Portrait de Gabriel Tual, athlète de 23 ans de l’US Talence, qui a été en finale du 800 m aux Jeux Olympiques, constituant l’une des belles surprises de l’athlétisme français.
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Gabriel Tual – Une progression linéaire
Si c’est une grande surprise de le voir arriver parmi les 9 meilleurs de la finale olympique (Nigel Amos ayant été repêché en plus des 8 qualifiés), sa progression, elle, ne souffre d’aucune contestation. Difficile même de faire plus linéaire, pour celui qui a commencé l’athlétisme en 2010, à 12 ans. Chaque année, à l’exception de 2020, marquée par le Covid, il bat ses records sur le 800 m. Il découvre le double tour de piste en 2014, en cadet, la catégorie où le 800 est autorisé en France (seul le 1000 m est proposé avant sur la piste). Et dès sa première année, il se montre à l’aise sur la distance, avec un chrono de 1’55’88, 9e Français en cadet, 2e parmi les premières années, derrière Thierry-Orden Dagbetin (qui a davantage peiné à confirmer).
Il confirme l’année suivante, avec un chrono de 1’52”58 et une deuxième place aux bilans cadets… et aux championnats de France, toujours derrière ce même Thierry-Orden Dagbetin. Pour sa première année en juniors, il franchit pour la première fois la barrière des 1’50, importante pour un coureur de 800 m (1’49”69). Il devient surtout, alors qu’il n’est que première année, champion de France juniors du 800 m ! Il progresse encore en 2017 (1’48”02). Bien que battu aux France, il honore sa première sélection en Bleu, lors des Europe de Grosseto. Il se hisse en demi-finale
Sélectionné chaque année en équipe de France depuis 2017
L’année suivante, il est appelé deux fois en Bleu et obtient sa première distinction internationale. Il est sacré vainqueur des Jeux Méditerranéens U23 à Jesolo (Italie). En Espagne, il s’arrête en série des Jeux Méditerranéens seniors et également des Europe seniors, son premier grand championnat en sénior. Le chrono continue de descendre. A 20 ans, il est déjà en 1’46”35 ! A 21 ans, il entre dans le club fermé des spécialistes du 800 en 1’45 (1’45”84). Ils sont 29 à l’avoir fait en France et il est le 3 e plus jeune à le réaliser, derrière Mounir Yemmouni (1’45”25). La machine Gabriel Tual est lancée et bien lancée ! Il entre en finale des Europe espoirs à Gavle (Suède) où il y prend la 5e place.
2020 est une année marquée par le Covid et restera anecdotique ! 1’52”43 pour une saison à oublier.
Il a su saisir sa chance aux JO
Peu adepte de la salle, il y revient cet hiver, pour la première fois depuis 5 ans ! Et avec une grande réussite, puisqu’il réalise 1’47”54, après avoir mené toute la course aux Élites de Miramas. Il termine sur le podium, troisième, mais rate les minima pour les championnats d’Europe en salle, pour quelques centièmes. Il ne sera malheureusement pas repêché par la FFA, malgré une bonne place aux bilans européens, cette dernière ayant choisi de se rendre à Torun à coûts limités.
Seul Français à avoir battu son record
Une déception et un début de saison estivale en forme de revanche. Une forme qu’il affiche dès sa rentrée à Dessau, avec un chrono de 1’46”55, le 3 juin. Six jours plus tard à Marseille, le chrono descend considérablement. 1’45”25, record personnel. Le rêve continue, il n’est plus qu’à 4 dixièmes des minima pour les JO ! Des minima qui vont tomber… trois jours plus tard du côté de Nice. Gabriel Tual réalise 1’44”44 et valide son ticket pour Tokyo ! Enfin, faut-il confirmer la forme aux Élites. C’est ce qu’il fait en prenant la 2e place ! Il verra la capitale Japonaise.
Et ces JO, sa première compétition à l’échelle mondiale, sera la révélation pour lui ! Il s’extirpe parfaitement de ses séries, en courant en patron, en 1’45″63. Mais il crée réellement la surprise en demi-finale, où il n’était pas favori. Il a su prendre ses responsabilités dans la course, de nouveau 3e et repêché au temps, grâce à un nouveau record personnel, porté en 1’44”28. Dans une finale ouverte, il manquait certainement de ressources, mais prend tout de même la 7e place. Il a engrangé beaucoup d’expérience grâce à cette finale au plus haut niveau mondial. Il n’a que 23 ans et n’a pas débarqué par hasard au plus haut-niveau. Cette finale est le résultat d’une progression linéaire et logique. Et qui peut appeler à des choses encore plus belles !
Etienne GOURSAUD