Longtemps, Romain Bardet n’a visé que le Tour de France. Pour la 2e année il sera sur le Giro avec le classement général pour ambition.
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Romain Bardet a enfin décider de changer ses classiques
Affranchi, libéré de ce Tour de France qui l’a révélé avant de l’écraser dans une édition 2019 douloureuse pour l’ex-coureur d’AG2R La Mondiale. Désormais, depuis l’an passé, sous les couleurs de la DSM, Romain Bardet semble courir plus libéré, en pensant moins à la Grande Boucle, qui était l’objectif prioritaire de son ancienne formation française. Une mue qui s’est opérée l’an passé, où le 2e du Tour de France 2016 a décidé, pour la première fois depuis sa première participation à la Grande Boucle en 2013, de ne pas disputer le Tour. Romain Bardet a priorisé les deux autres Grands Tours. Avec un certain succès. Puisqu’il a terminé à la 7e place du Giro qu’il a parfaitement terminé (dont une 2e place dans l’étape reine de Cortina D’Ampezzo sous la neige).
Une mue tardive
Mais aussi une victoire d’étape sur la Vuelta, dont il n’a pas joué le classement général mais où il a été acteur de toutes les étapes accidentées. La première sur un autre grand tour que la Grande Boucle. Cette année encore, Romain Bardet n’aura pas le Tour de France comme objectif prioritaire, même s’il sera sur les routes de France en juillet. Mais avec une pression qui pourrait être bien moindre en cas de bonne prestation sur le Giro. Car le Français revient sur les routes d’Italie avec la ferme intention de faire mieux qu’en 2021. Faire mieux et décrocher un podium sur un autre Grand Tour, après ses deux sur le Tour de France (2e en 2016 et 3e en 2017).
Une mue tardive, opérée à 30 ans et que beaucoup de suiveurs voulaient voir, après son échec relatif sur le Tour 2018 (6e) et beaucoup plus violent sur le Tour 2019, malgré son maillot à pois. Celui qui aura attendu 2017 pour découvrir un autre Grand Tour que le Tour de France, avec une participation à la Vuelta, dans la foulée de sa 3e place sur son Tour de France, est en apprentissage accéléré depuis l’année dernière. Une expérience accumulée qui peut servir dès cette année.
Un sérieux prétendant à la victoire finale sur ce Giro 2022
Car n’ayons pas peur des mots, Romain Bardet peut remporter le Giro 2022. S’il n’est pas le favori numéro 1 de la course italienne, le Français avance sur le Grand Tour italien avec de sérieux arguments. Tout d’abord, il abordera la course dans la peau d’un gagnant et d’un gagneur. De celui qui a su remporter le Tour des Alpes fin avril. Et de le remporter en renversant Pello Bilbao lors de la dernière étape. Tout au long de la course, il a su prendre ses responsabilités et l’accélération de son équipe aura été fatale au leader de la course, incapable de suivre le Français.
Un Tour des Alpes où on a vu un Thymen Arensman en grande forme. Le jeune coéquipier du Français a contribué à la perte de Pello Bilbao, tout en s’installant à la 3e place du classement général final. Et pourrait être un atout précieux pour Romain Bardet. D’autant qu’aucun nom ne se dégage vraiment en tant qu’archi-favori. Si Richard Carapaz, déjà vainqueur du Tour d’Italie en 2019 est celui qu’on cite le plus, l’Equatorien n’est pas un dominateur comme peuvent l’être Tadej Pogacar sur le Tour de France ou Primoz Roglic sur le Tour d’Espagne. Son équipe, la Ineos Grenadier, est sans doute une des mieux armées sur le papier et est tenante du titre avec Egan Bernal. Mais au final, quand cela difficile, cela reste un combat d’homme à homme. Et un grand Romain Bardet n’a pas grand chose à envier à Richard Carapaz.
Romain Bardet – Des expériences positives pour aborder le Tour plus libéré
On l’a compris, le Tour de France était devenu plus un poids qu’autre chose pour Romain Bardet. Un poids d’être un des Français enfin capable de succéder à Bernard Hinault. Un poids de n’avoir quasiment qu’un objectif unique dans la saison et le sentiment de la saison ratée en cas de contre performance. L’année 2018 en est une bonne illustration. Elle donne toujours l’impression d’être ratée parce qu’il ne termine pas sur le podium du Tour (6e), contrairement aux deux autres années (2e et 3e). Pourtant, il termine 3e de Liège Bastogne-Liège et 2e des championnats du monde. Deux grandes performances éclipsées par un Tour de France un peu moins bon.
Là, la différence est que Romain Bardet aura déjà un premier objectif accompli. Alors, évidemment, si le Giro venait à être un échec, la pression serait de nouveau forte sur la Grande Boucle. Mais le leader de la DSM devrait aborder le Tour en chasseur d’étapes. Une première là aussi pour celui qui a toujours visé le classement général. On l’a vu récemment avec Mikel Landa, Tom Dumoulin ou Chris Froome voire Giulio Ciccone, il est possible d’être en forme sur le Tour de France avec un Giro dans les jambes.