MARJORIE MAYANS – MA RECONVERSION EN TROISIÈME LIGNE

Après une belle victoire lors de la première journée du Tournoi des 6 Nations féminin contre l’Irlande, le XV de France s’apprête à affronter les joueuses écossaises ce soir. En amont de la rencontre, l’un des éléments clés de l’équipe Majorie Mayans nous raconte comment s’est passé son passage d’un poste de trois quart à troisième ligne en insistant sur les spécificités du rugby féminin.
Marjorie Mayans
(c) Marjorie Mayans
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Les athlètes sont souvent imperméables à toute communication avant que la compétition ne soit terminée. La rubrique « Dans la peau » permet à un sportif de partager avec vous ces moments secrets et déterminants qui forgent la réussite de leurs projets.

Après une belle victoire lors de la première journée du Tournoi des 6 Nations féminin contre l’Irlande, le XV de France s’apprête à affronter les joueuses écossaises ce soir. En amont de la rencontre, l’un des éléments clés de l’équipe Majorie Mayans nous raconte comment s’est passé son passage d’un poste de trois quart à troisième ligne en insistant sur les spécificités du rugby féminin. 

J’ai commencé le rugby à 9 ans en allant faire un entraînement avec mon petit frère, à Noisy-le-Sec dans le 93. Dès le début j’ai tout adoré. L’esprit d’équipe, l’ambiance, le plaquage et le fait qu’il y ait tellement de choses à faire sur un terrain.

Être une fille dans un monde à majorité masculin ne m’a pas posé de problème particulier. Il y avait déjà une fille dans l’équipe donc mes coéquipiers m’ont très bien accueilli. Ma famille et mon entourage ont également bien pris le fait que je pratique le rugby, c’est plutôt au niveau de l’école ou quelques professeurs ont pu être un peu surpris lorsque je revenais un peu abîmée.

Je jouais centre, je n’ai pas vraiment choisi. On m’a placé là et comme tout s’est bien passé j’y suis restée. Les performances sont arrivées au fur et à mesure, l’essentiel pour était de prendre du plaisir sur le terrain, et je continuais mes études en parallèle.

INTERNATIONALE VII + XV

À ma grande surprise j’ai été sélectionnée pour jouer avec le VII français en 2009, que je n’ai plus quitté depuis. J’ai été sélectionnée suite à un stage de sélections. En France il n’y avait pas encore de championnat spécifique à 7 donc les sélections se faisaient à partir de stages où une quarantaine de joueuses étaient réunies. Je joue en tant que pilier dans l’équipe. Après chaque tournoi je n’ai qu’une envie c’est d’être de nouveau sélectionnée pour le suivant donc je travaille en club pour continuer à être performante. Le rugby à 7 est très complet, ça m’a permis de progresser dans beaucoup de domaines : d’abord au niveau physique, car il y a une forte intensité, mais aussi au niveau technique, car vu les espaces importants, la moindre passe manquée ou ballon mal réceptionné peut s’avérer fatal.

Dans l’Equipe de France que j’ai rejointe en 2011, je jouais d’abord 3/4, mais j’ai été repositionnée en 3ème ligne en 2016. J’en avais déjà parlé avec les anciens entraîneurs de l’équipe de France, mais également mes coachs en club, et nous avons décidé de tenter il y a un an et demi et cela s’est bien passé. J’ai demandé conseil aux entraîneurs et à certaines joueuses de ce poste. J’ai également regardé des vidéos pour analyser les spécificités de la fonction de 3ème ligne. Il y avait des points où il fallait que je progresse, car je n’étais pas assez performante, comme la touche.

J’ai regardé beaucoup de bons joueurs pour m’inspirer comme Richie McCaw le Néo-Zélandais, le français Kevin Gourdon, et chez les filles il y a beaucoup de joueuses qui m’impressionnent également. La faculté de perforation de Romane Ménager ou de Safi N’Diaye me fait rêver, la capacité à plaquer et se relever de Julie Annery également où la facilité dans les airs de Coumbia Diallo. J’essaie de m’améliorer sur chaque point en regardant les qualités de chacune.

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On parle souvent des différences entre le rugby masculin, mais je pense que ça dépend surtout du projet de jeu que le staff veut mettre en place et des joueurs ou joueuses du moment. En soi les entraînements sont les mêmes, les ballons et les poteaux sont les mêmes, donc nous pratiquons le même sport.

UNE RECONVERSION EN TROISIÈME LIGNE ÉPANOUISSANTE

La préparation était vraiment tournée vers le collectif pour la coupe du monde, avec Romane Ménager et Safi N’Diaye nous avons commencé sans avoir beaucoup joué ensemble auparavant, mais ayant toutes les trois des profils très marqués. Notre complémentarité a été notre clé et les automatismes se sont faits naturellement.
On a chacune nos tâches : Romane sera plus dans la percussion et portera le ballon. Safi a également beaucoup de puissance, elle emportait une, deux ou trois filles et arrivait à faire jouer ensuite. De mon côté, j’aime bien aller au charbon comme on dit et j’étais plus défensif. Aller plaquer et couper les attaques adverses. J’essayais plutôt quand j’avais la balle de leur créer un décalage pour qu’elles puissent ensuite exploiter au mieux leurs points forts.

Il y a des profils très différents dans une troisième ligne, mais c’est un poste complet où il faut pouvoir être bon offensivement et défensivement. Il faut toujours avancer, être la première à se jeter dans les pieds de l’adversaire en phases défensives, et gagner des mètres dès qu’on a le ballon en phase offensive. Une troisième ligne peut être parfois l’électron libre et faire le lien entre les avants et les 3/4 par exemple.

Par rapport à mon ancien poste de 3/4, je ne touche pas forcément plus de ballons, mais je plaque plus. Physiquement c’est différent, car les courses ne sont pas les mêmes, en 3ème ligne nous sommes souvent en allure VMA alors qu’en 3/4 c’était vraiment des sprints, donc des courses plus espacées mais aussi plus intenses.

Je m’épanouis vraiment à ce poste, comparé à mes années en tant que 3/4 c’est difficile de choisir, mais ce changement me va très bien, et tant que je joue au rugby et que je m’éclate, ça me va, à n’importe quel poste.

MARJORIE

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