai grandi à tout point de vue pendant ces années. Me retrouver en région parisienne à cet âge là sans mes parents, loin de mon village, c’était un vrai changement.
L’ALSACE, MA PATRIE
J’ai grandi dans une région avec une forte identité. Et j’en suis, comme beaucoup, amoureux.
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C’est une région avec un petit côté germanique, on aime que les choses soient carrées et bien faites. Si quelque chose va de travers on est capable de vraiment se prendre la tête, car on prend les choses sérieusement et il n’y a pas de laisser-aller.
Sur l’aspect esthétique, c’est une très belle région connue pour son massif forestier, l’architecture des villes avec les maisons en colombage, la ville de Strasbourg avec notamment sa cathédrale, les marchés de Noël sans doute les plus beaux de France.
D’ailleurs une chose que je fais dès que je reviens chez mes parents, c’est d’aller me ressourcer en forêt, pour me balader souvent avec mon père. C’est plus fort que lui mais il m’indique toujours le chemin à prendre, mais cette forêt je la connais comme ma poche, ca a été mon terrain de jeu pendant des années.
Il y a aussi une culture culinaire bien distincte également. Vous connaissez tous les flamenkuche, la choucroute, le Baeckeoffe, le Schwarzwald, le bibeleskaes, autant de spécialités qui me manquent d’ailleurs au quotidien !
L’incontournable pour les fêtes de Noël ce sont les bredeles, sorte de sablés Alsaciens qu’on trouve à tous les goûts. Un régal !
Je rapporte d’ailleurs à mes coéquipiers quelques spécialités, j’ai cuisiné des choucroutes également, j’aime faire découvrir les bonnes choses et mon petit côté chauvin me fait faire de la propagande pour ma région. Je joue d’ailleurs avec un protège dent avec le drapeau de l’Alsace !
Je pourrais en parler pendant des heures sincèrement, mais le mieux est d’y venir, visiter, et peut-être me croiser d’ailleurs en forêt ou au stand de vin chaud d’un des marchés de Noël.
L’ALSACE N’EST PAS ENCORE UNE TERRE DE RUGBY
L’Alsace n’est en revanche pas réputée pour sa culture rugbystique.
Le football a une place plus importante, avec une très bonne équipe du RC Strasbourg lors de ma jeunesse et qui est revenu sur le devant de la scène ces dernières années avec son public exceptionnel.
Mais finalement c’est grâce au football que je me suis mis au rugby. Pour pouvoir s’inscrire au foot, il fallait avoir 6 ans, j’en avais seulement 5 et demi. Mon grand frère faisait du rugby et son club m’a accepté, car j’étais suffisamment grand.
Finalement tout le monde dans la famille s’y est mis, mes deux frères et moi ainsi que mon père qui a joué avec l’équipe des sapeurs-pompiers.
Le rugby en Alsace n’est pas très répandu, pour être honnête plus jeune je ne savais même pas que nous pouvions en faire en professionnel. Ce n’était pas mon rêve, je voulais travailler dans le bois, car c’est une de mes passions et nous sommes servis en Alsace. Avec ma famille nous allions souvent en forêt, pour nous balader simplement ou pour couper du bois pour l’hiver.
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Avec mes frères on faisait donc ce bois de chauffage avec notre père tous les ans et on en revendait un peu. Finalement on a créé une société pour en vendre plus et faire tout dans les règles en bons alsaciens.
Depuis 3 ans on a vraiment développé l’entreprise avec mon frère ainé et ça me permet d’avoir une activité moins précaire que le rugby par exemple, dans laquelle je peux m’aérer l’esprit, et de plus familiale. Je garde également un lien avec ma région grâce à ça.
LE FUTUR DU RUGBY ALSACIEN
Il faut prendre exemple sur des régions qui n’ont pas une grosse culture rugbystique de base, mais qui ont fait des efforts qui ont payé ces dernières années, par exemple la Bretagne avec le club de Vannes en Pro D2. Ils arrivent à mobiliser assez de monde et à créer un engouement.
Il faut que notre région continue à travailler sur cet axe-là, j’essaie de mon côté de m’investir un petit peu, je repasse, dès que je suis en Alsace, dans le club du MOM, Mutzig Ovalie Molsheim, où j’ai commencé le rugby.
Je les encourage et quelque part je peux peut-être être un exemple d’un Alsacien qui a réussi à jouer en TOP14.
Si je dois décrire la particularité du joueur Alsacien c’est peut-être de vouloir tout faire à fond, de façon très sérieuse, et sans laisser de place au hasard. Je pense donc que ce type de joueur est important pour une équipe, il y a besoin de joueurs créatifs, fougueux, mais aussi de ce type de joueurs sérieux qui suivront les consignes à la lettre.
Et qui sait, nous aurons peut-être une équipe dans le futur en Pro D2 ou même Top 14, si cela arrive, je ne serais sûrement pas bien loin…