ESPORT ET SPORT : UNE NOUVELLE COMPÉTITION OUVERTE

Entre le monde du sport et de l’eSport, les différences s’amenuisent. Notamment en matière d’audiences, de sponsorings et de formations universitaires. 

 Entre le monde du sport et de l’eSport, les différences s’amenuisent. Notamment en matière d’audiences, de sponsorings et de formations universitaires. (Crédit Photo : DR).

LE COMBAT EST DONNÉ ENTRE ESPORT ET SPORT

C’est aujourd’hui un fait, nous pouvons parler de sports « traditionnels » et de sports « électroniques ». Nul ne saurait aujourd’hui définir quelles seront les conjonctures à venir de l’un ou de l’autre, mais l’eSport atteint déjà des sommets, alors que voilà dix ans, il était totalement inconnu, notamment en France. Cette marche en avant, l’argent investi, et les prochaines évolutions autour de l’eSport mettent-ils tout simplement en danger le sport comme nous le connaissons depuis maintenant plus d’un siècle, ou est-ce simplement une nouvelle discipline qui ne remplacera pas les autres ? Beaucoup s’interrogent sur ce phénomène du début du XXIe siècle, et bien malin celui qui saurait prédire aujourd’hui l’avenir, même si quelques données, que nous vous détaillons ici même, peuvent apporter des éléments de réponses.

DES AUDIENCES CROISSANTES DE 20% PAR AN

Première donnée importante qui permet aujourd’hui, en 2018, d’établir un premier parallèle entre le sport comme nous le connaissons traditionnellement, avec de véritables athlètes, et l’eSport, où ce sont les joueurs de jeux vidéo qui sont mis en avant. Et pourtant, le résultat est assez défiant. Prenons pour exemple la finale de la Coupe du Monde en 2018, où s’affrontaient la Croatie et la France à Moscou, et qui a été vue par près de 90 millions de téléspectateurs à travers la planète. En France, c’est une audience record qui a été battue, avec ce soir du 15 juillet où ce sont plus de 19 millions de téléspectateurs qui sont restés devant leur poste.

Mais si vous pensiez que ce score ne pouvait être battu, vous vous trompez lourdement. La grande finale des World 2018 autour de League Of Legends, organisée par la compagnie Riot Games, et qui entrevoyait les meilleures équipes, a très largement battu ce score, puisque les audiences affichent un peu plus de 99 millions de spectateurs uniques sur internet, et en direct. Un record absolu non seulement pour l’eSport, mais aussi dans le monde du sport de manière générale. Il n’est à ce jour qu’un sport actuel qui dépasse de manière courante les 100 millions de spectateurs, en direct, et à travers le monde, c’est le Super Bowl. Cette finale est suivie non seulement pour connaître qui de la côte Est ou de la côte Ouest en sortira vainqueur, mais également parce qu’il s’agit d’un show unique, regroupant les plus grandes stars et dont les mêmes spots publicitaires sont des évènements en soi.

Les derniers chiffres actuellement donnés dans le monde de l’eSport font état d’une audience croissante, chaque année, et ce depuis 2016, de plus de 20%. L’année référence permettait d’enregistrer une base solide de 100 millions de spectateurs « réguliers ». Les perspectives données pour 2020 seraient de l’ordre de 300 millions de spectateurs « réguliers ». Quel sport peut actuellement se vanter d’attirer autant de monde lors d’un seul évènement ? Il semble que même le football, ou encore le football américain auront du mal à suivre la cadence. Pour ce qui est de la France, le chiffre de 5 millions de spectateurs « réguliers » autour de l’eSport est annoncé par de nombreux quotidiens. Soit déjà autant, ou un peu moins, que le nombre de spectateurs dans les stades de Ligue 1 Conforama, sur l’ensemble de la saison.

VITALITY: L’ÉQUIPE ESPORT FRANÇAISE AVEC UN BUDGET DE 20M€ EN 2019

C’est un chiffre qui peut en étonner plus d’un, mais où finalement tout le monde y trouve son compte. 20 millions d’euros, ce serait le budget pour la prochaine année 2019 de l’équipe Vitality. Naturellement, cela fait suite au très bon résultat de l’équipe française, notamment lors de la DH Open Tour Atlanta, sur le jeu vidéo Counter-Strike : Global Offensive. Assurément, les parieurs qui ont misé une petite piécette sur cette victoire, et qui ont évité les plateformes frauduleuses, grâce à des guides sans-filtre qui critiquent tous les casinos, un joli pactole était à obtenir.

Par cet accomplissement, et un exploit même pour Vitality, les investisseurs et sponsors se sont naturellement rués sur l’équipe. À l’image de l’entrepreneur indien, Tej Kohli, qui a choisi cette team pour faire la promotion de Rewired GG, une plateforme dédiée à l’eSport et à l’investissement autour de cette discipline. Après avoir ainsi investi plus de 50 millions d’euros dans cette compagnie basée en Europe, ce sont cette fois 20 millions qui sont déposés pour la formation et l’évolution de Vitality.

Cette somme est alors tout simplement exceptionnelle. Si l’on compare avec la Pro A, ligue de basket-ball en France, le plus gros budget en 2018 est attribué à l’ASVEL, avec 9M€ d’euros. Dans le domaine du rugby, et le Top 14, cela représenterait le 10e budget d’un club engagé en première division, pour la saison 2018-2019. Enfin, si nous transposons les 20M€ de la team Vitality dans le monde du football, cela correspond au budget moyen d’un club de Ligue 2 Domino’s. En somme, rares sont les équipes à atteindre un budget aussi conséquent, en si peu de temps. En 2017, Vitality disposait d’un budget de 8M€. Par une augmentation de près de 120%, l’équipe à de quoi voir venir peut profiter de meilleurs locaux, et surtout se lancer dans la formation de nouveaux talents, puis les lancer dans différentes compétitions.

LES PARIS SPORTIFS AUTOUR DE L’ESPORT EN BONNE VOIE

Le sujet des paris sportifs autour de l’eSport est l’autre sujet que nous souhaitions aborder et mettre en comparaison avec le sport « traditionnel ». Car aujourd’hui, en France, il n’est pas permis pour les parieurs passionnés de miser et de gagner de l’argent réel autour de cette discipline. “À contrario, cela fait maintenant près de 10 années que plusieurs bookmakers et casinos autorisés en France, agréés par l’Autorité de Régulation des Jeux En Ligne (ARJEL), connaissent des chiffres d’affaires records, notamment grâce au football, ou même les Jeux Olympiques. Pour la Française Des Jeux, le premier semestre 2018 est l’un des plus mirobolants pour la compagnie, avec plus de 2 milliards d’euros de mises enregistrées sur les seuls paris sportifs, et un partenariat avec la NBA qui devrait permettre au groupe de connaître un essor encore plus conséquent.

En France, la seule finale de la coupe du monde de football en 2018 a permis à tous les bookmakers agréés Arjel d’enregistrer jusqu’à 690 millions d’euros de paris. Un record absolu et soit près de 200 millions d’euros de plus que sur l’ensemble des mises enregistrées lors de l’édition au Brésil, en 2014.

<p> Mais pendant ce temps-là, les bookmakers s’activent, à travers le monde, pour convaincre les autorités en place du bien-fondé d’autoriser les paris sur les compétitions eSport. C’est ce que tente notamment de faire valoir la FDJ, en lançant dans un premier temps sa filiale Parions eSports pour des mises avec des jetons fictifs, et la possibilité malgré tout de repartir avec un lot chaque semaine. Outre-Atlantique, des partenariats sont déjà actés, et même si les paris restent encore un peu timides dans ce registre, nul doute que la ferveur devrait très rapidement gagner les parieurs. La grande nouvelle, et qui irait dans ce sens en Europe, mais aussi en Asie ou encore en Afrique, c’est la licence de jeu obtenue par la compagnie Unikrn, sous le mandat de l’île de Man, au large des côtes britanniques, qui pourra ainsi exercer son activité en France, dans les semaines ou mois à venir. Unikrn est l’un des plus populaires et connus supports pour les jeux d’argent autour de l’eSport. Le groupe en a fait sa spécialité, et vous le retrouverez très bientôt sur vos ordinateurs ou au format d’une application pour mobile.

DES RETRANSMISSIONS GRATUITES QUI PAYENT

La différence majeure entre le sport et l’eSport, c’est la retransmission des compétitions. Ah qu’il est loin le temps où le téléspectateur pouvait visionner, agréablement, et en intégralité, une partie de football ou de rugby sans avoir à payer une chaîne supplémentaire. Certes, le dispositif est très coûteux, et si quelques compétitions restent accessibles au grand public, les chaînes payantes telles que Canal+ depuis plus de 20 ans, ou encore Bein Sport et RMC Sport s’octroient et s’arrachent année après année les droits de retransmission. Ils le font ainsi payer aux passionnés de toujours par un abonnement au câble, allant de 5€ à 20€ par mois, et ce marché pollue de plus en plus la popularité et le suivi constant des championnats nationaux. Fort heureusement, cette économie ne s’appauvrit pas, et le championnat français attirant même les plus grandes stars du ballon rond, à l’image de Neymar au Paris Saint-Germain, c’est une croissance des audiences de 25% qui ont constaté sur les chaînes câblées.

Mais tout cela finalement reste très en deçà des vues sur les media players gratuits autour de l’eSport. Si le pic de la saison 2017-2018 en Ligue 1 est de 2,6 millions de spectateurs, sur Twitch ou encore YouTube, les spectateurs français réguliers autour de l’eSport sont comptabilisés en 2018 à 5 millions. Des audiences qui font ainsi pâlir la Ligue de Football Professionnel, ainsi que les institutions en place. Même les moyennes dans les stades, soit 23 000 spectateurs au cours de la saison 2017-2018, n’atteint pas celle obtenue lors des grands évènements eSports. Des stades de l’ordre de 40 000 à 50 000 places sont pleins à craquer à l’occasion de compétitions eSport sur League Of Legends ou encore Tekken 7.

Il est toutefois difficile de mesurer une audience parfaitement sur internet. Le comptage dans un stade se fait par tête. Sur internet, c’est le nombre de clics qui est comptabilisé, et plusieurs experts s’interrogent en ce sens sur l’éventuelle surestimation des audiences. Les courbes parfois erronées, comme ce fut le cas en 2015, et plaçant la popularité de la finale de League Of Legends au-dessus de celle de la NBA, n’aurait pas seulement un impact sur l’envie de voir plus de gens s’y précipiter, au risque de rater un effet de mode, mais bien de pousser les investisseurs et milliardaires vers une discipline qui n’attirerait pas tant que cela les foules. Il faut alors garder par ces chiffres, et les audiences autoproclamées, toute proportion gardée, en imaginant bien que le résultat n’est pas si loin de la réalité.

LES FORMATIONS PROFESSIONNALISANTES ESPORT

La caractéristique toute particulière, et nouvelle désormais dans l’eSport, et qui tend à se rapprocher de plus en plus du sport actuel, ce sont les formations professionnelles. Prenons par exemple les possibilités de devenir un commentateur de jeux vidéo. Cette nouvelle discipline est bien devenu un emploi à part entière, comme les journalistes dans le milieu du ballon rond ou du parquet sont des experts et des consultants lors de la retransmission des matchs de football ou de basket-ball. En 2013, vous pouviez déjà entendre, régulièrement, sur Twitch ou YouTube, les noms de Pomf & Thud. Deux années plus tard, lors des mondiaux de Paris, c’était le tour de Chips et Noi. Désormais, même sur Canal+, une émission est pleinement dédiée aux eSports, plaçant ainsi Olivier Morin sous les feux des projecteurs, et le voyant animer des compétitions, ou même rappeler certaines actualités que vous auriez ratées.

Autre fait d’autant plus étonnant, ce sont bien les formations universitaires eSports qui émergent désormais. L’ISEFAC en a fait une spécialité, et c’est un programme sur 3 années qui vous sera présenté en brochure. Alors bien sûr, ne vous attendez pas, dans l’immédiat, à des débouchés retentissantes. C’est pourquoi le programme intègre plusieurs formations, les jeunes « recrues » ne seront pas formées pour jouer aux jeux vidéo, mais davantage pour apprendre les coulisses de l’eSport, les contours qui se dessinent et les perspectives d’avenir, ainsi que les éventuelles postes qui s’y créeront. L’eSport reste encore un épiphénomène, peu de joueurs de jeux vidéo arrivent à intégrer des équipes comme Vitality, et c’est une peu comme les enfants qui ont toujours rêvé de devenir footballeur professionnel, qui intègrent une école de football professionnel comme Clairefontaine, mais où la désillusion sera plus grande que les possibilités d’être parmi les meilleurs.

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