JEAN-FRANÇOIS KRAKOWSKI : UNE DESTINÉE DE PRÉSIDENT

Pour cette première journée de Starligue, c’est Jean-François Krakowski, président du Saint-Raphaël Var Handball, qui se confie sur sa mission.
JEAN-FRANÇOIS KRAKOWSKI
(c) DR

Les athlètes ont beau être le coeur du sport, ils ne sont pas les seuls à faire rayonner nos disciplines préférées. Plongez dans les coulisses du sport professionnel en découvrant les interviews de dirigeants, de coachs, du staff médical, des fans…

Pour cette première journée de Starligue, c’est Jean-François Krakowski, président du Saint-Raphaël Var Handball, qui se confie sur sa mission.

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Pourquoi avoir choisi le handball ?

J’ai commencé le sport très tôt, je me suis d’abord mis au volleyball et j’ai même joué en Equipe de France cadet, avec Laurent Tillie (coach de l’équipe de France de Volleyball masculin). J’ai pratiqué le handball ensuite parce que j’avais quelques amis qui en faisaient.

Comment êtes-vous arrivé à la présidence du SRVHB ?

Après avoir évolué comme joueur jusqu’en Nationale 3, nous avons eu le malheur de perdre notre président en 1987. On m’a proposé le poste, et j’ai eu envie de relever ce challenge par amour de ma ville de Saint-Raphaël. J’avais eu d’autres propositions de clubs à l’époque, mais j’ai préféré m’engager dans une aventure humaine avec mon club de toujours.

Comment se sont passés vos premiers pas de président ?

Au début, nous avons géré le club avec des amis dans une ambiance très « amateur », car nous évoluions en Nationale 3. J’ai pu explorer toutes les facettes d’un club, en faisant le joueur, l’entraîneur, l’arbitre, ce qui a été très instructif pour la suite de mon aventure.

C’est à partir de 1996 et de notre demi-finale de coupe de France contre l’OM Vitrolles de Jackson Richardson, Philippe Gardent et Frédéric Volle devant 2500 personnes que le handball de haut-niveau a fait sens à Saint-Raphaël. À partir de ce moment, je me suis pleinement investi dans le rôle de président et nous avons réussi à fédérer des joueurs, des partenaires et la mairie de Saint-Raphaël. Sans le soutien du maire Georges Ginesta, nous n’existerions pas.

Quelles sont vos missions en tant que président ?

Aujourd’hui, je m’occupe principalement des relations avec les collectivités territoriales et j’ai un rôle de représentation vis-à-vis des partenaires. Je suis également impliqué sur le budget, j’y tiens parce que c’est le nerf de la guerre. Concernant le sportif, je n’interviens que sur le recrutement pour construire une équipe à mon image, avec des joueurs qui correspondent aux valeurs du club. À Saint-Raphaël, la star c’est l’équipe.


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On s’aperçoit que beaucoup d’anciens joueurs restent au club pour leur après-carrière. Comment le SRVHB se différencie-t-il des autres clubs de Star Ligue ?

Je suis à la tête de ce club depuis longtemps et cette dimension humaine est importante pour moi, c’est le petit plus. Mais ça vient de certains joueurs eux-mêmes qui nous disent que Saint-Raphaël est leur deuxième famille, et on le voit dans le fait qu’on ne change que deux ou trois joueurs maximum par an.

On aide les joueurs à se reconvertir professionnellement, car on estime qu’il s’agit d’un juste retour des choses après tant d’années à avoir aidé le club. Cette dimension humaine c’est ce qui nous permet de nous différencier un peu des autres et de perdurer, car aujourd’hui, pour exister à ce niveau-là, il faut de l’argent, nous en avons un peu, mais pas autant que le PSG, Montpellier voire Nantes.

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Être président, c’est un métier ou une passion ?

Ah non, c’est une passion!

C’est une passion exigeante, dévorante, très stressante, avec une pression sportive, politique, médiatique et financière. Nous sommes des bénévoles. Dans le handball, il n’y a aucun président qui est rémunéré… car nous sommes énormément aidés par les collectivités territoriales donc je ne conçois pas qu’on puisse être payé par les impôts de nos concitoyens.

Le pire aspect pour un président ?

La pire chose en tant que président, c’est la défaite. J’ai horreur de perdre, surtout quand l’équipe n’a pas tout donné, c’est insupportable et je le vis très mal, je sors de mes gonds. Ça n’arrive pas souvent, je dois intervenir peut-être une ou deux fois par saison maximum.

Le meilleur?

Le meilleur moment, bien sûr, c’est la victoire, on vit tout ça pour ça. L’année où nous avons terminé deuxième était exceptionnelle parce que Saint-Raphaël qui finit deuxième de la ligue ce n’était pas écrit, il y a eu une jouissance en fin de saison. Il n’y a que le sport qui peut produire des moments uniques comme cela. Peut-être même que le sport collectif, car on les partage avec les joueurs, le staff, avec ma femme qui est très présente, c’est une vraie communion et ça vaut une année de galère.

La prochaine étape c’est ce titre majeur?

Oui, car aujourd’hui c’est ce qu’il manque au club. On a fait plusieurs final four, maintenant il faut en gagner : participer c’est bien, mais il faut aussi gagner. Je pense qu’on est construit aujourd’hui pour la coupe EHF*. La Coupe de la Ligue est également dans nos têtes, car nous avons joué et perdu quelques finales ces dernières années, un coup est possible. Sur un match, même le PSG Handball est battable.

*Seconde coupe d’Europe des clubs

Votre meilleur souvenir de dirigeant?

Mon premier match de coupe d’Europe en Ukraine il y a 7 ans. C’était une victoire à Zaporozhye dans une salle improbable, on gagne 25-24 et après on partage en comité restreint avec Jacques Champion mon directeur sportif, Christian Gaudin et les joueurs : on a savouré ce moment avec beaucoup d’intensité.

Le pire ?

La descente en D2 en 2005. Un moment difficile au niveau sportif. Mais un échec qui nous a permis de comprendre tout ce qu’il restait à faire, ce qui a été salutaire par la suite.

Qu’est-ce que ça fait d’avoir une salle à son nom ?

Au début, on est un peu gêné en se disant qu’il y a des personnes qui le méritent cent fois plus que soi, on se demande ce qu’on a fait pour mériter cela. J’ai construit un club, mais j’ai été aidé, je ne suis pas tout seul. Le maire a voulu m’honorer par ce naming, mais je suis surtout fier pour mes parents qui sont encore là pour le voir.

Comment envisagez-vous la suite de l’aventure en tant que président ?

L’objectif est de me retirer dans deux ans, avec une passation en douceur, commencer à déléguer dès l’année prochaine en faisant en sorte que le projet continue. C’est important que d’autres personnes prennent le club en main et le fassent avancer, peut-être même encore plus loin, car on peut toujours grandir. Mais je resterai le premier supporter du club.

Côté Infrastructure, nous allons agrandir le Palais des sports avec 500 places supplémentaires, installer de nouveaux vestiaires, mais aussi des écrans géants dans la salle.

On veut également améliorer le spectacle sportif afin d’atteindre une vraie communion entre le public et les joueurs dès l’entrée sur le terrain. Si les joueurs sentent les fans derrière eux, ça donne le petit supplément d’âme qui peut faire la différence en fin de match.

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