NICOLAS MAHUT : ROLAND, WIMBLEDON, LES JO, UNE FIN DE CARRIÈRE BIEN REMPLIE

4 titres de Grand Chelem en double, le match le plus long de l’histoire, 4 titres en simple et 25 en double… Nicolas Mahut revient sur sa carrière et ses souvenirs des tournois les plus importants.
Nicolas Mahut

Nicolas Mahut – Tennis

#Équipe de France #Coupe Davis 2017 #Vainqueur des 4 Grand Chelem en double #Record du match le plus long de l’histoire (11h5 contre Isner lors de Wimbledon 2010)

Crédit Photo Une : DR

Roland-Garros est le tournoi qui nous fait tous rêver, nous les passionnés de tennis français.

C’est devenu un lieu mythique, rempli de légendes, d’anecdotes, qui en fait un des 4 plus gros tournois mondiaux.

Je me rappelle que je passais durant l’enfance toutes mes journées pendant ces deux semaines devant la télé à regarder autant de matchs que je pouvais. On grandit véritablement avec ça, avec le rêve d’y participer aussi un jour.

Vous vous doutez que quand on a la chance de le jouer, que ce soit la première ou la quinzième fois, ça reste une chance, un privilège et un moment unique dans la saison.

Je pense parfois à ces souvenirs que je garde étant petit, comme lorsque j’étais venu avec mon père à l’âge de 9 ans, Connors jouait Chang, il avait 39 ans et Chang avait gagné RG deux ans avant, 1989. Il arrive à gagner deux sets, mais dans le 5ème set il abandonne, car il n’en pouvait plus. C’est un souvenir qui m’a marqué.

Des finales que j’ai vues à la télé, les Bruguera — Courier, Courier — Agassi, Agassi — Medvedev, procuraient des émotions énormes, comme si le temps s’arrêtait pendant ces matchs.

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JOUER ROLAND-GARROS, UN DESTIN QUI DEVAIT FORCEMENT S’ACCOMPLIR

Je rêvais de jouer ce tournoi, et j’étais persuadé que j’allais le jouer un jour, comme s’il n’y avait pas d’autres options. Et ce rêve est devenu réalité en 2000. J’ai eu la chance de revenir le jouer 17 fois en simple, et de le gagner en double l’année dernière avec Pierre Hughes Herbert. Il y a eu un tournant en 2013, lorsque j’ai commencé à jouer en double avec Mickael Llodra. Avant cela je m’étais souvent dit que je n’étais pas fait pour les tournois du Grand Chelem, car j’avais toujours eu des résultats médiocres en double, à part deux demi-finales de l’US Open. Mais Mickael a réussi à me convaincre que c’était là-dessus qu’il fallait miser pour gagner des titres majeurs. On a d’ailleurs joué une première finale cette même année et par la suite je me suis vraiment investi avec l’objectif de gagner un jour RG. Ce qui a été fait l’année dernière et qui restera gravé dans ma mémoire à jamais.

L’atmosphère de la finale était vraiment exceptionnelle, il y avait toute ma famille, mes amis, et nous jouions sur le Central qui était au 3/4 plein donc on sentait l’électricité, la ferveur. Au moment où l’on a gagné, même si c’est en double on le fête de la plus belle des manières avec nos proches et le public et c’est juste exceptionnel.

Mon fils, Natanel, est venu fêter ce titre avec moi sur le court, il aime partager ces émotions et ce sont des moments uniques pour lui comme pour moi. Je vais bientôt arrêter ma carrière, mais ces choses resteront, c’est assez unique d’avoir pu vivre cela avec mon enfant.

Le RG de cette année n’était pas dans mon programme dans le sens où je n’étais pas qualifié d’office. J’avais demandé une Wild Card que j’ai obtenue seulement 3 semaines avant le tournoi, car j’ai eu un souci important au niveau du dos qui m’a tenu éloigné des courts. J’étais donc réticent à l’idée de jouer ce Roland, car je savais que je ne pouvais pas l’aborder dans les meilleures conditions. Je ne voulais pas y aller, en sachant que c’était peut-être le dernier, en étant à moitié blessé et en me prenant une correction dès le premier tour. Je voulais y aller en laissant une bonne image. Mes entraineurs et mon staff médical m’ont reboosté, et m’ont poussé à le faire en me redonnant de la confiance pour aborder ce tournoi dans de meilleures conditions. Sans eux je ne pense pas que je l’aurais fait.

C’est d’ailleurs là où l’on voit l’importance de l’entourage. Ce sont les coulisses, le public ne le voit pas au quotidien, mais il y a un véritable support de toutes ces personnes, avec un impact qui peut être très important.

Malgré des douleurs ressenties encore lors des matchs, j’ai été fort mentalement, et j’ai joué un très bon tennis. Cela est dû au fait que j’étais relâché, sans pression. C’était très proche de ce que je produisais à l’entraînement. Et il y a une petite part d’irrationnel également, je ne sais pas si j’aurais pu faire la même chose sur un autre tournoi. Les joueurs que j’ai battus sont des joueurs à l’aise sur la terre battue, bien mieux classés et contre qui normalement j’aurais perdu. La magie de RG a fait que ça a tourné en ma faveur.

Je reviens sur l’entourage d’ailleurs, je n’ai plus de préparateur mental et ce sont donc mes entraineurs et ma femme qui s’occupent de cette partie-là. La façon dont je jouais à RG, avec autant de lâché-prise, je la dois au travail accompli avec eux.

Si le physique avait suivi, je pense que j’aurais pu passer au moins un tour de plus. Il y avait une petite frustration après le match, malgré la satisfaction d’être arrivé là, j’aurais aimé voir ce que ça aurait donné si j’avais été à 100 %.

LE TITRE EN DOUBLE LORS DE ROLAND-GARROS 2018

FAIRE DURER LE PLAISIR

Je ne sais pas encore si c’était mon dernier. Cela devait dépendre de ma saison sur gazon, des tournois cet été aux États-Unis, mais si je garde ce niveau-là ça peut le faire sinon par la force des choses je ne serai pas classé assez haut pour ces tournois, et je ne demanderais plus de Wild Card pour RG.

Wimbledon, un tournoi qui m’a réussi par le passé, une surface que j’aime beaucoup, approche. Je vais le jouer en double cette année avec Edouard Roger-Vasselin et j’espère qu’on prendra beaucoup de plaisir. Je resterais dans les « annales » de ce tournoi avec le match le plus long joué contre Isner, qui reste un souvenir fantastique, une bataille de 11 heures et 5 minutes. Maintenant que le tournoi a opté pour un tie-break dans le 5ème set, nous ne vivrons sans doute plus de match aussi long.

Quoi qu’il arrive je me suis éclaté ces dernières saisons, avec de belles victoires en double, l’Open d’Australie cette année, des beaux parcours en simple et j’ai joué un tennis qui m’a fait prendre du plaisir. J’ai cette chance de jouer pratiquement mes plus belles années en cette fin de carrière, mais c’est aussi pour cela que je ne sais pas si je dois continuer ou pas, mon tennis me montre que je peux continuer encore un peu.

J’ai encore des objectifs, au niveau olympique. Nous avions raté Rio 2016 avec P-H Herbert, donc Tokyo 2020 est dans ma tête et au vu de ce que je produis je peux viser une médaille avec P-H. La concurrence sera rude ne serait-ce que pour se qualifier, mais l’envie, la motivation et le jeu sont là, une médaille serait la plus belle des façons pour conclure une carrière qui aura été pleine de surprises.

NICOLAS

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