C’est la première journée de repos sur le Giro 2021. L’occasion de faire un premier point sur le comportement de certains favoris. Qui a marqué des points ? Qui a montré des signes de faiblesse ? C’est à découvrir ici. Mention honorable à Giulio Ciccone, 4e du général et infatigable attaquant depuis le début de l’épreuve. Mais son manque de référence sur trois semaines et sa fougue depuis le début de l’épreuve nous incite à la prudence, avant de le classer dans les favoris. Pas de Mickel Landa, qui a été contraint à l’abandon sur chute, alors qu’il semblait surpuissant !
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Giro 2021 – Ils marquent des points
Egan Bernal (Ineos, maillot rose) : Clairement celui qui a le plus impressionné depuis le début de ce Giro 2021. A chaque fois que la route s’élève, on a vu le vainqueur du Tour de France 2019 à l’attaque. Avec, pour première apothéose, son triomphe dimanche, lors de la neuvième étape de montagne. Où sa puissance mêlée à son agilité n’a laissé aucune chance à ses adversaires. Si les écarts sont encore infimes (1’02 d’avance sur le 10e), il est clair que le leader d’Ineos Grenadiers a marqué les esprits. Au fil des étapes et de la répétition des efforts, les doutes sur son dos, qui ont handicapé sa saison 2020, s’estompent. Il faudra confirmer et creuser des vrais écarts dans les jours futurs. Car le spectre du dernier chrono plane sur Egan Bernal. Ce n’est pas l’exercice où il est le plus à l’aise.
Remco Evenepoel (Deceuninck, 2e à 14 secondes) : Pour bon nombre de spécialistes, sauf peut-être ses plus irréductibles supporters, voir Remco Evenepoel 2e du général, seulement à 14 secondes d’Egan Bernal est une véritable surprise. On le rappelle, le jeune prodige Belge arrivait sur le Giro sans compétition depuis sa terrible chute sur le Tour de Lombardie, soit 9 mois sans accrocher un dossard. Dans ce contexte, le voir à une minute de retard aurait été une vraie réussite déjà. Alors le voir si haut ne peut qu’être prometteur pour la suite ? Attention, il s’agit de son premier grand tour et il réside l’inconnue de sa gestion d’une course de trois semaines. Mais, par le passé, il a toujours su faire sauter les barrières de façon stupéfiante. Il va falloir le sortir de la roue, sous peine de le voir écraser le Giro le dernier jour. Attention cependant, il a lâché un peu de temps dimanche dernier.
Ils sont dans l’attente
Aleksandr Vlasov (Astana, 3e à 22 secondes) : Vlasov est sur le podium oui, mais pour le moment, restons prudent sur le cas du Russe. Qui a d’abord impressionné sur le prologue (11e). Au fil des étapes, il reste un peu en retrait par rapport à Egan Bernal. Limite sur la 4e étape et lâché sur la 6e et 9e étape. Cela se compte en poignée de secondes et il affiche une réelle solidité pour viser le podium. Mieux que des Carthy, Yates etc. Pour la victoire finale, il lui manque un petit quelque chose. D’autant qu’il ne fera sans doute pas le poids face à Evenepoel, lors du chrono final à Milan. Vlasov, s’il le peut, devra rehausser son niveau d’un cran.
Hugh Carthy (EF Education First, 6e à 45 secondes) : A chaque fois que cela a été difficile, il a été dans le coup, sans coup d’éclat mais sans grande défaillances. Pour le moment, il confirme son podium de la Vuelta, l’an dernier. Sans non plus être totalement dans la même forme. Avec le facteur X de l’étape “gravel” demain, lui qui n’est pas le plus habile sur le vélo. Il sera particulièrement attendu dans la terrible étape du Zoncolan, lui le vainqueur de l’Angliru l’an passé. Pour l’heure, il reste un candidat crédible pour un podium, sans être pour autant vraiment capable de peser sur la course.
Romain Bardet (DSM, 13e du général à 1’21) : Il peut regretter sa petite faute dans la 6e étape, menant aux hauteurs d’Ascoli. Parti dans la descente, il s’est épuisé sur les faux-plats descendants, avant de concéder 40 secondes dans la montée finale, sur Bernal ou encore Evenepoel. Regrettable, car il aurait pu largement être dans le top 10, au soir du premier jour de repos. Mais Romain Bardet, qui découvre le Giro, est tout de même dans le coup, même s’il est en retrait des meilleurs. La 3e semaine, plus montagneuse, sera plus à son avantage. Surtout, on le sait, un Romain Bardet bien préparé est toujours redoutable en troisième semaine. Il faudra qu’il tente de choses.
Giro 2021 – Ils sont en difficulté
Simon Yates (BikeExchange, 9e à 56 secondes) : Il est vrai, il n’est pas largué, à moins d’une minute d’Egan Bernal. Mais l’Anglais, qui pouvait apparaître comme l’épouvantail au départ de la course, semble en difficulté dès que la route s’élève. Des secondes perdues ici, des secondes perdues là. Cela s’egrenne au compte goutte, mais à force, cela deviendra irrécupérable. Alors que fait Simon Yates ? Est-il en train de s’économiser, de peur de revivre l’épisode du Giro 2018 et de son explosion en troisième semaine ? Ou alors est-il tout simplement un ton en dessous de ses adversaires ? On aura vite la réponse.
Emmanuel Buchmann (Bora Hansgrohe, 15e à 1’47) : Déjà en difficulté sur le Tour de France 2020, le 4e de la Grande Boucle 2019 peine à retrouver son meilleur niveau, depuis sa chute sur le Dauphiné, l’an passé. Alors que le plus dur est encore à venir, il est déjà à près de deux minutes. L’Allemand est incapable de peser sur la course pour le moment et son équipe grille également pas mal de cartouches à protéger l’autre leader, Peter Sagan, preuve en est la débauche d’énergie hier pour faire gagner son champion Slovaque. En attendant qu’Emmanuel Buchmann connaisse des jours meilleurs ? Ce n’est pas encore gagné !
Vincenzo Nibali (Trek Segafredo, 16e à 2’13) : Arrivé sur ce Giro 2021 avec des incertitudes, Vicenzo Nibali ne s’est sans doute pas totalement rassuré en ce début de Giro. Une trentaine de secondes ici, une autre poignée là et le voilà déjà à plus de 2 minutes. C’est beaucoup au vu de ce scénario ultra étriqué. Alors, on se souvient tous de son fabuleux succès sur l’édition 2016, où en deux étapes il a repris plus de quatre minutes à Krujiswick. Mais depuis, Vicenzo Nibali a pris de l’âge. Il n’a sans doute plus les mêmes dispositions physiques qu’il y a cinq ans. Mais son tempérament est toujours là. Alors gare au requin de Messine.
Ce sera dur de peser sur le général
Jay Hindley (DSM, 22e à 4’28) : Le deuxième de l’édition 2020 n’a clairement pas le bon coup de pédale. Ce qu’on avait aperçu lors du Tour des Alpes se confirme. Il lui sera dur de faire aussi bien, voire même d’entrer dans le top 10. D’autant que, dans son équipe, le leader semble être Romain Bardet. Jay Hindley dans la peau d’un simple équipier de luxe ? C’est une hypothèse qui prend de l’ampleur au fil des déceptions essuyées par le jeune Australien. Tant mieux pour Romain Bardet et la France du vélo.
Joao Almeida (Deceuninck, 23e à 4’56) : Il pouvait prétendre au leadership de son équipe. C’était même ce qui était annoncé au début de Giro, avec Evenepoel en simple équipier. Mais, dès la 4e étape, le Portugais, 4e et révélation l’an passé, a explosé et cédé 4 minutes. Qu’il peut regretter amèrement car depuis, il est totalement dans le coup. Avec les meilleurs à Ascoli et à Rocca Di Cambio. Lui aussi est parti pour se muer en équipier de luxe pour Evenepoel. Un rôle qu’il semble avoir déjà accepté. Cela fera un sacré gregario pour le prodige Belge.
Etienne GOURSAUD