On adore ces week-ends, mais il ne faudrait quand même pas que ce soit comme ça à chaque fois. A peine remis de nos émotions après trois heures de match entre le Biarritz Olympique et l’Aviron Bayonnais, il a fallu que l’UBB et l’ASM, des équipes qui elles jouaient les barrages de Top 14, débutent tambour battant leur rencontre. Comme à Aguiléra, le stade Chaban Delmas avait retrouvé des couleurs, des visages et des cris de supporters. Il a bien cru que les néophytes bordelais, qui atteignaient la première phase finale de leur histoire, inscriraient un essai après seulement quarante secondes, un coup de pied de recentrage de Cameron Woki (oui oui) et un Cordero hyper rapide. Mais l’argentin a perdu le ballon et Clermont est parti dans l’autre sens.
UBB Clermont : Les Bordelais douchés d’entrée
Deux minutes plus tard, les Jaunards connaissaient le même espoir pas concrétisé, avec une jolie transversale au pied de Lopez successive à une percée de Matsushima. La passe ne fut cependant pas contrôlée en l’air par Alexandre Fischer. Par contre, sur la même aile, quelques minutes après, Penaud ne tremblait pas et rentrait comme dans du beurre dans la défense bordelaise. Sans doute plus vite que prévu pour les hommes de Christophe Urios, l’expérimenté des phases finales, l’ASM a mis en place sa domination dès après l’ouverture du score. Beaucoup de mouvement, d’intensité, et plus de réussite que les girondins, qui n’avaient pas le ballon, subissaient, fébriles. Sans s’affoler, l’UBB a récupéré la possession, mais il manquait encore la concrétisation.
La tension de l’évènement s’est mêlée à la folie des deux équipes, et on eut droit à des turnovers incessants mais aussi à énormément de déchet et de fautes alors qu’il faisait encore très chaud à Bordeaux. Jalibert convertissait une première pénalité intervenue logiquement après une domination bordelaise (24e, 3-7). Toujours plus fou, le scénario du match écrivait une nouvelle ligne incroyable : Buros, trompé par un rebond clermontois, subissait la pression de Penaud, perdait le ballon qui rebondissait dans les mains d’Iturria qui filait dans l’en-but, mais Lucu sauvait les siens en lui faisant perdre le contrôle du cuir (31e) ! L’UBB miraculé, mais l’UBB pas résigné. Dans la foulée, Lucu partait en contre attaque et pressait Matsushima, pénalisé. Jalibert opérait la jonction (36e, 6-7). Les locaux s’approchaient de l’en-but peu après, avec une folle cavalcade de Cordero, échouée à cinq mètres de la ligne, en touche.
UBB Clermont : Une deuxième mi-temps terriblement tendue
Bien sûr, il fallait être innocent pour penser que l’ASM allait s’en sortir comme ça. Fourcade lobait ses sauteurs, Maynadier récupérait le ballon et plongeait dans l’en-but. L’UBB prenait l’avantage, fort logiquement, juste avant la pause (38e, 13-7). Au retour des vestiaires, Clermont devait donc commencer par remettre les choses dans l’ordre en reprenant le contrôle du ballon. Parra récompensait la petite domination territoriale des siens (45e, 13-10). Porté par la foule de Chaban, Jalibert redonnait un tout petit matelas d’avance (50e, 16-10) après une belle séquence bordelaise. Insolant de propreté au tir depuis de nombreuses semaines, Morgan Parra réduisait à nouveau l’écart directement après (54e, 16-13). C’était peut-être un signe, mais Jalibert répliquait encore sur une action où l’UBB ne toucha jamais le ballon, avec un grattage de Tameifuna (59e, 19-13).
Dans cette deuxième mi-temps en forme de chassé croisé, Clermont répliquait avec une grosse pression proche de l’en-but de l’UBB, mais ne récoltait que les trois points de la botte de Parra (62e, 19-16). On la croyait partie, mais la folie est revenue sur les bords de la Garonne. Après une superbe séquence clermontoise de deux minutes, Tameifuna est venu gratter un ballon très important, Lucu a dégagé le plus loin possible, et les bordelais sont allés mettre la pression à la retombée, pour obtenir la pénalité, encore une fois presque sans avoir eu le ballon dans les mains (66e, 22-16). Clermont ne s’était pas résigné, continuait à pousser, mais l’UBB avait désormais un Tameifuna en mode tenaille et n’a plus rien laissé passer. Avec le ballon cette fois, Bordeaux couronna son succès juste après, grâce à une grosse avancée d’un maul. Une pénalité difficile, mais décisive pour Jalibert (77e, 25-16), qui faisait exploser le public.
UBB Clermont : Evaluation des joueurs
Dans cette rencontre sans aucun temps mort, avec des impacts énormes, les joueurs puissants ont été à la fête. On pense à Peceli Yato ou Fritz Lee du côté de Clermont, qui ont lancé leurs grands compas comme Alivereti Raka ou George Moala, même s’ils ont parfois été bien contrecarrés. L’évaluation est similaire chez les girondins, car on a vu Rémi Lamerat énormément avancer et plaquer, tout comme Cameron Woki ou Cyril Cazeaux. Dans un style différent, mais pas moins omniprésent, Maxime Lucu a été un demi de mêlée extrêmement propre dans ses libérations et conquérant sur ses tentatives, avec des percées et une redoutable défense, comme d’habitude. Matthieu Jalibert, lui, a connu un peu plus de difficultés à entrer dans son match, avec plus de déchet qu’à l’accoutumée, mais on l’a retrouvé pleinement concerné dans les moments clés et tout proche de tuer le match à dix minutes du terme.
Le combat fut très féroce, les entrants ont aussi fait beaucoup de différences, notamment du côté bordelais, avec trois grattages décisifs de Ben Tameifuna et un superbe comportement d’Alexandre Roumat. Ce fut plus dur chez les remplaçants clermontois, avec un Peter Betham très brouillon ou un Jacobus Van Tonder trop neutre.
L’ASM perd Franck Azéma, et termine sa saison en barrages, victime supplémentaire de Christophe Urios qui gagne presque partout où il va. Les « On est en demies ! » pleuvaient à Chaban dans les dernières minutes, confirmaient la victoire des locaux après cette folle rencontre. Folle à l’image de l’année 2021 de l’UBB, très intéressante et alléchante. Tombé en demie de Champions Cup contre Toulouse mais amoindrie par le covid, Bordeaux retrouvera le Stade à Lille dans sept jours. Pour un dénouement peut-être différent.
Mathéo RONDEAU