CYCLISME – Patrick Konrad – J’avais tellement attendu !

Vainqueur d’une étape de montagne du Tour de France cette année, l’autrichien Patrick Konrad s’est confié à Sans Filtre sur ce mois de juillet déclic.
Patrick Konrad

Il ne comptait que deux victoires chez les professionnels avant de poser les roues sur les routes du Tour de France 2021. Double champion d’Autriche, Patrick Konrad a multiplié les efforts et les sorties à l’avant pour s’offrir un succès de grand prestige, sur la 16e étape de la Grande Boucle. Le grimpeur de BORA-hansgrohe s’est confié à Sans Filtre et revient notamment sur ce mois de juillet déclic.

Patrick Konrad – Très clairement le plus beau jour de ma carrière

Mon intersaison s’est bien déroulée. J’ai eu un réel « break » de quatre semaines entières où je n’ai absolument rien fait. Nous avons ensuite passé cinq jours avec les collègues pour une sorte de « team building ». J’en ai également profité pour prendre quelques vacances en compagnie de ma famille. J’ai essayé de me relaxer au maximum, de faire des choses que je n’ai pas l’habitude de faire durant la saison. Et cela fait maintenant un mois que j’ai repris l’entrainement.

Je trouve que ma saison 2021 était plutôt bonne. J’ai remporté deux courses. Cela faisait tellement longtemps que j’attendais de décrocher un succès en World Tour ! Mais peut-être que cela valait le coup vu que j’ai gagné sur le Tour de France, c’était largement le bon moment ! C’était très clairement le plus beau jour de ma carrière.

C’est toujours un plaisir de courir sur ses propres routes, et donc c’est toujours très spécial de décrocher un titre national. Pendant un an, tu as la possibilité de représenter ton pays en arborant les couleurs du drapeau. Je pense que n’importe qui serait fier de remporter un titre national. C’est une victoire qui reste.

J’attendais trop longtemps avant de bouger

Après le Dauphiné, mon rôle a été mis au clair pour le Tour de France. Je devais aller dans les échappées pour viser des victoires d’étapes. J’ai tenté ma chance de nombreuses fois, je n’ai pas été loin de réussir mon but à quelques reprises.

J’étais échappé vers Tignes. Cette journée était vraiment très difficile, éprouvante. Il faisait extrêmement froid, mais je me sentais bien, avec le temps cela devient plus supportable. Au pied de l’ascension finale, l’équipe a décidé de me faire attendre le groupe des leaders du général pour aider Wilco (Kelderman) parce que j’étais également présent sur le Tour pour venir en aide à l’équipe. Il y avait bien sûr une petite déception car je pouvais encore aller chercher le podium de l’étape mais cela faisait également partie de ma mission pour l’équipe. Wilco a donc pu compter sur moi dans le final et moi, j’ai retenté ma chance les deux semaines suivantes.

La deuxième place derrière Bauke Mollema (à Quillan, sur la 14e étape) m’a clairement montré que j’étais en forme et que je pouvais viser une victoire d’étape sur ce Tour de France. Cela m’a donné pas mal de confiance. Donc je me suis lancé vers ma dernière tentative, ma dernière chance, après la deuxième journée de repos. Je me suis dit que ça allait être mon jour, j’étais très calme, relaxé et surtout déterminé. J’ai d’abord voulu éviter de commettre les mêmes erreurs que celles que j’avais pu faire durant mes précédentes tentatives en échappée. J’attendais trop longtemps avant de bouger, alors que les courses avaient montré que la première attaque, du moins les plus anticipées, avait été les bonnes.

Patrick Konrad – J’étais vraiment dans une forme incroyable

Alors cette fois je n’ai pas attendu. Quand je suis passé seul en tête du dernier col (le Portet d’Aspet), j’avais environ vingt-cinq secondes d’avance, et je n’étais pas du tout certain que j’allais pouvoir tenir pendant les trente kilomètres restants. Mais je suis parvenu à grappiller un peu de temps dans la descente et après je me suis surtout évertué à conserver cet écart jusqu’à la ligne d’arrivée. Personne n’a pu me rattraper, je pense que tout le monde était fatigué, aucun des poursuivants ne voulait travailler à fond pour ramener les autres. David Gaudu n’avait pas intérêt à relancer à 100% dans la mesure où Colbrelli était encore dans le groupe, et je pense qu’il continuait d’avoir un petit œil sur le classement général. Donc la situation tournait en ma faveur. C’était mon jour, j’étais vraiment dans une forme incroyable. J’avais tellement attendu !

Je pense que pour le futur, cette victoire peut représenter beaucoup pour moi. Notamment en ce qui concerne la manière dont je dois courir sur certaines courses : ne pas renier mes capacités offensives, penser un peu moins aux classements généraux. Remporter une étape du Tour de France, je pense que lorsque j’avais 14 ou 15 ans je n’aurai jamais pu imaginer en être capable. Mais c’est clair que j’en ai rêvé, j’ai travaillé, je me suis battu pour aller chercher ce sommet, même si cela a pris du temps. Tout est possible, c’est arrivé cette année, et j’attends avec impatience la suite de l’aventure avec BORA-hansgrohe.

retrouvez le résumé de l’étape 16 du Tour de France ICI

Je pense que je suis un élément important de l’équipe

C’est vrai que j’ai déjà réalisé de bons résultats sur les Ardennaises, et ce sont des courses qui me plaisent beaucoup. Si je devais en choisir une, je choisis Liège-Bastogne-Liège parce que c’est extrêmement long et difficile et c’est un Monument. C’est une épreuve qui convient aux grimpeurs, ce serait vraiment top d’y atteindre le podium un jour.

Je suis allé aux Jeux Olympiques cet été. Je pense que c’est quelque chose qui peut arriver une fois, peut-être deux dans une carrière. Si tu as une opportunité de représenter ton pays, tu te dois de le faire. C’est une belle expérience que de devenir un athlète olympique. Devenir champion olympique te fait faire un bond auprès du grand public. Les Jeux sont spéciaux dans cette dimension populaire.

J’ai commencé l’aventure avec Ralph Denk (manager de l’équipe allemande) avant même BORA en 2015, puisque je roulais pour NetApp la saison précédente. Je pense que je suis un élément important de l’équipe, je montre mon attachement depuis ces années, c’est ma maison. L’équipe et moi continuons de travailler dans de très bonnes conditions, c’est la raison pour laquelle les deux partis étaient d’accord pour prolonger le contrat (jusqu’à la fin de saison 2023). Je suis très heureux de courir encore deux saisons avec eux.

Patrick Konrad – Alaphilippe est un mec sympa

Bien sûr que je me souviens avoir couru avec Julian Alaphilippe (en 2013, ils faisaient tous deux partie de l’équipe réserve de Patrick Lefévère, Etixx IhNed). C’est toujours amusant avec lui. C’est un mec sympa, c’était un bon coéquipier. Et bien entendu, quand on se croise l’un l’autre désormais, on essaie de prendre des nouvelles et de discuter un peu.

Je pense qu’après avoir remporté une étape du Tour de France, le prochain objectif pourrait être d’en gagner une autre sur un des autres Grands Tours. Une petite victoire sur la Vuelta serait sympa. Je compte déjà une deuxième et une troisième place sur le Tour d’Italie donc il faut évidemment que je change cela !  

PATRICK KONRAD

Avec Mathéo RONDEAU

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